SOLHEN ❝ There are some lucky coincidences ❞

Je soutenais le regard de Calhen. J'étais contente qu'il ait décidé de quitter Colombia pour Harvard. Nos retrouvailles avaient été mouvementés à cause de mon addiction et de ma cure de désintoxication. Le photographe était arrivé au moment précis ou je commençais à toucher le fond. Maintenant que tout ça était terminé, on allait pouvoir en profiter pour passer du temps ensemble. D'ailleurs, notre complicité avait vite refait surface - " Oui, je me suis dit qu'emporter une ou deux tenues de soirée pourrait servir. Je crois que j'ai bien fais, n'est-ce pas ?" - J'avais pris le soin d'ajouter des robes de soirées dans ma valise, au cas où. J'avais pensé que des soirées seraient organisées, comme Calhen venait de le dire. Un nouveau sourire se dessinait sur mes lèvres. Je devais dire qu'entendre ce compliment de sa part me faisait plaisir. Il y a quelques années, j'étais trop jeune pour lui plaire, mais qu'en était t-il désormais ? J'avais bien changé et notre différence d'âge n'était pas si énorme que ça - " C'est vrai, tu l'es." - Je le pensais vraiment. Calhen était sexy en bermuda et peut importe ce qu'il portait d'ailleurs. Il était sexy tout court. Je ne doutais pas qu'il puisse en faire craquer plus d'une. Rien que son sourire charmeur me faisait chavirer. Je reprenais la parole:  " Et je ne vois pas comment tu pourrais me faire honte. Je suis sûre que tu seras très bien. - La question qu'il me posait ensuite m'étonnait un peu - " Tu as peur de t'attirer les foudres d'un petit ami jaloux ou tu tiens à savoir si je suis célibataire ? - Répliquais-je avec un petit sourire amusé. Après tout, cette question était bien un moyen de savoir si je l'étais ou non.

J'étais parti de Columbia pour changer d'air mais surtout pour suivre un cursus différent de celui que j'avais à New York. Et puis je savais que j'allais retrouvé des amis, notamment Sofia qui faisait ses études à Harvard depuis quelques années. Je regardais à nouveau la danseuse quand elle me parla de sa garde robe. J'étais toujours étonné de voir à quel point les femmes pouvaient être prévoyantes. Je devais être l'un des seuls à ne pas avoir pensé à une tenue de soirée. En même temps, jusqu'à ce jour, je n'avais pas trouvé utile de prendre un costume. Je devais avouer que je m'habillais de façon légère et plutôt décontracté depuis que j'étais arrivé à Key West. Et je ne comptais pas changer à part pour cette soirée à laquelle je venais d'inviter Sofia. Ces propos me faisaient sourire. « En fait comme tu parles de rencart, je n'ai pas envie de briser les rêves d'un type accro à tes beaux yeux bleus. Je suis certain qu'il y a quelques mecs qui seraient heureux d'être à ma place. » Je ne pouvais pas nier que Sofia était une belle femme et je ne doutais pas que quelqu'un flashe sur elle. C'était normal. Et puis comme elle vivait chez moi, j'aurais sûrement vu si elle avait un petit ami. Mais je savais qu'elle était discrète à ce niveau alors je préférais savoir si j'empiétais ou non sur sa vie privée. Je l'observais à nouveau avant de dire. « En tout cas, ça fait plaisir de te voir taquine et souriante comme avant. » J'avais l'impression que ça faisait une éternité qu'elle n'avait pas été aussi détendue.

" C'est vrai, certains rêveraient d'être à ta place. Est-ce que tu te rends compte de la chance que tu as ? Je n'accepte pas les invitations de tout le monde. " - Répondis-je avec le sourire aux lèvres. Encore une fois, je plaisantais. La réalité c'est que j'ignorais si il y avait des hommes qui voudraient être à sa place. J'ai conscience d'être une femme plutôt agréable à regarder, mais je suis loin de me croire irrésistible. Je n'ai pas cette prétention. Mon sourire se dissipais légèrement et je reprenais un air plus sérieux - " Oui. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas été ainsi. Tu sais, j'ai vraiment pensé que je n'aurais plus jamais l'envie de sourire ou même de plaisanter." - J'avais l'impression de revenir de loin. J'étais tombée si bas que je pensais jamais me relever, pourtant, j'avais réussi. Je fixais Calhen un instant avant de reprendre la parole - " C'est grâce à toi, Calhen. Je ne serais pas là si tu n'étais pas intervenu. Tu m'as sauvé de mon addiction et tu m'as donné l'envie de me battre. J'espère que tu sais que je te suis reconnaissante pour tout ce que tu as fait pour moi." - Je marquais un court silence - " En réalité, c'est moi qui ait de la chance"- Ajoutais-je avec un petit sourire.

