Pammer,
you fill my lungs with sweetness and i fill my head with you
Je me sentais mal de perdre un ami, et comme si cela ne suffisait pas il fallait que tout ceci vienne jeter l’huile sur le feu avec Paris. Pourquoi devais-je justifier l’importance de ma souffrance ? Sous prétexte que Bonaventure n’avait été qu’un ami, je devais mesurer mes sentiments ? Je regardais Parsi avec de la peine dans mon regard. Il me reprochait d’être entière…alors qu’il n’y a pas si longtemps, il aurait sans doute vu cela comme une qualité. Et son « j’en sais rien à toi de le me dire » qu’il avait sorti comme moyen de défendre ses propos sur le sujet, ça m’avait encore plus blessé. Il voulait quoi exactement ? Que je lui montre comment j’allais me ressentir à la perte d’un petit-ami ? il voulait peut-être qu’on se sépare ? Juste pour voir si ma souffrance est bien au centuple de celle que je ressens depuis le départ de Bona ?! C’était ridicule…J’avais préféré ne pas réagir. A la place je me refermais comme une huitre, bousculée par les vagues houleuses qui la secouait. J’étais démunie, et surtout perdue : surtout qu’en règle général, quand on dispute s’annonçait entre Paris et moi habituellement, vers qui je me tournais ? Vers Bona. Et quand j’avais un problème avec mon meilleur ami, c’est vers Paris que je me tournais…mais cette fois-ci, Paris ne pouvait pas me comprendre. Il était blessé par mon comportement, et moi je l’étais par le sien. Et le pire, c’est que si j’avais été méchante et revêche, je lui aurais sans doute dit que j’aurais bien voulu qu’il perde ses amis, pour voir comment lui il réagissait. Mais premièrement je ne le souhaitais à personne, et deuxièmement, le Dunster aurait été capable de me dire qu’il n’avait besoin de personne pour avancer. C’était peut-être là tout mon défaut finalement : J’ai besoin des autres. J’ai besoin de leurs présences, j’ai besoin d’échanger, de les voir vivre pas loin de moi, de pouvoir participer à leur vies comme ils participent à la mienne…ils sont ma famille, celle qui était jusqu’ici moins bancale que ma famille par le sang. C’est peut-être ça que Paris ne comprend pas. Que je dépends de mes amis…que je dépends de lui aussi.
Voilà pourquoi son départ me faisait peur, mais là encore je ne m’attendais pas à ce qu’il me fasse passer la pilule avec tellement de distance. Je l’écoutais et lui en voulait de croire que son absence serait aisément vivable pour moi. C’est vrai quoi, je n’ai qu’à aller passer des vacances avec Bona, et le tour est joué ! C’était n’importe quoi ! Et quand je le lui faisais savoir, la seule chose qui trouvait à me dire c’était qu’il ne m’avait pas demandé la lune non plus. Enfin, non : si je cite ses véritables paroles, c’est plutôt « je ne t’ai pas demandé de coucher avec lui non plus ! » voilà comment il résumait la situation. J’avais fini par abandonner, voyant que cette conversation ne menait à rien sinon à nous diviser. Tant pis, je ne voulais plus me justifier d’être aussi à fleur de peau. Et je ne veux pas non plus avoir à lui dire ce que cette semaine d’absence signifie pour moi. Au delà de ne pas le voir pendant la période, cela marquerait le début de sa vie, de sa carrière, de ses projets…et cela marquerait aussi le début de plusieurs absences, à répétitions. Et il ne fallait pas me faire croire qu’il n’était pas lui-même conscient de tout cela. Je m’étais promis de le soutenir dans ses projets et je le ferais. Mais il ne fallait pas pour autant me demander de faire comme si de rien n’était….
Je laissais donc Paris s’occuper d’Ashlynn, coupant court à notre conversation qui me donnait plus envie de pleurer qu’autre chose, en allant me réfugier dans la salle de bain. Mais je me sentais tiraillée comme jamais : je n’avais toujours pas envie de le voir partir ! Et encore moins en étant ainsi en froid tous les deux. J’étais en colère parce qu’incomprise et surtout sermonnée pour mon comportement trop exagérée…mais pas au point de laisser un fossé s’installer entre lui et moi. Je me regardais dans le reflet du miroir, et me sentais encore mal. Mais cette fois-ci ce n’était pas uniquement à cause de la perte de mon deuxième meilleur ami ; mais bel et bien parce que j’étais en train de perdre le peu de considération que Paris avait encore pour moi. Ni une ni deux, je tirais sur la poignée de la porte pour descendre et me ruer dans le salon, pieds nus, alors que Paris ouvrait la porte de l’entrée en hurlant dans la maison qu’il partait. Je fonçais vers lui pour me cracher dans son dos, et enserrer sa taille comme je le pouvais, un peu gênée par le sac. Mais tant pis, je ne voulais pas qu’il parte en pensant à mal, ni même qu’il soit dégoutée de mon comportement, ou encore qu’il passe sa journée à se dire que je le faisais chier avec mes états-d’âmes. « Pardon » déclarais-je de manière étouffée contre lui, avant de relever la tête pour l’observer de dos, tout en regardant Ashlynn qui m’observait, vue d’en haut. « A ce soir… »