Exposé : Alie-Jane Lovat Fraser

 
L’exposé était terminé. En tant normal, Noah se serait levé et serait parti vaquer à ses occupations. Mais en l’espèce, il était plutôt en bonne compagnie et se dit qu’il serait vraiment dommage de gâcher une nouvelle rencontre. La jeune fille lui dit qu’il excellait dans ce domaine, celui d’aguicher, de retenir, et de converser avec les gens visiblement. Et Noah eut un petit rire amusé la regardant ranger ses affaires : « C’est bien moins facile quand la montre joue contre nous. La persuasion est bien plus difficile que la séduction tu vois ». Il la regardait en souriant avant de faire comme elle et de ranger ses affaires dans son sac. Il lui tendit l’exposé qu’il ne voulait pas garder lui-même : « Tiens, tu en as la responsabilité. Je te laisse le soin de le taper à l’ordinateur si ça ne t’embête pas, je n’en ai pas encore acheté et je ne pourrais pas me rendre sur les ordinateurs de la bibliothèque avant après-demain ». Il finit par refermer son sac avant de croiser ses bras sur la table, regardant Alie-Jane finir de ranger ses affaires : « Bon. Et si on jouait au jeu des secrets. Je te dis quelque chose de très intime, et tu en fais de même. Cette pièce sera notre confessionnal et nous nous engageons tout deux à n’en rien faire sortir, qu’en dis-tu ? ». Il lui tendit la main comme pour sceller un pacte avant d’ajouter : « Je t'ai donné mes techniques de "drague", à toi de commencer et de m'expliquer les tiennes », il sourit de plus belle attendant de voir s'il l'avait réussit au moins un peu à la convaincre de rester ou pas.

 

Sa technique de persuasion était entrain de fonctionner visiblement, quoi de mieux que d’attiser l’instinct de curiosité féminin pour les retenir ? Alie-Jane prit l’exposé et le mit dans son sac ce qui soulagea Noah d’un poids, il n’avait plus aucun travail à faire avant la semaine prochaine et pouvait tranquillement vaquer à ses occupations. Elle accepta de jouer le jeu et Noah eut un sourire amusé et malicieux avant de se redresser sur son siège. Avant qu’elle ne pu poursuivre, il se releva et se dirigea vers la porte de la pièce : « Je m’assure que toutes les conditions de notre contrat soit remplies, rien qui filtre ni de l’intérieur vers l’extérieur, ni de l’extérieur vers l’intérieur ». Il poussa deux des tables de la pièce pour venir les caler contre la porte et empêcher cette dernière de s’ouvrir sans qu’il ne le décide. Une fois cela fait, il revint s’asseoir sur sa chaise, à côté d’Alie-Jane et la laissa poursuivre. Elle lui expliqua que sa technique à elle était d’ajouter le toucher à tout ce qu’elle faisait. Et tout en le lui expliquant, elle passait sa main sur le bras de Noah. Noah baissa les yeux vers sa main avant de les relever vers Alie-Jane la regardant dans les yeux également : « Je vois … », dit-il dans un sourire agréablement titiller par cette sensation. « Et … est-ce que ça marche dans l’autre sens ? », il se recula quelque peu avant de passer sa main droite sous la table : « Une bonne technique est une technique qu'il serait, normalement, impossible de retourner contre nous-même, non ? ...». Et tandis qu’il disait cela il posait sa main sur le genoux d’Alie-Jane, la regardant dans les yeux avant de sourire d’un air inquisiteur, comme pour observer ses réactions.

La réaction, complètement indifférente et impassible d’Alie-Jane, fit sourire Noah en apparence, qui retira instinctivement, délicatement sa main du genou de la jeune fille, avant de venir croiser les bras sur la table. Il n’aimait pas vraiment ne faire aucun effet aux filles. C’était sans doute trop orgueilleux, mais il détestait profondément ne pas avoir le contrôle, ni le dessus. Là clairement, il n’était pas en position de force, et même si l’idée d’avoir un rapport quelconque avec cette jeune fille ne lui traversa l’esprit qu’une fraction de seconde, l’idée qu’il avait, c’était de la séduire. Le jeu de séduction pouvait ne jamais aboutir, ce n’était pas franchement important. Tout ce qui comptait pour lui, c’était de démentir cette indifférence et de faire comprendre à la jeune fille que non, elle n’était pas impassible. Il la dévisageait en souriant, à la fois amusé et surpris. C’était toujours très agréable de passer un peu de temps avec des filles de caractère : « Très Bien … ». Son pied, appuyé sur ses orteils, se mit à bouger machinalement, traduisant une certaine anxiété, et faisant trembler toute sa jambe. Il décida de feindre l’indifférence à son tour et de faire comme si la jeune fille ne l’intéressait pas, comme ci ce n’était pas bien important qu’elle soit ou pas séduite par lui : « A ton tour de me poser une question ». Il releva ses mains, qu’il croisa et vint poser sous son menton, de manière à être appuyé dessus, sans lâcher des yeux la jeune fille.

