La visite autour du Lac d’or avait immédiatement intéressé Happy. Il aimait les nourritures intellectuelles autant que culinaire, d’autant qu’il ne connaissait absolument pas la région. Amasser les souvenirs était devenu pour lui sa quête première, à laquelle venait s’ajouter, aujourd’hui, la présence d’une blonde qui ne le lâchait pas d’une semelle. Si au départ, elle avait simplement souhaité faire la visite avec lui, le fait qu’elle le colle et s’accroche littéralement à son bras lui donnait presque envie de fuir. « T’as peur de me paumer en route ? » plaisanta-t-il, l’air étonnement rayonnant. « Bah nan mais j’aime bien être avec toi chou ! » se dandina-t-elle, papillonnant des yeux telle la biche séductrice qu’elle semblait être.
La demoiselle s’accrochait non plus seulement au bras d’Happy mais également à son cou, allant jusqu’à lui sauter dans les bras. Comme s’il allait la porter ! Plus les secondes filaient, et plus cette blondinette, qu’il ne connaissait pratiquement pas, était tactile envers sa personne. Elle le suppliait d’ailleurs de la porter, embrassant sa joue, jouant des cils, démontrant par a+b que l’américain n’avait pas de technique de drague aussi lourde. Il avait encore du niveau avant d’arriver à celui de cette nénette. « Hey doucement bichette, si tu m’arraches ma chemise ça va pas le faire ! » tenta-t-il de se défendre, certes pas très violemment. L’idée n’était pas de la repousser avec violence non plus.
A trop ne pas vouloir blesser la gente féminine, Happy commençait à avoir l’impression d’être une véritable carpette. Sensation hautement désagréable dont il aurait bien voulu se débarrasser au plus vite, en même temps que cette blonde collante ne lui inspirant rien d’autre qu’une sorte de dégoût. Oui, elle ne lui plaisait pas. Il y en avait eu d’autres avant elle, et il y en aurait sûrement beaucoup d’autres après. Il essayait de se dégager de son emprise, sans violence, pour ne pas lui faire mal, mais une voix qu’il aurait pu reconnaître entre mille s’éleva bientôt dans l’atmosphère : Anastasiya. Visiblement remontée. « J’ose espérer que c’est pas à moi que tu balances ça ! » fit-il, légèrement surpris. La blondinette roucoulait toujours, et il la décrocha subitement de lui, sans autre forme de procès. Il regardait la brunette droit dans les yeux, sourcils froncés.
Très étonnement, la blondinette commença à reculer, sentant sûrement le vent tourner. Quant à Happy, il tombait des nues. Anastasiya lui ferait une crise de jalousie qu’il n’en serait pas étonné. Enfin, si… elle n’était pas censée en faire une. Du moins en théorie. « Moi je me fous de toi ? J’espère que tu déconnes ! Pourquoi tu me tapes une crise de jalousie Anastasiya, hein ? » demanda-t-il, pas mécontent qu’ils soient tous seuls pour le moment. Se donner en spectacle devant public, très peu pour lui. « C’est toi qui n’a pas répondu à ce qui s’est passé l’autre soir je te rappelle » fit-il dans une voix plus basse, histoire qu’elle soit la seule à l’entendre.
La réaction d’Anastasiya le scia complètement, au point qu’il n’en demeure bouche bée durant de longues et pénibles secondes. « Ouais je ne suis pas ta propriété, effectivement. Alors t’as que dalle à dire sur ce que je fais ou pas » reprit-il froidement, s’éloignant même d’un pas, son regard laissant apparaître une colère qu’il tentait tant bien que mal de maîtriser. Le pire dans tout ça ? C’est qu’il ne serait jamais en mesure d’oublier ces paroles. D’oublier cette crise inattendue, inexplicable et la rage dont elle semblait être possédée. « Moi j’ai menti ? Elle est bien bonne celle-là… tu sais quoi ? Je suis peut-être bientôt sourd mais toi dans le genre aveugle ma vieille… tu te poses là ! Je m’en fous de cette meuf, j’aime juste pas être mauvais et désagréable gratuitement ! Apparemment ça fait une différence entre nous deux. Mais tu sais quoi ? Pourquoi tu viens même me parler si t’es si persuadée que je ne suis qu’un connard ? Te donne pas cette peine si t’en as rien à carrer ! Merci de me prouver à ton tour que les gens sont que des sales égoïstes qui prennent les confessions des gens pour s'en servir ! Tu vois si j'avais deux minutes, je t'applaudirais. Mais non. Ce serait louer ta connerie et je n'ai pas de temps pour ça. T'as bien fait de ne pas prendre part à ce baiser, j'aurais été le plus gros con de la terre en te disant que je tiens vraiment à toi tiens ! Va chier Ana ! » Il secoua négativement la tête et poussa presque la blonde en question dans sa colère. Il ne valait mieux pas qu’elle entre en scène celle là. Il ne s’éloigna que de quelques pas, évitant son regard, prêt à ne pas faire cette foutue visite finalement.