(flashback) Isaiah&Thaïs + be my hero of the day !

A son plus grand étonnement, pour quelqu’un prétendant n’avoir jamais pris de cours de danse, son maintien s’avérait excellent et la fluidité de ses mouvements extrêmement évidente. Soit il mentait, soit il possédait un talent inné pour la danse et auquel cas ils étaient doublement faits pour s’entendre. Thaïs se félicita intérieurement d’avoir pu l’arrêter lui dans ce fameux couloir et pas un autre : dans le cas contraire, le résultat aurait très bien pu ne pas être aussi bon. « Je vois, cela explique beaucoup de choses ! Notamment le fait que tu as un bon maintien et un excellent cadre » n’hésita-t-elle pas à le complimenter en lui montrant la suite de la chorégraphie, une expression sérieuse plaquée contre ses traits de porcelaine. La jolie irlandaise n’était jamais avare de compliments, surtout lorsqu’elle estimait que ces derniers étaient mérités. La musique s’arrêta bientôt dans l’atmosphère sonore de la pièce et Thaïs reprit aussitôt son sourire en s’éloignant, plus satisfaite encore du résultat qu’elle ne l’espérait de prime abord. « Tu es très doué, je suis ravie de t’avoir alpaguée dans le couloir » énonça-t-elle malicieusement, croisant subitement ses bras contre son corps élancé et fin. « Souhaites-tu la refaire plusieurs fois afin de te l’imprégner ? Nous avons encore une petite demi-heure devant nous, ce qui nous laisse tout de même un peu de temps pour répéter si tu le souhaites afin de ne pas arriver les mains dans les poches. Il faudra que tu réfléchisses aussi à la façon dont je pourrai te remercier : parce qu’avec le service que tu me rends, c’est évident que je veux te remercier ! » La tempétueuse blonde avait toujours eu la reconnaissance du ventre, quelque soit la raison pour laquelle elle se devait de l’avoir, et puisqu’il se trouvait qu’Isaiah s’apprêtait à lui sauver la mise… il méritait doublement son renvoi d’ascenseur.

Pourquoi je venais d'avouer à une fille que je connaissais pas dix minutes plus tôt que ma mère m'avait forcé à prendre des cours de danse ? Bon sang, je me connaissais pas aussi bavard sur ma vie, encore moins sur les détails du genre. Ok, j'avais abordé une broutille, j'étais pas allé lui raconter ma vie en large, en travers et en diagonale, mais je rechignais pas à lui délivrer certains détails alors que j'avais décidé de révéler le moins de trucs possibles sur moi à Harvard. Je n'allais pas rester ici, inutile que j'aille essayer de me créer des liens avec les gens. Bref, je m'étais mis en mode "subtilement " (tout dépend de la perception que vous avez d'une attitude tout en subtilité) anti-sociable. Avec cette fille, ça partait tout seul. Un peu bizarre, mais pourquoi pas si ça restait une conversation aussi futile. C'était pas le genre de filles avec qui je pourrais avoir des conversations profondes de toute façon, je ne le sentais pas comme ça du tout. Elle commença à me complimenter et je ne put m'empêcher de sourire. Et bien oui, les compliments, ça fait toujours du bien. Merci. Répondis-je simplement. Enfin, j'avais pas des masses de mérite : mon rôle dans cette danse n'était pas franchement difficile. Mais peu importe, si ma façon de faire lui convenait, tant mieux pour elle. La musique s'arrêta et je fis un pas en arrière, m'éloignant légèrement d'elle. Sa réponse me fit sourire à nouveau. Ravi de correspondre à tes attentes lançais-je. Je pense qu'elle se serait foutu pas mal que j'ai aucun sens du rythme, tant qu'elle devait pas danser toute seule, mais bon, il fallait bien lui reconnaître qu'elle avait eu de la chance de tomber sur un pauvre garçon ayant été forcé de faire la danse quatre fois par semaines pendant trois ans. Enfin, si ma souffrance d'enfant pouvait servir à quelqu'un. *siffle* J'haussa les épaules en guise de réponses après qu'elle ai reprit la parole. Le refaire, ça pouvait pas me faire du mal et de toute façon, j'étais coincé avec elle jusqu'au passage, alors bon. Quand à la façon de me remercier, j'étais pas franchement dans cet optique, même si j'imagine que le fait que quelqu'un vous doive un service, c'était toujours une bonne chose. On peut le refaire, de toute façon, j'ai rien à faire d'autres donc autant pratiquer plus. J'y réfléchirais, même si je fais ça par gentillesse. Oui, j'étais capable d'être gentil. Et avant de me remercier, attend d'être passée. Si ça se trouve, je vais merder et tu vas plus avoir envie de me frapper que de me remercier. La taquinais-je.

