Aliper ∞ Fuck, we screwed up

Ce n'est pas possible non, ça ne peut pas m'arriver à moi. Piper Jane Redmayne étudiante en médecine, qui se bouffe toutes les informations concernant le domaine, qui se peut être enceinte. Non, ce n'est pas possible. Je dois rêver, ça ne peut être que ça et rien d'autre. Je me pince, mais non, ça me fait plus mal qu'autre chose. Putain, pourquoi moi ? Genre, je n'ai rien demandé. Alors oui, bien sûr que je veux être maman mais pas maintenant et c'est une chose qui se décide à deux, et non pas qui débarque en mode surprise je vais niquer vos vies. Là, c'est juste la panique dans ma tête et visiblement, dans celle d'Alek aussi. Le pauvre, j'en viens même à lui crier dessus tellement que je suis perdue. "Non, désolée, désolée je ne voulais pas te crier dessus, c'est le stress...", je lui répond en grimaçant, lui serrant la main avant de refermer le carnet. Je vais finir par le brûler et moi avec tiens. Bon, on ne va pas rester là comme ça, comme deux cons qui s'imaginent des choses, qui se font quinze miles films dans la tête. Non, je lui dis donc que je sors acheter un test de grossesse au moins, nous allons être fixé. Il acquiesce et je pars. Je préfère y aller seule, il serait capable de me faire un malaise dans la rue ou de me mettre doublement le stress. Heureusement pour moi, la pharmacie n'est pas trop loin et il n'y a pas grand monde. Juste une mamie qui raconte sa vie et un vieux couple qui se hurle dessus. Mon tour étant arrivé, je demande à voix basse un test de grosses. Ouais, ce n'est pas une honte, ça devrait même être quelque chose de beau, mais là, franchement, ce n'est pas le cas. Non, ça sera super le jour où je voudrais être enceinte ou du moins, le moment où on l'aura décidé. Le pharmacien me donne ce dont j'ai demandé et au passage, je lui demande des boîtes de préservatifs. Ouais, maintenant, je vais lui en foutre une sous l'oreiller. L'homme me regarde bizarrement, mais me sourit tout de même quand je paye et quitte les lieux. De retour à l'appartement, je retrouve Alek qui range les courses. Sûrement ça façon à lui de ne pas penser à ce qu'il se passe. Bref, je retire mon manteau, laisse mon sac à main tomber sur le sol, fonçant directement vers les toilettes, mon sac à Pharmacie en main. J'entend les pas d'Alek derrière moi, je ferme tout de même la porte derrière moi. Ouais, pas vraiment envie qu'il soit là quand je fais le test. Une fois fait donc, je m'assois sur le cabinet, attend le résultat. "D'après la notif, une minute", genre, c'est plus rapide que the Flash. Bref, ce n'est pas moi qui ai fait le test. "Hum, non enfin ça dit 99%, mais bon...", il y a toujours un risque. Je ne dis rien de plus non, je fixe le test de grossesse et là, putain, c'est le drame. "Non, non, non, nooooooon ce n'est pas possible, non !!", je m'exclame dans les toilettes, me faisant presque éclater la tête par la porte, lorsqu'Alek l'ouvre. Bah c'est ça, casse moi le nez, je ne te dirais rien. "Ce n'est pas possible, ça ne peut pas être possible !". Moi, entrain de paniquer ? Pas du tout...

