(flashback) Isaiah&Thaïs + be my hero of the day !

Thaïs avait réussi à le faire rentrer dans son délirium très épais… rien que pour cela elle était limite à vouloir sautiller partout car dieu sait combien ce n’était pas gagné au départ. Mais à cœur vaillant rien d’impossible comme dit le proverbe, et la jolie irlandaise avait bien fait de s’accrocher à son propre sourire : ce dernier avait fini par devenir délicieusement communicatif. « Une héroïne ? A part dans Daredevil tu sais, le comics, il n’y a pas vraiment de héros aveugle… puis c’est un mec, pas une nénette ! » poursuivit-elle en se moquant joyeusement de son handicap non sans dévoiler son ancien goût pour les comics, du temps où elle pouvait encore les lire. Hélas, il n’en n’existait pas en braille et puis Thaïs ne verrait pas bien l’intérêt : la beauté d’un comic book réside dans son dessin et sa colorisation plus encore qu’en son scénario… et sans ses yeux, difficile de s’émerveiller de quelque manière que ce soit. « Comme je te comprends ! Puis il paraît que c’est comme avec les gamins, ça te garde alerte, énergique et jeune plus longtemps » continua-t-elle dans son sens avant de n’attraper doucement son bras pour mieux le suivre sans aucune peine. C’était bien une grande première depuis un lustre : d’ordinaire, la tempétueuse blonde se démerdait avec sa canne d’aveugle et aujourd’hui, nul besoin. Une chance que son partenaire de fortune ait accepté de lui donner ce coup de main… « Merci à toi. »

Je m'étais déraidis, à croire que, à force, sa spontanéité en devenait contagieuse et bon sang, il en fallait pour que ça m'atteigne enfin. Je continuais à émettre des réserves cependant, ne pouvant m'en empêcher. Je n'étais pas comme elle, c'est tout. Ca c'est qu'une broutille arguais-je avec un haussement d'épaules. Pas qu'elle ai perdu la vie, c'était pas ce que je voulais dire, mais plutôt qu'il n'y avait pas de super héros existant dans ce cas. Ca ne changeait rien pour elle. Enfin, de toute façon, qu'est-ce qu'on en avait à foutre ? On déconnait là, rien de plus. Elle prenait son handicape un peu à la légère, en plaisantant et j'avoue que ça me faisais bizarre. J'imagine qu'elle avait apprit à prendre ça avec le sourire, à défaut de pouvoir changer quoi que ce soit. Elle devait vivre avec, alors autant en rire qu'en pleurer. N'empêche que je trouvais ça triste. Enfin, je m'efforçais de ne pas y penser, de gommer ça de ma mémoire. Sans succès, naturellement. En parlant de chiens, elle me répondit qu'ils entretenaient leurs maîtres, en quelques sortes, j'acquiesça tandis qu'elle attrapait mon bras. Oui, ça demande de l'attention alors forcément, ça te fais bouger répondis-je. Ca ne m'inquiétait pas : je me faisais déjà des joggings en pleine journée ou en pleine nuit, selon mes envies. A partir d'aujourd'hui, j'allais plus faire ça tout seul, c'est tout. J'avais toujours été quelqu'un d'actif. De rien, c'est normal répondis-je. S'en suivit un petit silence tandis qu'on marchait. J'avais envie de le rompre sans savoir quoi dire. Des questions me brulaient les lèvres, sans que je sois capable de les poser. J'ai hâte d'y être repris-je simplement alors qu'on quittait le campus. C'était la vérité mais c'était aussi pour meubler.

