HAPPASIYA ► so jealous...

Voilà qui balayait mes dernières réticences à tenter l'aventure avec Happy. Je lui répondis par un sourire qui, en quelque sorte, signait notre accord. J'eus d'ailleurs un second geste tendre vis à vis de lui en posant ma main sur son coeur. Et je décidai de poursuivre sur le ton plus léger qu'il venait de lancer, il y en avait assez des larmes pour ce soir...

-Rouillé ? Comment ça ?

Effectivement, les larmes ne semblaient plus à l’ordre du jour et voilà qui soulageait Happy. La peine, la tristesse lui arrachaient le cœur plus assurément qu’un bouquin ou un film poignant. Il fut sensible à la présence de la main d’Anastasiya contre son cœur, et n’hésita pas à en sourire alors que ce geste lui offrait un petit frisson agréable. La première vraie bonne sensation de la soirée. « Rouillé dans le sens où je n’ai pas été en couple depuis un lustre et demi, au bas mot ! Ma séduction à moi elle est juste physique, donc inutile… tu vois, tu vas m’aider aussi ! »

[list]Pour la première fois de la journée, et même depuis la veille, je me sentais apaisée, seule en compagnie de Happy. Lui-même paraissait plus serein, c'était tout ce que je pouvais espérer.

-Dans un sens, ce n'est pas plus mal ! Après tout, enchaîner les aventures de coeur, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux, je parle en connaissance ! Quant à ta séduction, je dois bien reconnaître que physiquement parlant tu es plus qu'à ton avantage mais ce n'est pas ce qui me plaît chez toi, c'est ce que j'ai sous la main... Ton grand coeur.

Happy ne pouvait pas être plus d’accord avec Anastasiya. Il ne connaissait sûrement pas toutes ses mauvaises aventures en matière de cœur, et peut-être était-ce mieux qu’il n’en sache pas grand-chose finalement. L’envie de détruire quelques nez s’apaiserait de cette façon. « Oh t’en fais pas pour ça, j’en ai marre d’enchaîner tout court ! Une chance, je ne montre pas « mon grand cœur » à n’importe qui. Pour ainsi dire, tu es une privilégiée. L’avantage, c’est qu’il fait bien écho au tien, te grand cœur » reprit-il en déposant juste un doigt à l’emplacement du cœur de la brunette.

Maintenant que nous nous étions décidés implicitement à tenter l'aventure tous les deux, il nous faudrait mettre quelques petites choses au point, notamment le boulot de Happy et mes peurs envahissantes, voilà un challenge réciproque qui ne pourrait que renforcer notre lien... Je lui fis un petit sourire à sa remarque.

-En tout cas, fais moi confiance, j'en prendrai soin, je te le promets.

Et avec moi, les promesses ne sont jamais de vaines paroles. Pour sa part, mon coeur battit plus rapidement lorsque Happy y posa son doigt. Je posai alors ma main sur la sienne, non pas pour la retirer mais pour l'encourager à la laisser.

-Il n'est pas grand avec n'importe qui lui non plus !

Pour le moment, Happy n’avait aucune espèce d’envie de parler de son boulot, car il ne savait que trop bien à quel point ce sujet serait abordé à leur retour du Summer Camp. La rentrée, les confréries, les bizutages… au milieu de tout ça, le fait qu’il soit gigolo resterait à l’esprit d’Anastasiya, il s’en doutait, et ne pouvait guère la blâmer pour cela. « Tu as toute ma confiance… aveugle confiance même ! » renchérit-il, comprenant au passage l’invitation de la brunette à laisser sa main là où elle était, à savoir contre le cœur de la demoiselle. Il se pencha pour embrasser simplement sa joue, ponctuant ce geste d’un tendre sourire. « Je suis un peu un VIP alors ? »

J'évitai de me lancer dans des réflexions sur l'avenir, même proche. J'avais pour le moment besoin de profiter de cette sérénité retrouvée. Le moment de penser à autre chose viendrait bien assez vite pour que je l'anticipe ! Je préférai de loin rester en compagnie de Happy sans voir autre chose que l'instant présent qui était des plus agréables.

-C'est ça ! L'unique VIP de mon coeur !

Happy ne put décemment s’empêcher de sourire, apprenant à profiter de l’instant présent. La phrase d’Anastasiya était on ne peut plus encourageante, qui plus est, et il décida de s’y accrocher. Un pas après l’autre ? C’était sa nouvelle philosophie. « Tout comme tu es la mienne ! » lança-t-il d’un ton doux. « Je pense qu’on ferait mieux de rentrer. On risque d’attraper la crève… un bon film te tente ? Comme ça on pourra aussi faire connaissance avec ta sœur » proposa-t-il, l’aidant à se relever après l’avoir fait lui-même. La nuit allait être belle et clémente. Ils l’avaient mérité tous les deux.

The end