L'escapade à la Bonnie & Clyde - Nick

Vendredi, fin de semaine, c'est presque la fin de la journée et tu n'as aucun plans pour le week-end... Les images après la nuit passée avec ton prof te hantent et ces souvenirs occupent la plupar de tes pensées alors évidement tu as du mal à te concentrer. Tu n'as pas vraiment eu de vraie conversation avec Nick, tu lui as juste dit que c'était quelque chose qui ne devait pas d'se reproduire, qu'il ne devrait pas avoir de sentiments entre vous et toutes ces choses là. Agir en adulte, assumer tout ça, tu n'en avais pas envie, ce serait trop compliqué surtout avec un prof de la fac.

Tu suis son cours, enfin tu es surtout en plein examen et tu n'as pas vraiment révisé comme il le fallait, puisque tu n'avais pas osé demander de l'aide au jeune prof... Ta copie remplie et après avoir la copie deux ou trois fois tu y glisses une petite note à l'intention de Nick. "Escapade à la montagne toi et moi. On doit parler. "

Ton cœur cogne dans ta poitrine , tu te lèves et déposes la copie sur le bureau de Nick. Et tu repars t'installer à ta place.

Achever mes petits étudiants de leur longue semaine de cours à coups d'interrogations écrites, le pur bonheur. Moi, je peux souffler. Me poser. Mais, assis derrière mon bureau, je ne trouve pas tellement le temps de glaner. Parfois, mon attention décroche et je me mets à regarder le plafond. Ou à les regarder, eux, le nez penché sur leurs sujets. Ou elle, qui à l'occasion d'un bon timing, me renverra un petit sourire. Les choses se passent bien, pour le moment. L'on n'a pas réitéré notre petite expérience commune, mais les soirées passées devant quelques films ou à débattre sur qui devrait faire la vaisselle nous auront au moins permis de mieux nous connaître. La tension est toujours bien présente, cela dit. Mais l'on reste sages.

Plongé dans la correction de quelques copies qui commencent à m'arriver au compte goutte, j'aperçois que l'on m'en dépose une de plus. Je lève les yeux, ai à peine le temps de croiser le regard de Lux qu'elle s'en retourne à sa place. Tant mieux, finalement. Un rien pourrait éveiller les soupçons. Un coup d'oeil à ma montre, et je m'éclaircis la voix pour annoncer "Il vous reste quinze minutes ! Et merci de faire preuve d'un peu plus de discrétion lorsque vous trichez." Un regard au fond de la salle ; un type range son smartphone. Certains n'iront pas bien loin...

Bref, je prends la copie de ma colocataire. Un papier plus petit tombe alors sur mes genoux. Je l'ouvre doucement sous le bureau, lis et échoue à retenir un rire. Une fille du premier rang me regarde d'un air accusateur. Je hausse les sourcils en mimant "Quoi ?" avec mes lèvres, puis l'incite d'un geste du menton à continuer à écrire.

Je chiffonne le papier, le glisse dans ma poche, relève les yeux vers Lux et me contente de hocher positivement la tête, contenant un sourire amusé. Sa proposition vient de tellement nulle part qu'elle en est affreusement drôle. Un weekend, ouais, ça me tente. Ca me tente bien, même. Ca ressemblerait presque à une sortie de couple. Mais je suppose que l'on mettra cela sur notre magnifique amitié.

Bref, lisons tout de même ses réponses. Un léger soupire fend mes lèvres lorsque je comprends qu'elle devait être tout aussi concentrée que moi. Je me ferai sans doute un plaisir de la corriger de vive voix. En attendant, je laisse quelques notes sur son texte, sans distinction avec celles des autres.

Tu attends quelques secondes, tu lui laisses le temps de trouver le petit papier à son intention et aussi le temps de la lire. Après tout tu ne sais pas si il va accepter, il a peut-être des plans lui pour le week-end qui arrive. Mais d'un côté tu serais plus que contente de pouvoir t'échapper avec lui, loin des yeux des autres, des curieux et des rumeurs qui pourraient naître sur vous deux. Alors tu préfères éviter tout ça, quitte à passer un moment avec lui, mais loin de la ville et de la fac par la même occasion.

Ces derniers jours il n'y a pas eu de dérapages, vous avez même eu l'occasion de mieux vous connaître, d'agir comme des personnes civilisées et surtout vous avez tenu bon, ni l'un ni l'autre n'a sauté sur l'autre. Enfin vous voyez c'que je veux dire. Dix secondes sont passées depuis qu'il a lu ta copie, tu souris quand il t'adresse un signe de la tête comme quoi il est partant. Bon certes tu aurais pu lui envoyer un message à la place, mais tu trouvais que ça avait un petit côté fun de lui écrire un petit mot. Ou bien ça fait trop jeune femme amoureuse ? Nan, quand même pas si ? Encore quinze minutes et vous pourrez quitter la fac, prendre deux trois affaires à l'appart, une tente que tu dois avoir quelque part dans tes cartons, et direction la montant ou peu importe. T'as juste envie d'être loin d'ici.

