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Retour au pays des merveilles • Denys

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Retour au pays des merveilles
— Denys

Le plaisir était partagé de faire cette nouvelle rencontre. J'avais presque l'impression qu'il était question d'une première rencontre, car tout était différent et maintenant que le jeu des mystères étaient terminé je rêvais un peu moins et mon coeur se serrait à l'Idée de revenir sur terre de nouveau. Je le suivais pour m'asseoir sur le sofa à ses cotées prête à entendre son long récit. Une longue histoire assez pour remplir une centaine de page ou simplement une vingtaine quand on a finalement décortiqué le problème ? Dire tout me semblait impossible et j'avais peur de dévoiler ma faiblesse, les petits problèmes de la fée, une créature féerique ne devrait pas en avoir. Elle devrait se soucier simplement de répandre un peu de bonheur.«Oui...» je soufflais doucement. «Je te dirai tout.» Il me disait qu'il était aussi le meilleur ami de Lyra. Je repassais en revue mes souvenirs en sa compagnie et lorsqu'il déposait son prénom je me rappelais l'avoir déjà entendu. Je ne m'étais tout simplement pas attardé sur ce détail, mais je savais qu'au fond il avait une grande importance. «C'est fini les mystères faut croire, Veïa. » Je laissais retomber mon prénom d'une langue étrangère avant de lui tendre la main avec un léger rire. Nous avions pas fait les choses de la même façon et je préférais que cela reste ainsi. Il resterait toujours mon Peter Pan.

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Et assis à côté d’elle sur le petit sofa, elle me souffla qu’elle me dirait tout également. Tout de ses soucis qui elle aussi l’étouffaient surement. Des soucis qui la poussaient à répondre –vodka- quand elle demandait ce qu’elle désirait dans son verre. Des soucis qui la conduisait à s’isoler autour d’un lac la nuit. Les mystères n’avaient plus leur place désormais, le voile se levait peu à peu. Veïa. Mon sourire s’étira, parce que j’avais forcément entendu Lyra me parlait d’elle parfois. J’attrapais la main que la jeune femme me demandait, mais une poignée de main sonnerait surement comme trop solennelle et c’est avec une lueur d’amusement que j’amenais ses doigts jusqu’à mes lèvres pour un galant baise main d’un autre temps. « Enchanté de te rencontrer officiellement Veïa. » L’information selon laquelle la blondinette était proche de ma meilleure amie devrait probablement me freiner vis à vis de tel rapprochement. Oui, c’était plus prudent, surement… Je libérais donc sa main, reprenant une gorgée de vodka, comme pour occuper mes lèvres à autres choses, leur faire oublier le goût des siennes que je ne toucherais probablement plus… C’est la meilleure amie de Lyra. Chasse interdite donc. C’était déjà suffisamment un bordel monstre comme ça. « Alors qu’est-ce qui te tracasse Clochette ? » Je m’amusais à reprendre son surnom d’avant, comme si j’avais du mal à lui retirer ses ailes, à cette petite fée à côté de moi.
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— Denys

J'attendais qu'il prenne ma main, car il faut croire que j'avais pu pensé pendant un moment que nous pouvions être solennel d'une certaine façon. Le contraire venait à ma rencontre lorsqu'il porte ma main à ses lèvres pour un baise main digne d'une autre époque. Je souriais à cette façon de me saluer qui me plaisait tant.qui me faisait penser que je m'étais envolé dans un conte de fée à nouveau. «Enchanté de te rencontrer aussi cher Denys.» Nous avions réussi à garder le mystère pendant toute une nuit. Maintenant que nous partagions un grand point commun il était dur de ne pas révéler une anodine information que les gens ont tendance à informer en premier. La différence c'est que nous nous somme pas tout le monde Ce baiser me rappelait que j'avais goûter au sienne avec les miennes quelque chose que j'avais du mal à oublier même si j'avais été égaré par l'alcool et les joints au cours de cette nuit. Ce petit jeu était devenu interdit sous les rayons du soleil, mais ce qui est interdit est toujours plus attirant. Nous avons récrie l'histoire de clochette et de Peter Pan, cette version est plus merveilleuse. Je suis surprise de voir que je dois commencer dans les confessions. J'apporte mon verre à mes lèvres pour prendre une grande gorgée. Par où commencé... «Je dois commencer en plus...» Je ne lâche pas son regard, mais la nervosité s'empare de moi. «Un frère jumeau qui ne veut pas de moi.» Commençons par les problèmes familiales.

