Tu es un peu étonnée par la question du caissier, bon certes Nick et toi vous vous êtes rapprochés, peut-être parce que vous avez couché ensemble ou alors ça s'est fait naturellement, à vrai dire tu n'y as pas vraiment fait attention... Mais de là à ce qu'il réponde presque sèchement en disant que vous n'êtes pas ensemble, ça te vexe un peu.
C'est vrai, vous ne l'êtes pas, mais ce n'est pas une raison pour que Nick coupe court au malaise qui a voulu s'installer entre vous deux. C'est aussi pour cette raison que tu as voulu t'éloigner de Boston et du campus avec lui pour en discuter. Sans vous arracher vos fringues bien sûr. "Haha c'est vrai, de quoi il se mêle lui aussi ?" que tu réponds à Nick pour aller dans sa direction. Tu te rends compte que oui, ça t'as bien vexée mais tu n'en rajoutes pas plus, et puis surtout tu n'as pas le temps parce que vous avez déjà atteint la voiture.
Puis tout va très vite, tu te retrouves sur la banquette arrière avec lui au dessus de toi, et tu ris comme une ado qui a peur de se faire griller sur le parking de l'aire d'autoroute. "Salut toi, je peux savoir que signifie cet élan de folie ?" Mais en fait tu t'en moques, un moment intime comme ça avec lui, tu ne diras jamais non, et même si vous n'allez pas plus loin c'est pas grave. Tu te redresses difficilement pour venir attraper ses lèvres, et la chaleur de son corps suffit à te faire oublier cet imbécile de caissier.
Un sourire étire mes lèvres tandis qu'elle vient les prendre. Un baiser, doux et glacé, qui me fait oublier la remarque désobligeante de l'autre abruti. Changeons nous vite les idées avant que celles-ci ne germent trop et donnent lieu à des questions qui n'ont pas lieu d'être. Je passe mes mains sur ses flancs, l'embrasse en retour, me réchauffe doucement en collant mon corps au sien. L'on n'a pas beaucoup de place, et je suis forcé de garder un pied au sol, mais j'aime ce genre de situation saugrenues. Oh, personne ne nous voit, à moins de regarder à travers les vitres. Mes lèvres dégringolent sur sa mâchoire, son cou, s'amusent à l'échauffer. Je me doute que l'on ne conclura rien ici et maintenant, mais si l'on peut au moins prendre le temps de se distraire un peu... Je récupère ses lèvres, avance légèrement, pressant mon bassin contre le sien. Et je finis par me redresser légèrement sur mes coudes, pour saisir la peluche tombée par terre. Je la lui montre en la faisant bouger comme une marionnette, ne me privant pas d'un petit commentaire "C'est horriblement kitch, tu le sais ça ?" dis-je tout sourire pour me moquer gentiment d'elle, appuyant doucement le museau de l'ours sur la joue de Lux pour mimer de petits baisers.
"Tu sais que...je pourrais y prendre goût à tout ça ?" Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu lui sors ça, parce qu'il a bien dit tout à l'heure que lui et toi n'étiez pas ensemble. Quoi que tu dises, ça te titille encore un peu cette histoire, mais tu ne veux pas gâcher ce qu'il y a entre vous, si quelque chose il y a. Enfin, tu ne vas certainement pas te prendre la tête pour ça et tu n'as pas envie de lui poser ce genre de questions.
Mais ces baisers dans ton cou, ça te fait frissonner, malgré la chaleur qui s'installe entre vous deux, des petits soupirs de bien être s'échappent de tes lèvres malgré toi. Et puis le coup du nounours qu'il utilise comme marionnette te fais sourire, ça te fait craquer ça, et tu te retrouves sur une pente glissante. "Je sais mais c'était la plus mignonne qu'il y avait parmi les autres. Et puis...ça te fera un souvenir aussi, non ?"
Tu glisses tes mains dans son dos, en laissant une dessus, quant à la deuxième qui se glisse dans ses cheveux. "On devrait peut-être y aller non ?"