• Je dois l'avouer, j'ai peur. Et si elle était enceinte ? Comment on allait faire ? Enfin, je sais comment on s'occupe d'un enfant, je l'ai déjà fait, j'suis peut-être pas le meilleur père du monde mais je sais que je me débrouille plutôt bien. Je me pose plusieurs questions, est-ce qu'aujourd'hui, je suis prêt à redevenir père ? Est-ce que je suis prêt à assumer entièrement ce rôle ? Honnêtement, j'en ai aucune idée. Nous sommes ensembles depuis plusieurs mois et nous vivons ensemble depuis plusieurs jours, alors est-ce que c'était le bon moment pour avoir un enfant ? Je n'en ai aucune idée, je ne sais pas, je suis perdu, perdu dans mes pensées, me remémorant la première fois où j'ai appris que j'allais être père. J'étais pas prêt non plus, j'avais peur, je me chiais dessus, j'en tremblais, car je pensais que j'allais tout raté, que j'allais pas réussir, que j'allais être le plus mauvais père du monde, et au final, ça n'a pas loupé... Certes, j'ai su m'occuper de Quincy, mais j'me suis barré comme une pute, donc j'ai chié dans mon rôle. Là, je ne sais plus quoi penser, je sais très bien que si elle me dit qu'elle est enceinte, on va devoir l'accepter cet enfant, on va devoir se faire à l'idée, se préparer mentalement et tout ça, mais il est vrai que dans ma tête, au plus profond que moi, j'aurais aimé qu'elle m'annonce ce genre de nouvelles plus tard, dans quelques mois ouais, qu'on soit installé ensemble depuis plusieurs mois, qu'on aient notre petit train train, nos habitudes. Je la laisse faire, je la laisse aller dans les toilettes faire ce qu'elle a à faire, j'attends derrière la porte, et j'ai l'impression que le temps ne passe pas. "Une minute ?! J'ai l'impression que j'attends depuis dix minutes au moins !" Ah ouais là, j'suis vraiment perdu pour le coup. Sur à 99% d'après le papier, alors il y a très peu de chance que ça se trompe, ça voudrait dire qu'on est vraiment les plus poisseux du monde. Et là, je l'entends gueuler plusieurs non. Je réfléchis pas, je me lève, j'ouvre la porte manquant de lui mettre en pleine face, habituellement j'aurais éclaté de rire, mais là c'est pas le cas, là, je pense à bien d'autres choses que rire. "Qu'est-ce que ça veut dire ces traits la ?" Que je demande limite en lui arrachant le test des mains, me moquant bien qu'elle vient de pisser dessus, j'me laverais les mains après. Putain, ça veut dire quoi ? J'me souviens plus merde, comment ça fonctionne ? •

J'ai peur, oui, j'ai vraiment peur du résultat. Si c'est négatif, ça nous aura juste donné un coup dans le cul et la prochaine fois, on fera plus attention. M'enfin, je le cag dessus, je ne suis pas prête à être mère. Non, je ne sais même pas comment on fait !! Enfin si, en soit je sais vu que je me suis déjà occupée des enfants des autres, mais justement, ce n'était pas les miens. Je sais qu'Alek retrouve son petit train train avec Quincy, je n'ai pas envie de détruire ça, que ça détruise notre couple. Alors oui, j'accepterais l'enfant bien entendu, mais non, je n'ai pas envie que ça nous arrive. Pas maintenant, dans quelques mois, années, pourquoi pas. Assise dans les toilettes, je fais mon test et attend qu'il me donne le résultat. Derrière la porte, j'entend un Alek plutôt stressé. Ouais, ça ne m'aide pas, mais je le comprend. Bien que je sois nerveuse, Alek arrive à m'arracher un petit rire. C'est vrai que cette minute est longue, beaucoup trop longue pour moi, pour nous. Mes yeux fixés sur le test, ce dernier commence à changer de couleur. J'attrape alors la boîte qui indique le code couleur du résultat et là, quand je m'aperçois ce que cela signifie, je me mets à hurler. Dans mon état normal, j'aurais sortie toutes les insultes du monde, mais là, j'enchaîne des non en secouant la tête. Je n'ai pas le temps d'ouvrir la porte, qu'Alek le fait, m'assommant presque au passage. Il m'arrache le test, je grimace parce que je viens quand même de faire pipi dessus, mais lui, il veut connaître le résultat. "Hum, ça veut dire que je suis vrai semblablement enceinte !". Ouais, je n'ai pas envie de dire que je suis enceinte, je n'y crois pas, ce n'est pas possible. Nope, là, je suis vraiment mal, je n'arrive pas à y croire. Je me laisse retomber sur le cabinet et là, bah je me mets clairement à chialer. Putain, qu'est-ce qu'on va faire ?". On est clairement pas prêt. Je regarde Alek, il ne dit rien. Putain, qu'il ne me fasse pas un malaise hein !.

