L'escapade à la Bonnie & Clyde - Nick

Le temps te paraît long quand tu es avec lui, enfin comme si il s'arrêtait, mais tu ne trouves pas les bons mots pour décrire c'que tu ressentais. Arrivés au sous sol, tu le laisses marcher devant toi, tu le regardes alors qu'il est dos à toi, depuis quand il a un dos aussi rassurant et parfait ? Depuis quand il a ces épaules qui disent qu'il peut te soutenir quand tu en as besoin ?

Tu rougis et c'est pas bon signe, c'est peut-être bien la première fois que ça t'arrive tout ça, mais tu t'es promis de ne pas tomber amoureuse. Parce que de toute façon l'amour c'est pour les faibles et dégoulinant.

"Je prendrais le relai si tu veux te reposer et puis pour la caféine oui, ça me va." Tu grimpes dans la voiture côté passager, tu sors plein de CD's "J'ai pris plusieurs CD's de style différents, j'te laisse choisir les deux premiers albums." Tu mets ta ceinture tout en parlant avec lui, prête pour la grande escapade. Ça te fait quand même bizarre de partir en week-end avec lui, enfin c'est tout de même ton prof, et pourtant. Tu viens lui faire un bisou sur la joue, innocent et tout "Allez en route !"

Des CD... Voyons voir. Je m'installe derrière le volant, la regarde passer les albums sur ses genoux, en tirant ma ceinture pour l'attacher. "Hm... Je ne vais pas tout de suite t'imposer du Queen, étant donné le peu d'appréciation avec laquelle tu auras jugé ma dernière performance." Un baiser sur ma joue ; je relève les yeux, souris bêtement quelques secondes, me mords la lèvre inférieure. "Tiens, les Blues Brothers. Très bien." dis-je pour conclure cette petite parenthèse. Sweet Home Chicago. De quoi me redonner la pêche.

Je démarre, sors tranquillement du parking, fredonnant déjà les paroles sans lui offrir toute la superbe clarté de ma voix. Les mains tapant en rythme sur le volant, j'appuie plus soudainement sur l'accélérateur pour nous engager sur la looongue route qui nous attend.

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2h de route... /10
On aurait dû aller pisser avant de partir.
Le voyage est gaiement animé par nos conversations plus ou moins élevées intellectuellement : cinéma, arts, la juste prononciation du mot "sculpture", pourquoi les kiwis sont-ils des fruits ET des oiseaux... C'est assez incroyable de voir à quel point le temps passé enfermés à deux dans une boite sur roues n'est pas tant un calvaire. Pas avec elle, en tout cas. "..Mais leurs ailes sont minuscules, j'veux dire, d'où la nature a décidé qu'un être aussi inutile méritait de survivre ?" J'affirme tout cela avec assez de conviction pour faire penser à un sujet de débat primordial. Ça l'est, au fond. Doucement mais sans lâcher l'affaire, je tourne le volant pour prendre la prochaine sortie vers une aire d'autoroute. On en profiterait pour faire nos putains de courses.

Et sur la route vous discutez de tout de rien, c'est dingue comme c'est facile de parler avec lui, t'aimes bien c'qui s'est construit entre vous deux, peut-être que si vous n'aviez pas couché ensemble, cette amitié n'existerait même pas. Mais tu préfères ne pas y penser, vous auriez bien été forcés de vous parler puisque de toute façon vous êtes colocs tous les deux. Puis tu es bien contente d'être tombée sur lui au final, tu l'écoutes argumenter sur le kiwi (l'oiseau) et tu souris bêtement, "Mais arrête, c'est tellement mignon comme piaf, t'as pas le droit d'être aussi cruel que ça ! T'imagines si on te disait quitte ce pays tu chantes comme une casserole ? " Et oui, lui lancer des piques comme ça aussi facilement tu adores ça, puis vous arrivez enfin sur une aire d'autoroute après deux longues heures de route. Tiens ça tombe bien parce que justement t'as envie d'aller aux toilettes, puis surtout tu commences à avoir faim.