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Thaïs n’était pas du genre à frapper quelqu’un, et surtout pas une personne ayant accepté de lui filer un tel coup de main… vraiment, Isaiah ne semblait pas avoir totalement conscience de l’aide qu’il lui prodiguait à cet instant précis, bien qu’il soit vrai aussi que le moment du passage restait encore à venir. Il s’entraînait déjà avec elle, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’était ni trop raide, ni à s’en foutre… il faisait la chose sérieusement, sans soupirer toutes les deux secondes ou manquer de l’avaler dès qu’il ouvrait la bouche. En toute honnêteté, Thaïs s’avérait agréablement surprise. « Je te laisse y réfléchir alors, j’espère que tu me donneras juste le résultat de ta réflexion car je tiens sincèrement à te remercier » poursuivit-elle sans perdre un millimètre de son sourire, gardant de fait ce visage aux traits de poupée particulièrement délicats. Impossible que de l’imaginer manipulatrice ou méchante, cela n’aurait pas été crédible une minute. « Je ne suis pas du genre à frapper les gens et puis quand bien même, tu pourrais facilement m’éviter et courir à l’autre bout du couloir que je ne saurais pas où tu es ! Et puis je te dois beaucoup, déjà. Je connais la valeur d’un coup de main et si je ne connaissais rien d’autre, ça me suffirait » reprit-elle de façon nettement plus sérieuse, sans sourire cette fois. « Même si le jury devant lequel nous allons passer n’est pas convaincu, j’aurais tenté. Au pire, je vais me planter, avoir une sale note mais j’ai une chance d’aller au moins au rattrapage, ce qui me laisse du temps pour trouver un plan b niveau partenaire. Dans tous les cas, tu m’offres quelque chose : du temps. Et c’est une denrée rare de nos jours ! » conclut-elle avant de ne remettre la musique et de réadapter sa position pour poursuivre dans un deuxième essai d’entraînement avec Isaiah.

Elle me m'était un peu mal-à-l'aise, à être reconnaissante comme ça. La plupart des filles que je croisais était du genre à estimer qu'il était normal que le monde tourne autour d'elle et que les autres se plient en quatre pour les aider. C'était sympas de croiser une personne un peu terre-à-terre. Cette petite blonde recelait définitivement d'agréables surprises. Oui, elle n'était pas franchement de mauvaise compagnie, d'ailleurs si c'était pas le cas, je serais sûrement pas dans une salle de danse à répéter une valse alors que je pourrais préparer l'arrivée de Lady à l'appartement. Je le ferais lui répondis-je, pour tout vous dire davantage pour lui faire plaisir qu'autre chose. Elle reprit la parole en m'affirmant ne pas être très violente comme fille. J'avais pas besoin qu'elle me le dise : j'ignorais si c'était la danse et la grâce que cette activité lui conférait mais cette fille me semblait incapable de faire de mal à une mouche. Elle me semblait très pure, très délicate, sans manquer de caractère. Je me sentais bien sali à côté, mais elle n'avait pas besoin de le savoir. Elle cessa de me sourire pour s'adresser avec plus de sérieux. Je l'écoutais avec attention. Elle était intéressante dans ses discours. J'acquiesça à son commentaire sur le temps. Oui, il filait un peu (beaucoup) trop vite et avoir une occasion de le ralentir, de s'en saisir pour faire durer le moment, ça n'avait définitivement pas de prix. Thaïs remit la musique et on recommença. J'essayais de m'appliquer, mais il s'avéra cette fois-ci plus simple de suivre la cadence de ses propres pas et je me permis de parler  en même temps. J'imagine que la danse compte beaucoup pour toi. C'est ce que tu comptes faire de ta vie ? Demandais-je, piqué à vif par la curiosité.

