(flashback) Isaiah&Thaïs + be my hero of the day !

La merde. Mais alors avec un m majuscule et jusqu’à la troisième génération au moins. Après une engueulade des plus homériques avec son partenaire de danse, à s’en briser à moitié les cordes vocales d’ailleurs, Thaïs se retrouvait à une heure de son passage d’examen sans partenaire, sans plan b, sans rien du tout… le pire ? C’est qu’elle était déjà en cours d’échauffement et en tenue, la grande classe internationale ! Franchement, il valait mieux que cet abruti congénital ne recroise jamais sa route sans quoi elle aurait tôt fait de lui arracher ce qui lui servait de cervelle. Mais en attendant, elle errait telle une âme en peine en pleine couloir, cherchant à entendre le moindre pas à l’horizon histoire de se trouver un potentiel plan de secours. D’accord, l’idée était hasardeuse et risquait de lui faire planter son examen mais c’était mieux que de se pointer seule sur scène… il fallait au moins qu’elle essaye ! « Excuse-moi ! » lança-t-elle au premier bruit de pas masculin qui se déplaça vers elle, et dont l’irlandaise attrapa le bras sans attendre avec tout le culot la caractérisant actuellement. « Désolée de t’emmerder avec ça mais je suis dans la panade, j’ai plus de partenaire de danse et un examen dans une heure… tu vas me prendre pour une timbrée mais tant je m’en tape le cul sur du gravas, j’aimerais t’emprunter pour aller… une heure et demie max et je t’offre ce que tu veux en échange. Je m’en fous, demande ! J’ai juste vraiment, vraiment, vraiment besoin d’un plan de secours ! » Il n’y avait pas que sa voix qui était désespérée… l’ensemble l’était, même l’expression de son visage !

J'étais excité comme une puce et depuis que j'étais arrivé à Harvard, j'étais pas sûr que cela me soit arrivé. J'allais chercher ma chienne aujourd'hui. Oui, je devenais un homme à chiens. La veille, j'étais allé acheter tout le bordel : la nourriture, le panier, (tout en ayant la certitude que la bestiole allait finir par dormir sur mon lit) des jouets à mâchouiller. Bref, tout. Il manquait plus que j'aille la chercher. J'étais sensé y aller dans quelques heures et j'avais toutes les peines du monde à patienter. Alors que j'envisageais de rentrer chez moi pour me reposer entre temps, quelqu'un m'attrapa par le bras alors que je traversais un couloir. Doucement lâchais-je. J'aimais pas trop ce genre de rencontres improvisées. Il s'agissait d'une fille, une fille visiblement au bord de la crise de nerfs et voulant... "m'emprunter" pour deux heures. Pour faire de la danse. Whola. Elle m'avait bien regardé ? Elle avait l'air tellement désespérée mais franchement, je lui rendais service en refusant. Je ne sais pas danser. Faux, ma mère m'avait fait prendre quelques cours pour "m'ouvrir à différents horizons" durant mon enfance, même si j'avais arrêté dès qu'elle m'avait lâcher avec ça. Ca, elle avait pas besoin de le savoir, en fait personne avait besoin de le savoir. Je ne peux pas t'aider, désolé. J'en avais surtout pas envie. Là encore, elle avait pas à le savoir, même si ça se lisait peut-être un peu sur mon visage. Je baissa les yeux sur sa main, serrant sans ménagement mon poignet. Bon sang, elle était vraiment sur les nerfs.

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Dire doucement à Thaïs, c’est comme demander à un unijambiste de faire du ski avec deux équipements bien distincts… il n’était pas question qu’elle se calme ni même qu’elle y aille doucement de quelque manière que ce soit : c’était son avenir à Harvard qui était en jeu bordel de dieu ! La jolie irlandaise ne faisait pas partie de ces richards que cela ne dérange pas de redoubler plusieurs années en alignant leur chéquier… la tempétueuse blonde tirait la langue à chaque fin de mois pour rembourser son prêt étudiant et il n’était pas question qu’elle frôle la banqueroute pour un pauvre crétin décérébré l’ayant abandonnée pile avant leur examen ! « Je m’en cogne que tu ne saches pas danser, moi je sais et je peux te guider sans problème » répliqua-t-elle aussitôt, bien décidée à ne surtout pas prendre un « non » comme une potentielle réponse. « Écoute. Je me doute que tu as mille chats ou chiens à fouetter mais j’ai vraiment besoin de ton aide. Cet examen est capital pour moi et je ne peux pas espérer faire grand-chose d’autre dans la vie vu que j’ai perdu la vue. Alors même si ça t’emmerde, même si tu dois me détester, je t’en prie, je t’en supplie, je me roule à tes petits petons mignons… rends-moi ce coup de main ! » Thaïs en avait presque la respiration haletante tellement elle mettait de l’intention dans sa demande. Il lui fallait son aide… MAINTENANT.

