TG #1 ► Road trip

La réponse de la voisine de siège de Chiara ne fut pas d'une grande aide pour l'italienne, de même que les élucubrations du groupe qui se trouvait à l'avant du bus. L'un d'eux demanda d'ailleurs si quelqu'un avait du réseau, et aucune réponse ne fut positive. Chiara commença à s'inquiéter et sortit elle-même son téléphone de sa poche : il ne captait rien. Cela n'augurait rien de bon... Après qu'une étudiante ait enchaîné fausse joie et blague vaseuse qui firent soupirer Chiara de désespoir, le chauffeur finit par admettre que le bus n'allait pas redémarrer avant un bon moment. Ce fut à ce moment que l'italienne commença vraiment à paniquer. Ils se trouvaient en panne à des kilomètres de la dernière ville, dans un endroit passablement inquiétant, sans aucun moyen de communication et pas de garantie de s'en sortir! Que faire, comment garder son calme dans une telle situation? De plus, même si elle avait des connaissances culturelles impressionnantes dans beaucoup de domaines, Chiara n'avait en revanche pas la moindre notion de mécanique. A la limite son grand-père lui avait appris comment confectionner des pièges pour animaux, au cas où les Dunsters viendraient à mourir de faim... Pendant qu'elle se morfondait au fond de son siège, sa voisine quant à elle n'avait pas l'intention de rester inactive et exprima son envie de sortir. Ne voulant pas rester seule, Chiara lui emboita le pas : « Attends, je viens avec toi ! »

OUT

Moi avait prévu de profiter de ce petit voyage scolaire pour me calmer et prendre du recul face à mes récents problèmes, voilà que le voyage se tournait en fiasco. Le bus s'arrêta de plein fouet, ne semblant plus prêt à démarrer de nouveau. J'eus pendant une seconde l'irrésistible envie d'insulter Jasper de tous les noms. Il était pourtant l'un de mes amis proches, mais à ce stade je n'en pouvais plus. Je fis donc signe à Hayden que je revenais, cette nouvelle situation m'énervait au plus haut point, j'avais besoin de respirer un peu et surtout de sortir de ce fichu bus.

OUT

Je ne trainais pas trop avec les Dunster, je ne les connaissais même pas d’ailleurs mais pourtant je m’étais embarquée dans l’aventure cherchant à faire des rencontres, cherchant à connaître mes camardes de maison. Nous étions montés tôt dans le bus et j’étais restée dans mon coin depuis le départ. Ils s’amusaient, riaient entre eux, j’avais la sensation d’être à part et je regrettais déjà d’être montée dans ce bus, d’avoir voulu me mêler aux autres. J’étais asociale et plus que timide de plus j’avais beaucoup de mal à bouger, les semaines s’étaient écoulées et mes côtes se ressoudaient petit à petit. Je pensais à Rory, je ne l’avais d’ailleurs pas vu depuis l’hôpital et je m’inquiétais un peu. Je ne devais pourtant pas songer à tout ça, les Dunster avaient organisé ça pour se changer les idées, je mettais mon casque sur les oreilles et regardais le paysage défiler. Le voyage était tranquille mais cela ne dura pas, sans comprendre vraiment pourquoi le bus s’arrêta. Je regardais par la vitre, nous étions dans un endroit perdu, totalement perdu, je retirais mon casque des oreilles, certains étudiants commençait à paniquer, le bruit couru que le bus avait une panne, super, génial, fantastique, je savais que je n’aurais pas dû venir. Je restais assise à ma place, cette situation me saoulait.

Alors qu'il commençait à croire qu'il allait finir par réussir à s'apaiser et peu être même à dormir durant le voyage, le véhicule s'arrêta et Aaron fronça les sourcils. Que se passait-il ? Autour de lui, les mêmes questions s'élevèrent. Le doute planait, les questions se multipliaient et la mauvaise humeur d'Aaron reprit le dessus. Il échangea un bref regard avec Eliah et s'enfonça davantage dans son siège en poussant un soupire. Il allait passer pour un gamin insupportable, mais peu lui importait, il n'était pas d'humeur à sourire et a feindre qu'il se sentait bien en ce moment. Les gens commencèrent à se lever, à sortir. Aaron regarda à travers la vitre les autres Dunster à l'extérieur. Ils étaient au milieu de nul part. Sans réseau constata-t'il en attrapant son portable. Exaspéré, Aaron ferma les yeux, espérant que le problème serait vite réglé et que le voyage pourrait ainsi bientôt reprendre.

Comme tous les Dunster, une de ses premières réactions fût d'espérer que son portable soit l'unique à posséder du réseau. Mais, déception, elle n'était pas l'exception, celle qui les sauverait de là : aucun signe de réseau , même minime.C'est dans ces moments qu'elle regrettait , elle qui a vécu dans une fratrie, de ne pas avoir écouté tous leurs discours sur la mécanique et les voitures. Pourtant, elle aurait bien aimé apporter son aide. Elle entendit la remarque d'Occylie sur le fait d'aider grâce à son physique pour faire du stop au bord de la route pour leur ramener un mécano. En tout cas, ce petit trait d'humour de la jeune femme fît sourire Eliah. Peut-être parce que justement, cette idée lui avait traversé la tête elle-aussi. C'était sans doute son seul moyen d'aider et si il fallait vraiment le faire, elle le ferait.Peu à peu, le bus se vidait.Certains dunsters allant marcher un peu et d'autres allant checker la mécanique du bus, essayant de trouver la raison de cet arrêt inexpliqué pour pouvoir repartir au plus vite. Elle guetta la réaction d'Aaron dont elle ressentait son exaspération puis se leva à son tour, avant de lui demander,même si elle pressentait déjà sa réponse : « Tu veux pas qu'on sorte un peu ? »

