I don't want us to be
separated
Je jetai un regard en coin à Briony en l'entendant me dire qu'il faudrait que ce soit plus régulier entre nous pour éviter ce genre de désagrément... Comment lui dire que j'en aurais vraiment envie mais que c'était encore moins correct pour Apple et qu'au contraire, j'avais promis d'arrêter complètement ? Je hochai la tête, un léger sourire aux lèvres.
N'importe quoi... J'ai une crampe parce que j'suis un grand dadet quiché dans une voiture toute petite. C'est vrai quoi, tout le long du sport j'avais gardé les jambes pliées, pas facile ! Je me pris alors mon marcel dans la tronche, déclarant par la même occasion que j'allais conduire à poils parce que ça allait être trop compliqué de se rhabiller dans ce petit espace. Retirant le marcel de mon visage, j'interceptai le regard de défi que me lançait Briony, fronçant le nez. Cap de conduire à poils ?
Tss. Pas grand-chose d'autre à dire. Elle savait bien que j'le ferais pas... Que j'tenais trop à mon image, à ma réputation, pour pouvoir conduire les couilles au vent. Puis si on s'faisait contrôler par les flics, c'était bon pour me faire enfermer en garde-à-vue pour exhibition... pas question, quoi ! Déçu qu'elle soit obligée de se rhabiller, je me rapprochai d'elle pour l'embrasser une nouvelle fois et caressant son nez avec le mien en fixant ses lèvres, je relevai mon regard vers le sien en l'entendant proposer une chambre d'hôtel. C'était vraiment tentant, mais elle savait aussi bien que moi que ce n'était absolument pas raisonnable... on ne l'était déjà pas, n'empirons pas la situation, non ? Pourtant, ça m'aurait ravi de pouvoir à nouveau prendre place dans ses bras, pouvoir m'endormir à côté d'elle... me sentir un peu plus libre, finalement. Notre rapide week-end au Canada restait un souvenir magique.
Tu l'sais que j'aurais bien aimé. Après un furtif baiser sur ses lèvres, j'enfilai finalement mon boxer et mon short avant de retourner sur mon siège à l'avant, ouvrant de grands yeux devant mes cheveux en pétard et la tête que j'avais. Ajustant le pare-soleil, je lançai depuis le miroir un regard suspicieux à Briony restée sur la banquette arrière.
C'est normal que tu m'préfères avec les cheveux en pétard et le front en sueur de l'après-sexe sauvage avec Briony Silver. Un rire m'échappa de nouveau et je terminai de me rhabiller en remettant mon marcel, me passant une main dans les cheveux pour dégager mon front alors que Briony me disait qu'elle irait à Londres un jour et m'en donnerait des nouvelles. Ouvrant la portière et allumant ma cigarette, je hochai la tête en relevant les yeux vers la jeune femme. Ah Londres, ma ville me manquait vraiment par moment, plus que je n'aurais pu un jour le penser. Rainy London.
Tu m'en diras des nouvelles alors. Même si c'est impossible de pas aimer Londres. J'eus un sourire en repensant à ma ville natale, aux gens qui s'y trouvaient, aux amis que je m'y étais faits, aux habitudes là-bas...
J'comprendrai jamais pourquoi les américains aiment autant le café. Mon sourire s'agrandit un peu alors que je portais la cigarette à mes lèvres, repensant à la surprise que je lui avais préparée et me demandant si elle tenait toujours, finalement... Il n'empêche que je m'étais basé sur son côté Quincy pour lui faire plaisir et je craignais encore que cette surprise puisse être interprétée de travers, je voulais pas que ça gâche à nouveau tout entre nous. Je pinçai les lèvres alors qu'elle me rejoignait en faisant le tour de la voiture, j'avais le coeur qui battait fort en l'entendant dire que tant qu'elle était avec moi, peu lui importait. Y aurait pas pu y avoir de meilleure réponse. Je détournai légèrement les yeux, secouant la tête de gauche à droite.
Arrête ça, tu vas me rendre niais, j'aime pas. Andy McDougall niais, vous avez vu ça où vous ? Il n'en était pas question. Je relevai cela dit les yeux vers son visage en l'entendant me dire que c'était à la condition que je ne dépense pas mon fric pour elle... aw. Je grimaçai, m'enfonçant un peu plus dans mon siège.
