Invité
est en ligne
Invité
Un train de retard. Et encore c’était un euphémisme. Il m’avait fallu des jours et des jours à cogiter, l’entendre dire qu’elle ne voulait plus me voir, apprendre qu’elle était à Paris avec Baptiste, discuter avec ce dernier via sms à cœur ouvert et discuter avec Nina ensuite pour réaliser l’évidence que je niais : j’avais Kyla dans la peau. Et au final, je n’avais besoin de rien d’autre, de personne d’autre sinon elle. Alors oui, j’étais prêt, après mille conneries, à assumer cela et à me lancer dans l’aventure de l’exclusivité avec elle. Aventure nouvelle, pauvre novice que j’étais en la matière. La seule véritable histoire que j’avais à mon actif remontait à mon adolescence et c’était soldé par un cuisant échec. Ce qui me foutait doublement les boules d’ailleurs. Presque autant que ces fichues turbulences. Me crispant sur les accoudoirs, ma respiration s’emballa, mon pouls s’accéléra et je me raidis. Je tentai d’ironiser sur l’univers qui s’acharnait sur moi mais je blêmis rapidement et me tus, tendu comme jamais. Je hais l’avion. Vivement qu’un type invente la téléportation, je serais le premier à investir là dedans bordel. Mais aujourd’hui, j’avais ma Kyla anti stress à côté de moi. Elle ferma le rideau du hublot, me parla calmement, reprenant mes mots et me soufflant de la regarder. Mes prunelles s’accrochèrent aux siennes comme un rescapé à sa bouée de sauvetage et bus ses paroles rassurantes. Les hôtesses servaient à boire. « Un verre. Il nous faut un verre. » Pour arroser notre mise en couple. Et pour noyer ma trouille de l’avion. Et quand elle essaya de me délier la langue, je retrouvais un semblant de sourire pour lui avouer : « T’as des yeux magnifiques. L’avion peut se crasher en fait je vais mourir heureux… »(Invité)