Duncan&Thaïs + elle a une descente que j'aimerais pas remonter à vélo !

« Bah rien de ce que tu pourrais me dire va me choquer, de toute façon même si t’étais un zombie je pourrais pas te voir j’te signale… mais ça m’étonne pas de Jax, c’est un sauveteur né ! » Combien de fois, au juste, l’avait-il encouragée à ne pas abandonner la lutte même après la perte de sa vue ? Il l’avait connue sans cécité, en prime, et était donc diablement bien placé pour savoir que sa combattivité avait été mise à rude épreuve pendant six ans… Thaïs n’avait jamais tenté d’en finir à proprement parler, il n’avait donc pas dû la secourir de ce point de vue là, mais à ses yeux, il la sauvait quand même chaque jour grâce à l’amitié qu’il lui offrait. « Pouah, on s’en fout… que tu sois fréquentable ou pas je m’en tape, je passe une bonne soirée et c’est tout ce qui m’intéresse ! Franchement, pour une fois que j’entends pas les simagrées de certaines sur une pauvre manucure ratée… y’a pire dans la vie ! » Qu’il soit Mather ou le Pape, Thaïs ne s’occupait pas de ce genre de détails insignifiants : tout ce qu’elle constatait, c’est qu’il n’avait pas froid aux yeux, était prêt à faire un concours de beuverie dans les règles de l’art et ne craignait pas de mouiller la chemise au sens figuré du terme se faisant. En somme, pour l’irlandaise, c’était définitivement la classe ! « Parce que tu crois que je vais prendre ton numéro pour qu’il moisisse dans mon portable ? Je l’utiliserais ! Quelqu’un qui me prend pas pour une poupée barbie et qui veut bien faire un fight de beuverie avec moi, ça court pas les rues… on a toute la mort pour se reposer, donc let’s go j’ai envie de dire ! » Et pour le coup, elle ne fut effectivement pas déçue. Le barman accepta d’être leur arbitre pour ce premier round et autant dire qu’ils terminèrent cette première bière exactement en même temps, sans que l’un ou l’autre n’ait une seconde d’avantage ou de désavantage. « Hey, mais c’est du talent à l’état pur ça ! » le complimenta-t-elle aussitôt. « La même chose s’il vous plaît ! »

« Ah bah désolée pour ta mère. Même si on n’est pas là pour se morfondre ça se fait de le dire il paraît. » Il ne fallait pas en vouloir à l’irlandaise, ce genre de bonne manière ne lui avait jamais été vraiment appris. Elle se garda tout de fois de dire que ses parents à elle, elle rêvait de les voir brûler sur un bûcher car pour le coup, pas sûr que Duncan le prenne forcément très bien et puis merde, il fallait laisser les emmerdes où elles étaient pour l’heure et se concentrer sur leur véritable tournoi de beuverie : c’était le plus important, même aux yeux de Thaïs ! « Ça tombe bien j’en ai pas de manucure ! Bordel des ongles c’est des ongles, pas de quoi s’en taper l’œil contre une biscotte moisie… puis de toute façon même si j’en voulais une j’peux pas me la faire moi-même et par principe ça me fait chier de devoir demander à quelqu’un. On sait jamais, qu’une abrutie passe mes doigts à l’acide… t’inquiètes pas, t’as aucun souci à te faire à la base j’étais venue pour repartir en mode beurrée comme un p’tit Lu ! » s’exclama-t-elle pour bien lui faire comprendre que non seulement les clichés et réputations coulaient sur elle sans jamais prendre prise, mais en prime elle tendait vers un objectif commun au Mather : se saouler la gueule. « J’pense que tu dois être souvent attaqué sur ton terrain mais pas par une nénette, je me trompe ? Moi mon honneur de buveuse irlandaise est en jeu alors je brandis mon arme bière et taioooo !! » Le pire ? C’est qu’elle était encore parfaitement sobre ! Thaïs ne prenait que rarement les choses au sérieux, bien que le compliment qu’il lui fit à sa suite ne manqua pas de lui arracher un sourire à la fois amusé et sincère tandis qu’elle hochait positivement la tête. « Tu m’épates aussi, didiou ! Mais continuons avec une non boisson de femmelette : whisky ? Vodka ? Tequila ? Rhum ? Choisis et je suis ! »

