let me be the one to light a fire inside those eyes (elyot)

« Pourquoi es-tu venu me voir Elyot ? » « A vrai dire, je ne sais pas vraiment .. Je pense qu'au bout d'un moment, on est pas aussi fort que l'on croit, et on ne peut pas tout garder pour soi, sous peine d'exploser. Et je suis à ce stade, si je continue de tout enfouir et de tout garder je vais littéralement dérailler, je vais péter un câble. » « Avant de savoir le vrai fond du problème, parle moi un peu de toi Elyot. » « Je sais pas vraiment quoi dire, je suis arrivé en Amérique il y a même pas un an, envoyé par mon père. J'ai dix-huit ans, j'aurais dix-neuf en janvier; j'ai un grand frère mais pour le moment il est resté en Australie avec mon père et ma mère. » « Tu entretiens une bonne relation avec ta famille ? » « J'imagine que si mon père m'a envoyé à des milliers de kilomètres de lui, non. Bon bien sûr je peux toujours faire croire qu'il voulait m'envoyer dans l'une des meilleures universités du monde. J'essaie de me rassurer comme ça en fait, mais bon c'est pas toujours facile. J'ai toujours été un peu l'erreur de la famille, je n'avais pas la carrure des "Sayphir-Bush" vous voyez ? Pas assez fort, pas assez hautain; j'ai toujours préféré la douceur et la gentillesse et ça ne plaisait pas à mon père qui me le faisait bien comprendre. Alors bien sûr ma famille ne se résume pas qu'à mon père, il y a ma mère; je n'ai rien dire c'est une femme aimante, mais elle a toujours suivi mon père, jamais osée se mettre en travers de son chemin. Puis il y a mon frère, plus vieux que moi d'à peine un an, le petit roi de la famille, celui pour qui tout le monde se mettrait à genoux. Mon père n'a d'yeux que pour lui : hautain, fier et égoïste c'est le portrait craché de Môsieur Sayphir. Alors imaginez la déception du patriarche quand son deuxième fils n'est à ses eux qu'un raté, qui n'a pas les épaules pour porter le nom de famille "Sayphir-Bush". J'ai essayé de leur prouver que je n'étais pas ce moins que rien, puis au bout d'un moment on trouve d'autres priorités, d'autres choses pour lesquelles se battre. » « Qu'entends-tu par là ? » « J'entends qu'au bout d'un moment il faut arriver à avancer, ne plus rester enfermé. Surtout lorsqu'on a une maladie. » « C'est donc ça le problème ? » « En soi c'est pas un réel problème car j'ai su l'accepter, et vivre avec. Oui j'ai une maladie cardiaque grave et je sais que normalement je ne vivrais pas longtemps avec ou sans traitement. Mais je n'y peux rien, je vais pas me lamenter toute ma vie, alors je continue d'avancer; c'est pas comme si j'avais réellement le choix. » « Et tes proches il en pense quoi ? » « Justement je n'ai pas vraiment de proches, j'essaie de pas m'attacher et que les gens ne s'attachent pas à moi en Australie car le jour où je disparaitrais ce sera encore plus douloureux. Je vais tenter de faire la même chose à Harvard. Ma famille ne sont pas au courant, je veux pas que d'un coup ils se mettent à m'aimer tout ça parce que je suis malade. Je veux pas de pitié, ça me répugne plus qu'autre chose. Et malgré tout, même si on dit que non, on aura pas pitié, une part de nous a toujours un peu de pitié inconsciemment. Alors je préfère ne rien dire, et être un jeune homme normal vous voyez ? Puis peut-être que comme ça, le jour où je viendrais à mourir, personne ne parlera de moi, personne n'aura mal pour moi et c'est peut-être la meilleure chose vous ne pensez pas ? » « C'est à discuter. Mais tu n'es jamais tombé amoureux ? Ou ressenti du désir pour quelqu'un ? » « Je me l'empêche pour justement éviter de souffrir et de faire souffrir. Je n'ai même pas goûter au sexe, je suis encore puceau; c'est pas que j'en ai pas envie .. mais ça peut très vite dériver vers de l'amour vous voyez. Dehors il y a plein de jeunes femmes et jeunes hommes qui me plaisent, et peut-être que ça me plairait d'être main dans la main avec une personne, mais dans ma tombe je serais seul; alors autant commencer maintenant. » « C'est une vision un peu noire de voir les choses tu ne penses pas ? » Je me contente d'hocher la tête, j'en suis conscient, mais je préfère être pessimiste qu'optimiste, ça évite les faux espoirs. « En étant condamné, tu ne penses pas qu'il faudrait que tu t'imposes pour que tu puisses vivre tes années comme tu le voudrais ? » « C'est vrai que je suis pas quelqu'un de grande gueule, qui s'impose, qui parle plus haut que les autres et peut-être que si je l'étais j'aurais moins de problème. Mais j'ai pas envie de changer tout ça pour pouvoir profiter à fond. Je continue à vivre avec mon caractère et comme ça je sais que les gens garderont une vraie image de moi. Puis même si je suis condamné, peut-être qu'il me reste encore quelques années à vivre. Qui sait ? Il se peut que dans quelques temps j'ai eu un déclic et je changerai complètement. Pour le moment je me contente de suivre mon petit bonhomme de chemin. J'étudie ce qui me plaît, je fais de la musique et j'ai même continué le sport. Ca ne m'est pas recommandé, mais quitte à mourir, pourquoi se priver de choses ? Dans tous les cas je suis condamné, alors de vivre un ou deux ans de plus avec un traitement qui réduit mes capacités et qui m'empêche de faire du sport je dis non. Je veux encore faire comme je l'entends. » « C'est une manière risquée de vivre Elyot. Je ne suis que ton psychologue et je ne peux pas te dicter une ligne de vie, ce n'est pas mon travail. Je ne peux pas te dire non plus de prendre ton traitement, de rencontrer des gens, de tomber amoureux même si je te le conseille fortement. Donc profite, et peut-être qu'au fur et à mesure tu verras comment ça évolue. On se revoit la semaine prochaine d'accord ? »