Je commençais sérieusement à en avoir marre là. Tout le monde partait à l'aventure dans les quatre coins de la foret qui bordait la route et les autres dormaient dans le bus comme de vieilles marmottes en pleine hibernation. Toujours assise par terre devant le bus en train de fumer une clope, les cheveux au vent je guettais la moindre voiture pour demander de l'aide, mais personne n'avait l'air de connaître cette route étant donné qu'aucune voiture m'avait roulé sur le bitume depuis que nous nous trouvions ici. Je commençais sérieusement à désespérer et en plus de ça je me faisais chier sévère. Tout en poussant un soupir je me hissais sur mes jambes pour entrer dans le véhicule. Je ne cherchais même pas à me poser à ma place, laissant Satyana seule un petit instant et je venais poser mon cul à côté d'une nana brune que je connaissais uniquement de vue. Elle avait une bonne tête celle là, le style qui avait l'air de râler pour rien et franchement j'aimais bien ça. « Je ne t'ai jamais vu toi. T'es nouvelle ? » Beh quoi, il fallait bien commencer la discussion quelque part non ?

Les brides de conversation des gens encore dans le véhicule lui parvenaient. Il les écoutait, tachant d'y trouver des informations sur cet arrêt imprévu mais à l'évidence, les gens ignoraient totalement ce qu'il se passait, comme lui. L'important était qu'ils n'avançaient plus. Ils étaient coincés, perdus, loin de chez eux. Ils avaient rouler durant un moment si bien qu'il n'était même pas sérieusement envisageable de faire tout le retour à pieds. Ils ne pouvaient pas téléphoner. Aaron n'était pas inquiet, ils finiraient par identifier le problème et alors le voyage pourrait reprendre. Il devait prendre sur lui. Eliah lui posa une question et il r'ouvrit les yeux, son regard se posant sur son amie. Je te suis, autant aller se dégourdir les jambes si on doit être coincés ici un moment répondit-il en se levant de son siège. Suivant Eliah, il finit par se retrouver à l'extérieur.

OUT.

Le temps s'était longuement écoulé. Durant ce laps, Terence avait pris sur lui pour répondre aux interrogations des deux sauveurs de Bentley sans perdre le moindre soupçon crédibilité. Plus tard, le bus lâcha prise, ce qui valut à Terence de rire très nerveusement : ce n'était pas la première fois que cette situation lui arrivait, une situation qu'il avait choisi d'oublier pour certains raisons bien qu'il eut tout de même vécu une bonne expérience. Sentant que l'anti-douleur commençait à dangereusement se dissiper - et qu'il poireauterait surement très longtemps sur cette route -, il revint près de son siège et reprit un nouveau comprimé qu'il avala presque immédiatement. Prenant des décisions sans trop réfléchir, il en prit un second. Il se disait que cela allongerait les effets. Peut-être. Mais il s'agissait là d'un très fausse affirmation. Une affirmation que Terence aurait pu contourner s'il n'était pas dans un tel état. Au lieu de ça, il rangea sa bouteille d'eau et s'étala bien qu'un peu trop rapidement sur son siège. Il avait besoin d'un appui. Rester débout, il ne le supportait plus. Quelques minutes plus tard, l'ambiance changea considérablement autour de lui. Ce n'étaient pas les autres étudiants. Non. C'était lui. Son esprit. Sa perception des choses. Il se sentait conscient, profondément ailleurs. Il n'arrivait pas à dormir, alors il se tourna vers sa vitre et y colla doucement sa main. Il n'était plus si sûr de ce qu'il voyait mais il acceptait de se prêter au jeu. Un sourire monstrueusement béat apparu le long de ses lèvres et il se surprit à rire comme un idiot. « Il y a une sirène de l'autre côté ! » Son sourire s'agrandit à mesure qu'il secouait sa main en guise de salut. La sirène n'était autre qu'un des étudiants qui s'étaient échappés du bus. Il confondait également le bitume de la route pour la mer. Mais ça, encore, il ne s'en rendait pas compte. « Elle est magnifique en plus, on ne devrait pas aller la voir non ? » Il s’enfonçait ainsi progressivement dans la folie. Mauvais choix de morphine, mauvais choix de quantité. Il avait déjà oublié que ces saloperies étaient un tantinet hallucinogènes.

Je pestais dans mon coin, pourquoi j’m’étais entrainé là-dedans, pourquoi je n’étais pas restée dans mon coin, pourquoi avais-je voulu me mêler aux membres de ma maison. A ce moment-là je le savais, j’aurais dû rester à Harvard, là où je ne risquais rien. Une fille s’approchait, j’avais toujours mon casque sur les oreilles, je le retirais par politesse dès qu’elle commença à m’adresser la parole « Je ne t’ai jamais vu toi. T’es nouvelle ? » ça fais marrer, j’me suis tellement mêlée aux gens, ironie du jour bonjour, qu’on me demande si je suis nouvelle alors que ce n’est absolument pas le cas. Je la regarde esquissant un sourire « Euh non pas vraiment, ça va faire deux ans que j’suis chez les dunster ».