Je souriais aux propos de la danseuse. Je connaissais déjà un type qui louchait sur elle. Maksim. Il a toujours eu ce regard différent pour elle. Et a chaque fois que j'étais dans les parages, j'avais l'impression d'entrer dans la cage aux fauves. Je savais très bien qu'il me voyait comme rival. Et cela me faisait rire. Je ne cherchais pas à séduire Sofia. En plus à son âge, il avait quoi 35/40 ans, il serait temps pour lui de cesser de reluquer les jeunes femmes qui pourraient avoir l'âge de sa fille. Et puis franchement, je n'étais pas certain que Sofia soit heureuse avec lui. Il ne la connaissait pas comme je la connaissais. La preuve, il ne s'était pas rendu compte de son état. Il me prenait pour un gamin. Et pourtant j'avais vingt-cinq ans et j'avais surement fait plus de trucs dans ma vie que lui dans la sienne. J'étais parti de chez moi pour vivre seul à l'autre bout du monde. Je refusais les pistons de papa, maman et ça pour trouver ma propre place. J'étais devenu photographe grâce à mes talents et non pas grâce aux relations de ma famille. Après je n'étais pas là pour le juger même si je savais que lui, le faisait sans gêne. Ce qui m'intéressait, c'était Sofia. Je voulais qu'elle soit heureuse, peu importe avec qui, mais surtout avec quelqu'un qui la méritait. Aux paroles de la jeune femme, je posais mon regard sur elle. Je l'approchais de moi pour l'embrasser sur son front. Je l'observais tout en la gardant contre moi. « Tout ce que j'ai fais, c'est croire en toi. Je savais que tu étais une fille forte et que tu avais assez de courage en toi pour relever la tête. Je n'ai fais que t'accompagner. Si tu en es là aujourd'hui, c'est en grande partie parce que tu t'es battue comme une lionne. » Je posais ma main sur sa joue, caressant sa peau avec mon pouce. « Alors tu n'as pas à me remercier pour ça... »

Je sentais mon coeur battre un peu plus fort lorsqu'il s'approchait de moi pour déposer un baisé sur mon front. Qu'est-ce qui me prenait ? Je restais contre lui tout en écoutant ce qu'il me disait. J'étais touchée par ces mots, par la façon dont il me voyait. J'en pensais tout l'inverse. J'avais un peu de mal à me voir comme étant quelqu'un de fort, surtout après ces derniers mois. Calhen était vraiment trop adorable pour moi. Si il continuait ainsi, il allait me faire craquer bien plus vite que je ne le pensais - " Tu trouves ? Parce que moi j'ai plutôt l'impression d'avoir été faible. Quelqu'un de fort ne serait jamais tombé dans ce genre d'addiction. Je sais pas à quoi je pensais." - Certainement à rien pour tomber aussi bas. Comme si me droguer aux médocs allait arranger mes problèmes. Le pire, c'est que j'étais persuadée à ce moment là que ça m'aidait. Je me souvenais que la simple idée de devoir m'en passer était inimaginable. Je fermais les yeux quelques secondes au contact de ses doigts sur ma joue. Je pensais vraiment ce que j'avais dit, que j'en étais là grace à Calhen. Je ne sais pas ce que j'aurais fais sans lui. Enfin si, je serais toujours shootée - " Bien sûr que si. Tu n'étais pas obligé de t'occuper de moi comme tu l'as fait. La plupart de mes amis n'ont même pas remarqué que quelque chose clochait chez moi." - Même Presley qui était supposée être une de mes meilleures amies n'avait rien vu. Je me décollais de lui un instant pour pouvoir le regarder - " Je crois que tu ne réalises pas à quel point ton aide m'a été précieuse." - Je lui adressais un fin sourire avant de mon blottir contre lui - " Au fait, on a rendez-vous à quelle heure ce soir ?" - Lui demandais-je, puisqu'il m'avait invité à passer la soirée avec lui. Je voulais savoir à quelle heure je devais me tenir prête.

