L'escapade à la Bonnie & Clyde - Nick

Tu ne savais pas si Nick allait apprécier le fait que finalement tu l'emmenais dans un petit chalet cosy, genre est ce que ça fait trop romantique ? T'en sais rien et au fond tu t'en moques, le principal c'est que vous soyez à l'abri de la probable tempête de neige qui pointera son nez en pleine nuit non ? Tu suis la route toujours en faisant attention et au lieu de continuer tu bifurques sur une route encore plus petite, roulant encore pendant quelques minutes, plus que 500 mètres et vous apercevez enfin le chalet. Arrivés sur place, tu gares la voiture à l'abri de la neige, puis tu coupes le contact, prête à annoncer la bonne nouvelle à Nick, que vous n'allez pas dormir dans une tente.

"Surprise ! Ce chalet est dans ma famille depuis longtemps, et j'en ai hérité au décès d'un grand oncle, j'étais sa petite chouchoute... Je venais de temps en temps ici quand j'étais gamine avant de quitter Londres, pour skier, tout ça. On sera à chaud au moins... alors t'en penses quoi de cette escapade à deux ? "

Lorsqu'elle s'engage sur une petite route, je tique et me prends à angoisser assez brusquement. La voiture tremble sur ses suspensions, et dans l'obscurité de la nuit je distingue très nettement un bâtiment. Un chalet. Je tourne la tête vers Lux, qui m'explique, et reste interdit quelques instants. "Oh..." Le regard étonné, sourcils levés, je la fixe tandis que l'information remonte lentement jusque dans ma cervelle fatiguée. Ça tourne à la romance. La bonne grosse romance. Ce qui me met plus mal à l'aise qu'autre chose, finalement. Non pas que ça me déplaise en soit... Juste que les signaux que m'envoie Lux sont affreusement brouillés. Enfin, peut-être veut-elle juste un mec le temps d'un weekend, sans se prendre la tête et profiter de son héritage familial. Ouais, ça doit être ça. Je me raccrocherai à ça, de toutes façons.

"C'est surprenant..." dis-je en levant les yeux vers la maison, finalement rassuré que l'on n'ait pas à mourir de froid dehors.

Sans en dire plus, j'ouvre la portière, sors de la voiture, et rouvre le coffre pour récupérer nos affaires. Sauf la tente, du coup. "Ce sera bien plus facile que je ne le pensais." Je lui accorde un sourire, la laissant me guider jusqu'à l'entrée.

Il semble un peu surpris, bon c'est vrai que tu ne lui avais pas parlé de ton héritage familial, tu aurais pu, mais en fait, il ne savait pas non plus grand chose sur toi, et si c'était un truc qui devait changer entre vous ? Peut-être que ce week-end tu auras l'occasion de lui parler un peu plus de toi, de ta famille...et si jamais il te fuyais parce que tu viens d'une famille avec un grand héritage, une histoire et tout le reste ? Si jamais tu n'étais pas le genre de fille qu'il apprécie une fois qu'il saura que tes parents font amis-amis avec la famille royale d'Angleterre ?
Bref, c'est pas le moment de penser à ça "J'aurais peut-être dû t'en parler avant, j'suis désolée...mais rassure toi, ça n'a rien de romantique hein, j'voulais juste qu'on passe un moment ensemble rien que toi et moi. Mieux apprendre à nous connaître tout ça." que tu lui dis, tout en marchant vers la porte du chalet, tu sors tes clés, ouvre la porte et le laisse entrer avant.

"Je t'en prie fais comme chez toi, je vais allumer les lumières." En parlant de ça, pourquoi est ce que rien ne s'allume ? C'est pas vrai... "Je...crois qu'on a un problème d'électricité, et donc de lumières et de chauffage..." T'as plus qu'à creuser un trou dans la neige et t'y enfoncer pour mourir de honte.

Elle m’ouvre la porte, me laisse entrer en premier. J’ai vite fait de me décharger des deux gros sacs de voyage en les posant au sol. Il fait très obscur, la seule lumière pénétrant jusque dans la grande pièce étant celle de la lune, qui n’est pourtant pas au plus fort de sa brillance.