Penché au dessus d'elle, je l'écoute se justifier avec amusement. Nos visages sont tout près l'un de l'autre, et sans doute pourrais-je me satisfaire de la dévorer jusqu'au matin. "Je le garderai précieusement." dis-je en reposant nounours derrière la tête de Lux, sur la banquette. Une main dans mon dos, l'autre dans mes cheveux, ses paroles m'invitent à gentiment retourner derrière le volant. "Hm.." Je profite un instant de ses doigts contre mon crâne, faisant mine de réfléchir. "On devrait, oui." Lorsque je me penche pour lui donner un dernier baiser, l'on toque à la vitre, et je me redresse brusquement. Le type de la boutique. Dehors. Qui me regarde fixement. Puis qui regarde Lux. Je peste intérieurement, sans comprendre, jusqu'à ce qu'il brandisse ma carte bleue à travers la fenêtre. Merde. J'ai dû l'oublier. Et il est honnête en plus de ça, rendant les insultes somme toute bien plus compliquées à profaner. Je recule à quatre pattes sur la jeune femme, parvient à faire demi-tour pour ouvrir la portière dans mon dos et ressortir dans le froid. Un regard de travers lui fait bien comprendre qu'il n'arrivait pas au meilleur des moments. Il me rejoint, me tend ma carte que je reprends, tandis qu'il ne se prive pas d'un commentaire personnel. "On se galoche à l'arrière d'une voiture et on n'est pas ensemble, hein ?" Je me pince les lèvres, passablement contrarié, et ne trouve qu'à répondre, "Ouais, ouais... Merci pour la carte. Et bonne soirée." Soupire ; je m'en vais reprendre ma place à l'avant pour redémarrer la voiture.
Tu n'as pas vraiment envie que ce moment de tendresse, câlins et bisous prenne fin de suite. Bon c'est vrai vous avez encore de la route à faire, et à tous les coups dans deux ou trois heures vous allez encore vous arrêter pour vous reposer. Du moins que Nick se repose, ou bien alors tu prendras le relais quand il en aura besoin.
Vous êtes là à vous bécoter à l'arrière de la voiture quand le caissier de tout à l'heure vient vous interrompre, tant mieux, peut-être, parce que sinon vous seriez allés probablement plus loin que de simples baisers. Et la chaleur qui s'était installée entre vous vient de repartir en quelques secondes seulement. Tu te redresses, te recoiffe rapidement puis tu prends place à côté de Nick qui est déjà au volant de sa voiture.
"Tu me dis quand tu veux que je te remplace hein ? " Tu ne sais pas à quoi il pense avec toutes les remarques déplacées du caissier, peut-être que tu devrais lancer le sujet, t'en sais trop rien en fait. Tu ne sais même pas ce qu'il pense de tout ça au fond, alors tu préfères laisser le silence s'installer entre vous.
C'est tout de même frustré que je me réinstalle à ma place. L'autre type nous aura interrompu comme un mal élevé, ridiculisant au passage la nature même de notre relation. Je soupire, attendant que Lux ne change de siège et revienne devant, allumant les phares pour éclairer la nuit. "Oui, ne t'en fais pas. A la prochaine pause, peut-être." dis-je naturellement, bien heureux qu'elle ne me relance pas sur un sujet plus fâcheux. On n'est pas ensemble, non. Principalement parce qu'elle m'en aura imposé la condition.
Je redémarre, nous fais retrouver la route. D'abord dans le silence, puis en remettant la musique. "A ton tour de choisir un CD." Un léger rictus anime les lèvres, quoique je sois trop pensif pour réellement me fendre la poire.
La neige s'intensifie peu à peu. Les essuie-glace en balaient en couches épaisses, mais tout cela suffit à me brouiller la vue et me fatiguer le regard. Espérons juste que l'on avance vite.
