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Le temps a passé mais (presque) rien a changé
« Nous croyons tous à l'impossible, sans quoi nous n'arriverions jamais à l'accomplir. » ► MAILLET
La veille avait été un jour important pour moi, un jour où j'avais compris beaucoup de choses. Après des mois sans nouvelles, j'avais réussi à avoir ma mère au téléphone. Je lui avais raconté mes mésaventures, mon obsession pour le père de mon futur enfant et tout s'était éclairé. Ma mère m'avait dit que rares avaient été les hommes à s'intéresser à moi, elle était donc persuadée que mon attachement à Jude était l'expression d'une volonté de préserver sa présence à mes côtés, de manière extrêmement excessive. Elle m'avait conseillé aussi de prendre de l'homéopathie et de faire une séance d'acupuncture pour me remettre les idées en place, persuadée que l'exagération venait des hormones de grossesse. Et elle avait raison. Je m'étais rendue au village après avoir raccroché et j'avais suivi ses conseils si bien que je me sentais comme transformée psychologiquement quelques heures après. C'est pour cela que j'avais pris l'initiative de contacter Jude pour lui parler de tout cela, le rassurer aussi, tenter de repartir sur de bonnes bases. Et le rendez-vous avait été complètement différent du premier, cette fois-ci sans le moindre nuage, sans la moindre turbulence. L'autre révélation de ma mère m'avait vraiment perturbée. Elle m'avait en effet assurée qu'elle avait compris depuis des années qu'Eric ne me considérait pas que comme sa soeur adoptive mais qu'il était tout simplement amoureux de moi. J'avais du mal à y croire mais, étrangement, cela ne me semblait pas impossible. J'étais persuadée que je ne le reverrais jamais vu le temps que nous avions passé loin l'un de l'autre et les circonstances de notre séparation. Mais, malgré tout, je m'en voulais d'avoir pu lui faire du mal. J'étais une des seules personnes qu'il avait aimé dans sa vie et de qui il avait été aimé en retour, j'avais été si proche de lui et il avait vécu tant de malheurs... Cette pensée m'obsédait et c'est pour cela que j'avais décidé de me promener aux chutes, espérant que la vision de ces merveilles me changerait les idées. C'est ainsi que je m'étais arrêtée en bas des chutes, les regardant, émerveillée, toujours pensive, me tenant droite, du moins, du mieux que je le pouvais avec mon gros ventre.
S. ERIC W.-WINCHESTER & SAMARA O. WILSON
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