Tommy ✻ take my hand

Il n’était pas totalement sûr pour l’entorse mais il était prêt à l’accompagner chez un médecin pour qu’elle en ait le coeur net. Pour le moment, le bandage allait tout de même soulager la douleur et empêcher sa cheville d’enfler alors c’était toujours ça de fait. Il voulait appeler ses proches pour voir si tout allait bien mais il avait laissé son téléphone à l’hôtel et il n’y avait sûrement pas de réseau sur l’île de toute façon. La dernière fois qu’il s’était passé des choses comme ça ses deux soeurs avaient frôlés la mort et il était vraiment entrain de flipper même si c’était loin d’être visible sur son visage. ”Je suis sûr que tout le monde va bien.” Il n’était sûr de rien du tout, il n’en avait aucune idée même mais c’est ce que les gens disent dans ses situations alors c’était ce qu’il avait fait. Un peu pour la réconforter, un peu pour se réconforter lui-même. Elle lui demandait de lui prendre la main et il tournait la tête vers elle, ses yeux se posant sur son visage pendant un moment. Il n’était pas tactile. Pas du tout. Il glissait sa main vers la sienne qui semblait tellement petite et fragile à côté de lui. Au fond, il avait besoin de prendre sa main aussi, il avait besoin de s’accrocher à quelque chose de réelle ou il allait devenir fou d’inquiétude. Ses doigts étaient gelés alors il caressait sa paume avec son pouce pour la réchauffer. Ils avaient vécu cet événement ensemble et personne ne pouvait leur enlever ça. Il allait lui demander si elle avait besoin de quelque chose mais il n’arrivait pas à rompre le silence, son regard ne l’avait toujours pas quitté.

Vu de l’extérieur, c’était sûrement étrange de se tenir la main, surtout avec quelqu’un qu’on ne connaissait pas vraiment. Mais Tom n’y avait pas vraiment réfléchit. Elle lui avait demandé alors il l’avait fait. Parce qu’elle avait peur, parce qu’il était terrifié, parce qu’ils n’avaient personne et qu’ils se devaient tous les deux d’être là l’un pour l’autre. Parce qu’ils avaient vécu une catastrophe naturelle ensemble. Elle était vachement jolie comme fille il l’avait toujours pensé, le genre qui vous intimide un peu. Et puis ses yeux bleus brillaient sous le soleil. Il secouait la tête en fermant les yeux. ”C’est rien, je pensais à autre chose”, il affirmait en détournant le regard. Ce qui était vrai; à moitié. Il pensait à Nienke, à Romy, à Elizabeth, même à Azraël et si elles étaient en sécurité. Mais il avait aussi voulu se perdre aussi dans les traits de son visage, à les admirer pendant quelques secondes pour soulager ses craintes. Et puis elle retirait sa main un peu maladroitement et il comprenait. Ce n’était plus vraiment confortable tout d’un coup. Elle semblait gênée et il ne savait pas vraiment quoi dire. ”Ouais. Je vais y aller.”, il répondait en se levant. Elle ne pouvait pas aller bien loin avec sa cheville comme ça et de toute façon l’atmosphère était devenue un peu embarrassante tout d’un coup.

Il n’avait pas vraiment eu d’arrière-pensée. Elle était vraiment belle et il aimait bien se perdre dans ses yeux mais ça ne voulait pas forcément dire qu’il voulait l’embrasser. Pourtant, quelque part au fond de lui il lui en voulait un peu d’avoir retiré sa main aussi maladroitement et d’avoir rendu le tout gênant. L’air de rien, il avait besoin de réconfort lui aussi. Mais c’était peut-être déplacé à ses yeux alors il comprenait. C’était peut-être moins grave pour lui maintenant qu’il était célibataire. Quoi qu’il ne savait toujours pas si elle avait un petit-ami, et quand même bien c’était le cas, il estimait qu’elle avait le droit de faire ce qu’elle voulait. Ils n’avaient rien fait de mal, pas vrai? Il lui souriait avant de retourner dans la foule. Il demandait à tout le monde s'il était possible de retourner à l’hôtel et d’avoir des informations sur les autres mais personne ne semblait savoir. Ont le redirigeaient de personne en personne et il commençait à perdre patience. Des étudiants en médecines avaient aménagés une sorte de petit dispensaire où il offrait leur aide aux blessés alors qu’une ambulance arrivait tout juste. Il avait reconnu une fille qui était en classe avec lui parmi eux et elle avait accepté de désinfecter et de se soigner sa joue. Il avait parlé avec elle et elle lui avait expliqué qu’il était impossible de quitter l’île avant le lendemain. Il était en pleine discussion quand il entendait quelqu’un l’appeler. Emma. Il se retournait vers elle jusqu’à ce que leurs regards se croisent. Il se levait avant de courir vers elle et d’attraper son bras pour qu’elle puisse retrouver son équilibre. ”Qu’est-ce que tu fais? Tu ne devrais pas marcher.” Il la tirait un peu hors de la foule en lui offrant son support. ”Ils vont nous reloger dans un hôtel pour la nuit. C’est trop dangereux d’aller en mer au cas où le séisme recommence”, il déclarait.

