MATHER HOUSE ► soirée UNDERWEAR

❝ Soirée Underwear ! - Tous à poils, ou presque ❞

Tu vois le mec qui embrassait ta femme, du moins ex-femme se barrer, tu es un peu rassuré. Cependant, elle ne se retourne pas vers toi et fait comme si tout cela n'existait pas, comme si tu n'étais pas là. Tu baisses les yeux et tu te mets finalement face à elle, tu sais que ça va lui faire du mal, mais tu souffres également. Depuis que t'as fauté, tu souffres. Elle aussi, mais elle essaye de s'en remettre, toi non, tu préfères souffrir et penser que tu réussiras à la récupérer. Tu as changé depuis l'époque où vous avez divorcé. Tu as énormément travaillé sur toi-même, ton look, sur ta façon d'agir avec les femmes. Tu relèves finalement les yeux et la fixe. "Ecoutes moi, je t'en supplie..." T'es loin d'être fier et ça se voit.

Tu souffles, tu n'es pas prête pour ça, tu le seras surement jamais en fait. C'est pour ça que tu te jettes corps et âmes dans les soirées, les aventures sans lendemain, pour ne pas, ne plus songer à cet homme qui t'as brisé le coeur. Cependant, il te fait face, tu n'as pas le choix, tu n'arrives pas à te t'esquiver, tu vas devoir l'écouter. Sa voix s'élève, et malgré la musique très forte, tu l'entends distinctement. Sa voix qui suffisait te faire craquer. Qui suffit toujours à te faire craquer. Tes yeux cherchent les siens, et ta gorge se noue. « Quoi? T'as quoi à me dire encore Jäyan? Tu veux t'excuser, vas-y, mais saches que se sera jamais assez pour racheter ce que t'as fait. » Gentille, adorable, douce petite Clého. Ou pas. Il n'est pas habitué à te voir réagir au quart de tour comme tu viens de le faire. T'as toujours été plutôt posée et calme. Mais pas là. Ta voix est sèche, des yeux s'enflamment. C'est la tristesse qui s'est mue en colère, et déception qui t'habite à présent. Tu voudrais parvenir à tourner réellement la page, mais t'y arrive pas.

Tu sais très bien qu'elle t'en veux et qu'elle t'en voudras surement toute sa vie. T'as joué au con et tu récoltes seulement ce que tu as semé. Tu as semé le trouble dans sa vie, et c'est à cause de toi qu'elle n'est plus comme avant, douce et souriante. Mais le doux son de sa voix te réchauffe le coeur, ce coeur que tu as perdu quand tu l'as perdue. Tu n'as jamais eu l'habitude de la voir énervée, ça te fait bizarre. Tu baisses les yeux quand elle te dit que tes excuses ne serviront à rien, tu serres les dents pour éviter de te montrer faible, bien que pour une fois tu devrais. Tu lâches un long soupir avant de relever tes yeux azurs dans les siens. "Je sais que de simples excuses ne serviront à rien, je ne suis pas venu ici pour de simples excuses... Je n'ai jamais cessé de t'aimer, Clého. Je voudrais effacer toutes mes erreurs et repartir de zéro, avec toi." Tu sens tes yeux s'humidifier, elle te manque, même près de toi.

Ses mots te font tomber des nues. Tu ne t'attendais pas à ça. Pas à une déclaration, à ce qu'il te demande de tout recommencer auprès de toi. Non, tu ne t'y attendais vraiment pas en réalité. Tu sens ton coeur rater quelques battements, et tu te mords la lèvre. Ne craques pas Clého, ne le laisses pas t'atteindre, rappelles-toi de ce qu'il t'a fait, ce qu'il te fait vivre. Tes yeux sont secs, et tu te félicites pour cela. « Tu croyais quoi, que t'allais venir ici, en pleine soirée, faire fuir le gars avec qui je comptais finir la soirée et passer la nuit, me supplier de revenir, m'avouer que tu m'aimes encore, et que je te tomberais dans les bras, sans aucune réticences, sans rien dire? Bon sang, je ne suis plus l'adolescente naïve qui te faisait confiance. J'ai changé, beaucoup changé, et les relations longues, sérieuses tout ça, c'est plus pour moi. Merci d'ailleurs, c'est toi qui m'a fait remarqué ça, que la monogamie, bah, c'était pas pour moi. J'aime changer d'hommes comme de sous-vêtements, danser jusqu'au bout de la nuit, un verre à la main, fumer à m'en détruire les poumons. J'ai changé. Vraiment changé. » Tu ne cherches qu'une chose, le blesser, lui renvoyer la pareil, c'est bas, petit, mesquin enfantin, certes, et tu n'en retires aucun bénéfice, et pourtant, tu le fais.

