Calhen était lui aussi un enfant unique. Il savait ce que c’était d'avoir toute l'attention des parents portée sur lui. Je savais bien qu'il aurait aimé avoir un frère ou une sœur afin de pouvoir "échapper" à ses impératifs et vivre de sa passion. Je souriais encore en entendant ce que me disais Calhen. J'imaginais bien nos mères faire alliance pour nous caser. Remarque, l'idée qu'on puisse vouloir me caser avec Calhen n'était pas dérangeante. Enfin, je préférais tout de même me débrouiller toute seule - " Alors là, ne compte pas trop sur ça. Si ma mère soupçonne quelque chose entre nous, elle en parlera forcément à la tienne. Et oui, leur alliance serait terrible ! Pauvre de nous... Enfin, tu aurais pu tomber plus mal..." - Répondis-je en souriant et en plaisantant. Et puis, après quelques secondes de silence, je reprenais la parole : " N'empêche qu'il serait super beau cet enfant." - Je le pensais, bien que je ne m'imaginais pas avec un enfant pour le moment. C'était une chose que je laissais pour plus tard - "Bah quoi ? On est canon tous les deux. " - Ajoutais-je sur le même ton ironique. Je souriais, puis je me décidais à terminer mon plat. Une fois que ce fut fait, je reposais mes couverts dans l'assiette. Je terminais aussi mes dernières gorgées de vin.
Cette conversation était vraiment amusante. Je posais mon regard bleuté sur Sofia alors qu'elle avait reprit la parole. J'étais conscient que face à nos mère, la tâche allait être difficile. Nos mères étaient très têtues. A la remarque de Sofia, je souriais davantage. « J'avoue, j'aurais pu tomber sur pire. Tu ferais une épouse parfaite. » Je reposais la serviette de table près de mon assiette avant de dire d'un ton solennel. « Bon alors, on leur annonce quand? Il faut leur dire le plus tôt possible pour qu'elles puissent commencer les préparatifs. » Je versais un peu de vin dans le verre de Sofia, puis dans le mien, afin de terminer la bouteille qui était posée sur notre table depuis le début du repas. Aux paroles suivantes, je répondais: « Bien sûr, ce sera un Mitchell, il aura l'intelligence de son père et la beauté de sa mère. Ou l'inverse, qui sait... » Je prenais une gorgée de vin avant de reposer le verre sur la table et de jeter un œil à ma montre. La soirée allait commencé dans vingt minutes. « Tu veux prendre un dessert avant de partir? » Sofia semblait avoir de l'appétit ce soir alors je ne voulais pas l'empêcher le repas comme il se devait. « Je prendrai bien une île flottante, pas toi? »
Oui, cette conversation devenait vraiment amusante. Mon sourire s'élargissait - "Merci. Je sais que je ferais une épouse parfaite." - Dis-je avec ironie parce qu'en réalité, je n'avais pas cette prétention - " Je suis d'accord. Il faut le leur dire le plus tôt possible. Mais, ça serait bien que tu m'offres la bague et que tu fasses ta demande avant, non ? - Continuais-je. Il y avait encore un sourire sur mon visage. J'appréciais plaisanter ainsi avec Calhen - " Ah non ! Ce sera un Volkova-Mitchell. Et je vois bien un garçon avec tes yeux, ton sourire et bien sûr l'intelligence et l'esprit artistique de sa mère." - Ce qui était bien avec le photographe, c'est que je sentais que je pouvais plaisanter sans que cela pose de problème - " Va falloir qu'on se mettent au travail alors..." - Je souriais légèrement et je remarquais que Calhen avait encore mit du vin dans mon verre - " Sérieusement, tu devrais arrêter de me faire boire" - J'avais l'impression de commencer à dire vraiment n'importe quoi, non ? - " Oh que oui ! Je suis incapable de me passer d'un dessert. Je crois que je vais prendre glace."
Le dîner allait à sa fin alors que je serais bien resté un peu plus longtemps ici. Mais la soirée jazz allait bientôt commencer. Je levais mes yeux sur Sofia qui avait pris la parole. Je souriais à ses propos. Elle utilisait l'ironie alors que j'étais certain qu'elle allait rendre très heureux l'homme qu'elle épousera. C'est une femme très humble, artiste, intelligente, exquise et très jolie. Puis je ne pouvais m'empêcher de faire une petite grimace. « Excuse-moi mon cœur, je vais tenter de remédier à ça, le plus rapidement possible. » Je lui faisais un clin d'œil. « Un garçon? Ça me plait. » Je voulais une famille plus tard, des enfants. J'ai toujours un bon feeling avec eux. J'aimerai avoir des enfants. Aider un petit homme ou une petite princesse à grandir, à s'épanouir, cela me plaisait. Puis je finis par faire une petite grimace. « Mais au fait, pourquoi n'aurait-il que mon physique? Je suis un artiste aussi. Et il pourrait très bien être un grand photographe. » Je crois que je rêvais un peu trop. Et surtout si j'avais des enfants, je n'avais pas envie de reporter mes espérances déchues sur eux. Je voudrais qu'ils fassent leurs propres choix, quitte à faire des erreurs. Cela les fera grandir. Je manquais de m'étouffer avec mon vin quand elle proposa de se mettre au travail. Oh ohh, voilà les choses intéressantes. Alors que la serveuse revenait prendre nos assiettes à présent vides, je pris la parole. « Nous allons prendre un dessert. Ma femme prendra une glace vanille-caramel. Quant à moi, je vais goûter à votre île flottante. Merci. » Je regardais à nouveau Sofia, amusé.
