SOLHEN ❝ There are some lucky coincidences ❞

Calhen faisait parti de ma vie depuis tellement longtemps que j'avais du mal à imaginer qu'il n'en fasse plus parti. Alors, j’espérais qu'on ne perdrait jamais le contact. J'avais dernièrement perdu trop de gens à mon gout. Presley par exemple. Elle était soit disant ma meilleure amie. Pourtant, elle avait disparu de la circulation sans un mot. Je m'étais inquiétée pour elle au début, mais j'avais vite compris qu'elle avait décidé de couper les ponts. Elle n'était pas la seule à avoir agit ainsi et je devais avouer que cela me rendait un peu triste. Heureusement, la présence de Calhen parvenait à me faire oublier ces pensées. Je reportais toute mon attention sur le photographe. De nouveau, je tournais sur moi-même avant de me rapprocher de Calhen. Je sentais son baisé sur ma joue. Ce qu'il ignorait, c'est que j'étais loin d'être insensible à ses charmes et j'étais troublée par cette proximité. Il n'y avait que quelques centimètres qui séparaient nos visages. J'eus un léger sourire à ses paroles. Je soutenais son regard et me rapprochait d'avantage. Il y avait trop peu de distance entre nos lèvres et ce serait mentir que de dire que je n'étais pas tentée. Après un court moment de silence, je reprenais la parole : " Donc ça t’intéresse... c'est bon à savoir." - Je sourirais encore une fois - " En plus, c'est vrai que je suis un bon professeur... sans vouloir me vanter. Tu sais bien que ce n'est pas mon genre."

Cette proximité n'avait rien pour me déplaire. Plus je l'observais et plus j'avais envie de gouter à ses lèvres. Je voulais sentir sa bouche sur la mienne mais je me retenais. Je tenais bien trop à elle pour risquer de la perdre. Je ne voulais pas qu'elle pense que je m'amusais avec elle. Ce qui n'était pas le cas et cela ne le serait jamais. Sofia était sûrement la femme la plus proche de moi depuis la mort de Tessa. Je l'avais repoussé au début, par chagrin et parce que j'avais déjà perdu un être que j'aimais profondément et je n'avais pas envie de renouveler cette expérience. Mais je m'étais rendue compte que j'avais besoin d'elle dans ma vie, comme d'un équilibre. Je pensais sincèrement être sorti de mes tourments. Je m'étais replongé dans la photographie et cela m'avait fait du bien. Aux paroles de la jeune femme, un fin sourire s'afficha sur mes lèvres. « Bien sûr que cela m'intéresse... » Mon visage près du sien, je pouvais sentir son souffle léger. J'ajoutais ensuite comme un murmure pour qu'elle soit la seule à entendre et alors que mes lèvres étaient à quelques millimètres des siennes. « … il faudrait être insensé pour affirmer le contraire. » L'un de mes mains, posée au creux de ses reins, je ne la quittais pas des yeux. La musique se poursuivait et pourtant, plus aucun de nous ne faisait un geste.

La proximité entre nous devenait dangereuse. Comment était t-il possible de résister à la tentation que représentait ses lèvres ? J'avais envie de l'embrasser. Pourtant, je ne bougeais pas. Je réfléchissais surement trop, mais c'est parce qu'il s'agissait de Cal. Nous étions amis depuis longtemps et j'avais peur de gâcher notre relation. C'était bien trop précieux pour moi. C'est bien pour ça que je ne lui avait rien dit lorsque, plus jeune, j'avais été attirée par lui. Un nouveau morceau de musique se jouait, mais je n'y prêtait pas attention. D'ailleurs, nous avions arrêté de danser. Je m'approchais encore de lui, frôlant ses lèvres avec les miennes. J'avais laissé de côté toutes mes réflexions. Je succombais, visiblement incapable de lui résister plus longtemps. Tant pis. On verrait plus tard pour les conséquences. Je posais mes lèvres sur les siennes...

Cette danse s'était arrêtée et ni Sofia, ni moi voulions qu'elle reprenne. Tout autre chose avait capté notre attention. C'était parti sur une plaisanterie mais les choses avaient changé peu à peu. Je crois que d'ordinaire, j'aurais gardé mes distances avec la danseuse. Comme je le faisais ces derniers temps. Depuis notre retour du Colorado, je ne la voyais plus comme une sœur, plus du tout. Mais je ne voulais pas qu'elle le sache. Comme elle sûrement, j'avais peur de perdre notre amitié. Elle durait depuis de si longues années que je me sentais incapable de la mettre en péril et pourtant, je me tenais là, face à elle, nos souffles s'entremêlant. Je jouais avec le feu. L'alcool avait changé mon état d'esprit, mes envies. Je ne voulais plus danser, mes pensées s'étaient figée sur une unique personne. Et quand ses lèvres frôlèrent les miennes, c'est avec une certaine avidité que je répondais à son baiser. Je la pressais doucement contre moi alors que je savais qu'elle ne se déroberait pas à mon étreinte. Je jouais sensuellement avec sa langue avant de mordiller sa lèvre inférieure. J'avais envie d'elle. C'était indéniable mais ma conscience me tiraillait encore.