Maintenant qu’elle avait réagi un peu maladroitement en tenant sa main, ça lui faisait bizarre le contact de sa peau sur la sienne mais il l’avait attrapé parce que sa cheville était dans un mauvais état et il ne voulait pas qu’elle se fasse de mal. Pour une raison qui lui échappait, il lui portait beaucoup d’attention. ll lui répondait aussi par un sourire même si ses yeux lui disaient qu’elle n’aurait pas dû se lever. Il avait été assez clair sur le fait qu’il n’allait pas l’abandonner et ça lui faisait un petit pincement au coeur qu’elle puisse penser le contraire. ”Moi non plus…” Il se rendait compte que sa main était encore sur son bras et il la lâchait, en voyant qu’elle avait repris l’équilibre, adossée contre un arbre. Il mettait ses mains dans ses poches, ne sachant pas trop quoi faire pour le coup. Elle montrait sa plaie du doigt et il haussait les épaules avec un petit sourire. ”Oh, c’est rien, t’inquiètes pas.” C’était juste quelques plaies sur sa joue, ça ne pouvait pas être bien grave. Pas vrai? Il remarquait un mouvement de foule et il se retournait. Les bus étaient entrain de partir pour l’hôtel. ”On devrait y aller”, il déclarait. Elle faisait un pas en avant mais il savait que la douleur devait encore être présente. ”Attend”, elle s’arrêtait et il la soulevait avant qu’elle ne puisse s’y opposer, une main sous les genoux, l’autre derrière le dos. Il se dirigeait vers les véhicules où il arrivait à trouver deux places libres, seulement elles n'étaient pas côte à côte, bien que dans la même rangée, séparées par un petit espace. Il l’aidait à s’asseoir avant de s’installer.

Ce n’était pas une sorte de manifestation de sa virilité, un concept auquel il ne croyait pas, qui l’avait poussé à la prendre dans ses bras. C’était parce que sans aider les autres, il n’était pas entièrement lui-même. Il en avait besoin; de se sentir utile. Alors, peut-être qu’au fond, il était le moins altruiste d’entre tous. Ou peut-être qu’il pensait qu’en l’aidant il pouvait aussi effacer la douleur de sa propre blessure à la jambe, quelques années plut tôt. ”Je sais que ça te fait mal de marcher”, il répondait doucement en regrettant légèrement ses paroles. Il ne se livrait jamais et il espérait qu’elle ne fasse pas le lien avec le fait qu’il avait subit la même chose, bien qu’il ne s’agissait pas d’une simple entorse. ll restait silencieux pendant le trajet, regardant le soleil se coucher du haut de son siège. L’hôtel était tout petit, mais il avait remarqué que certains bus s’étaient redirigés vers d’autres logements. Il ne s’attendait pas vraiment à sa question. Tu devrais m’inviter au restaurant, d’abord, il s’était empêché de dire vu qu’elle était probablement en couple avec quelqu’un et qu’il ne voulait pas la faire culpabiliser. ”Ok”, il se contentait de dire, en haussant les épaules. Il espérait que la chambre ait deux lits ou ça pouvait rapidement redevenir gênant. Ils attendirent longtemps dans le hall avant qu’un employé remette les clés à Emma. Il la laissait passer devant lui pour qu’elle puisse ouvrir la porte de la chambre, qui se trouvait au rez-de-chaussée, pas très loin de l’entrée.