"On doit pas oublier de remettre de l'essence aussi, ce serait con de tomber en panne en pleine nuit..."

Je tique brièvement à son petit pique sur mes qualités de chanteur. “Hey je ne te permets pas !” dis-je, faussement vexé. Ça n’est pas ça qui me fera arrêter de chanter, oh que non.

De l’essence, effectivement, on en aurait bien besoin. Je décélère pour entrer sur l’aire, tourne tranquillement ; il n’y a pas grand monde pour nous déranger. Quelques voitures éparpillées dans le parking.. J’arrête la voiture et sors pour faire le plein, puis poursuis notre chemin pour nous garer un peu plus loin. Direction les toilettes, puis les boutiques. L’on se rejoint dans les rayons, profitant de ce break pour se dégourdir les jambes. Outre la bouffe, il y a les peluches moches, les vêtements dégueulasses et les accessoires immondes. Pour coller au froid qui persiste à l’extérieur, je chope une chapka et l’enfonce sur le crâne de Lux en passant à ses côtés, feignant un sourire ravi en la doublant. “Qu’est ce que tu veux manger ?”

Le plein est fait, maintenant faut acheter de quoi grailler, aller aux toilettes, tout ce qui se fait sur une aire d'autoroute en général. Les peluches moches sont là, des cds de vieux groupes qui se vendent encore dans ce genre d'endroit, les bonbons et autres cochonneries super chères et que t'as pas forcément les moyens de te les acheter. Nick est en forme, il te fous une chapka sur la tête comme si de rien était, t'as pas une tête à chapeau alors évidemment tu lui tires la langue puis le laisse passer devant toi. "J'ai une faim de loup, j'ai envie de manger des cochonneries, chips, bonbons et tout c'qui va avec." Bon, et puis si c'est Nick qui a choisi la chapka, alors tu vas peut-être la garder, ça te fera un souvenir de cette escapade, et rien que d'y penser tu as ce petit sourire qui dit que t'es contente. Tu attrapes Nick par le bras et te colle à lui "Tu sais, je suis bien contente de faire cette petite virée avec toi."

J'ai l'impression d'être avec ma petite amie. Réellement, et d'autant plus lorsqu'elle vient me prendre par le bras. J'ignore ce qui peut bien se tramer dans sa petite tête brune, si je devrais m'en inquiéter ou non, mais sans doute n'est-ce là que l'expression de notre liberté improvisée. Pourquoi se retenir d'être proches et tactiles si personne n'est là pour nous en faire le reproche ? J'avance dans le rayon bouffe, conquis par son seul contact, sourire aux lèvres. "Moi aussi, Lux. Je n'aurais pas espéré de meilleur break." Je pose ma joue sur cette chapka bien douillette une seconde pour appuyer mes mots et toute l'affection que je porte à la jeune femme, avant de revenir à nos affaires. Sans vraiment réfléchir au prix probablement exorbitant de tous ces produits, je m'encombre les bras de plusieurs paquets random de sucreries et de grignotages salés. J'en passe quelques uns à la demoiselle, et me saisis d'un grand pack de boissons énergisantes. "Prends ce qui te plaît, je paie." Le premier salaire d'Harvard aura largement suffi à renflouer mon compte en banque. Je suis encore loin de pouvoir rouler en BMW et porter quatre Rolex à chaque bras, mais autant se faire plaisir à la hauteur des événements.

Tu pourrais t'habituer à ça, à ce genre de rapprochement qui s'est installé entre vous. Nick a quelque chose qui te met à l'aise, si jamais il rencontrait tes parents, ils diraient que vous êtes fait l'un pour l'autre, qu'il est le parfait petit ami et futur fiancé... C'est étonnant que cette pensée te traverse l'esprit, tu n'as jamais pensé à être vraiment en couple, à voir une relation sérieuse, mais peut-être qu'un jour avec Nick... Tu rougis bêtement dans ton coin et tu suis Nick en attrapant les paquets de chips et bonbons qu'il te donne. "On pourra prendre la chapka aussi ? Parce que finalement je trouve que ça me va plutôt bien. J'suis mignonne avec ça ?" que tu lui demandes, amusée, ouais ça fait vraiment très couple tout ça. "Tu veux que je te prenne une de ces peluches affreuses ?"