Calhen ne me repoussait pas. Bien au contraire. Il répondait a mon baisé avec une certaine ardeur. L'une de mes mains caressait sa nuque avant de remonter dans ses cheveux. La température était subitement montée d'un cran. J'avais laissé - pour le moment - toutes mes inquiétudes de côté. Je ne pensais qu'à Calhen et je profitais de se baisé fougueux que nous étions entrain d'échanger. Je n'avais aucune envie qu'il s'arrête. J'aimais le goût de ses lèvres, sa façon de m'embrasser et de me serrer contre lui. J'en oubliais même qu'on se trouvait au beau milieu de la piste de danse. Depuis notre retour du Colorado, j'avais sentis que mes sentiments pour Cal changeaient. Encore une fois, je me sentais attirée par lui et je dois l'avouer, ces derniers temps je n'avais pas eu que des pensées "amicales" à son égard. Cependant, jusque là, je n'avais rien osé. J'ignore ce qui m'avais poussé à le faire ce soir. Peut-être à cause de ces plaisanteries qu'il y avait eu entre nous... et peut-être aussi que l'alcool m'avait un peu aidé. C'était étrange, je n'avais jamais imaginé que Calhen puisse être réceptif à mes avances. J'étais d'ailleurs surprise qu'il mette autant de fougue dans son baisé, parce que je pensais qu'il me voyait toujours comme son amie, sa "petite soeur". Visiblement, je m'étais trompée. Chose qui était loin de me déplaire. C'est avec regret que je cessais de l'embrasser. En fait, j'avais aussitôt envie de recommencer. Je collais mon front contre le sien et après quelque secondes de silence, je repris la parole en murmurant : " On devrait peut-être sortir de là..." - Je le suggérais parce que je n'avais plus aucune envie de danser. Calhen n'était pas le seul a avoir d'autres idées en tête. Je me disais qu'il serait bien qu'on se trouve un endroit plus tranquille.

Mes pensées s'étaient éparpillées au cours de la soirée. J'avais regardé Sofia comme une femme et non plus comme la gamine qui me courrait après quand nous étions plus jeunes. Je me souvenais de ces moments là et je me rendais compte que la demoiselle avait bien changé. Elle était devenue une femme. Et jusqu'à présent, j'avais refusé de le croire. Peut-être parce que je ne voulais pas avouer qu'elle m'attirait. Il était clair que la danseuse était une très belle femme. Je suis sûr qu'elle faisait tourner bien des têtes. Mais pour moi, elle était la petite sœur que je n'avais jamais eu. Notre « voyage » au Colorado avait clairement changé les choses. Elle était une femme et j'avais parfois laissé mes pensées à son encontre devenir plus qu'amicales. Je m'en voulais. Parce que je n'avais pas envie que notre relation change. Elle comptait beaucoup pour moi. Et le fait de la blesser, d'une façon ou d'une autre et sans le vouloir, m'était insupportable. J'avais toujours été très protecteur envers elle, encore plus ces derniers temps à cause de son addiction et de son agression. J'avais envie qu'elle retrouve un peu de bonheur. J'avais envie qu'elle soit heureuse comme autrefois. Et j'espérais l'avoir aidé à redevenir la femme qu'elle était. Et cette femme à présent, me faisait un peu tourner la tête. Le baiser qu'elle m'offrait, fut accepté et plus encore, partagé. J'avais répondu à cet échange sans même songer aux conséquences. Parce que comme elle, j'en avais eu envie. Mon front contre le sien, j'avais fermé les yeux. Ce que nous faisions était une folie. Une douce folie mais folie quand même... Quand elle reprit la parole, je reposais mes yeux bleus sur elle. Est-ce qu'elle était consciente de ce qu'elle disait et que cela impliquait? Je demandais après un instant de silence: « Tu es sûre? » Je ne quittais pas ses yeux. Je crois que ses mots m'avaient dégrisé. Et je n'avais pas envie qu'elle fasse quelque chose qu'elle allait regretter le lendemain.