Voilà, j'étais tombé sur une bornée. Une vraie. Pourquoi j'étais passé par ce foutu couloir ? Je répugnais pourtant pas d'ordinaire à prendre de plus longs chemins, histoire de marcher, de m'aérer l'esprit. Tss. Mauvais timing. J'aurais put m'acharner à refuser, mais je savais pas, peut-être qu'elle m'avait touché. Elle avait plus l'air désespérée qu'énervée en fait. Bon sang, elle savait ou taper. Petite manipulatrice. Elle avait beau me saouler d'or et déjà, je me sentais pas de refuser. Accepter, c'était peut-être trop facile, mais je croyais comprendre qu'elle était pressée, alors j'avais pas des masses le temps de me faire désirer. Je me massa la nuque avec ma main, pesant le pour contre la contre, sous la pression. Moi qui détestait ça, enfin, j'avais un peu l'habitude avec mon paternel et même si j'avais à l'évidence devant moi une fille de caractère, elle était nettement moins intimidante à mes yeux que papa Vargas. Je poussa un soupire. D'accord. Mais t'as intérêt de pas avoir parler dans le vent : j'y connais vraiment rien et je crois comprendre que si je me ridiculises, tu te ridiculiseras aussi et bien oui. Je lui promettais pas de faire ce qu'elle voudrait me faire faire. Elle parlait pas à une ballerine, là. Elle ignorait à qui elle parlait là. J'étais peut-être pas passé pour le bon couloir, mais elle venait peut-être aussi d'intercepter le mauvais mec.

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Pour ainsi dire, Thaïs fut presque tentée de pousser un énorme soupir de soulagement mais quelque chose la retint, sans qu’elle ne sache réellement pourquoi : devait-elle le remercier immédiatement, faire en sorte qu’il se sorte tel le héros qu’il était justement pour avoir potentiellement sauvé son année ? La jolie irlandaise n’avait pas grande crainte car à vrai dire, cet examen ne se jouait que sur une danse, une valse, et elle était notée en premier. Son partenaire n’étant pas danseur, quand bien même son cadre était pourri et ses pieds hésitant, cela n’avait pas la moindre importance. « En général c’est pas mon genre de parler dans le vent quand il s’agit de danse… en dehors de ça je dis pas mais je vais être notée sur une valse. Je sais, tu n’es pas danseur tu me l’as déjà dit mais tout ce que tu auras à faire, c’est me laisser te guider. Je placerai tes mains, te donnerai des indications pendant la valse et tu n’auras qu’à les suivre et te laisser porter. Au pire des cas ce sera une cata mais au moins, je ne vais pas me dire que je n’aurais pas tout tenté, tu saisis ? » commença-t-elle, reprenant un ton extrêmement sérieux, loin du désespoir qu’elle venait de mettre en lumière il n’y avait pas cinq minutes. Mais bientôt, un sourire canaille illumina son visage de poupée alors qu’elle haussait les épaules. « Je t’en dois une en tout cas, t’sais que t’es limite mon héros ! » Tant pis s’il en prenait pour se faire mal, l’important était là : il venait de dire oui.