Thaïs haussa les épaules, comme pour faire comprendre à Duncan que puisqu’ils ne savaient pas franchement quoi dire l’un comme l’autre pour tout ce qui touchait à un sujet des plus sérieux, autant se concentrer sur ce qui les intéressait vraiment, à savoir leur petit tournois de beuverie de derrière les fagots. La jolie irlandaise n’était vraiment pas fâchée de s’être pointée dans ce pub car au moins, elle n’était pas à la Cabot House à ruminer les affres de sa morne existence. Vraiment, elle avait l’impression d’avoir fait la rencontre de son année : quelqu’un qui n’a pas froid aux yeux ET qui n’est pas choqué par le fait qu’elle jure comme un charretier… pour sûr, elle allait lui reproposer à l’occasion de se refaire un petit concours comme celui de ce soir ! « Bah j’ai longtemps hésité avec la Mather House, en fait. J’étais chez les Lowell avant, parce que je suis pianiste mais j’m’emmerdais ferme là bas. Du coup j’ai changé, mais si on m’avait dit que les Cabots étaient aussi pleurnichardes… je veux dire, je suis une nénette ouais mais je pleurniche pas sur ma vie toutes les cinq secondes ! Enfin en tout cas, je suis happy d’avoir ENFIN trouvé un adversaire à ma taille, c’était quand même pas trop tôt » fit-elle d’un ton des plus enjoués, comme s’ils venaient de trouver le vaccin pour guérir le cancer. D’une certaine façon, c’était le cas pour eux, vu qu’ils s’offraient mutuellement un baume en s’attaquant à leur terrain respectif : la boisson. « Le coca c’est pour les mauviettes ! Moi c’est whisky sec sans glaçon ni saloperies… barman, deux doubles ! » Thaïs hocha la tête face à ses compliments, un sourire des plus amusés sur les lèvres, preuve qu’elle passait la meilleure soirée de son année, vraisemblablement. Ce fut plus vrai encore une fois le verre de whisky enfilé cul sec, lui faisant légèrement secouer la tête non sans qu’elle pose ce dernier, désormais vide, en même temps que le Mather. « Moi, j’appelle ça la classe internationale ! »

« J’connais plein de monde qui ont pris la grosse tête mais moi ça m’intéresse pas. En fait, ça me plaît d’être transparente : au moins, on vient pas me baver sur les rouleaux, on s’occupe pas de mon petit cul et je peux dire que j’en ai rien à taper de celui d’autrui… elle est pas belle la vie ? Je ne connais pas la présidente de ma maison, en fait, pour être honnête. J’ai juste deux potes dont je suis très proche là bas et ça me suffit, après tout c’est pas la quantité qui compte mais la qualité… mais en même temps, je ne connaissais personne à la Mather House DONC considère que tu me donnes une fière image parce que bigre, tous des lavettes à jamais suivre sur les jeux de boisson, sont toujours frileux les gens ! » Thaïs n’était pas alcoolique, en prime, c’était ça le plus beau. Elle adorait boire, dépasser ses limites, se sentir plus vivante et désinhibée sur jamais mais elle pouvait tout aussi bien s’en passer pendant plusieurs semaines sans en éprouver le moindre manque. Ça ne l’empêchait pas d’avoir une sérieuse descente et de tenir fièrement tête à Duncan, mais c’était purement pour le plaisir à vrai dire. « Tu te rends compte que ça me monte qu’à peine à la tête et que t’es pas non plus prêt à me mettre chaos ? » s’amusa-t-elle avec une toute petite teinte de provocation dans le fond de sa voix, espérant bien qu’il allait continuer à gérer le steak car Thaïs n’avait aucune raison ni envie objective d’arrêter en si bon chemin. Pas alors que cela faisait des semaines qu’elle ne s’était pas autant éclatée. « Hey, je suis une femme okay mais pas une femmelette, alors va pour deux, j’te suis mon pote ! A moins que ce soit toi qui soit fatigué ? » Et l’enfilade recommençait. Thaïs n’avait définitivement pas froid aux yeux et puis… sa fierté pesait lourd dans la balance.

« De toute façon, si l’amitié ça se bouffait en salade, ça se saurait ! Vaut mieux la qualité que la quantité, au moins t’es un peu moins sûr d’être déçu. Ça empêche pas les risques mais bon… la vie sans risques, ça sucks après tout ! Ceci dit franchement une maison fait pas la valeur de ses membres. Y’a des abrutis tout partout, que je sois chez les Mather, les Cabots ou ailleurs… puis pas envie de m’entendre avec tout le monde perso, ça serait un boulot à temps plein sinon et j’ai pas les moyens de me payer les services d’une secrétaire ! » A sa façon, Thaïs dédramatisait la situation ET leurs solitudes respectives car il n’était, une fois encore, pas question de gâcher l’ambiance avec des détails pourris du genre. Bien au contraire, puisqu’ils s’étaient bien trouvés en cette soirée disons… étrange, il n’y avait aucune raison objective à ce que leur bonne fortune ne continue pas. Certes, cela ne rendrait pas sa vue à la jolie irlandaise mais au moins, elle repartirait du pub très, très anesthésiée. « Quand bien même quelqu’un m’attendrait, il peut m’attendre longtemps j’suis même capable de coucher là ! » lâcha-t-elle sans l’ombre d’une hésitation, preuve qu’au moins, elle ne dépréciait pas sa compagnie au contraire. « Toutes mes excuses monseigneur, c’est noté que tu es frais comme un gardon aussi longtemps que tu captes bien que moi aussi ! Y’a pas marqué « poupée barbie » sur mon front non mais ! » Une fois encore, les deux concurrents prouvèrent leur bravoure et… le fait qu’ils aient l’estomac bien accroché en finissant exactement en même temps. Thaïs n’était décidément pas décidée à perdre, exactement comme son adversaire bien que sa remarque la fit éclater sincèrement de rire. « Mais ouais je suis un travelo ! Dis tout de suite que t’es choqué parce que justement, je suis une nénette qui tient la distance ! Mais je te rassure c’est possible d’avoir une descente comme la mienne… on augmente la cadence cher partenaire ? »