• Deux fois, deux fois j'ai assisté à ce genre de chose. Enfin, la première fois je n'étais pas là, je l'ai appris comme ça, au réveil, comme une bonne surprise, la surprise d'apprendre que j'allais être père. La deuxième fois, c'était l'année dernière lors du Summer Camp, Sage avait débarqué chez moi complètement paniqué avec un test de grossesse entre les mains, elle m'avait tiré avec elle dans les toilettes sans me laisser le choix. J'me souviens, je m'étais planqué dans la douche en tirant le rideau ne voulant pas la voir en train de pisser. Elle était enceinte, et elle ne savait pas vraiment quoi faire. J'ai appris par la suite qu'elle avait finit par perdre ce fœtus dans son ventre, triste fin. La première fois, j'étais prêt, enfin, c'était le moment je pense. La deuxième fois, c'était pas moi le père donc c'était juste à la fois drôle et flippant. Mais cette fois ci, c'est totalement différent, cette fois ci, jamais je n'aurais pu penser que ce genre de chose allait arriver, genre maintenant. Putain si j'avais été au courant, j'aurais mis une capote merde. Alors je rentre dans les toilettes, je prends le test d'entre ces mains et je le fixe quand elle me dit que ça veut dire qu'elle est probablement enceinte. "Hein ?" J'sais pas quoi dire, le regard perdu sur ce test, j'attends, je reste debout, figé, sans rien dire, comme si le temps venait de s'arrêter. Je ne fais même pas attention à Piper qui s'assoie sur les toilettes et qui se met à chialer, c'est sa voix qui me sort de mes pensées. J'laisse tomber le test par terre, m'agenouillant face à elle, posant mes mains sur ces cuisses. "Te mets pas dans cet état là..." Dans ma tête y'a un millions de trucs qui se passe, mais j'dois avant tout la réconforter. "Piper... Sache que je t'aime, alors je te suivrais dans ta décision, okay ?" C'est sortie tout seul, j'viens de lui dire que je l'aimais... •

Je n'ai que vingt-trois ans, j'ai clairement tout le temps avant d'être maman. Il faut que je profite de la vie, que je décide si je continue mes études ou non. Bossant au Starbucks, on ne peut pas vraiment dire que je gagne un salaire du ministre. En plus de ça, il faut que je paye la moitié des charges de l'appartement, car il est hors de question qu'Alek se tape tout. Et puis, est-ce que lui, il est prêt à être une nouvelle fois papa d'abord ?. On en a jamais parlé, en même temps, ce n'est pas vraiment le genre de conversation qu'on a avec son copain quand on est avec lui depuis quelques mois. Alors oui, on peut évoquer la chose; mais pas entant que projet dans les semaines avenir. Donc ,oui, là, alors que le test est positif, je panique. Alek lui, il est à l'ouest, je crois qu'il ne réalise pas. Dans ma tête, c'est le bordel, je m'imagine déjà entrain de devoir changer des couches, donner à manger à 2h du matin, les hurlements du bébé qui me font saigner les oreilles. Non, non désolée, je ne suis clairement pas prête Alors je craque. Mon visage entre les mains, je pleure, comme un bébé, c'est le cas de le dire. Je n'ai pas envie que ça gâche tout, Alek et moi, notre relation. On a tellement de choses à encore apprendre l'un sur l'autre, alors non, un enfant ce n'est pas pour maintenant. J'entend les paroles d'Alek, ses mains sur mes cuisses pour me calmer, mais je n'y arrive pas. Non, c'est trop le bordel. J'essaye tout de même de me calmer, essuyant les larmes avec ma main mais là, il le dit. Il me scie le cul, désolée pour l'expression. Genre, je ne pensais pas qu'il allait me le dire d'aussi tôt, mais il vient de le dire. Il m'aime. Alors tout d'un coup, c'est comme s'il venait d'apaiser une partie de mon être, même si je panique toujours hein. Prenant son visage entre mes mains, je lui souris tendrement, lui volant un petit baiser. "Je t'aime, mais je ne suis pas prête Alek, on ne l'est pas". Oui, Alek est père, mais est-ce qu'on sera encore ensemble dans 9 mois ? Je n'en sais rien. J'en ai envie, ça oui, mais c'est encore tout nouveau. "Je...hum...je vais appeler mon médecin, histoire qu'on soit sûr à 100% d'accord ?", je lui propose, me levant pour jeter le test dans la petite poubelle. À tour de rôle, on se lave les mains puis, sortons des toilettes. Ce n'est pas très glamour quand même. De retour dans la cuisine, j'attrape mon téléphone et compose le numéro du médecin. Il a intérêt à avoir de la place pour moi, hors de question que je reste avec un doute pendant une semaine !!!.