Je secouais doucement la tête aux propos de Sofia. Je n'étais pas vraiment d'accord avec elle sur ce point. « Tu te trompes. On peut être fort et tomber dans une addiction. » J'en savais quelque chose puisque j'avais connu un peu la même chose même si l'addiction avait été différente. « A une époque, la bouteille était devenue ma meilleure amie, et la seule. » Bien que cela faisait plus de deux ans à présent que je n'avais pas pris une cuite, à une époque j'étais souvent ivre. J'avais noyé ma tristesse dans la boisson pendant des mois. Je m'étais éloigné de tout et de tout le monde. Je m'étais enfermé dans mon propre désespoir et je n'avais fais confiance à personne. Je n'en étais pas fier. Cela avait été très dur de m'en sortir. Je n'étais pas devenu accro mais j'étais incapable de faire face à la réalité, sans une bouteille à la main. Mais j'ai réussi à lâcher cette boutique et à prendre autre chose en main: mon appareil photo. C'est ça qui m'avait sauvé la vie, sans la photo je crois que j'aurais fini par me tuer d'une façon ou d'une autre. Mais cela m'avait donné une bonne leçon. « Être fort, c'est aussi reconnaître qu'on a un problème et faire en sorte de le résoudre. » Je reportais mes yeux bleus sur elle. « Alors je trouve que tu t'en es bien sortie. » J'esquissais un sourire à ces dernières paroles. Puis à ces nouvelles paroles, je ne pouvais m'empêcher d'ajouter: « Je n'étais pas obligé non mais... » Je posais mon regard sur la mer face à nous. Cette conversation me ramenait dans le passé. Puis je la regardais à nouveau. « Je ne voulais pas te perdre comme j'ai perdu Tessa. » Je n'avais rien pu faire pour Tessa. Elle était morte sur le coup, la vie fauchée sans que je ne puisse l'aider. Je ne voulais pas que Sofia meurt. D'ailleurs je me souvenais encore bien de sa chute dans la rivière. J'ai cru que mon coeur allait se détacher de ma poitrine. « Alors maintenant, tu as intérêt à faire attention à toi. » J'étais mi sérieux, mi souriant. Je voulais qu'elle fasse attention à elle parce que je tenais à elle et que je ne supporterai pas de la perdre. Un sourire s'échappa de mes lèvres quand elle se blotti contre moi. Je la laissais ainsi quelques instants, profitant de cette étreinte puis à ces mots, je finis par regarder ma montre. « Et bien, il est presque 19h. Et je dois encore acheter un costume. Donc... on peut se rejoindre d'ici deux heures? Dans le hall de l'hôtel? » Je comptais seulement me rendre dans une boutique pour le costume, le temps de réserver un restau aussi. Je crois que c'était un bon timing. « Donc dans le hall à 21h? »

Calhen avait peut-être raison. Après tout, même les êtres les plus forts peuvent flancher de temps à autre. Nous sommes des êtres humains. Je savais que le photographe avait vécut des moments difficiles, surtout après la mort de Tessa.  Je me souvenais de l'époque où il était en couple avec elle. Je ne l'ai jamais vu aussi heureux qu'à cette période là. La mort de celle qu'il aimait l'a inévitablement atteint. Je me demande comment il a fait pour survivre à ça. Comment est-ce qu'il avait pu trouver la force de continuer alors qu'il avait perdu la personne qu'il aimait le plus ? Calhen était sans doute la personne la plus forte que je connaissais. Je m'en voulais de ne pas avoir été assez présente pour lui quand ça n'allait pas. J'étais venue le soutenir aux funérailles de sa fiancée, mais j'avais vite ressenti qu'il avait besoin de passer du temps seul. J'ignorais cependant qu'il était tombé dans des problèmes d'alcool, mais apparemment, il avait su sans sortir. Après l'avoir bien écouté, je répondis :  " En y réfléchissant, c'est vrai ce que tu dis. Il faut être fort pour affronter la vérité et essayer de se relever quand on pense qu'il n'y a plus d'espoir." - Toutefois, je continuais à penser que je n'aurais pas trouver cette force sans lui. C'était lui qui m'avait confrontée à mes problèmes. C'était lui qui m'avait permis de trouver la force de me battre contre mon addiction. Je posais mes yeux sur lui lorsqu'il évoquait Tessa. Je savais que la phrase qu'il prononçait ensuite était sérieuse, bien qu'il me souriait. Calhen avait beaucoup souffert et il devait encore souffrir d'avoir perdu Tessa. Je pense que c'est le genre de chose qu'on oublie jamais. Alors, je me doute qu'il n'a pas envie de perdre quelqu'un encore une fois - " Promis, je vais faire attention à moi à présent." - Je lui adressais un fin sourire. Et puis, je me blotti contre lui. J'étais bien dans ses bras, mais il était déjà tard et si nous voulions sortir ce soir, on avait plutôt intérêt à commencer à se préparer - " C'est parfait." - Je me détachais de lui avant de déposer un baisé sur sa joue - " A tout à l'heure, alors." - Je me relevais puis m'éloignais.