La fin des cours retentit enfin, tu quittes l'amphithéâtre avec ceux qui ont déjà rendu leur copies et tu envoies un message cette fois-ci à Nick lui disant que tu l'attends à l'appart. C'est mieux que chacun rentre de son côté afin d'éviter tout soupçon sur vous deux.

Le temps imparti est écoulé, et je me retrouve encombré d'une énorme pile de papier à corriger. Le premier qui me dit que les profs sont des fainéants se prendra une baffe. Même s'il est toujours amusant de lire les absurdités de ses élèves... Je ramasse tout ça, les tasse dans mon sac tandis que l'amphi produit un boucan démentiel à la sortie pressée des étudiants pour leurs deux jours de repos. Quelques uns me disent un mot d’au revoir, ce à quoi je réponds toujours brièvement mais avec le sourire. En temps normal, j'en aurais sans doute revus quelques uns en soirée dans la ville, mais les plans pour les jours à venir semblent assez prenants. Je sais que l'on passera un moment mémorable.

Un message de Lux m'avise qu'elle rentre de son côté. Comme à notre habitude, je vais chercher ma voiture pour faire le chemin séparément.

Arrivé à l'appartement, la porte est déjà ouverte. J'entre, pose mes affaires, prends tout de même le temps d'ôter mes chaussures à l'entrée, en lançant directement "Alors, quand est-ce qu'on part ?", espérant qu'elle m'entende, où qu'elle puisse bien être.

Tu as roulé un peu plus vite que prévu, risquant de perdre des points sur ton permis, mais eh, ce serait presque pour une bonne cause. Arrivée à l'apparat tu en profites déjà pour préparer ton sac et celui de Nick également, tu sais à peu près où se trouvent ses fringues décontractées et puis ça lui évitera de le faire lui même une fois rentré.

Bon, maintenant t'as plus qu'à trouver la tente pour deux personnes, c'est bien quelque part dans tes cartons mais tu ne sais plus trop où exactement. Ça craint ça craint ! T'es perdue dans tes recherches pas très abouties quand Nick te demande quand est ce que vous partez, tu t'emmêles les pieds dans les cartons de ton dressing et en ressort un peu stressée. "J'ai trouvé la tente, victoire, on peut y aller, ton sac est à l'entrée, le mien aussi." Ça a tout l'air d'une virée en amoureux, vire toi cette idée de la tête, vous êtes juste...deux potes/colocs, vous avez eu une aventure tous les deux, mais y'a pas de sentiments, pas vrai ?

Tu le rejoins à l'entrée, un sourire aux lèvres "Elle était catastrophique ma copie hein ? Ah oui, on devra faire deux trois courses pour avoir de quoi manger et on peut y aller. Comment vas-tu sinon ché...euh je veux dire, Nick ?"

Elle me répond de loin, l'air à la fois surexcitée et stressée. Mais j'ai la réponse à ma question. Pas la peine de retirer ces chaussures : je les remets donc sur le champ, une main posée sur le mur, levant ensuite le regard vers la brune qui déboule à mes côtés. Et parle. Vite. Un peu trop vite, étant donné le joli dérapage qu'elle tente maladroitement de rattraper. Chéri, hein ? Je lui fais un grand sourire compatissant, craquant sous le coup de cette boulette.

Avant de prendre le temps de lui répondre, de la laisser penser davantage, j'approche, pose une main sur son avant-bras et l'attire vers moi pour brusquement mener ses lèvres aux miennes. Puisqu'on doit se la jouer spontané, autant aller jusqu'au bout de l'idée. Un baiser impatient, quelque peu échauffé par le rythme effréné des événements, et je m'écarte, la lâche. J'aurai presque attendu une semaine pour y goûter à nouveau, ça n'est peut-être pas si mal. "Catastrophique, oui." dis-je sur un ton gentiment moqueur, comme si de rien n'était.

Je m'approche alors du sac qu'elle m'aura préparé, l'ouvre pour regarder rapidement le contenu avant de le refermer. Lux sera tout de même allée chercher dans mes tiroirs et je loue mon Seigneur de n'avoir rien de trop honteux caché là dedans. Sauf un caleçon à petits coeurs, superbe cadeau d'un ami de Londres pour mon départ... Et une paire de menottes à fourrure, achetée à l'occasion d'une soirée un peu folle. Et le petit requin en peluche que ma mère a insisté que je prenne comme souvenir. Surement aussi comme preuve de sa "splendide" éducation, pour me rappeler que la vie sans elle est inconcevable et que je ferais mieux de ramener mon petit fessier en Angleterre aussi tôt que possible. Deux-trois trucs comme ça que nous ferions mieux d'oublier.

"Je t'ai mis un C." Je parle de l'interro, oui. "Pas de traitement de faveur, hein ?" dis-je en souriant.