Je tourne les yeux vers elle, enclin à céder à tous ses petits caprices, aujourd'hui du moins. Si l'on se coupe de tout le confort du monde pour les deux jours qui viennent, autant faire le plein de cochonneries en tout genre avant d'arriver en pleine montagne. "Très mignonne." Je me décale doucement pour lui faire face, tirant légèrement de ma main libre sur l'un des pans de sa chapka pour me moquer gentiment de sa dégaine de bolchevique. "Si tu trouves quelque chose de bien, vas-y." dis-je pour la peluche, la dévorant du regard quelques instants, une lueur de malice au fond des yeux. Très sincèrement, j'espère surtout que l'on se trouvera rapidement un endroit plus isolé. En attendant, je me rends à la caisse ; elle m'y rejoindrait sans tarder.

Ici, vous êtes loin des regards, personne ne pourra vous juger et c'était surtout pour cette raison que tu lui avais proposé cette virée. Et pour le moment, ça se passe plutôt bien, il t'as même complimenté en disant que tu étais mignonne avec cette chapka. Dire que tu n'as pas une tête à chapeau mais là c'est Nick qui l'a choisi pour toi, donc forcément tu n'avais pas eu le cœur de le reposer et de le laisser dans cette station service. Puis tu lui avais proposé de lui acheter une des peluches qui coûtent sûrement une blinde, mais si ça pouvait aussi lui faire un souvenir alors pourquoi pas.

Tu le laisse aller à la caisse pendant que toi tu vas chercher une peluche, la moins moche possible bien sûr. Finalement tu tombes sur un petit ours qui tient un cœur entre ses pattes, plus cliché tu meurs mais bon. Et tu reviens toute joyeuse vers Nick et le caissier, tu insistes pour payer au moins la peluche, "Et voilà c'est pour toi." Le caissier te fixe, puis fixe Nick "Vous êtes en lune de miel les tourtereaux ?"

Un ourson... avec un coeur. Plus kitch, tu meurs. Je me pince les lèvres, regarde alternativement la peluche, le caissier, puis Lux, avant de pouffer de rire, finissant de rentrer nos courses dans des sacs. Mon dieu, l'on doit paraître tellement niais. Et c'est bon de s'en amuser. C'est bien l'avantage de ne rien avoir de sérieux entre nous, n'est-ce pas ...? Il n'empêche que ce type semble ne pas avoir compris la subtilité de la situation. A sa remarque, je me retiens d'être parfaitement cynique. Non mais de quoi je me mêle ? Tocard. "Haha, non, non... Juste en weekend." Si l'on a l'air de jeunes mariés, c'est encore pire que ce que pouvais penser. "On n'est pas ensemble..." Je range mon portefeuille dans mon manteau, ramasse les affaires et incite Lux à nous diriger vers la sortie pour couper court à ce malaise. On passe la porte. Je lâche dans un souffle contrarié, "Quel con." Dehors, la nuit est tombée ; le froid est cinglant, le vent tape avec force et quelques flocons de neige commencent à se mêler à cette danse. Rapidement, l'on atteint la voiture. J'ouvre une des portières arrière, pose les sacs sur le sol, accessibles, prends ce que Lux aura gardé dans ses mains pour faire de même, et dans le même élan, prends la jeune femme par la taille pour la faire s’engouffrer avec moi sur la banquette arrière. Je ferme la porte, lui grimpe dessus, sourire aux lèvres, posant l'une de mes jambes entre les siennes, la faisant s'allonger de façon clairement suggestive tandis que je me penche sur elle. On est tout emmitouflés dans nos vêtements respectifs, très peu pratique pour aller bien loin, mais j'ai simplement envie d'un moment -enfin- plus intime.