• Je lui ai dit. C'est sortie, comme ça, d'un coup, sans prendre le temps de réfléchir, sans me demander si je devais lui dire, si c'était le moment où non. C'est venue tout seul, comme si c'était normal, comme si instinctivement j'avais décidé que ça serait le moment parfait pour lui dire, pour lui faire comprendre tous mes sentiments en mettant quelques lettres dessus. J'ai toujours été le genre de mec à ne pas trop montrer ce qu'il ressent, à faire comme si tout était normal, tout était beau, tout était rose. J'avais tout simplement penser qu'en lui avouant ça maintenant, à ce moment-là, ça pourrait la calmer un peu, l'aider à penser à autre chose et éviter qu'elle pleure ou fasse je ne sais quoi. Putain, qu'est-ce qu'on a foutu bordel. On va vraiment devenir parent ? C'est à ça que les mois qui arrivent vont servir ? Tout préparer, lui masser les pieds car elle a mal à force de marcher, lui apporter des trucs complètements étrange en pleine nuit suite à des pulsions encore plus étrange qu'un pied sans doigt de pieds ? Non. C'est pas vraiment ce qu'on avait prévu, on voulait prendre notre temps je pense, vivre notre vie, partir en vacance à deux, se préoccuper de rien d'autres, et puis les enfants, on verra plus tard. Enfin, je crois, car là, tous mes plans viennent se bousculer et s'éclater la gueule contre un mur. "D'accord, appel, voit avec lui si il a une place genre maintenant où j'sais pas moi, maintenant." Ouais, c'est entre maintenant et maintenant. Si il y a un pourcent de chance pour que le test ai raté, j'crois qu'on en serait les plus heureux et que se soit on fait une fête pour fêter ça. En y réfléchissant, ça craint putain. Y'a des gens qui se battent pour avoir des enfants depuis des années sans aucun résultat, et puis il y a nous, stressant comme des abrutis car on veut pas d'enfant tout de suite, justement... Je retourne dans le salon, tournant en rond, allant à la fenêtre pour fumer une clope, merde, j'ai l'impression que c'est moi qui est enceinte là. Et je regarde Piper, attendant un signe de sa part pour me faire comprendre qu'elle a un rendez-vous genre rapidement. •

Avec ce qu'on est entrain de vivre, je m'attendais à tout, sauf à ça. Il me l'a dit, ces petits mots qu'on se demande quand on se sentira de les dire, ou quand on les entendra dans sa moitié. Alek vient de me le dire, il vient de me dire qu'il m'aime et j'en reste bouche bée. Bizarrement, ces mots qu'il vient de me dire m'apaisent, me calme, me font penser à autre chose le temps de quelques secondes. Même si je ne lui saute pas au cou, vu la situation, je suis contente qu'il me l'ait dit. Il s'ouvre plus à moi, exprime ses sentiments et ça me fait vraiment du bien. Quittant les toilettes, on se met d'accord sur le fait que je devrais quand même voir un médecin. Au moins, on sera fixé. Ouais, on est bizarre à vouloir être sûr à 100% si je suis enceinte, mais ce n'était pas dans nos plans. Non, on avait prévu d'y aller doucement ,mais sûrement, de prendre le temps d'être que tout les deux. Du coup, non, nous n'avions pas prévu d'être parents au bout de quelques mois. On est dans le stress, Alek est dans le stress, je le vois même partir fumer à la fenêtre. Bien, c'est partie. Attrapant mon téléphone portable, je clique sur le numéro de mon médecin. J'attend quelques secondes, quand la voix insupportable de sa secrétaire répond. Je lui explique la situation, lui disant que j'ai besoin d'un rendez-vous genre maintenant, mais visiblement, avec sa voix de canard elle me dit que ce n'est pas possible. J'insiste un peu, mais non, il n'y aura pas de rendez-vous aujourd'hui. Là, je m'énerve un peu, haussant la voix, faisant de grands gestes avec les bras comme si elle était en face de moi. Finalement, elle me propose un rendez-vous, mais pour dans trois jours. Euh, elle sait qu'on a le temps de mourir en trois jours ?. Non parce qu'avec Alek, on va finir par être dingue. Bref, j'accepte quand même le rendez-vous, lâchant un petit "Connasse !", en raccrochant. Trainant des pieds, je finis par rejoindre Alek, posant mes mains sur ses épaules. "Bon, ne t'excite pas, mais je n'ai rendez-vous que dans trois jours...", je lui fais part, venant me blottir dans ses bras. Bon, dans d'autres circonstances, je lui aurais fait une petite blague, en mode je n'ai rendez-vous que dans trois mois, mais non, ce n'est pas marrant. "Je vais mourir pendant trois jours", ça va être l'horreur, un enfer.

