TG #1 ► Road trip

Satyana ne savait pas pourquoi elle allait à cette sortie, elle venait tout juste de recevoir sa prothèse et s'y habituait encore difficilement, mais certains de ses amis l'avaient convaincu qu'il fallait qu'elle sorte un peu, qu'elle arrête de bougonner dans son coin, prendre de l'air lui ferait du bien selon eux. Saty était loin d'être convaincu, mais avait finit par plier pour ne plus les entendre chialer. Vêtu d'un jeans, d'une petite chemise et d'une veste, elle monta à bord de l'autobus avec l'aide d'autres Dunster, ses béquilles et ses valises. Elle s'assit dans le milieu de l'autobus, laissant une place libre à côté d'elle pour peu importe qui le voudrait bien. Elle tentait d'oublier le fait qui lui manquait une jambes, d'apprécier ces quelques jours d'expédition, mais ça n'allait pas finir comme elle le voudrait.

Le jour de notre voyage entre Dunsters était enfin arrivé. Je dois admettre que, malgré les événements récents, j’avais plutôt hâte. Ce voyage me permettrait sûrement de me changer les idées un maximum et, d’être ainsi entouré de plusieurs de mes amis ou simplement de mes confrères et consœurs me ferait du bien. Ma valise à la main, je descendis donc de ma chambre à la Dunster House pour me rendre dans le stationnement où notre bus nous attendait déjà. Jasper devait être notre chauffeur pour le trajet nous menant à Washington et je fus bien contente de constater que nous avions droit à un cinq étoiles et non pas un de ces bus jaunes d’étudiants du lycée! Resserrant mon manteau sur ma poitrine, je remontai aussi légèrement mon foulard sur mon nez. Février était froid cette année! Décidant d’attendre un peu que les autres arrive, je restai à l’extérieur du bus. Nous serions assit suffisamment longtemps puisque Washington était à 7h de voiture de Cambridge!

Terence le savait pertinemment. Sa convalescence était loin d'avoir atteinte son apogée. Son avant-bras plâtré lui faisait un mal de chien lorsqu'il oubliait sa dose quotidienne de morphine et son oreille droite percevait beaucoup moins de sons que la gauche ce qui le rendait plus maladroit que d'habitude. Cependant; il voulait faire ce voyage. Et ce n'était pas un bras endolori et une oreille à moitié sourde qui allaient lui dire le contraire. Il rêvait de visiter Washington. Il rêvait de rire aux nez des surréalistes afin de glorifier les impressionnistes. Critiquer les symbolistes et admirer les romantiques. Il voulait s'abreuver de tout cela, et il en avait fort hâte. Remplissant le reste de sa valise d'un nombre incommensurable d'anti-douleurs, il se prépara enfin à partir. Il s'éloigna de la maison des Dunsters et prit la direction du car. Le blessé de guerre tenait sa valise de la main droite, l'autre étant malheureusement hors-service depuis l'explosion. Il refusa tout aide, considérant qu'un bras dans le collimateur ne le rendait pas pour autant handicapé. Il était courageux ce Terence. Étonnement courageux. Ainsi, valise dans la soute, ce dernier grimpa dans le car avec deux paquets d'anti-douleurs dans la main et une sacoche sur son épaule auparavant meurtrie. Il s'installa sur un siège côté-fenêtre et s'avala une ultime dose de médicaments. Tandis que le car se remplissait, Terence jeta un coup d'oeil à son plâtre en résine. Des tas de petits mots y étaient inscrits. Son meilleur ami, sa soeur, ses nombreux autres amis de fac dont l'impitoyable Maxym. Même ses parents s'y étaient collés. Et puis, il y avait Bentley. Il n'avait pas mis son nom pour que le secret de leur relation reste le plus intacte. Aucun des deux ne voulait que Dakota l'apprenne. En lisant le mot, le jeune étudiant sourit. La fatigue le saisit ensuite. Il bailla un instant puis posa sa tête contre la vitre. Il s'endormit presque immédiatement. Encore une fois, il haïssait les effets secondaires de ces médicaments de malheur.