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Thaïs hocha positivement la tête lorsque son interlocuteur lui assura qu’il réfléchirait à une potentielle façon de le remercier. Ce n’était probablement pas vrai, qu’importe, la jolie irlandaise était suffisamment têtue pour insister à l’avenir, si et seulement si elle recroisait sa route. Le hasard se montrait-il capable de frapper deux fois au même endroit ? C’était peu probable, mais la tempétueuse blonde était d’un optimisme à toute épreuve et on pouvait difficilement le lui retirer. « La danse est une grande partie de ma vie, même si j’ai passé plus de temps derrière un piano qu’à apprendre les différentes techniques des danses de salon » expliqua-t-elle, non sans garder son souffle avec brio pour n’être ni essoufflée ni exténuée à la fin de chaque pas. L’ensemble restait joli, preuve qu’elle avait l’habitude de s’exprimer même en dansant. « La danse et la musique sont les deux seuls métiers auxquels je peux prétendre en tant qu’aveugle alors je m’y accroche… avant, je voulais continuer à faire de la compétition de moto mais maintenant je ne peux plus, alors comme il s’avère que je ne suis pas mauvaise en danse, je m’y accroche comme à une bouée de sauvetage. Il faut bien faire quelque chose de sa vie, non ? Tes études te plaisent, à toi ? » Thaïs ne voulait pas jouer les damoiselles intrusives, juste s’intéresser à ce jeune homme sans en savoir trop. Il l’intriguait mais pas au moins qu’elle ne lui fasse subir un interrogatoire, chose qui serait passée pour de l’impolitesse pure et simple à ses yeux.

Je m'efforçais de l'écouter, tout en écoutant d'une autre oreille la musique, mais dans le fond ça marchait plutôt rien. La voix de Thaïs était harmonieuse par dessus la mélodie et quand je sentais que je sortais du rythme, elle me guidait malgré elle, m'empêchant de foirer. Je n'essayais pas juste de faire la conversation. J'avais toujours été quelqu'un d'assez curieux, ce qui à un côté bien drôle vu que depuis mon arrivée à Harvard et même avant, j'avais jamais été du genre à aimer parler de moi. J'étais fier de bon nombre de choses, mais je ne ressentais pas le besoin de les mettre en avant. Peut--être car j'avais aussi fais des choses horribles, des choses qui effaceraient d'un revers de main tout ce que j'avais fait de bon dans ma vie. Mais je ne voulais pas y penser. Pour cela, ne pas en parler, c'était assez utile. Notre conversation me serra un peu le coeur. Je ne connaissais personne jusque-là ayant perdu l'un de ses sens. Mon père ne cessait de me guider dans des histoires foireuses afin d'assouvir ses propres envies, mais j'avais toujours mes sens, les mêmes possibilités. Qu'est-ce que ça faisait de devoir retravailler sa vie, de devoir trier ses ambitions, car certains rêves sont désormais tout simplement inaccessibles ? Une injuste punition. Elle était très courageuse, vraiment, on ne pouvait que le lui accorder. Elle me retourna la question. Je me mordis la lèvre. J'étais définitivement pas aussi courageux qu'elle. J'étudie la psychologie et c'est vrai que c'est sympa. J'ai toujours été curieux de savoir ce que les gens ressentaient, ce qui pouvait bien se passer dans leur tête. Je sais pas d'ou ça me viens et je sais pas si je veux baser ma vie là-dessus, mais en attendant, j'ai pas d'autres plans. Si je savais d'ou ça me venait. Mais je ne pouvais pas le lui dire. Pas sans lui dévoiler le secret le plus noir de mon existence. Elle était gentille, mais je n'avais pas confiance en elle et de la confiance, il m'en fallait à la pelle pour aller plus loin. Je lui marcha sur le pied, distrait. Mince, désolé. M'excusais-je en m'efforçant de me ressaisir.