Tu as envie de te foutre une claque après la boulette que tu viens de faire. Chéri ? Vraiment, tu pouvais pas trouver mieux Lux ? Mais non, il a fallut que ça sorte comme si de rien n'était, comme si vous étiez un petit couple tout frais tout beau. Pas comme si c'était ton prof -carrément sexy- et toi son élève... Et parfois tu te dis que tout aurait été plus simple si tu avais quitté la fac après cette dernière année. De toute façon le diplôme n'est pas bien loin mais tout de même...

Et tu n'as pas le temps de rajouter quoi que ce soit, que ses lèvres se retrouvent sur les tiennes, et ça n'est pas pour te déplaire. T'y es complètement accro et ça tu peux pas l'ignorer, faire comme si de rien n'était. Et tu n'as pas envie que ce baiser prenne fin, tant pis pour l'escapade. Mais il y met fin et affirme que ton devoir était catastrophique, de toute façon tu n'avais pas révisé.

"Ah oui...quand même, je me rattraperais au prochain, c'est promis..." tu as cette petite moue triste sur le visage, mais c'est de ta faute et aussi un peu de la sienne parce qu'il te perturbe. Bref.

"Tiens au fait...j'ai pas pris les menottes à fourrure, je me suis dit qu'il valait mieux éviter pour ce week-end." tu lui adresses un petit clin d'œil, t'as envie de le taquiner puis tu viens m'embrasser sur la joue. "On prends ta voiture ou la mienne ?"

Je cligne des yeux à plusieurs reprises, le regard complètement abruti plongé dans le sien. Les menottes. Gnh... Et j'ouvre la bouche, cherche une excuse. "Je..." Cherche encore... Et finalement je me redresse, confus au possible. "Aaah, ces menottes..." Je me racle la gorge, gêné, je ne sais pas bien pourquoi d'ailleurs. "Ca n'est pas à moi..." dis-je en gesticulant bizarrement, la voix pincée et le regard qui roule comme s'il s'agissait de la meilleure vanne du monde. Tout ça avant de reprendre les clés de ma voiture, mon portefeuille, prendre l'un des sacs de voyage sur mon épaule, l'autre à la main. "... Ma voiture, c'est bien, allez hop hop hop !" Changer de sujet en lui pressant le pas : la meilleure stratégie d'évitement. Et tandis qu'elle se fout probablement de ma gueule -ce qui au fond m'amuse plus qu'autre chose, je lui pose son manteau sur la tête et l'attire avec moi hors de cet appartement dans lequel je serai resté cinq minutes à tout casser.

Bah voyons pas à lui. Tu souris, tu as pris un malin plaisir à le taquiner et ça a fonctionné. Il est presque mal à l'aise et tu trouves ça trop mignon, limite attendrissant, puis au moins y'a plus trop de malaise entre vous. Du moins c'est ce que tu ressens, et puis pendant quelques secondes tu vois plus rien à cause du manteau qu'il t'a balancé sur la tête. Tu aimes bien ce genre de rapprochement, c'est comme si vous étiez ensemble depuis longtemps et que vous taquiner était devenu une habitude entre vous.

Vous quittez l'appartement, et direction l'ascenseur, c'est pas vraiment ton endroit préféré mais avec Nick c'est autre chose. Les portes fermées, tu te tournes vers lui, un sourire malicieux aux lèvres. Et c'est à ton tour de l'embrasser, comme si c'était naturel avec lui. "Chacun son tour n'est ce pas ?" puis tu cales ta tête sur son épaule, le temps que l'ascenseur arrive au rez-de-chaussée. Et tu as étrangement hâte de passer ton week-end avec lui.

L'ascenseur. Un baiser volé. Je reste surpris une seconde, ai à peine le temps de profiter de ce contact. Chargé comme une mule, je me contente de la laisser faire, la fixant avec peut-être trop de douceur tandis qu'elle s'écarte, puis vient poser sa tête sur mon épaule. Les étages défilent. On devrait atteindre le sous-sol dans quelques secondes. Secondes qui me paraissent bien longues, bien courtes à la foi. Personne ne nous verra. Personne ne nous jugera. La liberté. Le sexe à la belle étoile. Toutes ces belles choses. "Alors la balle est dans mon camp." Je réponds, taquin comme elle ; les portes se rouvrent et l'on sort dans le parking de l'immeuble. Direction ma voiture : sans traîner des pieds : tout ce bordel commence à faire lourd.

J'ouvre le coffre, fourre les sacs dedans, la tente également. Je commence à réellement m'enthousiasmer de ce voyage, et spécialement du fait que cette idée vienne de nulle part, que l'on ne se pose aucune question, que l'on fonce têtes baissées à l'aventure. "On devra probablement rouler toute la nuit avant d'arriver." dis-je en lui ouvrant la portière passager en bon gentleman, l'invitant à s'installer d'un geste de main. "J’espère que tu aimes la caféine." On s'arrêterait faire le plein dans le premier magasin venu. Redbull, bouffe, Redbull encore... C'est dans ces moments-là que l'on regretterait de ne pas être cocaïnoman.