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Il était paralysé par la peur. Les mots étaient sortis tous seuls, choisissant l’arabe pour s’exprimer comme pour conserver encore un peu le secret de son cœur. C’était à croire que même ce dernier se retrouvait intimité par le fait de se dévoiler. C’était la première fois qu’il prononcerait ses mots. Du moins, la première fois qu’ils prendraient autant de sens. Il l’avait déjà une fois ou deux à Emilia mais c’était dans un autre contexte, une autre relation. Pour l’heure, Bonaventure n’avait jamais dit je t’aime à une femme qu’il aimait tendrement, charnellement. Il s’était toujours trop entouré d’une muraille pour se protéger, pour tenir les autres éloignés afin de ne pas les blesser, de ne pas les mettre en danger. Or, avec Mira, c’était impossible. Il n’y arrivait pas, il était à bout de sa patience, de ses limites. Il avait envie d’être près d’elle, d’être dans ses bras, de voir ses sourires, de l’entendre dire qu’il n’était plus seul, qu’elle était avec lui. Il avait besoin d’elle comme il avait besoin d’oxygène pour respirer. Elle fit redescendre l’une de ses jambes, leur imposant cette séparation de leurs corps. Il poussa un faible soupire de plaisir face à cette dernière friction bien involontaire. Que pouvait-il dire ? La vérité ? Qu’il était tombé amoureux d’elle sans même le vouloir, qu’elle était en passe de devenir toute sa vie et qu’il crevait de peur à l’idée de la perdre car fatalement, il perdait tous ceux qu’il aimait ? Elle ne connaissait pas les sombres secrets régissant sa vie ni même la culpabilité qui le poussait à perdre le sommeil nuit après nuit. Il y avait encore tellement d’ombres à ce tableau idyllique et pourtant… Pourtant, son cœur même timide crevait d’envie de se confier à elle, d’exprimer tout haut ce qu’il pensait tout bas. « Ce n’est pas grave petit cœur » dit-il tout simplement en l’embrassant avec tendresse. Il s’était dégonflé comme un lâche mais il n’avait pas réussi à réitérer l’exploit et son cœur se serra une nouvelle fois. Même sa conscience le rouspétait. Pourquoi diable ne pouvait-il pas être honnête pour une fois dans sa misérable vie ? Lui qui se targuait de détester le mensonge, d’être franc avec les gens, dès que ça touchait son cœur, il n’y avait plus aucune valeur, plus aucune belle parole. Il se perdit quelques instants dans le regard de Mira avant de se détourner pour mieux se débarrasser du préservatif. « On ferait mieux de se rhabiller du moins moi… » dit-il avec un léger sourire. Il n’oubliait pas vraiment l’endroit où ils se trouvait. Tu parles d’un romantisme : lui confier son amour après s’être envoyé en l’air dans une cabine d’essayage. Mira méritait beaucoup mieux que ça et pourtant, il ne pouvait nier qu’il avait toujours ce besoin de lui faire connaitre ses sentiments.
Une fois rhabillé, il avisa une poubelle où il se débarrassa des dernières traces de leurs ébats. Puis, il l’attira à nouveau dans ses bras comme pour prolonger l’état de grâce. « Je.. tiens vraiment beaucoup à toi Mira » murmura-t-il au creux de son oreille, incapable de réitérer l’exploit. Qui sait, peut-être jouerait-elle les curieuses pour découvrir ce qui se cachait derrière ce mot mais pour l’heure, il voulait simplement la serrer dans ses bras.