Tu sens le craquement, juste là, au fond de ton coeur ? C'est le bruit de la déchirure qu'elle vient de te provoquer, ton pauvre coeur qui n'a rien demandé de tout ça. La vérité blesse, tu sais que tu t'es foiré, tu sais déjà que tout est de ta faute. Tu baisses les yeux et laisse couler quelques larmes, les larmes qui coulent en même temps que ta fierté. Tu as encore plus mal qu'avant, mais tu dois encaisser, ne pas abandonner. Tu la veux à nouveau rien que pour toi. Tu passes une main dans tes cheveux, avant d'essuyer les larmes qui coulent de tes yeux, tu relèves la tête mais tu fuis son regard, tu ne sais plus vraiment quoi dire. Tu tentes le tout pour le tout. "Je sais que tout est de ma faute, je m'en mords les doigts tous les jours depuis l'annonce de notre divorce, je sais que j'ai fais que des conneries, mais j'ai changé, si ça n'avait pas été le cas, je serais pas là, à une soirée chez les mathers pour te dire tout ça, tu sais que je suis pas très sociable. Mais je l'ai fais, par amour pour toi, parce que je veux te prouver que je suis plus ce connard d'infidèle." Tu attrapes un verre de vodka et tu le bois cul sec, tu as encore des choses à lui dire.

Tu voulais le faire craquer. Putain, il pleure. Il pleure, là, devant toi, devant toute ta fraternité. Il est à cette soirée, pour toi. Tu ne l'as jamais vu pleurer, ou du moins, tu n'en as pas le souvenir. Tu résistes à l'envie de sécher ses larmes, de le prendre dans tes bras, de tout oublier. A nouveau, tu te prends un verre, que tu bois sans prêter attention au liquide. Martini. Tu n'as plus la tête qui te tourne, et tu voudrais avoir à nouveau cette sensation, sensation synonyme de bonheur éphémère, de légèreté. Au moins t'aurais oublié cette conversation demain matin avec ça... Y'a trop de bruit, tu n'aimes pas parler de ça ici, ce n'est pas le moment, pas le lieu. Tu jettes un regard à Jäyan. Il n'a plus ses beaux cheveux foncés, ils sont blonds à présent, tu ne l'avais même pas remarqué. Douée Clého, très observatrice. Tu lui attrapes la main, mais pas comme avant, pas en douceur ni quoique ce soit, c'est juste pour pas qu'il te perde de vue alors que tu te fonds dans la masse de danseurs présents. Tu bouscules les gens, et te diriges vers la porte d'entrée, sortir, à l'air frais. Ton corps surchauffe malgré ta tenue plus que légère. Tu ouvres la porte, et le lâches directement, comme si ce contact te brulait la peau. « Ici on est plus ou moins seul, et au calme. » Tu ne fais aucune allusion à ce qu'il t'a dit. Tu ne veux pas y croire.