Je passais un bon moment avec Calhen. J'avais l'impression que l'enfer que j'avais vécu ces dernières semaines se trouvait loin derrière moi. Cela me faisait du bien, plaisanter, sourire, profiter de l'instant présent sans penser aux mauvaises choses. J'étais venue en vacances ici pour cela. Après ces mois assez compliqués, j'avais bien besoin de prendre du bon temps. Je souriais derechef - " Mais j'espère bien, chéri. Tu sais que je ne suis pas une femme patiente." - Répliquais-je en continuant à jouer le jeu. Le photographe me fit encore une fois sourire. Ce que Calhen pouvait être marrant. Je me demandais si il y avait au moins un truc qui me déplaisait chez lui. Je n'avais rien trouvé pour l'instant qui me déplaise. Je ne savais pas ce qui m'avait prit de dire qu'il fallait qu'on se mettre au "travail", mais j'étais incapable de m'empêcher de sourire à la réaction de Cal. Puis, la serveuse vint nous interrompre pour débarrasser notre assiette et mon "mari" en profitait pour passer commande. Ce qu'il avait dit eut le dont de m'amuser. Je reprenais la parole une fois la serveuse partie - " Vanille-Caramel, tu connais trop bien mes goûts." - C'était vrai puisqu'il s’agissait de deux de mes parfums préférés.
La serveuse revint quelques minutes plus tard avec nos desserts. Ma glace me faisait très envie, mais en regardant le dessert de Calhen, je me disais que son île flottante ne devait pas être mauvaise non plus. Je pris une première bouchée de ma glace, elle était vraiment bonne. Je reprenais la parole ensuite : " Et toi ? Qu'est-ce que tu comptes faire du reste des vacances ?" - Je lui retournais la question qu'il m'avait posé plus tôt pendant le repas. Je me demandais ce qu'il avait prévu après notre retour à Cambridge - " Non parce que "belle-maman" va être triste de ne pas te voir, tu sais." - Ajoutais-je, je n'avais pas sût résister à l'envie de plaisanter encore une fois.
Il n'y avait pas que Sofia qui passait un bon moment. Cette soirée était sympa et cela faisait du bien de décompresser. Et puis, voir sourire Sofia de cette façon, c'était agréable. « Je connais tout de toi, ma très chère. Quel mari serais-je si je n'étais pas capable de connaître les goûts de ma tendre épouse. » Je remerciais la serveuse qui nous apportait nos desserts. Je ne pouvais m'empêcher de remarquer le regard gourmand de Sofia sur mon île flottante. C'est vrai qu'elle semblait appétissante. Je proposais alors, en prenant une cuillerée dans ma coupe. « Tu veux goûter? » Je lui donnais la cuillère. Puis à sa question, je répondais: « Je vais partir quelques semaines au Botswana. J'ai des amis de Columbia qui se sont installés là bas. Ils créent les points d'irrigation, grâce à l'Okavango. Et comme c'est proche du Kalahari, je crois que j'irais y faire quelques clichés. » Je n'étais pas du genre à vouloir rester assis à ne rien faire. Et surtout, j'adorais les voyages. Alors je ne pouvais pas ignorer cette invitation. Puis j'ajoutais, tout en reportant mon regard sur elle. « Mais je passerai voir mes parents, et pourquoi pas ma belle famille. » Je n'avais pas vu mes parents depuis un moment. L'idée de revoir mon père, me donnait déjà des spasmes à l'estomac mais je n'avais pas vu ma mère depuis quelques semaines. Et si je ne venais pas la voir, je suis sûre que j'allais me faire passer un savon. « Et toi? Que comptes-tu faire? »
Après le diner, nous nous étions dirigés vers le club de jazz. Le spectacle n'était pas encore commencé. Un homme en costume nous plaça à côté de la scène. Je tirais la chaise pour que Sofia puisse s'installer puis je fis de même. Les chansons s'enchainaient et les clients venaient rejoindre le centre de la pièce pour danser. Je me levais alors à mon tour: « Veux-tu danser? » Je lui tendais la main.
Calhen me connaissait très bien, mieux que la plupart des gens. Il savait des tas de choses à propos de moi et de mes gouts. Normal, on se connaissait depuis bon nombre d'années maintenant. Je lui adressais un nouveau sourire. Nous plaisantions tous les deux, mais je ne pouvais m'empêcher de penser que Cal avait tout de l'époux idéal. C'était surement pour ça que j'avais eu le béguin pour lui étant plus jeune. Je le voyais comme "l'homme parfait". Calhen (encore une preuve qu'il me connaissait bien) avait remarqué mon regard gourmand et il me proposait de gouter à son dessert. En grande gourmande, j'acceptais, bien sur. En plus cette ile flottante était aussi bonne qu'elle en avait l'air - " Ça m'a l'air d'être un bon programme." - Dis-je alors qu'il venait de me parler de son programme pour le reste des vacances. Je souriais à ses dernières paroles. Et puis, il me retournait la question - " Mise à part aller rendre visite à mes parents, je n'ai encore rien de prévu au programme. Mais tu me connais, je ne suis pas du genre à tout planifier. Je pense que je vais quand même me pencher sur les castings de danse."