Mince, j'ai peur que ce soit trop tard. Le seul truc c'est qu'si on y va pas j'aurais dépensé mon fric pour rien puisque c'est pas remboursable... Tant piiis. Je lui offris un grand sourire innocent qui relevait davantage de la provocation qu'autre chose. Je dépense mon fric si je veux, pour toi si j'le veux... Et si tu refuses, alors j'aurai quand même payé, mais pour rien. C'nul ça hein, de me laisser payer dans le vent ?
Mais ça va... C'est pas vraiment un cadeau matériel. Les souvenirs seront que dans ta tête. A moins qu'elle embarque quelque chose avec elle, mais ça ça ne tenait qu'à elle et ce n'était pas mon fric qui lui aurait payé ce souvenir-là... Elle devait se poser mille et une questions maintenant. Je ne la quittais pas des yeux et sentis mon cœur battre un peu plus fort en entendant ses chuchotements. ouais, je ne pouvais que compatir... Je me mordis la langue en fixant le bâtiment en face d'un air absent. J'aurais préféré aussi qu'elle puisse être près de moi sans que ça attire les regards de quelques curieux Harvardiens qui passaient par là. Doucement, je sentis sa main se glisser dans la mienne et je relevai petit à petit le regard vers elle, sans rien dire et appréciant le contact de sa peau contre la mienne. Elle me prit délicatement le briquet et alluma sa cigarette puis regarda autour de nous, attisant ma curiosité. Elle préparait quoi ? J'arquai un sourcil, la voyant ébouriffer ses cheveux et la seconde d'après... Je sentis ses lèvres se poser sur les miennes. Juste là, devant l'hôtel où logeait quasiment tout Harvard, sans la moindre vitre teintée pour nous cacher. J'ouvris de grands yeux surpris et sentis mon cœur exploser, tant parce que j'étais stupéfait, que parce que je ressentais soudainement l'adrénaline que quelqu'un nous voie. Ça m'aurait plus que dérangé si Apple n'avait pas été au courant du tout... Aujourd'hui, ça me gênait surtout parce que je n'voulais pas que ça circule et que ça puisse mettre Apple mal à l'aise, comme je savais qu'elle ne voulait pas parler de mon infidélité, elle prenait sur elle et avait honte sans doute... alors que pourtant, le seul qui devrait avoir honte, c'était moi. Ça ne m'empêcha pourtant pas de répondre au baiser de Briony, peu importe que ce fut bref, j'y avais pris du plaisir même si ce fut de courte durée. J'étais pas à l'aise... pas du tout, même. Avec ou sans Apple, y avait tellement de facteurs à prendre en compte, j'étais pas prêt. Je me reculai finalement, plongeant mon regard dans le sien.
T'es gourmande, Silver. On jouait vraiment un jeu dangereux elle et moi... On contrôlait rien, c'était tout simplement impossible de contrôler quoique ce soit vu l'intensité de ce qu'on ressentait. Je fus tiré de mes pensées en entendant mon téléphone sonner, coinçant ma cigarette entre mes lèvres et me retournant vers l'intérieur de la voiture pour attraper mon téléphone sur le tableau de bord, l'écran laissant voir un
SURPRISE BRIONY. Je coupai l'alarme et reprenant ma cigarette entre deux doigts, je soufflai un nuage de fumée en relevant les yeux vers la jeune femme.
Quand t'as fini ta clope... on ira, c'est pour bientôt, faudrait pas être en retard. Je lui lançai un regard malicieux, j'avais bien envie de lui faire deviner encore ce que pouvait être sa surprise, mais elle ne pourrait pas deviner, une fois encore... J'avais voulu faire dans le surprenant et l'inattendu, comment pourrait-elle trouver ? Je balayai les alentours du regard et quittai finalement la voiture, debout à côté de Briony pour m'étirer un peu et me dégourdir les jambes.
T'as envie d'avoir un indice ? Reportant mon attention sur la voiture, je baissai les yeux vers les rayures dues au grillage dans lequel Briony avait foncé en la conduisant, passant pensivement mes doigts dessus avant de regarder la Mather de nouveau. On faisait rien, là... on s'embrassait pas, on ne se tenait même pas la main et pourtant, je savais que ça pouvait suffire à attirer l'attention... plus encore si on voyait Briony monter dans ma voiture. J'eus un sourire amusé en regardant la vitre arrière, où on voyait encore un peu la marque de sa main Titanic Style malgré la buée qui s'estompait, le lui montrant d'un geste du menton.