Appel de Nyssa vers Zachary

Si c'était prévisible qu'elle me dise que non, je n'aurais jamais cru qu'elle me dise à haute voix qu'elle aurait hésité à garder ce bébé. Pour tout vous dire, ça me décevait totalement, elle ne s'en rendait pas compte, ou alors si c'était le cas, elle le faisait dans le but de me blesser. "Je sais pas quoi dire, le fait que tu aurais hésité en dis sacrément long." Finissais-je par dire. "Je sais que tu as toujours eu des réserves sur le fait d'être mère mais delà à hésiter donc à envisager l'option de l'avortement sans même m'en parler c'est... je pensais pas de toi." Je passais ma main dans mes cheveux, désormais j'étais père et j'avoue que faire cet acte comme ça alors qu'on pouvait financièrement se permettre d'avoir un bébé, qu'il n'y avait aucune raison de santé, mais surtout que je n'étais pas consulter, ça me dépassait.

Tu ne comprenais pas. Si il y a bien une personne qui sait pourquoi tu ne veux pas être mère, c'est lui. Ce n'est pas comme si vous en aviez jamais discuté ensemble.Tu avais toujours été transparente sur ce sujet, comme celui du mariage. « Oh non non non ne fais pas l’étonné ou le choqué, ne me juge pas, je ne t'ai jamais caché que je ne savais pas si je voulais des enfants un jour, tu sais très bien pourquoi. Je n'ai jamais dit que je n’en aurais pas parlé avec toi si la situation avait été différente. » Au final, tu avais du mal à voir comment vous auriez pu trouver un compromis sur ce sujet : vos souhaits étaient tellement divergents ; même inconciliables. Tout cela, toute cette discussion était bien hypothétique puisque à ce que tu en savais, tu n'étais pas aujourd'hui enceinte et ce bébé en question n'était plus là, le destin avait décidé du sort de ce bébé pour vous. « Je ne veux pas me disputer avec toi, pas maintenant, pas encore une fois, pas pour un bébé qui n'est même pas là » Ces derniers mots te faisaient mal à prononcer : tu savais que tu étais l'unique responsable de la perte de ce bébé, la seule à blâmer pour ce qui était arrivé. Si tu avais su que tu étais enceinte, si tu n'étais pas dans ce déni de grossesse, tu aurais fait plus attention, tu n'avais pas été capable de le protéger. Les mots de Zach réveillaient en toi ta propre culpabilité : celle que tu portais depuis des années, celle de ne pas être sûre de pouvoir lui apporter ce bébé un jour, celle de ne pas être celle qu'il rêve, celle qu'il mérite.

Elle avait beau essayer de me dire de ne pas la juger seulement pour moi c'était impossible, j'aurais cru très bêtement que si peut-être elle avait été enceinte, le fait de ressentir la vie en elle, de tomber enceinte de l'homme qu'elle aimait à l'époque donc moi, aurait changé la situation mais absolument pas. "Non mais c'est même pas ça le souci ! Tu m'as dit et tu viens de dire que tu ne savais pas si tu voulais un enfant, je le comprenais, mais là le bébé était là dans ton ventre et en fait tu n'en voulais pas, pendant un moment j'ai cru que si un accident arrivait, que la capote se cassait ou je ne sais pas tu oublie ta pillule, peut-être que devant la présence d'un potentiel bébé tu l'aurais accepté mais en fait je me rend compte que non, c'est ça le plus dur, on a été ensemble mais on était limite obligé un jour de partir dans des directions différentes" Je secouais la tête en poussant un soupir. "Tu as raison, ce n'est pas la peine de se disputer." Tout était clair désormais, aucun mariage, aucun bébé, Nyssa et moi n'avions pas les mêmes projets de vie. "De toute façon, je suis au bureau, je vais devoir te laisser, je dois briffer mes équipes."

Ce qui te faisait mal, c'est de voir qu'il ne te comprenait pas alors qu'il était censé être la personne qui te connaissait par cœur, mieux que toi-même peut-être. Il ne comprenait pas tes doutes, il ne comprenait pas tes peurs, il ne comprenait pas tes angoisses, tes blessures de ton enfance et de ton passé et d'aujourd'hui. De comment tu avais souffert et souffrais encore de la situation, de comment tu avais souffert et encore aujourd'hui de la perte de votre bébé, de comment cela t'avait profondément changé, profondément meurtrie,comme marquée au fer rouge. Tu avais juste besoin d'être rassurée, besoin de te sentir soutenue. Et au lieu de ça, tu te retrouvais accablée. Ses derniers mots, sous-entendre que votre histoire ne pouvait avoir qu'une seule issue possible, finissaient de te briser et te blesser encore un peu plus.Tu encaissais, en silence,te retenant de craquer alors que tu étais sur le point. « Oui, tu ferais mieux d'aller t'occuper de tes équipes » Au lieu et à défaut de s'occuper de toi. Tes yeux viennent se poser, avec une certaine tristesse, sur la bague de sa grand-mère, que tu avais continué de porter bien que maintenant tu connaissais l'histoire de cette bague.« Pour Noël, je jouerais le jeu du parfait petit couple que nous ne sommes pas, si c'est encore ce que tu veux.»

J'avais besoin de temps pour encaisser cette histoire, me demander de passer au-dessus directement était impossible. Quand Nyssa me disait de m'occuper de mes équipes j'ai bien vu qu'elle me le reprochait seulement je ne pouvais rester plus longtemps déjà parce que j'avais du boulot mais surtout parce que je devais faire le point. "Merci." Rien ne changeait sur ce point, je la protégerais sans arrêt malgré tout. "On se dit à dans quelques jours..." J'allais dire autre chose quand on frappait à ma porte. "Je dois vraiment y aller. A bientôt." Je raccrochais.