Deux heures plus tard...

Je sortais de la chambre d’hôtel que je partageais avec Oxana et deux autres filles. J'avais passé les dernières minutes à me préparer pour la soirée à laquelle Calhen m'avait invité.  J'avais décidé de prendre une douche pour me rafraichir avant de me changer. Comme il faisait encore chaud, même en soirée, j'avais attachés mes cheveux. Je portais une robe de soirée avec une seule bretelle large. Celle-ci m'arrivait plusieurs centimètres au dessous des genoux. J'avais opté pour des chaussures d'été ouvertes et à talons. J'ajoutais à cela une paire de boucles d'oreilles et bien sur, un peu de maquillage, mais rien de trop voyant. Je voulais que ça reste naturel. Je sortais mon téléphone portable de ma pochette pour regarder l'heure. J'étais dans le bon timing. Il ne me fallut que quelques minutes pour arriver dans le hall d’hôtel où j'attendais l'arrivée de Calhen.

J'avais donc invité Sofia a partagé une soirée avec moi dans un club de jazz que j'avais découvert à mon arrivée à Key West. J'avais lu de bonnes critiques sur l'établissement sur le net et cela avait éveillé ma curiosité. Et puis comme la jolie danseuse semblait vouloir sortir ce soir, c'était spontanément que je lui avais proposé une soirée en ma compagnie. Nous nous étions donnés rendez-vous dans le hall de l'hôtel à 21h. J'avais donc encore le temps de me trouver un costume pour ce soir. Le club de jazz était un club sélect et c'était « tenue correcte exigée ». Et je n'avais pas prévu un costume trois pièces dans mon sac de voyage. J'étais surtout venue à Key West pour profiter du beau temps et de faire du sport. Donc il me fallait aller en ville pour acheter un costume. J'avais donc laissé Sofia rentrer dans l'hôtel pour se préparer. Apparemment, elle avait besoin de beaucoup de temps. Bien que je savais que même sans artifice, elle était très belle. Bref, je me disais de toute façon, qu'il était l'heure pour moi de faire la même chose. Je devais aller en ville.

Ce n'est qu'une heure plus tard, que je rentrais à l'hôtel. J'avais trouvé un smoking chez l'une des boutiques de grandes marques de la ville. C'était un smoking Cerruti de couleur noir. Je n'avais même pas eu besoin de faire des retouches. Le pantalon tombait parfaitement. Dans la suite, je profitais du temps restant pour louer une voiture pour la soirée via le conciergerie de l'hôtel. Puis je prenais une douche. Je me rasais avant d'enfiler le smoking. Quelques minutes plus tard, je franchissais le seuil du Casa Marina. J'avais quelque chose à acheter avant de retrouver Sofia. Et ce n'est que quinze minutes plus tard, que je revenais dans le hall de l'hôtel. Et je voyais Sofia qui sortait au même moment de l'ascenseur. Je ne pouvais m'empêcher de sourire en la voyant, sublime dans sa robe d'un mauve impérial. « Tu es magnifique. » Je lui montrais ensuite un « bracelet ». C'était un bandeau composé de fil en argent très fin avec trois orchidées de couleurs mauve et rose. « Je voulais t'offrir quelque chose pour ces trois semaines passées avec moi. J'ai pensé à des fleurs. Puis je me suis souvenue que tu n'avais pas été au bal de fin d'année... » Je lui passais ensuite le bracelet autour de l'avant bras, tout en espérant qu'elle allait aimer. Et j'ajoutais: « Cela me semblait un bon compromis. » Une fois le bracelet en place, je reportais mes yeux bleus sur elle.