• Qu'est-ce qu'on va faire si ce test a vu juste et qu'elle est bien enceinte ? Comment est-ce qu'on va s'en sortir ? Comment est-ce qu'on va gérer ça, cet enfant ? Je n'avais pas imaginé une seule seconde que ça arriverait maintenant. D'accord je l'aime, d'accord j'ai envie de terminer ma vie avec elle si c'est possible. Mais les enfants, pas tout de suite, plus tard oui, mais pas maintenant, on a encore tellement de chose à faire, à découvrir, à apprendre l'un sur l'autre. C'est pas parcequ'on habite ensemble depuis quelques semaines qu'on doit avoir un enfant maintenant. J'pense pas que j'étais prêt, même si je savais comment tout ça fonctionnait, j'étais pas totalement prêt. Bon, si il s'avère qu'elle soit vraiment enceinte et qu'elle prend la décision qu'on garde l'enfant, je la suivrais et je m'impliquerais dans ce rôle à cent pour cent, mais si on peu éviter, si ce test à pu merder, j'avoue que ça m'arrangerait. Putain, et quand on pense que t'as des milliers de personnes qui rêveraient d'avoir un enfant, et que nous, on est là limite à prier qu'elle ne soit pas enceinte. Quand j'vous dit qu'on a toujours fait différemment des autres, jamais à suivre le moule, jamais à faire comme tout le monde, notre propre chemin, notre propre destin, notre propre connerie aussi, par la même occasion. A la fenêtre, je fume, comme un moyen d'effacer tout le stress, de me calmer sans devoir taper dans quelque chose, je laisse mes poumons se noircir sous l'effet de la nicotine, un drogué à ma façon. Mon regard fixé sur Piper, je ne peux m'empêcher de lâcher un rire quand je l'entends insulter la personne à l'autre bout du fil. Bon, je pense qu'elle n'a pas eu droit à un rendez-vous aujourd'hui vu sa réaction, alors je la laisse venir vers moi, ne posant aucune question pour le moment. Une dernière latte sur ma cigarette, je la jette par la fenêtre, prenant à mon tour Piper dans mes bras. "Ça va aller." J'sais pas quoi dire d'autre, j'suis complètement perdu, tout comme elle. "Vient on passe trois jours à hiberner, au moins, ça sera rapide..." Et dans nos rêves, on devra faire face à cette vie avec un enfant, je suis sûr. Autant rester éveillé alors, autant affronter ça ensemble sans se cacher, on est fort à deux, non ? •

On ne va pas se mentir, comme 99% des filles quand j'étais petite, je jouais au papa et à la maman. Je jouais avec les poupées, tout en faisant comme si j'étais une maman à leur changer la couche, leur donner à manger. En grandissant, bien sûr que j'ai eu envie d'avoir des enfants, encore plus en voyant le résultat de ma famille. Je me suis toujours promis de donner tout l'amour du monde à mes enfants, cet amour que moi, je n'ai pas eu la chance d'avoir. Sauf que voilà, à présent, il se peut que je sois enceinte et je n'en ai pas envie. Pour le moment, je ne me sens clairement pas prête à être maman. Alors oui, je panique, je ne sais pas quoi faire, quoi penser. Au téléphone avec la secrétaire de mon médecin, j'essaye de négocier un rendez-vous pour dans la journée, mais non, elle ne veut rien savoir, il m'en donne un pour dans trois jours. Vous me direz que c'est déjà bien, certes ,mais pour nous, c'est trop long à attendre pour avoir une vraie réponse. C'est étrange de ce dire que nous ne voulons pas d'enfant alors que dans le monde, des millions de personnes doivent se battre pour en avoir un. Est-ce qu'on est égoïste ? Sur le coup certainement, mais on ne veut juste pas le regretter. Raccrochant le téléphone, j'insulte la secrétaire. Oui, bah, elle m'a énervé. Alek lui, ça le fait rire. Je suis dépitée, je n'ai pas envie de me dire que je dois attendre trois jours. C'est super long trois jours, j'ai le temps de me faire quinze films dans la tête. J'ai le temps de vouloir ce bébé, comme le détester, faire la fête si j'apprend que je ne suis pas enceinte, ou faire une dépression. Ouais, je ne sais pas vraiment du coup, j'ai besoin d'une vraie réponse. Trainant les pieds, je rejoins