Septième ciel (Kyla)

" Si tu m'avais dis l'inverse, je ne t'aurais pas cru " Riais-je légèrement. L'ambition, se démener pour avoir plus, toujours plus, encore plus... J'avais développé cette âme de compétitrice lorsque j'avais commencé les compétitions de danse. Il avait toujours fallu être la meilleure, la première, passer des heures à faire et refaire les mêmes enchaînements jusqu'à les exécuter à la perfection même si cette perfection, ce sentiment de perfection était inatteignable que je le veule ou non. Il y aura toujours mieux, toujours plus, toujours... La perfection n'existe pas et non, même mon compagnon pour le voyage ne l'était pas, parfait. Je souris ensuite, l'entendant dire que le nudisme est autorisé mais seulement dans sa suite. " Bon et bien... J'aurais la marque du maillot alors " Soufflais-je, faussement déçue. Bon, qu'on s'entende, je n'avais pas mis de haut de maillot au Chili ni à Dubaï et ce n'était clairement pas maintenant que j'allais commencer. Hors de question de voir mon corps bariolé de traces dégueulasses. Je voulais un bronzage uniforme et pas un reste des maillots de bain des plus affolants que j'ai acheté. Je me glisse dans ses bras et tente de prendre sur moi, soupirant légèrement, fermant les yeux quelques secondes pour me calmer, pour me remettre en condition voyage et m'assurer intérieurement que je ne risque rien. On est dans un aéroport, il y a des caméras partout, des gens partout, je ne risque absolument rien. Je peux dire ce que je veux, je recommence à stresser parce que c'est lors de notre dernier voyage que Dimitri est réapparu et je n'ai aucune envie de le voir réapparaître dans ma vie une nouvelle fois. Et puis, j'énonçais une fois encore cette exclusivité que je souhaitais. De mon côté, elle était claire nette et précise mais du sien, c'était toujours flou, comme après une signature de traité entre pays... On ne sait pas trop où se positionner, oui, non ? Va-t-il y avoir des laisser passer, des soucis avant que tout soit bien stable et compris par les deux parties ? Nous sommes l'Europe à l'époque de ses fondements, de ses traités, en quelque sorte. Je souris quand il parle d'avoir l'été devant nous. À quel point a-t-il réfléchis à cette question qui me retourne l'esprit, les idées et l'estomac ? Debout derrière lui, mes mains massant ses épaules nouées, je souris légèrement. " Je t'imaginais avec moins de vêtements, moins de monde autour de toi et avec une huile de massage dans les mains " Là c'était très rudimentaire. Je me penche légèrement vers lui et souris, près de son oreille. " Et je pense que j'aurai moins d'habits sur moi aussi " Soufflais-je en me redressant pour reprendre mon petit massage, quelques minutes, profitant de ce moment de calme avant de passer les douanes et d'embarquer dans quelques instants. Notre porte d'embarquement s'afficha rapidement et je stoppa mon massage. Un baiser sur sa mâchoire et je repasse à côté de lui. " On y va ? Histoire qu'on soit les premiers dans l'avion ? " Et qu'on puisse discuter de choses importantes sans devoir s'arrêter pour voguer d'un bout à l'autre de l'aéroport, en grande partie.

  On s’entendait bien donc sur notre amour du –toujours plus-. Ambition, toujours et encore alors j’approuvais sa gourmandise et elle n’en était pas étonnée. C’est que depuis janvier, elle avait bien pratiqué le Wildingham, elle savait comment je fonctionnais.  Je soufflai ensuite, concernant son envie de nudisme, qu’elle pourrait s’y adonner à souhait, uniquement dans ma chambre, ce à quoi elle répliqua qu’elle aurait des traces de maillot. « Les zones blanches seront mes préférées. » promis-je avant de repenser à un truc : « On a jamais pris le temps de se départager après notre concours de bronzage chilien. » Alors, c’était quoi à l’époque ? L’annonce de mes fiançailles ? L’éruption volcanique ? Oui surement un peu tout ça qui avait dissipé le jeu que l’on avait lancé alors. Enfin, c’était certain que Kyla l’aurait remporté, mais ça je le reconnaitrais pas. Et d’ailleurs, c’est assuré et confiant que je lançai : « On rejoue pour l’été ? » Distraction proposée avant de la serrer contre moi, sentant qu’elle stressait, qu’elle angoissait, que les mains baladeuses de cette fonctionnaire de mes deux avaient du raviver d’horribles souvenirs. Elle était crispée, et enroulant mes bras autour d’elle, je la sentis peu à peu se détendre. « Ca va aller… » C’était moi le stressé de la classe éco normalement, mais pour le coup, mes petits a priori de richard coincé, je les oubliais un peu. Et le sujet tabou revint, trop vite peut être. Parce que si tout à l’heure, dans la voiture, j’avais été à deux doigts de me lancer, avant l’intervention de mon crétin de chauffeur, là dans cet aéroport grouillant de badauds, je ne me sentais pas… Je ne le sentais plus… Pirouette et on changea de sujet. Orientant la discussion sur le massage qu’elle me prodiguait. Ok, on était d’accord, ce n’était pas vraiment ce qu’elle comme moi avions en tête. « On se contentera de cela pour le moment. » Sauf que son souffle dans mon cou, et ce qu’elle me murmure, ça avait le don d’attiser mon désir. « Vivement ce soir… » Et la liste des choses à faire, j’en faisais mon affaire : il n’y avait qu’une priorité. Arracher les vêtements de la demoiselle et baptiser notre lit en lui faisant l’amour toute la nuit. Le panneau lumineux afficha notre numéro de vol et Kyla proposa alors qu’on aille directement embarquer, parmi les premiers. « Tu me gruges pas ma place près du hublot pas vrai ? » acquiesçai-je en me levant, direction la porte d’embarquement où les hôtesses s’emparèrent une dernière fois de nos passeports et billets pour une ultime vérification.

(Invité)