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Isaiha regardait sa chambre d’un œil morne. Les couleurs des murs avaient cédé leur place à un noir et blanc déprimant. Tout comme son humeur. Depuis la visite de Capucine à l’hôpital, il avait l’impression de mourir à petit feu comme si rien ni personne ne pouvait égayer sa vie. S’il avait cru souffrir à la perte d’Amanda, ce n’était rien en comparaison de la perte de sa meilleure amie. Casey avait bien tenté de lui tirer les vers du nez mais il avait simplement argué qu’il se remettait simplement du choc de son agression. Un mensonge. Il avait menti à sa sœur pour ne pas lui avouer qu’il ne comptait pas tenir sa promesse. Ce soir, il s’en allait définitivement de Cambridge et de Boston. Il n’avait pas sa place dans ce monde. Au moins, dans son ancienne communauté, il n’y aurait plus de tentations, il allait doucement pouvoir guérir ses blessures et…épouser Anna. Une vie calme, un mariage arrangé basé sur un respect mutuel. Il pouvait être heureux n’est-ce pas ?! Le jeune homme boucla sa valise et attrapa son chapeau qu’il enfonça sur sa tête, faisant au passage, tomber le nouveau portable que Bonaventure lui avait acheté pour se remettre de son agression. Un geste sympathique mais qui ne lui servirait pas étant donné qu’il renonçait à tout cela une nouvelle fois.
Le Lowell s’installa sur son lit, comme pris d’un doute. Pouvait-il réellement renoncer à Capucine ? Elle lui manquait tellement depuis leur altercation à l’hôpital. L’envie de lui parler fut si forte à cet instant précis qu’il se vit défaire à toute hâte l’emballage du téléphone pour y glisser la carte sim comme on le lui avait appris. « Qu’est-ce… » fronça-t-il les sourcils en voyant une ancienne conversation sms qu’il avait eu avec sa meilleure amie. Il était sous le choc ! Une nouvelle fois. Isaiha avait beau lire et relire les sms, il n’en revenait pas et surtout, il comprenait mieux ce manque, cette sensation d’être incomplet : c’était elle. Capucine était cette moitié qui lui manquait et dont il était tombé amoureux. Sans perdre plus de temps, Isaiha quitta l’appartement pour rejoindre l’arrêt de bus, lunettes de soleil flanquées sur le nez -bien la seule touche de modernité à sa tenue. Il fallait qu’il la retrouve, il fallait absolument qu’il l’empêche de s’éloigner songea-t-il avec effroi. Il ne pouvait pas partir, il ne pouvait pas épouser Anna en sachant ses sentiments pour sa petite brune. Il savait que ce ne serait pas facile, ils avaient été blessants l’un envers l’autre mais il voulait croire que c’était à cause de tous les non-dits entre eux.
Le trajet jusqu’à son appartement fut long et laborieux tant il manquait de repère à cause de son nouvel handicap. « M’sieur chez l’Eldorado, vous trouverez les meilleurs tacos » l’alpagua un serveur d’un restaurant mexicain. « Vous les mexicains, c’est pas le moment ! » s’écria-t-il en hâtant le pas. Son immeuble n’était plus qu’à une centaine de mètres. Il aurait bien couru si ses côtes cassées ne lui faisaient déjà pas subir une souffrance folle. Cinquante mètres, vingt-cinq mètres, cinq mètres. Il était enfin arrivé, frappant à la porte avec impatience. Il avait besoin de la voir, de lui parler, de la revoir à nouveau mais il ne s’attendait visiblement pas à ce que ce soit une Capucine amochée qui lui ouvre la porte. « Doux Jésus, qu’est-ce qu’il t’es arrivé ? » paniqua-t-il aussitôt.©TOWNTROTTER.
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