Bon sang, qu'est-ce qu'elle était bavarde. Enfin elle était sur les nerfs, j'imagine que ça rendait la langue bien pendue pour certains, quand moi ça avait tendance à être la chose susceptible de me faire fermer ma grande bouche durant des heures. Enfin chacun son truc, hein. J'aurais pas été non plus du genre à harponner quelqu'un en plein milieu d'un couloir et à lui prendre la tête alors que je le connais ni d'Eve ni d'Adam. Elle me fit remarquer qu'elle plaisantait pas là-dessus. Ah, bah qu'elle m'excuse de pas le savoir, c'est vrai quoi, je connaissais même pas son prénom. Ouais, ouais je vois. En gros, j'avais juste à faire le pot de fleur pendant qu'elle faisait le boulot. C'était dans mes cordes et de toute façon, malgré l'accord que je venais de lui donner, j'aurais pas eu très envie de faire plus. Visiblement déraidie par la perspective de ne pas avoir à valser toute seule, elle m'adressa un grand sourire avant de rouvrir la bouche. Sa réponse me fit sourire. Bah, au moins elle était reconnaissante, c'était pas le cas de tout le monde, même dans ce genre de situations ou on vous pousse tout simplement contre le mur pour vous faire dire "oui". Un peu étrange cette fille, mais avec un certain charme, fallait bien le lui accorder. C'est pas tout le monde qui me ferait accepter de danser. Ah oui, rien que ça ? Répondis-je, amusé, avant de reprendre la parole. Je m'appelle Isaiah au fait. Elle s'en moquait peut-être, mais peu importe, je pouvais pas m'empêcher de me présenter, c'était la première des politesses que ma mère m'avait enseignée.

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« Oui oui rien que ça ! » s’exclama-t-elle, nettement plus détendue qu’elle ne l’avait été précédemment puisque la perspective d’être menée purement et simplement au pilori n’était plus d’actualité. Cela pouvait paraître extraordinairement extrême, mais à sa décharge, Thaïs ne pouvait guère espérer trouver beaucoup d’autres travails : non seulement elle ne pouvait rien faire de manuel, mais ne connaissait ni l’économie, ni le droit, ni la politique et ne saurait jamais se démerder dans quelque monde de requin que ce soit tant la gentillesse était marquée sur son visage. Certes, elle parlait plusieurs langues mais se trouvait diablement désavantagée de n’être aucunement une « fille de ». Forcément, elle conservait la danse et le piano, les gardant jalousement en dévoilant son talent en examen… et il n’était pas question qu’un nouvel échec puisse être apporté à sa longue liste : la perte de sa vue avait été bien assez marquante. « Je sais, ça peut paraître bidon mais vraiment, tu me sauves la vie. Oh et je me suis même pas présentée quelle gourde ! Je m’appelle Thaïs, enchantée Isaiah. Merci encore pour ton aide… mais crois-moi je vais essayer de te rendre la pareille dans la mesure du possible… est-ce que tu veux que l’on s’échauffe un brin avant de commencer ou est-ce que tu préfères que l’on reste encore un peu là jusqu’à ce que ce soit notre tour ? » Il ne fallait pas prendre cela pour de l’assurance exacerbée : si elle avait été persuadée que le fait de lui montrer les pas de danse était absolument nécessaire, sûrement aurait-elle insisté… mais elle avait déjà tellement l’impression de le déranger qu’il valait mieux limiter la casse.

J'aurais été tout bonnement incapable de faire confiance à un inconnu comme elle le faisait. Soit, elle insistait bien sur le fait que ce serait facile, que je n'avais qu'à être là et la laisser gérer, mais quand même. Je n'avais pas cette facilité à laisser quelque chose entre les mains des autres. Je n'étais pas du genre à me livrer, à parler aussi vivement de ce qui me tracasse, de ce qui compte. J'avais hérité ce côté froid de mon paternel, ma mère n'était pas ainsi, jamais et je n'avais pas toujours autant ressembler à mon frère. Peut-être que fut un temps, j'étais aussi spontané que Thaïs. Quand j'avais genre... Six ans. Elle parlait vite, trop vite. Enfin, pas si vite que ça, mais disons que j'étais pas habitué, elle était plus ou moins, de ce que j'en voyais pour l'instant, à l'opposé le plus radical de ma propre personne en surface du moins. Ca la rendait... Rafraîchissante. Enchanté aussi. Hum, tu pourrais me montrer en gros ce que je vais devoir faire ? Pas que je sois incapable de bouger mes pieds, mais je suis pas sûr que m'en remettre à l'improvisation soit la meilleure idée et bien oui, elle avait l'air d'avoir grandement confiance en mes talents de danseur et c'était sans doute pas justifié. Peut-être car elle voyait pas ma tête, qui rayonnait nettement moins d'assurance que quand il était question de nager ou encore de jouer au foot, elle comprenait pas ce qu'elle me demandait là.