Autrement dit, l’on n’y voit rien. Et il fait affreusement froid. De ce qu’elle m’annonce, cela ne changerait pas. Je la fixe un instant, captant le reflet de son regard dans le noir. “Oh… ok, ça n’est pas grave, c’aurait été trop facile autrement.” dis-je pour tenter de la rassurer, bien conscient que ce détail ne faisait pas partie de son plan initial. Je prends mon portable dans ma poche, m’en sers pour éclairer les alentours. “Tu as des bougies ? Et ne t’en fais pas.. Ça n’est pas pour faire romantique.” je hausse les sourcils, gentiment moqueur, puisque c'est apparemment notre jeu à nous.

Pas d'électricité, pas de chauffage, ce week-end va tourner au cauchemar à force d'avoir de mauvaises surprises...la première fois que tu as rencontré Nick, il y avait eu de la neige dans sa chambre, tu as dû partager ton lit avec lui, et depuis ce soir-là, c'était devenu plus que bizarre entre vous. Toi, tu ne sais pas si tu veux juste une histoire bizarre avec lui, tu ne sais pas si tu es prête à avoir quelque chose de sérieux avec lui, sachant que vous devriez faire attention à la fac si jamais tu ne veux pas vous faire prendre.

"Oui, normalement il y a des bougies sur la cheminée et une boîte d'allumettes...je m'en occupe."
Tu sors à ton tour ton portable de ta poche, actionne la lampe-torche et te diriges vers la cheminée, ouf il y a bien des bougies, tant mieux pour toi, au moins vous n'allez pas passer le reste de la soirée dans le noir.

Après quelques minutes, quelques bougies d'allumées, et la cheminée en marche (vive le camp scout ), tu reviens vers Nick "Installe toi, je vais nous chercher des couettes à l'étage, doit y'avoir quelques bouteilles dans le meuble à côté de la cheminée, je reviens." Puis tu t'éclipses à l'étage, portable à la main.

Lux parvient à démarrer un feu dans la cheminée. De quoi nous tenir en vie pour ce qu'il reste de la nuit. La pièce se remplit d’une lueur chaude des quelques bougies que l’on a disposées sur la table basse. Accroupi près du feu avec elle, sans avoir osé retirer mon manteau, l’on finit d’attiser les flammes et l’on se relève. Elle s’en va chercher des couvertures. Moi, je reste près du feu, approchant mes mains glacées de la chaleur qui arrive. J'ai froid, et suis accessoirement crevé. Un coup d'oeil à mon téléphone. Il est 5h.
Un soupire éreinté et j’avance vers les placards, ouvre comme elle me l’a indiqué et déniche une bouteille au hasard… Du rouge. Parfait. Je prends deux verres également, ça relèverait le niveau. Tranquillement, me guidant à la lumière du feu, je pose tout cela sur la table, m’assois sur le canapé et m’affale pour somnoler.

Ça fait une éternité que tu n'es pas revenue dans ce chalet, la dernière fois que tu y étais venu remontait lorsque tu avais 15 ans, donc oui, ça faisait un bon moment. Mais une autre partie de ta famille y venait souvent pour les vacances d'hiver, ou quand bien même en été, donc l'endroit était toujours aussi propre. Par contre tu étais un peu surprise de voir que l'électricité ainsi que les factures du gaz n'avaient pas été payées, du coup tu pensais à le faire avant de partir d'ici.

Après plusieurs longues minutes, tu redescendais au rez-de-chaussée avec les couettes et les oreillers, espérant trouver un Nick de meilleure humeur. "C'est bon j'ai..." tu n'en dis pas plus le voyant assoupi sur le canapé, une bouteille de vin et deux verres sur la table basse. Tu souris et tu sens ton petit cœur s'emballer, depuis quand il est aussi beau et trop mignon quand il dort ? Tu te rapproches de lui tandis que le feu crépite dans la cheminée, ton visage n'est plus qu'à quelques centimètres du sien et tu viens lui voler un baiser. C'est que tu commences à être accro à ses lèvres.