On terminait notre diner avant de quitter le restaurant. Nous nous retrouvions rapidement dans le fameux club de jazz. Il y avait un peu de monde, mais ce n'était pas la grande foule non plus. J'aimais bien l'esprit intimiste de la décoration du club. C'était plutôt sympa et j'étais sûre que la suite de la soirée serait aussi agréable. J'étais assise près de Calhen. Et puis, il se releva pour m'inviter à danser. Je souriais légèrement avant d'attraper sa main et de me relever - " Quelle question ! Bien sur que je veux danser. En fait, la question c'est plutôt est-ce que tu vas réussir à suivre ?" - Répondis-je avec un sourire. Je le laissais ensuite me mener jusqu’à la piste de danse.
Aux paroles de la jeune femme, je ne pouvais m'empêcher de dire: « Je trouve que c'est une bonne idée de faire des castings. Et si tu veux que je vienne t'encourager, n'hésite pas à me communiquer tes dates quand tu les auras. Je tenterai de me libérer pour venir te soutenir. » Je lui avais déjà dit, mais je savais qu'elle prenait la bonne décision. La danse, c'était ce qu'elle voulait faire. Elle ne devait pas hésiter à se lancer. D'ailleurs, dans un sens, c'était ce que j'avais fais avec la photographie. Je vivais pour l'instant de ma passion et je voulais que cela dure le plus longtemps possible. Même si je savais que mon père n'attendait qu'une chose: que je vienne travailler avec lui à temps complet. Ce que je n'envisageais pas encore, pour l'instant.
Dans le club, je venais prendre la main de la jolie brune pour la mener sur la piste. Je souriais à ces propos. J'avais presque oublier que je faisais face à une danseuse hors pair. J'espérais ne pas lui faire honte. Je n'avais pas danser depuis des années. Mais je me disais que c'était un peu comme le vélo. Quand on en avait fait une fois, cela ne s'oubliait pas. « Je vais essayer, c'est promis. » Je prenais l'une de ses mains dans la mienne tandis que la seconde se posait sur sa taille. Nous commencions par quelques mouvements de jambes avant de la faire tourner sur elle même. La musique était excellente et j'avoue que je n'étais pas aussi rouillé que je le croyais. J'arrivais à suivre le rythme et je ne me sentais pas si ridicule que ça, face à une jeune femme plus habile que moi avec son corps. Je revenais vers elle, reprenant sa main dans la mienne. J'esquissais un sourire.
Je savais qu'il viendrait m'encourager si je le lui demandait. C’était tout lui. Toujours à vouloir être présent pour moi. Je devais avouer que j'aimais cela. Au Jazz Club, il m'invitait à danser et j'en profitais pour le taquiner un peu. Je dansais depuis le plus jeune âge et ce sport était toute ma vie. Je savais que Cal n'avait pas la même passion pour la danse que moi. Je me laissais entrainer sur la piste de danse et nous commencions à bouger au rythme de la mélodie. L'une de mes mains se trouvait dans celle de Calhen tandis-ce que l'autre était posée au niveau de sa nuque. Il me fit tourner sur moi-même avant de me ramener vers lui. Je lui souriais - " Ça va, tu ne te débrouilles pas trop mal." - Je trouvais qu'il arrivait à suivre le rythme de la musique plutôt bien - " Peut-être que je devrais te donner des cours pour être au top. Après tout, on va bien devoir ouvrir le bal à notre soirée de mariage." - Ajoutais-je pour plaisanter, toujours le sourire aux lèvres. -
Bien sûr que je serais toujours présent pour elle. Cela avait été ainsi jusqu'à aujourd'hui, je ne vois pas pourquoi ça allait changer. Sofia comptait beaucoup pour moi et je me rendais compte que je ne lui avais pas assez dit. Toujours entrain de danser, je portais mon regard sur elle. « Je fais tous ces efforts pour toi. Je ne voudrais pas que tu ai hontes de moi. » Je lui souriais cependant. Je n'étais pas le meilleur des danseurs, loin de là mais j'avais une bonne partenaire. « Mais j'ai de la chance d'avoir un bon professeur avec moi. » Je la faisais à nouveau tourner sur elle même puis je m'approchais un peu plus et je déposais un baiser sur sa joue. « Si ce sont des cours particuliers que tu veux me donner, je ne dirais pas non. » Je plantais mes yeux bleus dans les siens. Un sous-entendu? Peut-être. Je crois que l'alcool me rendait un peu plus hardi. Nos pas de danse s'enchainaient et je passais un agréable moment en sa compagnie.