(c) darkdreams/marine

« Mouais, c’est qu’un détail t’as peut-être raison ! » Là, tout de suite, Thaïs aurait donné cher pour se rendre dans un comic store afin de faire razzia sur toutes les nouveautés. Elle ne s’intéressait plus à la chose depuis des années – et pour cause, autant éviter de se déprimer soi-même en côtoyant toutes les choses que l’on ne pouvait plus faire en cas de cécité – mais rien que de parler de super-héros lui avait redonné envie d’en lire. Bah, au pire, en soudoyant sa meilleure amie, peut-être accepterait-elle de temps à autre de lui faire la lecture ? Autant rêver car il n’existait hélas aucun exemplaire en braille, sans quoi elle se serait déjà jetée dessus depuis longtemps. « Bon après vu que tu aimes le sport tu dois déjà bouger mais là tu vas encore plus t’aérer avec ton bébé d’amour ! Tu as pris quelle race ? Enfin si c’est une race que tu as pris, je ne sais pas, il paraît que certains chiens ont besoin de plus d’exercice que d’autres… c’est le cas des labradors, je m’étais renseignée » continua-t-elle car Thaïs avait bien l’intention d’économiser autant que possible pour se payer un chien d’aveugle à un moment donné. Cela lui simplifierait la vie et puis, au-delà de ça, l’animal lui offrirait une compagnie sur laquelle elle ne cracherait pas, bien au contraire. « C’est vrai ? Tu sais déjà comment tu vas l’appeler ou tu n’as pas encore décidé ? »

J'osa pas répondre à nouveau. J'aurais bien eut des choses à dire mais ça me semblait être un sujet bien trop personnel. Peut-être qu'elle avait tendance à me faire ressentir le contraire, mais oui, je ne la connaissais pas deux heures plus tôt. Alors je me tut, préférant me laisser glisser sur un sujet plus doux, plus simple. Celui des chiens. J'ai opté pour un golden retriever. C'est des chiens assez sportifs, mais comme je vais courir au moins une fois par jour, je me suis dis que je pouvais gérer. Lui expliquais-je. Pour être sincère, j'avais pas réfléchi des masses en choisissant de prendre un chien. Je crois que j'avais besoin de compagnie, d'avoir un peu plus d'ambiance chez moi. Peut-être même que j'étais en mal d'amour. Humff. Je pouvais décemment pas dire un truc pareil. En plus d'aller passer pour un garçon irréfléchi qui adopte d'adorables petites bêtes sur un coup de tête, j'allais passer pour un mec désespéré. Et j'en étais pas un, non, je refusais l'idée même de l'être, j'avais encore un peu d'estime pour moi-même. J'asquiesca ensuite à ses paroles. J'avais choisi le prénom presque instantanément. Je voulais un mâle à la base, histoire d'être entre mecs, mais parmi toute la portée, il ne restait plus qu'un chiot, une petite femelle, en attente d'une famille. Alors je nous avais rendu service à tous les deux. C'est une petite femelle, qui s'appellera Lady. Super original, je sais, mais j'aimais bien La Belle et le Clochard quand j'étais enfant et ça lui va trop bien. Argumentais-je. Je devais pas avoir la tête d'un mec qui a aimé un film Disney au point de choisir un prénom par rapport à ça et pourtant si.

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Les chiens… au même titre que pour les comics, Thaïs était capable d’en parler toute la journée tant elle s’était renseignée sur eux. Mais à sa décharge, comment pouvait-il en être autrement alors qu’un chien pourrait très bien lui simplifier considérablement sa vie de tous les jours ? Mieux, devenir littéralement ses yeux et lui éviter ainsi de se prendre une dizaine de murs, de portes et autres poteaux dans la journée en pleine figure… on surestime toujours les bienfaits d’avoir un animal on ne peut plus intuitif et intelligent à ses côtés, toujours. « Les golden sont adorables, paraît-il. Aussi sportifs qu’obéissants si on est clair avec eux dès le départ. Je connais moins que les labradors mais si je ne me trompe pas les deux races sont cousines… » A ceci près que l’un avait le poil long et l’autre ras mais à par ça, ils avaient les mêmes besoins en exercice, la même affection à revendre et, bien sûr, la même loyauté il allait sans dire. « Lady… c’est trop mignon ! Tu parles à une fan de Disney alors je ne peux qu’adhérer… puis c’est original quand même, perso je connais pas beaucoup de gens qui ont des chiens qui s’appellent Lady ! Moi j’espère pouvoir bientôt m’offrir un labrador, et si j’y parviens, il s’appellera Max. Pourquoi j’en sais rien, je trouve que ça va bien à un labrador, ça m’est venu comme ça à vrai dire… puis je crois que l’année prochaine c’est l’année des M ! »