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Certes, leur duo n’était pas parfait mais savoir s’exprimer tout en écoutant la musique et en dansant, ce n’était pas donné à tout le monde. Thaïs aurait bien voulu pouvoir le lui dire et le lui redire même, mais de peur d’être prise pour une demoiselle extrêmement lourde, elle se contentait de le guider avec toute la grâce dont elle était dotée afin de le lui faire comprendre par le biais de la danse. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’il saisisse le message, à plus fortes raisons puisqu’il faisait des études de psychologie, il devait aimer les messages cryptés, cachés dans les méandres de l’âme humaine. « Tiens je n’avais jamais rencontré d’étudiant en psychologique ! C’est original et tu as beaucoup de courage car je crois que c’est très difficile… on dit toujours que médecine est le plus trapu mais je suis sûre qu’à leur façon, toutes les études le sont. Ceci dit c’est déjà un excellent plan il ne faut pas croire. Ce n’est pas comme si tu étais un vieux croulant de quatre-vingt dix piges, tu as encore le temps de voir venir, de poursuivre dans ta voie ou, si jamais elle finit par te déplaire, de changer d’avis pourquoi pas. » Au moins Isaiah possédait tous ses sens intacts et n’avait donc aucun besoin de se rabattre sur un potentiel plan b. L’espace de quelques secondes, Thaïs se surprit à l’envier juste un brin, mais cet état d’esprit ne lui ressemblant pas s’effaça en même temps que son partenaire de fortune lui marcha sur le pied… d’où le fait qu’elle en éclate de rire plutôt que de s’en énerver. « Pas de mal, aucun constat à écrire et à signer mes pieds ne sont pas encore bons pour la casse ! Si tu veux on fait une pause ? L’idée n’est pas de t’épuiser avant l’examen en fait… » poursuivit-elle d’un ton extrêmement léger.

J'acquiesça. Pour tout dire, je me fichais pas tellement la pression pour l'avenir. J'allais finir par trouver des solutions et le présent était trop compliqué pour que je ne me focalise pas d'abord dessus. L'avenir pouvait attendre. J'étais pas mauvais en cours, j'étais même parmi les meilleurs de ma classe et ce depuis tout gosse et peut-être que je deviendrais psychologue un jour, ou une carrière sportive ou autre chose. Peut-être que j'aurais pas le choix, si je continuais à me retrouver coincé avec mes erreurs du passé tout en restant étroitement mêlé à toutes les histoires sordides dans lesquelles ma famille est engluée. (Merci, papa.) Oui, c'est ce que je me dis, j'ai encore le temps de réfléchir et en attendant, ça m'intéresse encore suffisamment pour continuer. Faut dire qu'au bout de sept ans, ça aurait été un peu stupide de ma part de tout lâcher, sur un coup de tête de philosophe à la "qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de ma vie ?". J'allais finir mes études, j'avais jamais imaginer qu'il en soit autrement. Je m'étais trop investi là-dedans pour tout lâcher. Doucement, je me déconcentrais totalement, ne pensant plus le moins du monde à mes pieds et à la danse. Je me sentis un peu mal, comme si j'avais plus du mal à respirer tout à coup, alors que je me revoyais, tremblant dans l'obscurité, devant un corps inanimé. Penser à ça, c'est pas génial pour rester concentré. Ca manqua pas. Bam. Sur le pied. Ce faux pas eut le mérite de me ramener au moment présent. Je lui bredouilla une excuse. Bon, j'étais pas un danseur suffisamment bon pour faire pleins de trucs à la fois, rien de dramatique, c'est pas comme si j'envisageais de devenir danseur étoile. Je savais pas ce que j'allais faire de ma vie, mais ça, c'était définitivement exclu. C'était déjà un début, non ? Elle éclata de rire. Bon, au moins tout allait bien. Elle reprit la parole sur un ton léger et je lui adressa un sourire un peu penaud. Ok, on va dire que je suis prêt, autant épargner tes pieds. Répondis-je sur un ton que je voulu tout aussi léger que le sien en m'ordonnant mentalement de ne pas penser à ce à quoi je venais de penser durant le passage avec Thaïs.

