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Le chaos est tel qu'il en est presque beau. C'est comme une fresque de la renaissance, racontant l'un des tournants majeurs de l'Histoire de l'humanité, avec son lot de sang, de corps laissés en suspens, de visages horrifiés, de poussière et de flammes. T'en oublierais presque que c'est ta réalité. Pourtant, t'es bien dans le présent, t'es bien dans ton corps meurtris par la haine de tes congénères, spectatrice de ce qui s'apparente le plus à une scène de guerre. Balayée par le souffle de l'explosion puis par la foule, tu perds chacun de tes repères. Le sifflement dans tes oreilles persiste bien qu'il semble perdre en intensité au fur et à mesure que les secondes passent. Tes sens jusqu'alors atrophiés commencent à se remettre en marche et tu commences à entendre les voix et le fracas. A sentir la fumée et le plasma. A voir l'horreur se dessiner sous tes ambres pour soudainement entrevoir l'écroulement de ton univers tout entier. T'as beau chercher autour de toi, aucun visage ne te semble familier, leurs traits se noient dans ces larmes que tu ne saurais contenir. Tout va beaucoup trop vite. Les gens qui courent, les battements de ton coeur qui résonnent depuis ta poitrine jusqu'à ta tête, tes pensées qui s'assombrissent de même que le ciel au dessus de toi, et t'en viens à imaginer les pires scénarios. Tu l'appelles, tu pries ta bonne étoile, mais elle ne répond pas. Vos mensonges ont déclenché cette colère divine et voici venu le jour de votre jugement. Voici votre enfer. Tu trouverais un peu de réconfort en sachant que Stella ne pourrait pas y assister. T’esquisserais presque un sourire soulagé, acceptant volontiers ton châtiment si tu ne la voyait pas scintiller au loin. Tu reconnaîtrais sa lumière entre mille, surtout dans une telle désolation. Tu te rues vers, elle, tu t'accroches à tes espoirs qu'elle soit saine et sauve, mais ils ne suffisent pas et tes avant bras rencontrent rapidement le bitume maculé. Tu gémis, tu hurles de douleur comme si cette dernière avait jusqu'alors oublié de se manifester. Mais c'est simplement ton corps qui commence à réaliser. Tu tâtonnes autour de toi et tes doigts rencontrent un corps à peine tiède. Penchée au-dessus d'elle, tu effleures la chevelure brune qui recouvres son visage et tu lâches un sanglot. Non loin d'elle se trouve le corps inerte d'un homme de la même carrure que lui, puis celui d'une autre femme, puis toujours plus de monde que tu te refuses d'identifier. Tu ne remarques pas qu'ils ne sont pas habillé de la même façon qu'eux, t'es aveuglée par le sang, les chairs brûlées, les membres sectionnés, les figures déformées par la mort. Et tu pleurs Lucrezia, tu pleurs parce que tu penses les avoir perdu pour de bon cette fois. Tu pleurs car tu penses ne plus jamais pouvoir les aimer ni les détester. Toi qui rêvais de la mort de Cosmo il y a quelques jours seulement, tu désespères que cela soit finalement arrivé. Tes astres sont dans les cieux Lucrezia. Et toi t'es là à délirer, tu ignores l'éclat logé dans ton abdomen et ton carmin qui goûte sur tes genoux écorchés.
@STELLA CAVALERO @COSMO CAVALERO
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