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Les présentations étaient faites, officiellement, mais avec l’originalité d’un baise main, parce qu’on était Peter Pan et Clochette, je pouvais pas imaginer qu’on se sert uniquement la main de manière banale et convenue, comme deux inconnus… Parce que nous n’étions pas encore des amis, mais pas tout à fait des étrangers pour autant. J’avais l’impression, même à présent que le mystère était levé, qu’il y avait toujours cet espèce de lien invisible entre nous, ce truc qui m’attirait à elle… Et pourtant. J’avais désormais un gros alibi pour empêcher de nouveau rapprochement avec la demoiselle. Alors plongeant mes lèvres dans l’alcool, j’écoutai le début de ses confessions, et c’est d’ailleurs avec un petit ton de reproche qu’elle souligna le fait d’être obligée d’ouvrir la voie. Elle le fit quand même, lâchant l’info sur un frère jumeau qui la repoussait. « Aïe… » grimaçai-je en lançant, à mon tour, une information sur ma famille, peut être dans l’espoir d’adoucir sa peine : « Un frère aîné qui m’a chassé d’Australie. » racontai-je alors. « Il voulait que je reprenne mes études. » En soit Priape avait agi pour mon bien, ce qui n’était peut être pas le cas pour mon interlocutrice. « Qu’est-ce qui s’est passé pour toi ? »
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— Denys

J'avais cette forte impression qu'il y avait toujours cette légère attirance, ce petit jeu innocent digne de deux enfants qui nous liait depuis cette première rencontre. Il serait dur de faire envoler ce qui nous a rapprocher le temps de quelques heures, en fait moi j'aurais du mal à l'oublier. Je me fais souvent emporter par des histoires stupides, car je suis trop fleur bleue, trop rêveuse. J'avais lâché une grande confession, car il était une des rares personnes à être courant d'Harlow, mon frère jumeau qui avait une très grande indifférence envers moi. C'est cette épreuve qui m'avait poussé à fuir Cambridge pendant deux mois, c'est cette épreuve qui me poussait à boire ces temps si. J'étais le vilain petit canard à jamais rejet de sa famille. Après une grimace sur son visage il me lançait une confession qui pour moi me semblait être une bonne chose. «Dis toi qu'il se soucie de toi.» Dans mon cas il m'a chassé, car je n'étais pas digne de rentré sa vie et que je devais écopé pour l'erreur de mes parents, pour des choses que je n'ai même pas choisi. «Des parents indignes qui ont gardé juste un de nous deux. Et c'est moi qu'ils ont choisi. Du coup j'écope » Je gardais mon regard sur lui, car j'avais toujours été capable de soutenir un regard malgré mes paroles, mais ma voix se craquait doucement et je revenais rapidement à mon verre.

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 Si notre première rencontre avait été tout en légèreté, la deuxième était emprunte d’une toute autre gravité. Le sujet de nos soucis s’imposant rapidement entre nous. Soulager nos consciences, vider nos sacs, peut être qu’ainsi, avec ce sérieux dans nos voix, on oublierait un peu cette attraction qui semblait nous pousser l’un vers l’autre mais qui ne devait plus être d’actualité. Je parlais de Priape, de son coup de pied au derrière pour me renvoyer étudier, rien en comparaison de ce qui s’était passé pour elle. Ses parents n’avaient gardé que l’un d’eux, elle en l’occurrence. Son jumeau lui en faisait payer le prix. Ma main glissa doucement vers la sienne, pour saisir ses doigts. Un petit geste de rien. Mais petit réconfort quand même. « Les parents indignes je connais par contre… » Si j’avais la chance d’avoir une relation privilégiée avec mes deux frères contrairement à mon interlocutrice, ce n’était absolument pas le cas avec mes parents. « Ton frère ne peut pas t’en vouloir éternellement pour quelque chose dont tu n’es pas responsable… Peut être qu’il va revenir vers toi… »  L’optimisme à toute épreuve. C’était tout moi, c’était comme ça que j’avais fini par faire se réconcilier mes deux frangins.
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J'aurais préféré rester au pays des merveilles, je ne voulais pas retourner dans ce monde qui ne m'apportait pas beaucoup de bonheur pour le moment. Dans notre univers à nous deux il n'était pas question de problèmes juste l'envie de s'envoler main dans la main. J'avais déposé un sujet lourd dès le départ. Je l'avais revu depuis mon retour et j'avais explosé devant lui, je l'avais frappé à multiple reprise sur le bras, des petits coups faibles de mes poings frêles. Comme si j'avais pensé pendant quelques secondes que cela pouvait m'aider à me faire apprécier d'avantage. J'étais contente de savoir qu'il me comprenait sur un point, sur le fait d'avoir des parents qui ne savent pas faire les choses. Il prit doucement ma main et ce simple contact réchauffait doucement mon âme en peine, mes pensées douloureuses. Je voulais faire disparaitre ce petit nuage au dessus de ma tête. Chasse le je t'en prie et fait pousser quelques rayons pour me réchauffer à nouveau. Mes doigts caressaient doucement la sienne sans même m'en rendre compte. «Mais tu vois c'est même pas qu'il m'en veut...»  Je n'allais pas fondre en larme, car j'étais plus forte que cela, mais dire les choses me demandaient beaucoup d'efforts et je marquais des pauses même si je ne le voulais pas. «Il est juste indifférent, il ne veut pas de moi dans sa vie...on est tellement différent.» Je finissais mon verre . «Et merde c'est toi qui a besoin de se confier pas moi.» C'est moi la fée, c'est moi qui doit t'aider.