Y'a clairement une espèce de tension à la con qui s'est installée entre vous deux depuis la remarque idiote du caissier. A toi de choisir un CD, mais tu n'as pas franchement le coeur à ça, t'es chamboulée et tu ne sais pas vraiment pourquoi, alors t'en prends quand même un au hasard, Daft Punk, tu ne sais même pas si il aime ce genre de musique. Une fois le CD dans l'auto-radio, tu poses ta tête contre la fenêtre de ton côté et tu fermes les yeux le temps de quelques secondes, pensive. Il neige de plus en plus, Nick continue de rouler, prudemment, pas question d'avoir un accident, la musique remplace le silence qui s'est installé entre vous deux. Tu tournes ton visage vers Nick, il semble concentré, tu n'as pas envie de l'embêter avec des questions futiles, ça fait à peine un mois que vous vous connaissez, ou peut-être plus, tu n'as pas compté les jours depuis qu'il est entré dans ta vie.
Les heures passent, et tu décide de le remplacer, conduire te changera peut-être les idées "Arrête toi, je vais conduire à ta place..."
J'ai toujours une légère réticence à laisser ma voiture à quelqu'un d'autre, tout particulièrement à une femme. Oui, je crois un peu trop aux clichés misogynes, oui c'est certainement stupide... Bref. J'ai quand même grand besoin de me reposer. "Ça marche." On a quitté l'autoroute pour continuer à travers la campagne. Il n'y a presque personne, et au loin, à travers un voile de flocons, la cime de la montagne commence à se dessiner. Je ralentis, me rabats sur le côté, et nous échangeons de place. Je sens le sommeil commencer à pointer le bout de son nez, mais tâcherai de tenir, ouais... Au moins le temps qu'elle s'habitue. "Elle accélère vite... Fais attention." dis-je en un souffle en m'enfonçant dans le siège, ouvrant enfin mon manteau pour être plus à l'aise.
"T'en fais pas je suis une grande fille, tu peux te reposer..." ça devient ridicule cette tension ou ces moments gênants avec lui. Certes c'est toi qui a dit que tu ne voulais rien de sérieux avec lui, et c'est peut-être ça qui l'a vexé au fond tu n'en sais rien, et peut-être que finalement tu vas devoir avoir une autre conversation avec lui. De toute façon à un moment ou un autre ça devra bien arriver non ? Tu t'installes place conducteur, tu allumes le contact, et hop vous quittez la petite aire de repos pour reprendre la route. Bien évidemment tu fais attention sur la route, la musique tourne toujours, et toi t'es en train de réfléchir à ce que tu pourrais bien lui dire. Mais pour l'instant, tu préfères le laisser se reposer et ne pas te prendre la tête avec des choses plus ou moins futiles.
Plus qu'une soixantaine de kilomètres avant d'arriver à destination, dehors ça neige encore plus fort que tout à l'heure et tu ne fais pas franchement la fière sur la route, tu as pris la tente, mais ce que tu ne lui as pas dit c'est que vous vous rendez dans un petit chalet en pleine montagne, chalet qui t'appartiens depuis que tu t'es arrivée aux Etats-Unis.
Plus l'on approche et plus je me rends compte que l'on se jette à bras ouverts sur une mort certaine par hypothermie si une avalanche ne nous emporte pas d'emblée nous et notre pauvre tente sur le flanc de la montagne. Le coude calé contre la vitre, je me mordille le bout des doigts en guettant les alentours, sans doute trop nerveux et trop caféiné pour être capable de véritablement me reposer. D'où ai-je bien pu penser que tout cela était une bonne idée ? Et pourquoi ça n'a pas l'air de la faire tiquer ? Je tourne discrètement les yeux vers elle pour la jauger tandis qu'elle se concentre tant bien que mal sur la route. J'imagine déjà nos enterrements respectifs et ce que l'on pourrait trouver à écrire sur nos tombes "A bêtement suivi une fille vers une mort certaine", ou "Aurait dû penser autrement qu'avec sa queue"... Ce genre de choses...
Bref, l'on arrive tout de même à avancer. La route devient plus sinueuse ; l'on arriverait sans plus tarder, pour peu que l'on sache où s'arrêter.