Oui, c'était vraiment de la folie. J'avais craqué, mais je savais bien que ce genre de chose pouvait gâcher une amitié. Alors, lorsqu'il me demanda si j'étais sûre, ce fut comme un "retour à la réalité". Cette question me permettait de me ressaisir. Je m'étonnais moi-même de mon comportement. Je ne pouvais pas me permettre d'être ainsi avec le photographe. Je ne devais pas faire n'importe quoi et je devais surtout me rappeler que nous étions des amis. J'avais beau le désirer, succomber à ce désir ne serait pas sans conséquences. Et ça y est ! J'étais retournée dans toutes mes réflexions. Je restais silencieuse un instant, mais je ne le quittais jamais des yeux. Calhen restait un parfait gentleman, même là, alors que n'importe quel homme aurait profité de ma "folie". Encore une fois, je me demandais comment il était possible de ne pas craquer avec sa façon d'être. C'est vrai, ce serait tellement plus facile si il était un idiot - " Non." - Répondis-je enfin - " Enfin, j'en ai vraiment envie, mais la raison me dit que ce serait pas une bonne idée..." - J'avais vraiment peur que notre relation en souffre et cela devait se sentir. Cela dit, le baisé que nous venions d'échanger en aurait certainement aussi - " Tu n'aurais jamais dû me poser cette question." - Ajoutais-je enfin avec un léger sourire. C'était un peu nerveux.

Sofia m'était trop précieuse pour que je profite d'elle de cette façon. J'avais bu également mais j'étais encore conscient de mes actes. Et de cette façon, je pouvais me calmer et calmer les choses. Je n'étais pas ce genre de types qui couchait par ci, par là sans se soucier des filles qu'ils avaient dans leurs bras. Pourtant cela aurait été si simple. Mais je n'étais pas adepte de la facilité. Les choses étaient encore un peu compliquées pour ma part. Je commençais seulement à entamer une nouvelle page de ma vie. Le deuil de Tessa m'avait gardé de longs mois à l'écart de toute réelle relation sérieuse avec une femme. J'avais des histoires qui ne duraient pas. Parce que je voulais qu'elles ne durent pas. C'était peut-être une façon de me protéger. J'étais peut-être égoïste, bien qu'à ce moment là, je pensais surtout à Sofia. Je n'avais pas envie qu'elle se réveille demain et qu'elle se maudisse des conséquences de cette nuit. Alors quand elle sembla reprendre ses esprits, j'esquissais un léger sourire. Je venais remettre une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « Je devais te la poser... Je n'ai pas envie que tu regrettes quoique ce soit. Tu es bien trop précieuse pour moi. »

J'étais complètement perdue. Il y avait cette part de moi qui avait envie de foncer sans même réfléchir. Et puis, d'un autre côté, je me disais que je ne pouvais pas me laisser guider par mes envies. On en revenait encore à ma peur de briser nos liens. J'aurais aimé que les choses soient plus simples. Calhen comptait énormément à mes yeux. Le fait qu'on soit amis n'était pas la seule chose qui m'avait toujours retenue d'aller vers lui. Je savais aussi qu'il avait énormément souffert de la perte de Tessa. Je ne savais pas si il était prêt pour une véritable relation - " Comment veut tu que je ne tombe pas sous le charme ? Tu es toujours parfait avec moi, même maintenant alors que n'importe qui en aurait profité." - J’esquissais un sourire tout en passant ma main sur sa joue. Calhen n'était pas n'importe qui de toute façon. J'avais l'impression de régresser et de retomber des années en arrière. Je me retrouvais encore à avoir des sentiments pour le photographe, car oui, il n'était pas uniquement question de désir (du moins pour moi). Je ne suis pas le genre de femme qui se jette facilement dans les bras d'un homme, qui ne couche que pour du sexe. Je ne considérait pas Cal comme un simple ami et c'est ce que j'avais refusé d'admettre ces dernières semaines.

J'avais gardé mes yeux bleus sur elle. Je crois que nous étions tous les deux paumés. Et j'étais du parti de ne pas se précipiter. Bien sûr que Sofia était une femme désirable. J'avais envie d'elle. Mais cela impliquerait beaucoup de choses de sa part et de la mienne. J'avais besoin de temps pour réfléchir. L'observant, j'esquissais un sourire à ces mots. Alors qu'une nouvelle musique débutait, je répondais: « Ça veut dire que tu n'es pas insensible à mon charme? » Je ne m'étais jamais posé la question, à savoir si j'étais le genre d'hommes que fréquentait la jeune femme. « Mais tu sais que je ne pourrais jamais profiter de toi de cette façon... » J'avais trop de respect pour elle pour agir sans réfléchir et n'écouter que mon instinct de mâle ou juste mes envies. Je remarquais ensuite son regard perdu. J'approchais mes lèvres de son front pour l'embrasser. Je la gardais ensuite dans mes bras, réfléchissant. J'écoutais la musique, tout en continuant de danser, Sofia contre moi. Est-ce que c'est ce qu'elle voulait? Jusqu'à maintenant, je ne savais même pas que la danseuse me voyait autrement que comme un ami ou un « grand-frère »... S'il se passait quelque chose entre nous, je ne voulais pas que ce soit juste une aventure. Et je voulais qu'elle en s oit consciente également de son côté. Je venais lui prendre son menton entre mes doigts. « Nous allons y aller à notre rythme, d'accord? » Enfin si c'est vraiment ce qu'elle voulait.