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 Je compatis, doucement, blessé comme elle par les faiblesses et les incompétences de certains parents... Les siens et les miens collant bien à ce modèle parental décevant. J’étais malgré tout triste pour elle de constater combien ses relations avec son jumeau étaient tendus. Ma main dans la sienne, je sentis ses doigts répondre à ma prise par de douces caresses. J’essayais, par mon geste, par mes paroles chargées d’optimisme, de lui remonter le moral, mais la situation semblait dans une impasse. Elle me raconta combien il était différent, combien il l’ignorait, ne voulant pas d’elle dans sa vie… « Il ne sait pas ce qu’il rate… » Qui pouvait vouloir repousser une fée comme elle ? Mon regard se perdit un instant sur la demoiselle, profitant de cette proximité entre nous pour détailler les traits fins de son visage, qui bien qu’elle prenait sur elle, trahissait bien la peine due à ces tensions avec son jumeau. Elle finit son verre, d’une traite, et tourna de nouveau son regard vers moi pour me rappeler à l’ordre : j’étais celui qui étais censé avoir besoin de se confier. « Peter Pan a aussi des oreilles tu sais… » Et une épaule sur laquelle pleurer… « Et puis en fait, j’ai pas envie de te bassiner avec mon ex… » Parce que raconter à la blondinette combien j’étais encore et toujours accro à une autre, bizarrement, ça ne me paraissait pas être un bon plan, le genre de plan qui grillerait toutes mes chances de goûter une nouvelle fois aux lèvres de ma jolie fée. Et en même temps, ce n’était pas censé se reproduire…
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On ne choisit pas sa famile il faut apprendre à vivre avec celle qu'on nous a offert. J'ai appris à grandir en étant ignoré et je sais maintenant que cela m'a laissé des séquelles. Ce qui me tue au final c'est de voir le scénario se répeter à nouveau, de voir ma mère en Harlow. C'est la génétique me direz-vous. Sa main dans la mienne, mes doigts qui caressaient la sienne, une simple caresse, un simple geste assez pour me faire du bien, pour ravaler mes blessures pendant un moment. C'est tout ce que j'avais besoin de mon Peter Pan rien que pour moi et un peu d'alcool dans mes veines. Il ne voyait pas le mal qu'il y avait de lui parler de mes problèmes, moi je voyais que je n'endossais pas bien mon rôle de fée et je devais y remédier.  «Et je t'en remercie sincèrement. »  Mon cahier avait tendance à récolter toute mes peines et ma frustration et du coup le rôle était inversé cette fois, car il avait tendu une oreille. Il ne voulait pas me parler de ses problèmes et je me disais que sa part du marché n'était pas complété. Avais-je vraiment envie à la fois l'entendre parlé d'une autre fille. Aujourd'hui, j'avais envie d'être unique qu'il m'embrasse de nouveau encore une fois, mais je ne pouvais pas ignorer qu'il était peut-être déjà accro à une autre.  «Tu peux tout me dire tu sais... Je suis là pour ça après tout, n'oublie pas que je suis ta fée.»  Je continuais de caresser doucement sa main, n'ayant plus mon verre à la main pour oublier ses lèvres et ses anciens baisers. Et si on oubliais un instant que c'est interdit et qu'on n'est plus la nuit.   

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  J’étais là pour elle, moi aussi, pour lui apporter un peu d’évasion, de réconfort, pour absorber un peu son chagrin, l’écouter et l’épauler. C’était ce pourquoi étaient faits les amis non et comme la demoiselle l’était avec Lyra, elle était en bonne voie pour devenir un jour une de mes amies également… Sauf qu’il y avait cette étincelle, ce petit truc, ces frissons que ses doigts qui caressaient les miens avaient le don de faire naitre en moi… Je finis également mon verre, l’abandonnant sur la table puis j’essayais de faire abstraction de tout ça, et pourtant, quand elle me soufflait que c’était à mon tour de me confier, de vider mon sac, mes peines de cœur, je n’avais plus aucune envie de m’épancher sur mon ex et mes sentiments pour cette dernière… Non, j’avais une toute autre envie, scrutant ses lèvres, sa bouche. « Ma fée… » répétai-je avec un sourire charmé en la dévorant de yeux.  « Je peux tout de dire alors ? » répétai-je pour être bien sûr de la permission qu’elle m’accordait. Mon visage s’approcha alors dangereusement du sien, ma main libre venant se poser contre sa joue pour l’effleurer avec douceur. « Je peux te dire que j’ai terriblement envie de t’embrasser à nouveau ? » La dernière fois, on pouvait remettre ça sur le compte du jeu, du joint, de la nuit et de l’ambiance particulière du moment. Mais aujourd’hui, comment expliquer cette attraction qui me poussait invariablement vers elle ? C’était une pote à Lyra, une pote à Lyra !! La petite voix dans ma tête hurlait mais mon corps refusait d’écouter, venant réduire encore davantage le peu de distance qu’il restait entre nous.
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