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Ce moment magique que l'on vient de passer, même si c'est dans une cabine d'essayage, cela ne prd rien de son charme, au contraire, ajoutant un soupçon d'adrénaline avec la peur d'être surpris, que le rideau de la cabine s’ouvre soudainement pour laisser apparaître un autre visage. Je souffle doucement dans le cou de mon homme, reprenant ce dernier, essayant de calmer les ardeurs de mon coeur, encore sous l’influence des montagnes russes qu'il m'a fait subir. Je ferme les yeux, laissant doucement glisser ma jambe droite qui redescend lentement pour finalement poser la pointe de mon pied sur le parquet de la cabine, le laissant sortir de moi dans un petit mouvement de bassin, avant de finalement la question sur le mot qui est sortire de ses lèvres. Un simple murmure comme s'il n’avait pas vraiment voulu que je l'entende avant de finalement cacher son regard dans mon cou. Ce n'est pas seulement la curiosité qui me pousse à savoir ce qu'il a dit, mais le ton qu'il a employé, me faisant penser qu'il s'agit de quelque chose d'important, pour lui… pour nous peut-être aussi. Je laisse ma main dans ses cheveux, caressant ses derniers dans un geste de tendresse, laissant mes lèvres dessiner un sourire sur mon visage . Je suis heureuse, simplement heureuse avec lui, et j'aimerai savoir ce qui se trame actuellement dans sa tête « non si c'est grave, je veux savoir Bona. » dis-je après que ces lèvres se soient séparé des miennes, et mon sourire n'étant présent sur on visage que sous la forme d'une ombre, caché par l'angoisse et la culpabilité que je ressens en cet instant, si parfait il y a quelques minutes. Je passe une main dans mes cheveux, m'écartant de lui, et baissant les yeux sur mon propre corps, et mes affaires traînant encore au sol « Ouais... »dis-je doucement, le regardant se rhabiller, le regard lointain, me mordillant même la lèvre inférieure sans m'en rendre compte. Lorsqu'il disparaît derrière le rideau de nouveau habillé, je m’attelle à la tâche de rassembler mes affaires, et à mon tour, de me rhabiller. Je prends peut-être un peu plus de temps qu'il m'en faudrait, m'attelant à bien remettre sur leur cintre, les dessous que j'ai essayés pour séduire Bonaventure, repassant plusieurs fois ma main dans mes cheveux pour les recoiffer, avant de finalement rouvrir ce rideau qui nous a permis de nous évader quelques instants dans un autre monde, où nous n'étions plus que tous les deux. Je me fais peut-être des films… Je remets en place les articles, avant de sortir de la boutique, rejoignant Bonaventure, affichant ce sourire aux lèvres, ne laissant rien transparaître de ce que je peux ressentir, ce sourire de comédienne, apprit à manier beaucoup trop tôt dans la vie. Je viens me blottir contre lui lorsqu'il l'exige, fermant les yeux en nichant ma tête dans le creux de son cou, respirant son odeur à pleins poumons, comme si je risquais d'être privée d'oxygène dans les prochaines 48 heures. « Moi aussi Bona… » mais je ne suis pas sûre de te mériter. Je ne suis même pas capable de comprendre ta langue, de t'épauler comme il faut, ou de comprendre tes passions, de t'offrir tout ce que tu mérites . Pourtant je ne veux pas renoncer à toi… Je recule d'un pas, lui adressant un léger sourire . « je vais peut-être y aller, si je veux manger un bout avant d'aller travailler... »
« Un jour, je te promets que je te le dirais mais là… c’est pas le moment » dit-il tout simplement en l’embrassant pour se faire pardonner de lui cacher cela. Le problème, c’est qu’il ne voulait pas lui annoncer cela après un orgasme, dans une cabine d’essayage d’un magasin de lingerie. Il y avait mieux pour dire à une femme qu’on est amoureux d’elle n’est-ce pas ? Et puis, il était incapable de prendre son courage à deux mains pour oser lui traduire ce mot d’amour. Cela avait été spontané, pas calculé pour un sou. Or, s’il lui apportait la traduction, ce serait comme du réchauffé, ce serait mécanique et non intuitif. « Et puis, c’est vraiment pas important pour le moment » dit-il en toute honnêteté. Il y avait beaucoup plus à dire, à faire avant de se déclarer. Il avait besoin de prendre de l’assurance, d’être sûr à 100% avant de se déclarer ouvertement. Bonaventure savait qu’il se cherchait des excuses pour sa lâcheté, qu’il continuait à faire l’autruche de peur de souffrir et surtout d’entraîner Mira dans sa noirceur. Il y avait tellement encore à dire sur lui. Comment prendrait-elle le fait qu’il avait tué un homme à douze ans ? Certes, il n’avait pas entouré le drap autour de la nuque de ce pauvre homme mais il l’avait conduit dans le couloir de la mort et l’avait condamné au suicide pour ainsi dire tout simplement parce qu’il avait voulu jouer les preux chevaliers pour sa meilleure amie. Et puis que dire de la mort de son meilleur ami Jarod ? Ce dernier n’aurait jamais dû se trouver dans ce bâtiment avec lui mais il avait fait sa mauvaise tête et inquiété son meilleur ami, son frère de cœur. Deux morts sur la conscience, une culpabilité qui le rongeait sans parler de son passé de junkie qui continuait de faire des ravages dans sa vie. Oui, Mira méritait bien mieux qu’un homme brisé comme petit-ami mais il était bien trop égoïste pour renoncer à elle. Il avait besoin d’elle, elle était sa bouffée d’oxygène mais lui avouer ses sentiments serait la condamner à court ou moyen terme auprès de lui et ça, il n’en était toujours pas capable. « Ne pars pas comme ça… Laisse moi t’inviter à déjeuner » dit-il en lui prenant la main pour pouvoir prolonger leur tête à tête. Il ne voulait pas que la journée se termine comme ça, bien au contraire mais ça… cela ne regardait plus qu’eux à présent.
TOPIC CLOS.
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