J'acquiesça. Je m'étais renseigné un minimum avant de me lancer, histoire de pas être totalement impulsif, moi a qui ce genre de petits craquages ne ressemblaient vraiment pas. J'avais davantage à réfléchir des heures pour finalement ne pas me lancer plutôt qu'a sauter la tête la première. A croire que ça rendait l'arrivée de ma Lady encore plus spéciale, que ça a été différent, justement. Oui, ils ont l'air très gentils, alors j'ai craqué. Et ce sont bien des cousins des labradors, ils ont juste les poils plus longs répondis-je. Faut dire que, à voir la bouille de ces chiens et encore plus du chiot que j'allais ramené à la maison ce soir, il était bien difficile de rester de marbre, même pour un grand garçon au regard sans arrêt glacé comme moi. J'avais bien hésité entre les goldens et les labradors, mais le joli rendu des longues robes crèmes des golden retrievers avait eu raison de moi : et peu importe si des poils allaient couvrir ma couette, mon sol et j'en passe. Le choix lui plut, elle trouvait ça mignon, faut dire que disney, petit chiot, c'était chou. C'était pas moi. Hum. Peu importe, c'était trop tard pour reculer et vu mon impatience, ça devait bien signifier quelque chose. J'avais attendu ce moment avec impatience, alors ça voulait dire que j'étais plus ce genre de mecs affectueux que je le pensais. Max c'est sympa, j'aime bien les prénoms courts, je trouve que ça sonne mieux, pour les chiens comme pour les enfants d'ailleurs. Hors de question que je donne à mes enfants, si je fondais une famille un jour, des prénoms faisant des kilomètres. Mes parents m'en avaient donnés trois, ce qui s'avérait être parfaitement inutile vu que personne ne m'avait jamais appelé autrement qu'Isaiah, ou petit ours. Pas de commentaires.

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« Oui, juste les poils plus longs tu as raison ! Mais en plus tu as choisi un chiot je suppose, donc tu vas pouvoir gagater en paix parce qu’ils sont trop mignons en adulte mais en bébé… bon d’accord j’avoue, j’adore les chiots, je gagatise très facilement avec ! » Thaïs n’avait que moyennement honte car après tout être complètement folle de ces petits animaux fragiles et dépendants valait mieux que de leur vouer une parfaite indifférence… sans aller jusqu’à adhérer à une quelconque association américaine de protection animale, la jolie irlandaise peinait tout de même à comprendre comment on pouvait adopter un animal, l’aimer et l’abandonner un beau jour sur une route car ça avait pris le maître comme une envie de pisser… vraiment, elle peinait grandement à saisir le concept. « C’est joli Max hein ? Si j’arrive à m’offrir un labrador, il s’appellera comme ça. Vaut mieux que « pâté en croûte », c’est plus long à prononcer donc c’est un risque de l’embrouiller, pauvre bête ! J’imagine qu’ils retiennent d’autant plus vite la sonorité de leur nom lorsque c’est court et concis… j’imagine ! » fit-elle non sans continuer à le suivre, ayant hâte de faire la connaissance de la petite Lady. Pour sûr, même si ce n’était pas son chien et qu’elle ne la verrait que cette fois là, Thaïs allait la trouver adorable et avoir d’autant plus envie d’économiser vite pour avoir son propre chien… bien que celui-ci serait forcément adulte vu qu’elle comptait prendre un chien d’aveugle. « Tu sais quel âge elle a et tout ? »

J'étais pas tellement du genre à "gagater", même si je voyais ce qu'elle voulait dire et que j'étais pas à l'abris de me découvrir un côté ourson en peluche. Comme beaucoup de monde, faut dire que c'est vraiment mignon arguais-je. Et bien oui, rien de mieux qu'un bébé pour vous attendrir. Les chiens ne faisaient pas exception à la règle. Je les trouvais même peut-être encore plus mignons que les êtres humains. En même temps j'avais jamais été très fan des gosses, malheureusement pour moi, vu que ses derniers avaient tendance à bien m'aimer, alors qu'ils interprétaient mon air pas réjouis comme une invitation à venir m'emmerder. Bref. Les prénoms courts. C'était juste une préférence pour moi, j'avais pas poussé davantage ma réflexion là-dessus, mais elle avait sans doute raison. Oui, peut-être bien. Répondis-je. En tout cas, la mienne allait avoir un prénom court et si ça l'aidait, tant mieux. Thaïs me demanda ensuite quel âge avait Lady. Pour tout dire, j'avais même pas envisagé de prendre un chien adulte. Je voulais le voir grandir. Lady était à peine née lorsque je m'étais renseigné et décidé à l'adopter. C'est encore un bébé, elle a eut deux mois hier. Répondis-je. Je savais que je risquais de fondre en la voyant. J'étais presque égoïstement heureux que Thaïs puisse pas me voir. C'était un coup à bousiller toute ma réputation de mec sous réserve, en admettant que j'ai la moindre réputation ici, moi qui répugnait à parler de moi à quelqu'un, sauf peut-être à Thaïs, depuis mon arrivée à Cambridge en septembre. Ah, on est arrivé annonçais-je en découvrant l'enseigne du lieu de naissance de ma chienne. Un sourire instinctif se dessina sur mes lèvres.