Je me suis finalement assoupi. Sur ce canapé, et malgré le froid. La fatigue joue pourtant à me frigorifier encore davantage. Doucement, la pièce se réchauffe. Doucement. Tout doucement.

D'un coup, un contact me tire du sommeil. J'ouvre les yeux, ai un court mouvement de recul, m'arrache aux lèvres de Lux, penchée sur moi. Elle m'a fait peur, je l'avoue... Alors je souris nerveusement, bêtement, captant son regard clair. "Désolé, je suis mort..." Doucement, je pose une main sur sa nuque, l'attire pour lui rendre son baiser, la faisant basculer avec moi sur les coussins, et accessoirement dégringoler les couvertures qu'elle tenait en mains. On n'irait pas dormir plus loin. Je me fous qu'il y ait une chambre, celle-ci doit être absolument glaciale. Alors je m'allonge sur le côté, quittant les lèvres de la belle pour la tenir mollement contre moi. Du bout des doigts, je reprends une couverture au sol et la fais remonter sur nous. Bien installés, face à face et lui prêtant mon bras comme oreiller de fortune, je lui vole encore un baiser, comme s'il n'y avait plus aucune question à se poser. Comme pour souhaiter une bonne nuit à ma compagne. Et je m'y attarde quelque peu, laissant glisser mes lèvres sur les siennes, posant ma main libre sur sa taille. On boirait demain. On sortirait demain. On verrait tout le reste demain.

Tu souris lorsqu'il sursaute, tu te doutais qu'il aurait cette réaction, après tout il semblait s'être bien assoupi alors tu regrettes un peu de l'avoir réveillé, en quelque sorte. Il vient attraper tes lèvres comme pour un baiser de bonne nuit, c'est vrai qu'il se fait tard, boire à cette heure-ci ce n'est pas forcément une bonne idée. Encore un baiser et vous voilà bien au chaud sous cette couette, l'un contre l'autre.
Puis la fatigue se fait enfin ressentir et tu fermes les yeux, espérant tout de même passer une bonne nuit, malgré le froid qui se fait ressentir, malgré toutes ces questions que tu te poses depuis quelques heures...

...

C'est la lumière du jour qui te réveille, le feu dans la cheminée a eu le temps de s'éteindre, les bougies également, une chance que rien n'ait pris feu, tu es dans les bras de Nick, tu devrais le laisser se reposer, il le mérite après tout non ?

J'ai affreusement mal au dos. La douleur me tiraille le creux de la colonne vertébrale pour remonter jusqu'à mes épaules. Je suis trop vieux pour ces conneries...

Lentement, je rouvre les yeux. Difficile de réaliser que je me réveille sur un canapé, dans un chalet, à la montagne, à dix heures en bagnole de Boston et Lux blottie contre moi. Il fait chaud, sous cette couette. Presque trop. Le soleil aura eu le temps de redonner un peu de chaleur à cet endroit, quoi que l'on soit encore loin du confort idéal. Quoi qu'il en soit, je me racle brièvement la gorge et penche la tête en me décalant légèrement pour croiser le regard de la jeune femme. Je dois avoir d'atroces cernes. De tout petits yeux ; la joue probablement imprimée des plis de mon manteau. Elle, elle est juste adorable, avec ses cheveux décoiffés et ses airs endormis. Ma main passe sur sa joue, repousse quelques unes de ses mèches brunes. Je cotoie peu de femmes, ai rarement eu l'occasion de partir en voyage avec quelques unes d'entre elles. Cette proximité incessante est loin d'être mon quotidien, vraiment. J'ai pourtant l'envie insatiable de la choyer comme une petite chose précieuse.

La gorge légèrement enrouée par le froid, je murmure, "On se lève ? Je crève de chaud avec tout ça..." Tout ça : la couverture, mon manteau, le reste de mes fringues, mes chaussures... Et la bouillotte qui me sert de colocataire.