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« Mes pieds ne risquent pas grand-chose, pas de panique » poursuivit-elle d’un ton cherchant à lui ôter toute culpabilité éventuelle tandis qu’elle frôlait sa montre en relief du bout de ses doigts pour faire gaffe à l’heure. « De toute façon, nous passons dans dix minutes, alors on peut considérer que c’était un échauffement et qu’il est temps d’y aller ! » lança-t-elle non pas d’un ton plus sec mais un tantinet plus autoritaire, preuve qu’il n’était pas question d’arriver à la bourre et qu’il valait mieux l’écouter. De toute manière, la salle où le jury s’était installé se trouvait juste à côté : ils n’eurent qu’à traverser le couloir pour s’y rendre, Thaïs ayant repris temporairement sa canne pour éviter d’avoir en prime à lui demander de la guider. Il ne fallait pas croire, elle était bien plus indépendante que beaucoup d’autres personnes dans cette même université… et une fois devant la salle, après avoir inspiré et expiré à plusieurs reprises pour évacuer le stress, elle replia soigneusement sa canne pour l’enfourguer dans son sac à bandoulières. « Tu ne m’en veux pas si j’utilise ton bras pour que tu me guides au milieu de la scène ? Ce sera plus simple et ça nous évitera de perdre du temps » lui demanda-t-elle d’un ton doux, cherchant tout ce qui pouvait l’empêcher de penser à l’angoisse latente grandissant dans son esprit. Mais cette dernière ne l’empêcha aucunement de rentrer sur scène, de saluer le jury ou même de mettre la musique en marche de façon extrêmement naturelle, comme si elle avait fait cela toute sa vie. A l’aide de quelques mots précis, elle incita Isaiah à se replacer et dès lors, la magie opéra… avec trois petites répétitions à leur actif, ils furent plus brillants que lorsque Thaïs dansait avec l’autre troufion l’ayant lâchement abandonnée. Le temps lui parut suspendu, et la musique les emporta si loin qu’elle eut presque du mal à se dire qu’il s’agissait des derniers pas et qu’il ne fallait pas se planter maintenant. Finalement, elle eut ensuite un entretien bref avec le jury, pendant lequel elle demanda à son partenaire de fortune de l’attendre à l’extérieur et qu’elle ne serait pas longue. « Tu sais quoi Isaiah ? Tu es un génie et je crois que je vais t’adorer pendant le restant de mes jours !! Ils ont été super emballés par notre prestation et même s’ils ont tenu compte du fait que je doive changer de partenaire ils ont salué notre duo ! J’ai eu dix-huit, la grande classe internationale non ? T’es un géniiiie !! »

Elle essayait de rassurer pour que je ne culpabilise pas. Hum, ça devrait aller, si seulement je pouvais effacer certains souvenirs aussi... L'autorité dont fit preuve ensuite Thaïs me fit sourire. Et bien oui, elle plaisantait avec moi, mais dans le fond, elle s'apprêtait à passer une épreuve importante pour elle, j'étais plus en mesure de prendre tout ça à la rigolade qu'elle. J'acquiesça donc, en partenaire sérieux, pas franchement décidé à nous faire arriver en retard. De toute façon, peu importe le nombre de temps durant lequel on pouvait s'entraîner, mes pas seraient exactement les mêmes, je me connaissais assez bien pour le dire. Je garda le silence pendant qu'on allait attendre devant la salle  et naturellement, quand le grand moment arriva, j'accepta ce qu'elle me demanda. Elle avait rangé sa canne et bien sûr, ça ne me dérangeait pas de l'aider, il aurait vraiment fallu être un salaud pour refuser. Oui bien sûr répondis-je en lui présentant mon bras pour qu'elle s'y accroche. Ensuite, tout marcha comme sur des roulettes et si j'avais servi quelque chose en entrant, il fut bientôt évident pour moi que je retrouvais mon rôle de pot de fleurs. Je me contentais de limiter en quelque sorte, vu qu'elle savait ce qu'elle faisait et moi, et bien, non. La danse se déroula sans encombres, mon esprit ayant resté concentré sur mes pieds et sur le rythme de la musique. Naturellement, Thaïs, elle, fut parfaite, mais ce n'est pas comme si tout le monde ne l'avait pas vu venir. Cette fille savait ce qu'elle faisait et même sans moi, elle aurait sans doute été très bien. Ma présence n'était qu'une formalité. Lorsqu'elle me demanda d'aller l'attendre dehors le temps qu'elle s'entretienne un peu avec les juges, je ne me le fis pas dire deux fois. Voilà. C'était fini et même si je n'avais pas franchement stressé pour ça, je n'en étais pas légèrement plus léger pour autant, espérant maintenant ne pas avoir tout gâcher pour Thaïs. Je m'en serais vraiment voulu. Elle me rejoignit rapidement, visiblement très heureuse. Je lui renvoya un sourire ravi. Oui, j'étais content pour elle, elle le méritait. Un génie ? Je crois pas non, tout le mérite te reviens, j'ai quasiment rien fait. J'exagérais pas.

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