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Ces derniers temps, avec toutes les magouilles, machineries et plans machiavéliques que j’avais en tête, une soirée à rigoler et se détendre avec des bleus était tout ce qui me fallait. Alors voilà, un énième restau avec le gratin d’Havard. La poignée d’Eliot avec qui j’avais dîné venait de partir et je terminais de siroter un cognac grand cru au bar de l’établissement étoilé où nous avions dîné tous ensemble. Un repas qui n’avait pas atteint son but puisqu’à peine mes amis partis, me revoilà à broyer du noir, à penser à elle, à ce vide qui m’oppressait lorsqu’elle n’était pas là et à ce pouvoir exaspérant qu’elle avait donc sur le fait que je me sente bien ou non… J’étais celui qui était fiancé, j’étais celui qui avais affirmé vouloir sortir Kyla de ma vie, et pourtant, chaque cellule de mon corps, chaque parcelle de mon être la réclamer… Au point que je la voyais partout… Comme à cette table là bas, où une brune dînait, assise face à un type en costard, dans une élégante robe de soirée… Sauf qu’en y regardant de plus près, plissant légèrement les paupières, je dus me rendre à l’évidence : ce n’était pas un mirage, pas le fruit de mon imagination. Kyla était bien installée quelques tables plus loin. La demoiselle se levait d’ailleurs, je la suivis des yeux, elle me paraissait bien pâle et chancelante, et après quelques pas, sa démarche commença à vaciller. Je délaissais mon verre pour me précipiter derrière et je la réceptionnai in extremis au moment où ses jambes semblèrent se dérober sous elle. « Kyla ?? Qu’est-ce qui se passe ? Tu m’entends ? » demandai-je, la jeune femme dans mes bras, me dirigeant vers un sofa dans l’entrée de l’établissement pour l’y installer.(Invité)
Un SMS arrive sur mon portable du boulot et je lève les yeux au ciel. Je n'ai pas envie de sortir, surtout pas pour ce genre de chose. Il est dur de me faire sortir de l'appartement ces derniers jours et même Dante commence à baisser les bras. Je ne peux pas lui en vouloir. Je suis chiante à souhait, je ne mange plus et je bouge énormément dans le lit qu'on partage. On a presque pris l'habitude et je crois qu'il ne veut pas rester trop loin de moi, au cas où j'ai besoin de lui. Mais j'ai pas le choix, je peux pas refuser même si j'en meurs d'envie. Peut être que cette soirée me fera du bien à l'esprit. Et puis, je vais quitter mon jogging dégueulasse et ça, c'est bien. Une bonne douche, j'attache mes cheveux encore humides en une queue haute, un collier, une paire de boucle d'oreilles en diamant et je finis par enfiler une robe rouge de chez Elie Saab, c'est une de mes plus belles robes et la plus couteuse, de loin. Mais il faut que je mette le grande jeu ce soir pour pouvoir contrebalancer avec mon humeur de chien. Je descends à l'heure et une belle voiture m'attend. Je rencontre Harry, un jeune anglais en voyage à Boston et qui veut passer un bon moment. Manque de bol, il a pas choisi la bonne escort mais je souris largement tout le long du chemin et du repas où je ne mange pas grand chose. Un risotto aux truffes trop sec et pour un risotto c'est quand même le comble ! Je m'excuse auprès de mon hôte et le prévient que je reviens rapidement. Je vais surtout essayer de me barrer et je m'en fiche pas mal de ne pas être payée. Sauf que je me lève bien trop vite et sens ma tête tourner. Je pose une main sur le bras d'un serveur qui passe par là, lui souris et reprends mon chemin avant de vaciller complètement. Je sens des bras autour de moi.