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« Bon c’est peut-être pas ton genre de gagater à mon point à moi mais je suis sûre que la petite Lady va changer ton quotidien ! » énonça-t-elle d’un ton extrêmement enjoué. Thaïs était particulièrement attendrie d’imaginer un grand gaillard tel qu’Isaiah toujours accompagné de son chiot golden retriever… il allait sans dire que Lady risquait d’avoir du mal à rester toute la journée enfermée pour mieux l’attendre le soir, à moins qu’il ne s’organise autrement. On avait beau dire, un chien, c’est comme un gosse : cela demande une organisation de ministre mais c’est tellement d’énergie et d’amour partagé ensuite… Thaïs se moquait bien d’être fleur bleue là-dessus, elle l’avait toujours été et cela ne risquait pas de changer de sitôt. « Ah oui effectivement ! Donc tu viens la chercher pile poil quand il faut en fait… en même temps plus vite elle est avec toi, plus vite elle s’habitue à toi et s’attache à toi d’un même temps. » Thaïs suivit par la suite son partenaire de fortune dans le silence le plus complet, ne relâchant son bras qu’une fois qu’elle sentit qu’ils étaient en face d’une sorte d’accueil et qu’il fallait lui laisser prendre la parole. A entendre le ton de la voix de la responsable dudit accueil, ce n’était effectivement pas la première fois qu’Isaiah venait ici… et ce fut particulièrement dur pour Thaïs que de rester sagement en retrait sans poser les mille questions se bousculant dans son esprit pour le potentiel achat d’un chien d’aveugle. Il fallait qu’elle se retienne pourtant : aujourd’hui, ce n’était pas pour elle qu’ils venaient mais bien pour Lady.

Elle pensait peut-être que je m'imaginais que ça n'allait rien changer, mais si et si je me l'admettais pas totalement, c'était peut-être une des raisons principales de cette décision d'accueillir un petit chien : j'avais besoin de changement. Ou peut-être d'avoir une raison de rester ici, de me faire moins l'impression d'être dans cette ville, dans cette université, sous la contrainte. Peut-être que Lady allait rendre tout ça moins chiant. Je l'espérais sincèrement. J'espère. Lui répondis-je en toute honnêteté. Oui, je n'avais pas perdu de temps, voulant l'avoir dès lors qu'il était possible de séparer le bébé de sa maman. Je me doutais que j'allais accueillir aujourd'hui une petite chienne perdue et apeurée, mais elle allait s'habituer. On s'habitue à tout, j'étais plus ou moins bien placé pour le savoir. Oui, je sais que les premiers jours vont pas être simples, mais bon, faut passer par là. Elle allait sans doute geindre dans son panier ce soir et j'allais craquer au bout de dix minutes à ronchonner la tête dans mon oreiller car ça allait m'énerver et que j'allais pas être capable de m'énerver contre elle. On allait se débrouiller. Tous les deux. On arriva rapidement à la boutique et je commença à m'entretenir avec la femme, pendant que Thaïs se tenait à mes côtés, un peu en recul. On alla rapidement chercher ma chienne. Ouais, j'avais raison. On pouvait pas crier sur une bouille aussi adorable. On me la mit dans les bras. Elle était tellement petite. Et elle tremblait. Je lui gratta une oreille, tout en essayant de bouger le moins possible mes bras pour bien la tenir. Elle est toute petite commentais-je un peu bêtement en m'approchant de Thaïs pour qu'elle puisse sentir la présence de Lady.

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