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Là se trouvait le plus extraordinaire point fort de Thaïs : elle avait confiance. Son optimisme était à toute épreuve et quand bien même se trouverait-elle en face du plus pessimiste et de l’individu le plus froid de la création, elle s’en moquait bien : il lui avait dit oui et acceptait de l’aider, c’était donc tout ce qu’elle comptait retenir. « Il y a une salle de danse libre, on va s’entraîner jusqu’à ce que ce soit notre tour ! » reprit-elle avec un sourire gigantesque sur les lèvres, s’emparant de son bras avec un air potentiellement désolé vu que pour l’heure, sa canne ne lui était pas autorisée… hors de question que de l’embarquer pour un examen de danse, elle ne voulait pas être considérée comme diminuée ou même être sur notée par rapport à d’autres élèves ne possédant pas le même handicap. Elle souhaitait plus que tous que les membres du jury la note pour ses capacités de danseuse, point barre. « Alors je vais mettre la musique que j’ai choisie pour la danse, je vais te montrer comment te placer ne serait-ce qu’au niveau du cadre et après, tu vas essayer de me suivre, d’accord ? » Thaïs plaça son Ipod dans le socle prévu à cet effet avant de prendre la mini télécommande qu’elle mit pour le moment dans sa poche. Puis, de retour vers Isaiah, elle lui redressa légèrement la nuque, lui indiquant comment placer ses bras et insistant sur le fait qu’il ait le dos bien droit s’il ne voulait pas peiner pour la suite. Ce n’est qu’après qu’elle se plaça elle-même, mettant contre l’une de ses hanches la main de son partenaire de fortune avant de se rapprocher et de mettre la musique en marche. « Laisse-toi guider » lui murmura-t-elle alors qu’elle l’incitait à bouger d’un simplement mouvement de son corps, mettant en lumière une chose : elle était douée. Vraiment douée. « Ça va tu ne peines pas trop ? » s’enquit-elle néanmoins au bout de quelques secondes de danse.

Si mon assurance n'était plus à prouvée, il était rare que je me lance dans quelque chose s'en avoir fait un minimum de préparation. Bien que ne doutant pas franchement de mes capacités dans plusieurs domaines, je n'y allais pas au talent : je travaillais ne serais-ce qu'un peu, parfois même uniquement pour me donner bonne conscience ou pour me rassurer. Elle acquiesça souriante, lorsque je lui demanda de m'entraîner un peu, ne serais-ce que pour ne pas avoir de surprise une fois "le grand moment" arrivé. Je n'étais pas la personne concernée et ça m'aurait emmerder de tout foirer même si j'imaginais que c'était pas dans mes cordes, sinon elle aurait jamais envisagé de ne pas s'entraîner du tout avec moi. D'accord lui répondis-je, bien qu'elle ne m'ai pas franchement attendu, m'ayant déjà attrapé par le bras. Elle était pas décidée à y aller en douceur avec moi, celle-là. Pas qu'elle ai besoin de me ménager, en même temps. D'un côté, j'étais plus à l'aise que si elle avait été timide, rougissante, incapable de me regarder dans les yeux. J'aimais bien les filles rentre-dedans en fait, elles savaient mettre les gens en confiance, bizarrement. Alors qu'on entrait dans une salle de danse vide, elle se remit à parler et j'acquiesça en silence, me laissant faire, allant me poster au milieu de la salle en attendant qu'elle revienne vers moi. Elle ne se fit pas attendre et revint rapidement, afin d'ajuster ma position, le tout en me faisant bien comprendre que je devais rester bien droit. Ca devrait pas être bien dur, même si j'essayais de ne pas me sûr-estimer. C'est pas comme si j'avais l'habitude d'être vouté, replié sur moi-même, depuis des années, je marchais toujours en étant droit comme un i, histoire de bien montrer aux gens que j'étais fier comme un paon. Je la laissa faire alors qu'elle m'attrapait la main pour la poser sur ma hanche et elle actionna la musique avant de se mettre à bouger au son de celle-ci. Je m'efforçais de la suivre, sans trop de difficulté bien que je ne pouvais pas me permettre de laisser faiblir ma concentration sur ce que j'étais en train de faire. Non, ça va lui répondis-je lorsqu'elle me demanda au bout de quelques secondes si ça allait. J'ai pris quelques cours de danse de salon quand j'étais gosse, alors ça reviens un peu ajoutais-je sans trop savoir pourquoi je venais de dire ça.

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