Je posais mes yeux sur Calhen qui entrait dans le hall au même moment que moi. Il avait beaucoup de classe dans son costume. Il était parfait. Je souriais à son compliment avant de prendre la parole à mon tour : " Merci. " - Je marquais un court silence - " Je constate que tu as finalement trouvé le costume parfait. Tu es très beau aussi. A mon avis, je vais faire des jalouses. " - Calhen était bel homme et il plaisait certainement à beaucoup de femmes.  J'étais donc sûre qu'il y en avait quelques unes qui aimeraient être à ma place. Le photographe me présentait ensuite un bracelet. Très joli. Il était composé d'orchidées mauve et rose. Les orchidées étaient mes fleurs préférées, je ne savais pas si je l'avais déjà dit à Calhen. Et pour le coup, la couleur qu'il avait choisi s'accordait parfaitement à ma tenue. Je le laissais me mettre le bracelet et je reposais mon regard bleu sur lui. Cette attention me touchait. Je lui adressais un nouveau sourire - " Je le trouve très joli, merci." - Je m'approchais de lui pour déposer un baisé sur l'une de ses joues. Encore une fois, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il était parfait dans sa façon d'être avec moi. Je me demandais comment il était possible de ne pas tomber sous son charme. Il faisait tout pour. Il en avait peut-être pas vraiment conscience. Calhen était ainsi. Il avait toujours été très attentionné avec moi. Il savait prendre soin des personnes à qui il tenait - " Tu as consacré tes dernières semaines à m'aider et c'est toi qui m'offre quelque chose. Comment je peux mériter tout ça ? " - Je me le demandais. Et puis, m'accrochais à son bras - " On y va ?" - Dis-je avant d'avancer avec lui vers la sortie du hall. Il m'avait dit que je club de jazz se trouvait dans la vielle ville. Il avait donc dû louer une voiture pour qu'on puisse s'y rendre.

Je hochais doucement la tête aux propos de Sofia. « Merci. J'avoue que ce costume ne me va pas trop mal. » Je lui souriais avant de m'appliquer à lui passer délicatement le bracelet sur son avant-bras. C'étaient de vraies orchidées et je préférais faire attention. Puis je me félicitais intérieurement d'avoir choisi cette couleur pour les fleurs. Elle s'accordait parfaitement à celle de sa robe. « De rien ». Je portais à nouveau mon regard sur elle puis j'ajoutais: « Allons-y ». Nous descendions les marches de l'hôtel où notre voiture nous attendait. J'avais loué une berline pour l'occasion. Rien de voyant, une voiture classe sans être ostentatoire. J'ouvrais la portière passager pour qu'elle puisse s'installer sur le siège puis je me mettais à mon tour derrière le volant. Pendant le trajet, je lui donnais des nouvelles de New York vu que mes parents avaient vu ceux de la jeune femme. Cela faisait un bail d'ailleurs, que nous n'avions pas assisté à ce genre de soirée. Arrivée en ville, je me garais un peu en dehors du centre, histoire de marcher un peu et de profiter de la petite fraicheur du soir. Après un moment de silence, je demandais: « Tu sais ce que tu vas faire l'année prochaine? Tu continues la danse? » Je me demandais si elle n'allait pas changer de filière. Il me semble qu'elle m'en avait parlé un soir, il n'y a pas très longtemps. Mais à ce moment là, elle n'était pas certaine de son choix. Quant à moi, je finissais ma dernière année à Harvard. La NGS (National geographic society) m'avait déjà proposé un contrat. Il m'attendait déjà depuis deux ans mais à chaque fois j'avais refusé, préférant terminer mes études. Après cette année, je deviendrai un photographe permanent du Nat. Et c'était tout ce que je voulais. J'oubliais un peu que mon père avait besoin de moi pour reprendre les rennes de l'entreprise familiale. Mais pour l'instant, je préférais me consacrer à ma passion, au risque d'être un peu égoïste.