Alek à la fenêtre alors qu'il est entrain de fumer. Je viens me blottir dans ses bras, lui disant qu'on va devoir attendre trois jours et que je vais certainement mourir d'ici là. Me prenant dans ses bras, il me dit que ça va aller, mais je souffle. Ouais, on ne peut pas dire que je suis très convaincu par cela. Par contre, je suis tout à fait d'accord pour sa proposition. "Oh oui, on fera comme les ours sauf que nous, ça sera plus rapide !", je lui répond en gloussant. Ca serait une bonne idée tiens, genre comme quand on dort la nuit. On a pas l'impression que plusieurs heures s'écoulent. Nous avons juste l'impression de fermer les yeux puis, de les ouvrir quelques secondes après. "Bon, en attendant, je vais finir par ranger les courses avant que tout soit bon pour la poubelle". Profitant pour lui voler un petit baiser, je finis par quitter ses bras et ranger les courses. De toute façon, on ne peut pas accélérer le temps, alors autant s'occuper d'ici là. Alors je sors les affaires des sacs, attrapant une boîte de biscuit qui est...déjà ouverte ! Putain, un vrai gosse ce mec. "Tiens, une souris est visiblement passée par-là", je lui balance en lui montrant la boîte.

• Si on m'avait dit ce matin au réveil qu'en revenant des courses Piper allait m'apprendre qu'il y a une chance sur deux qu'elle soit enceinte, j'vous assure que je ne l'aurais pas cru, que j'aurais surement rigolé en lui faisant savoir que c'est impossible. Puis je me serais rendu compte qu'on ne c'est pas protégé, et là, j'aurais surement commencé à douté sans pour autant y croire. J'veux dire, combien de chance on avait que ça arrive ? C'est vraiment être poisseux, ou chanceux pour certains. Mais non, on veut pas d'un enfant tout de suite, on veut profiter encore un peu. Partir en vacance, vivre des moments à deux, des moments qui resteront gravé toutes notre vie dans nos têtes. Des moments inoubliables. On veut continuer de se découvrir, de partager. On veut vivre putain, sans se préoccuper de quoi que ça soit, sans avoir de responsabilités qui pourraient venir nous déranger. On veut juste être ensemble et en profiter, elle et moi, juste nous. Je ne sais pas ce qui va se passer, si elle est vraiment enceinte. Je sais très bien que je ne la lâcherais pas, que je resterais avec elle quoi qu'il arrive, mais bordel, si on peu attendre encore un peu, on va pas dire non. Je la laisse appeler le médecin, peut-être que c'est le miracle qu'il nous fallait, un rendez-vous rapide, aujourd'hui, qui effacerait nos craintes et nos questions. Mais non, ça aussi c'est pas possible, ça aussi on va devoir attendre trois jours. Alors on attendra, et si elle commence à vouloir vomir pour un rien, c'est qu'on aura pas besoin d'y aller, à ce rendez-vous. Dans mes bras, j'essaie de la réconforter comme je peux, je lui dis que ça va aller, car je ne sais pas trop quoi dire. Est-ce que ça va aller, au final ? On va s'en sortir ? Je sais pas, mais on a pas d'autres choix que de garder la tête sortie hors de l'eau et d'avancer. Même si l'idée d'hiberner est plutôt cool. "On pourrait trouver de la drogue, j'suis sûr que bien doser, on peu dormir pendant facile 48 heures..." Non, non. C'est pas la bonne solution, on est pas des junkys, et on risquerait de faire des choses bizarres drogués. Elle me vole un baisé et va ranger les courses qui trainent sur le plan de travail de la cuisine. Je reste à la fenêtre quelques secondes, je la regarde, elle est belle putain. J'pourrais rester des heures à la regarder, à l'observer, mais ça ferait surement psychopathe. Alors je la rejoins, m'asseyant sur le plan de travail, haussant les épaules lorsqu'elle fait référence au paquet de gâteau que j'ai déjà ouvert. "C'est eux aussi ils m'ont appelé ! Ils me regardaient là et j'entendais ils disaient "mange moi mange moi" et vu que j'aime pas dire non bah..." La vérité, c'est juste que j'ai essayé de compenser le stress par de la bouffe, au final, ça n'a pas marché. •