« Prête à quitter le quotidien pour quelques jours ? » Je souris et avançait finalement vers Jasper. Il était le seul à demeurer à l’extérieur avec moi, autant vous dire que la plupart avait déjà pris place dans le bus ou n’était simplement pas encore arrivé. « Je crois oui… ça nous fera du bien à tous selon moi. » Je baissai la tête en tentant de ne pas penser à Kovu et la relevai en esquissant un sourire légèrement forcé. Jasper saurait me décodé peu importe ma façon d’agir, mais peu importe. Je voulais simplement avoir l’air forte. « Tu peux m’aider avec ma valise? » Disons qu’avec le ventre de baleine que j’avais ce n’était pas tout à fait évident de soulever ma valise pour la mettre dans la soute à bagage!

Partir loin de Harvard durant quelques temps allait me faire me le plus grand bien. J’avais bien du mal à me remettre de la catastrophe qui avait secoué le campus quelques semaines auparavant et je n’arrivais pas à réaliser que ma vie avait été, jusqu’à présent, un véritable nid de mensonges. J’avais une sœur jumelle. Moi la petite princesse capricieuse à qui personne n’avait jamais osé dire non je n’étais plus seule. Je n’adressais plus la parole à mes parents, si je pouvais les appeler ainsi étant donné que je ne savais qui ils étaient réellement, je ne voulais plus croiser mon sosie dans les couloirs de l’université, j’avais simplement envie de quitter cet endroit et le voyage de ma confrérie était un bon moyen de s’évader, de faire le point. Je n’avais jamais été une grande bavarde, mais je n’avais jamais dit non lorsqu’il s’agissait d’envoyer une petite réflexion pas toujours agréable à mes camarades. Ce matin, je ne disais rien. Une fois de plus j’arrivais en retard de quelques minutes, traînant ma valise derrière moi. J’adressais un bref sourire aux membres de ma confrérie tout en rangeant mes affaires dans la soute du bus qui allait nous conduire jusqu’à destination. Prête, je montais dans le véhicule avant de m’installer à une place libre. Smartphone dans une main, bouquin dans l’autre, j’étais prête à me laisser guider jusqu’à la capitale.

Quand on lui avait parlé de ce projet, Aaron n'avait guère été très convaincu. Il ne partait pas à l'autre bout du monde, il ne fallait rien exagérer, cependant, il n'avait jamais été très serein à l'idée de laisser un peu sa vie derrière lui, ne serais ce que pour quelques jours. Pas alors qu'il s'y passait tant de choses qui plus est. Il avait insisté auprès de son grand père pour savoir s'il n'avait vraiment pas besoin de lui à la librairie mais à l'inverse, il avait insisté pour qu'il accepte de partir, lui disant que cela lui ferait du bien, de se vider à la tête et qu'il était capable de se débrouiller sans lui. Non qu'Aaron en doutait, mais il détestait l'idée de ne pas faire face à ses responsabilités. Son père n'avait pas semblé très convaincu mais les rapports père-fils étaient devenus plus entendus avec le retour de la mère d'Aaron et il avait finalement écouté son grand père. Il n'allait pas pouvoir voir Poppy durant le voyage et il ne cessait de penser à elle depuis qu'elle l'avait aider à préparer ses affaires. Elle avait essayer de le rassurer mais il se sentait malgré tout anxieux. Il avait revêtu un vieux sweat à la couleur délavée sous son manteau et était donc parti de l'appartement, plus ou moins prêt à partir. Traînant sa valise derrière lui, il retrouva Torrey et Jasper ainsi que d'autres Dunster devant le bus. Salut dit-il, se forçant légèrement a prendre un ton enjoué pour masquer le mal qu'il avait à quitter Cambridge. Il devait cesser de réfléchir à tout ça. Partir d'ici pour quelques jours, c'était sûrement précisément ce dont il avait besoin. Il fit la bise à Torrey et serra la main de Jordan. Prêts à partir ? Demanda-t'il.