Assise sur lui, dans ses bras (chose très étonnante, il m'avait pas repoussé ou quoi que ce soit, ni fait un commentaire ironique.. j'devais vraiment lui avoir manqué hum hum), je me sentais.. entière.. enfin presque. Sans lui et sans Keyla, sans mes meilleurs amis, j'étais rien. Les avoir perdus tous les deux en même temps quasiment, ça m'avait détruite de l'intérieur.. et le pire c'est que pour les deux c'était de ma foi. J'étais vraiment trop conne. Pourquoi est-ce que j'étais allée faire des scènes de jalousie à Hendrix, hein ? Va falloir qu'on m'explique. Y aurait suffi que j'ferme ma bouche et tout ce serait bien passé. "J'en sais rien... Mais ça coute rien d'essayer pas vrai? En tout cas moi je suis pour." J'étais prête à tout pour pouvoir l'avoir auprès de moi, quitte à devoir fermer les yeux sur les filles qui passaient près de lui. J'pouvais le tenter. Pour lui. Pour notre amitié. Enfin, si c'était encore une amitié.. notre lien, il était tellement.. atypique, unique que peu de personnes peuvent le comprendre. Faut le vivre. Quand t'es proche de quelqu'un, que tu partages des choses fortes, t'as pu envie de partager. Pour ça que j'étais sûrement aussi possessive.. j'me demande bien comment on pourrait qualifier ça tiens. Je cessa aussitôt de penser à ce genre de détails mineurs quand je vis Hendrix s'approcher petit à petit de moi.. j'commença à sentir mon coeur battre un peu plus vite sans que j'comprenne vraiment pourquoi mais d'un coup, tout s'arrêta quand j'entendis une voix dernière. Shit. C'était qui l'enfoiré qui venait nous troller là exactement ? Je me retourna avec un regard qui était tout sauf amical vers la personne concernée et le regretta aussitôt. « Hey! Salut vous deux. » à comprendre : bonjour, j'suis l'début des emmerdes. Merveilleux. Bizarrement, j'me sentais pas coupable.. ou alors juste un peu. Mais j'étais dans ses bras encore alors rien ne me faisait peur.. il était à moi. Pu à elle. Désolée. "Ah salut Devon! Ça va toi?",Oh la question qui tue. Il était sérieux en demandant ça ou quoi ? Elle avait l'air d'aller bien. Je ne dis rien, me contentant de la regarder, d'attendre sa réponse et de garder une de mes mains sur le torse d'Hendrix.

J’avais peine à y croire. Tous les deux me regardait comme si de rien était. Pire. Briony avait même osé me lancer ce regard vous savez, celui qui fait genre " Qu’est-ce que tu fou là toi? Tu vois pas que tu déranges!? " Ouais bah, j’étais au courant que je dérangeais tiens. C’était même volontaire. Et Hendrix qui me demandait comme si c’était tout à fait normal; "Ah salut Devon! Ça va toi?" Je m’arrêtai net dans mon élan alors que j’allais en rajouter, le regardant un peu par en dessous. Sérieusement Hendrix? J’avais l’air de bien aller? Était-ce même nécessaire de poser la question? Non. Et il savait aussi que le faire me rendrait d’avantage de mauvaise humeur. « J’en sais rien, peut-être que tu pourrais m’éclairer? » Je le fixai un long moment avant de tourner la tête vers Briony. Cherchant à la fois une explication et un signe de culpabilité dans son regard. Malheureusement je ne trouvai ni l’un ni l’autre et j’en fus réellement déçue.

Aie, vu sa réaction, j'aurais peut être pas du dire ça. Gee se fit un join, les mains tremblotantes, et je me dis que je dois être ridicule. Mais bon sang ! Qu'est ce qui m'avait prit de dire ça ? Je soupirai tout doucement et, plantant mon regard dans celui de la jeune fille et dit dans un murmure :

- Heu . . . tu . . . tu as raison, oui. Désolée. En fait . . . heu . . . je ne suis jamais sortie avec personne et comme tous ceux qui sortent ensemble se disent ça, je pensais que . . .

Je me tus. Ridicule. J'étais ri-di-cu-le. Rouge jusqu'aux oreilles, je repris une gorgée de ma bière pour essayer de cacher mon trouble. Mais vraiment, quelle conne j'étais. J’espérais que Gee ne me tiendrait pas rigueur de ce que j'avais dis.