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" Faudrait savoir ce que tu veux " Que t'arrête de foutre ton bordel au milieu de ma tête. Mais présentement, ce que je veux, c'est me tirer. Et ne pas perdre la face devant Priape qui me sait fiancé, bien qu'il soit au courant de ma non volonté à voir ce mariage se concrétiser, mais surtout qu'il ne se mette pas à penser qu'en plus de cela je suis la pétasse qui pique aux filles leurs gars. Puisqu'autant Clay que moi sommes censés être maqués, et non ensemble, évidemment. Alors je me dépatouille avec les mots, des explications bateaux. Me demandant pourquoi ça m'importe tellement. " Non, on répétait juste un numéro de cirque.... " Parce que c'est un con que je hais. J'avais – l'espace d'une seconde – presque oublié. Je plante donc ma phrase de sortie, avant de prendre la porte et de les laisser tous les deux ici. Retournant derrière mon bar, maudissant de mon colocataire absolument tous ses traits de caractère. A répétition, je m'en prends à des verres que j'essuie pour finalement ranger derrière moi, ruminant ce qui aurait pu se passer. Ce dans quoi, inconsciemment mais sûrement, je me suis embarquée. Toute à mes pensées, je réitère mes actions, sans regarder ce que je fais, me retourne et percute l'une de mes collègues de plein fouet. Sonnée, je ne vois pas de suite que le shooter que je tenais entre mes doigts vient de s'exploser sur le sol et m'arrache une grossièreté. « Merde. » Non plusieurs, à la vérité. « Fait chier. » La situation, mon service qui n'en finit pas, et Lola qui n'en détache pas son regard de moi. « Ca va ? » On ne peut mieux, lâche moi. Tandis qu'elle s'en va déjà chercher de quoi ramasser, et je l'aide pour corriger ma connerie avant qu'un client n'en vienne à me demander son choix. Ce n'est qu'à ce moment que je vois enfin les deux – trois – compères des sanitaires, soutenant celui trouvé sur le sol, Priape me lance un au revoir de la main, et je fais de même, de manière bien plus minimaliste, cependant, n'étant pas fanatique des grandes démonstrations publiques. Et part en direction de la sortie, l'ivrogne sous le bras. C'est un autre de ce type, alcoolisé, qui revient alors à moi, et à ses airs, je le devine encore irrité, pour vivre chez lui, je peux dire que ses expressions, je commence à les assimiler. " Déçue? " Blasée, j'en soupire. Qu'on se le dise, j'apprécie Priape, vraiment, il a su m'attraper par son côté mature, celui qu'on ne confie pas aux étudiants, par son histoire, et par je ne sais quoi, un gentil garçon quoi. De ceux que je déteste habituellement. Mais au choix … La question ne se pose pas, c'est avec Clay que j'étais il y a quelques jours de cela, même si le dire à haute voix pourrait provoquer des vomissements intarissables et le début de ma fin, je le crains. " Hermès Johansson " Ma curiosité piquée, je fronce les sourcils pour savoir de quoi il est en train de parler, un rapide coup d'oeil me permets de constater que c'est surement le porte feuille du pilier de bar qu'il est en train de fouiller. Ca ne m'étonne même pas, mais je n'ai pas le temps de lui lancer une pique à ce sujet, qu'il me demande un nouveau verre, me place dans la case serveuse, et lui dans celui qui attend que sa petite amie finisse sa nuit. Non, en fait, c'est maintenant que j'ai envie de vomir. " Et toi. Tu t'y essayes quand? " Derechef, mes prunelles filent vers celle qui se trouve sur scène, et même s'il n'est pas des plus causant, j'ai appris à comprendre et lire entre ses lignes, depuis le temps. On parle de strip tease, et je ne peux m'empêcher de penser à cette fois, où après quelques délires, quelques verres, j'l'ai fait, en petit comité. La première fois. Pour rigoler. Pour essayer. Pour passer experte dans l'art de provoquer. Et peut-être aussi pour me dire que si mon père le savait, il me crèverait. Cette même nuit, celle où en rentrant chez nous, lui, chez lui, putain, je me demande comment je peux même me permettre de penser ça. Il y a un truc qui ne tourne pas rond chez moi. Et c'est lui qui me fait péter les plombs. Ce petit matin durant lequel je suis allée frapper à cette porte. Vendre mon âme et toutes ses méandres. Mes songes abyssaux. Bousiller mon égo. Craquer un semblant d'attachement dans des actes que je voulais. Le besoin et désir de le voir me baiser. Totalement fourvoyée. « C'est déjà fait. » Je ne précise pas le reste, évidemment. Manquerait plus que ça. « Mais ce n'est que pour les privilégiés. A la fin du service. » Et pas dans son intégralité, j'ai encore une dignité, pas comme la pute avec qui il s'évertue à forniquer « Pas pour les connards qui envisagent de me tirer comme une vulgaire prostituée. » Pas la peine de le cacher, c'est bien sa petite copine que je suis en train de viser. Celle pour laquelle il dit vouloir s'essayer à la fidélité. Ca me fait doucement rire, je dois l'avouer, parce qu'il est autant menteur que moi. C'est le seul qui a eu – et aura, faute de mon prochain mariage – l'intégralité d'un show privé, autant connard que je puisse le trouver.
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