Burn
Andy pouffa doucement de rire au petit cinéma de Leslie. Il n'en demandait pas tant, mais au moins il était certain que Leslie allait bel et bien prendre soin de sa blessure ! C'est pas plus mal, puisque cet idiot n'avait pas jugé bon de se faire soigner avant. Bien. La conversation partit ensuite sur les raisons qui avaient poussé son petit ami à prendre soin de lui, à se mettre au sport entre autre. En profitant pour boire un peu d'eau, Andy l'écouta attentivement. Une réalisation quand à son âge, au fait que le temps passait vite et que s'il ne prenait pas soin de lui dès à présent, alors quand ? C'est bien, c'était une raison suffisante pour se motiver à se reprendre en main. Et oui, passer le cap des cinquante ans, on peut dire ce qu'on veut, mais les chiffres ronds, ça faisait se poser parfois quelques questions. Lui même s'en était posé à ses quarante. Alors à cinquante ? Leslie avait en tout cas pris la bonne décision de se motiver et de prendre soin de lui même. Andy lui adressa ainsi un petit sourire, avant de le perdre directement à la suite de ses déclarations.
En vérité, il se doutait que l'absence de la mère de ses enfants cachait un truc lourd. Soit un décès, soit un divorce houleux, mais quelque chose de douloureux. Il n'empêche que d'entendre de la bouche de Leslie ce qu'il en était restait une confession lourde à entendre. La mère de ses cinq enfants était donc décédée peu après avoir mis au monde leurs jumeaux, laissant Leslie seul avec leurs enfants et une peine qu'Andy ne pourra jamais imaginer. N'ayant jamais perdu quelqu'un de cher à son cœur, il n'avait pas la moindre idée de la douleur qu'avait dû endurer Leslie. Il n'empêchait qu'il compatissait sincèrement, profondément désolé pour lui. Il ne dit rien, se contentant d'écouter sa confession. A la place, il tendit simplement la main pour la poser sur celle de Leslie, dans un geste plein de compassion. Quelle horreur … Perdre la personne qu'on aime le plus au monde, et se retrouver à élever seul des enfants avec lesquels on imaginait élever aux cotés de l'être aimé …
Il ne jugea absolument pas sa confession suivante, quand au fait que si ça n'était pas pour ses enfants, Leslie ne serait plus de ce monde. Serrant à la place très doucement sa main sur la sienne. Il n'était pas homme à juger de toute manière. Et personne n'avait son mot à dire sur comment vivre un deuil. Pas même lui qui côtoyait des morts tous les jours. Personne. Aucun être au monde ne pouvait savoir quelle fut la douleur ressentie par Leslie, et Andy, à choisir, ne voulait pas le savoir. Vraiment pas. Il ressentit une vague de tendresse pour cet homme qui avait tant souffert par le passé, et de compassion à entendre ses mots.
Ce n'était au final pas si étonnant que ça que Leslie se soit mis de coté suite à cette horrible événement. Il n'y avait qu'à voir les personnes qui, après avoir eu un enfant mettaient du temps à reprendre un peu soin d'eux, à vouloir se sentir de nouveau bien dans leur peau … Leslie était tout seul, à élever ses cinq enfants, à devoir faire son deuil, à sourire pour eux lorsqu'il devait sans doute avoir envie de pleurer, alors oui, Andy comprenait très bien que sa petite personne, ses états d'âme ou son état général n'avaient pas grande importance. A présent, il voyait mieux, comprenait mieux pourquoi aussi Leslie avait eu un tel comportement face à sa brûlure de tout à l'heure. L'habitude. Celle de se faire passer en second plan, de ne pas prêter attention à lui même. Certaines habitudes ont la vie dure, même si en effet à présent, les enfants de Leslie étaient grands à présent...
En revanche, lorsqu'il lui confia qu'il pensait avoir droit à un peu de bonheur, le cœur d'Andy se gonfla alors de … d'il ne savait quoi. Mais il le sentit nettement se gonfler, alors qu'une émotion forte le submergea. Il le regarda brièvement, relevant légèrement le visage, comme si ses mots l'avait touché, ce qui était le cas, ses yeux trahissant ce qui se passait dans sa tête. Mais cela ne dura pas longtemps. Car Andy s'était alors redressé de sa chaise pour aller se pencher au dessus de la table, passant ses mains aux joues de Leslie, avant de poser ses lèvres sur les siennes. Dans un baiser d'apparence chaste, mais néanmoins intense, pressant ses lèvres contre celles de Leslie, comme si c'était la seule façon qu'il avait trouvé pour lui faire savoir ce qu'il pensait de tout ça. Avant de se reculer légèrement, juste pour pouvoir le regarder dans les yeux et lui déclarer sur le ton de l'évidence :
- Tu mérite même tout le bonheur du monde Leslie !
Et ça venait du cœur, vraiment. Et il le pensait ! Leslie était un homme formidable, qui méritait vraiment d'être heureux. Que ce soit avec ou sans Andy dans l'équation, ça n'était pas de son ressort, ou à lui de le décider au final. Mais ce dont il était certain, c'est que s'il y avait bien une personne sur cette Terre qui méritait d'être heureux, c'était bien lui. Andy plongea son regard dans celui de Leslie, caressant tendrement ses joues du bout de ses pouces, admirant son regard comme si c'était la première fois qu'il les voyait.
- Tu es un homme formidable, gentil, généreux, doux, patient, et malgré tout, encore rêveur … personne au monde n'a plus le droit d'être heureux que toi.
Pas même lui. Surtout pas lui d'ailleurs ! Pas qu'Andy était un type horrible, mais il avait ses vices et ses torts. Leslie aussi, avait bien sûr ses défauts, mais jusqu'ici, Andy ne lui en avait pas trouvé. Un jour peut être. Calmant un peu son élan de … d'il ne savait quoi, Andy jugea qu'il ferait mieux de se rasseoir. Pas qu'il en avait quelque chose à faire que la petite mamie plus loin ait suivit la scène avec un intérêt non feint ceci étant. Il se racla brièvement la gorge, reprenant un peu contenance, avant de lui dire, néanmoins de façon tout à fait sincère :
- Et je suis vraiment désolé pour ta femme. Sincèrement. Personne ne devrait avoir à vivre ce que tu as vécu.
Que de perdre l'être aimé.