 

Noah acceptait assez mal l’échec, surtout quand il voyait une fille lui résister. C’était pour lui une sorte de jeu narcissique, un coup de pied dans l’ego qui l’obligeait à tout mettre en œuvre pour arriver à ses fins.  Fins qu’il ne définissait pas obligatoirement comme le fait de coucher avec l’autre, mais juste comme l’entendre admettre que non, elle n’est pas indifférente, que oui, il lui fait de l’effet. Il remuait sa jambe et demandait à Alie-Jane de lui poser une question, comme c’était son tour. Instinctivement, Noah se dit que si elle lui posait une question sur sa vie d’ordinaire et qui n’avait rien à voir avec les jeux de séduction, c’est qu’elle n’était effectivement définitivement pas touchée par sa personnalité. En revanche, si elle restait dans le même registre c’est qu’il suscitait au moins une infime pointe d’intérêt et d’intrigue. Et, à sa grande surprise, c’est la deuxième option que la jeune fille choisit. Alors, Noah après avoir esquissait un léger sourire satisfait et pris une petite inspiration, lui répondit : « Je ne crois pas que le but ultime de la séduction ce soit le fait de coucher avec l’autre. Sinon, une fois qu’on se met en couple, on ne fait plus rien, et c’est juste impensable. La séduction c’est quelque chose de totalement différent, on peut séduire juste pour le plaisir de séduire. Je ne vais pas mentir, j’ai déjà couché avec des filles, mais que j’avais séduit autant qu’elle m’avait séduit ! Mais en ce qui me concerne, ça ne m’intéresse pas de collectionner, j’ai déjà les voitures pour ça. Donc pour répondre à ta question, non, je n’ai jamais tenté de séduire uniquement dans le but de coucher, c’est en général quelque chose qui ne se prévoit pas et qui vient après ». Noah sourit de plus belle avant de reposer ses mains sur la table et d’ajouter, l’air enjoué : « A mon tour ». Il croise ses bras sur la table de manière à se pencher légèrement plus vers Alie-Jane : « Une question un petit peu plus intime. Est-ce que tu as un petit ami ? »

 

 

Noah commençait à se prendre au jeu. Alie-Jane ne le regardait plus avec autant de méfiance qu’au début, peut-être ressentait-elle finalement un peu de sympathie pour le jeune homme. Elle en revanche, était très mystérieuse. Il avait énormément de mal à la cerner ou à saisir ses arrières pensées. D’habitude, il était très doué pour comprendre les gens, il les devinait plus par leur silence que par leurs mots, mais là, c’était plus difficile. Aussi parce qu’elle semblait être à deux endroits en même temps, comme si elle était là et y prenait plaisir, mais à la fois ne pouvait s’empêcher de penser à des choses qui la tracasse. Noah sourit de plus belle lorsque la jeune fille lui dit que c’était intéressant comme façon de voir les choses : « Il n’y a pas trente six façons de voir les choses. Soit on respecte les femmes, auquel cas on peut se permettre de séduire sans penser à coucher obligatoirement. Soit on ne les respecte pas, auquel cas, nous ne sommes qu’un vulgaire pantin guidé par un sexe avide et sans doute trop petit qui traduit un complexe certain de virilité ». Noah dit ceci en plaisantant, continuant à sourire. Il détestait absolument les garçons qui pour se sentir grand, beau et fort traitaient les filles comme des objets ou des moins que rien. Pour lui c’était complètement l’inverse : un garçon devenait un homme respectable, charismatique et grand que lorsqu’il apprenait à traiter les femmes avec respect. Sans doute cette façon de voir les choses lui venait-elle de sa mère qu’il adorait ou de son éducation. Quoiqu’il en soit, c’est pour cela que le fait de coucher ne pouvait pas être une finalité à la séduction pour lui.

La jeune fille lui dit qu’il n’y avait rien d’officiel encore et Noah fit une mine intriguée : « Je n’ai jamais compris ce truc « d’officiel ». Je veux dire, on ne s’appelle pas un matin pour se dire « salut on est en couple ». Soit on sent qu’on l’est, soit on sent qu’on ne l’est pas. Et si y a un doute, c’est qu’on ne l’est pas. Enfin, je crois … »