Homeless ❤ PRIALYA

Mon sourire s'étire jusqu'à mes oreilles quand Priape reprend mes mots pour qualifier Liam : l'homme parfait. Je ne peux m'empêcher de lui donner un petit coup de coude. C'est mignon ce petit air mécontent qui ressemble à un peu de jalousie qu'il a sur le visage. L'ambiance est bonne enfant et ça fait du bien. Je mange une nouvelle fois une part de pizza et le dunster choisit ce moment pour dire que je vais bientôt reprendre mes kilos. Oui en mangeant de la pizza tous les jours il y a de forte chance, heureusement que ce n'est pas le cas. « Oh oui je vais les reprendre mais pour la meilleure des raisons pas à cause de la pizza ! Je t'ai déjà dit que j'avais adoré être enceinte pour Charlie, voir mon ventre s'arrondir, partager ça avec le papa, la sentir bouger... » Ma première grossesse avait été magique, j'adorais les sensations que cela faisait, j'avais adoré poser mes mains sur mon ventre des heures et des heures à la sentir bouger, évoluer, grandir en moi... J'étais vraiment heureuse de vivre cette expérience une nouvelle fois même si c'était surement trop tôt à la suite de la première.

Croquant également dans une part de pizza, j’écoutais en souriant Talya qui me parlait de son statut de femme enceinte et combien elle avait aimé cela la première fois. « Non, tu m’en avais jamais parlé... » Je savais son amour inconditionnel pour Charlie mais sa grossesse elle m’en avait peu parlé et je n’avais jamais trop questionné non plus, ne souhaitant pas réveiller la douleur d’avoir perdu le père de sa fille. « Ca te faisait pas bizarre de sentir gigoter dans ton ventre ? Ca me fait toujours penser à Alien moi... » Je comparais notre notre bout de choux à un monstre de l'espace oui, mais j'avais trop vu ce film et certains ventres de femme enceinte qui se déformaient sous les mouvements foetaux m'avaient souvent évoqué ce film que j'avais surement trop vu. C’était un truc qui m’avait toujours intrigué, une sensation que je ne connaitrais jamais d’ailleurs, à moins que la médecine ne trouve le moyen de faire porter les bébés par leur père, ce qui ne serait pas dans mon cas une très bonne idée vu les mauvaises habitudes que j’avais pris depuis quelques temps. « Tu le sens pas déjà bouger là ? » demandai-je, mon regard s’attardant sur son ventre encore plat.

« On a parlé de beaucoup de choses mais pas de ça, en même temps je crois qu'on pensait tous les deux que ça n'arriverait pas aussi vite... » Lorsqu'on utilise un contraceptif on ne s'attend jamais à être enceinte. Le stérilet était quelque chose de normalement assez sûr c'était pourquoi j'avais adopté cette méthode mais finalement, au vue de mon état il était peut être préférable que je passe sous pilule même au risque de l'oublier de temps en temps à cause d'un emploi du temps trop chargé avec deux enfants en bas âge à charge. Et puis au moins, il n'y avait pas de risque de perdre le bébé si je tombais enceinte sous pilule ce qui était quand même plus que rare alors que lorsque j'avais fait enlever mon stérilet on m'avait bien évoqué un risque, mais non, tout allait bien. « J'adore sentir bouger dans mon ventre, j'ai hâte de le ou la sentir d'ailleurs, c'est plus agréable que sentir tous mes organes se contracter en prévision de la nausée qui arrive. » Les nausées se calmaient avec l'avancement de la grossesse, cela faisait du bien, cela me permettait d'être plus sereine et un peu plus solide sur mes jambes, de moins être pale et donc de mon inquiéter tout mon entourage. « Priape le bébé doit faire à peine quinze grammes et doit à peine être plus gros que mon petit doigt alors comme veux tu que je le sente déjà bouger ? Non pour les coups de pied et les moments à chercher où il est avec ta main sur mon ventre il va falloir encore attendre un peu. » Nous allions avoir un bébé ensemble oui et je n'avais aucune envie de ne pas partager ces beaux moments de complicité avec lui. Après tout un ventre était un ventre et même si il ne voulait plus de moi dans sa vie en tant que petite amie, sa main sur mon ventre ne l'engagerait à rien d'autre que prendre soin de son bébé.

J’hochais la tête en écoutant Talya : et oui, je n’avais jamais pensé que ça arriverait aussi vite, et surtout pas comme ça, pas dans ces conditions. Malgré mon côté terre à terre et assez fermé, dans le fond, j’étais quelqu’un de relativement romantique. Je n’envisageais pas de fonder une famille avec quelqu’un avec qui je n’étais même plus en couple. Enfin, je ne préférais même pas me relancer dans ce débat. La trève entre nous était bénéfique, je n’avais pas envie d’y mettre un terme en réabordant des sujets de discorde. Je souris en l’écoutant me raconter son impatience de sentir notre enfant bouger avant qu’elle ne me rappelle que c’était encore loin d’être le cas. « Ha bah tu sais y’a des femmes qui arrivent à sentir leur ovulation alors on ne sait jamais. » rigolai-je même si je savais dans le fond que c’était chose extrêmement rare que de sentir les mouvements avant le quatrième mois. Quand mon ex petite amie évoqua l’image classique du futur papa qui caressait le ventre de sa femme pour percevoir le remue ménage intérieur, je ne pus m’empêcher de me demander si l’on aurait le droit à ce genre de moments elle et moi. Après tout, notre situation était tout à fait particulière, je lui demandais finalement carrément son avis sur la question : « Y’a des cours pour le père pour apprendre à communiquer avec le bébé à travers le ventre de la maman, c’est l’haptonomie c’est ça ? Tu crois qu’on pourra faire ça ? Ca serait pas un peu bizarre ? » Oui c’était mon enfant, mais n’empêche qu’elle n’avait peut être pas envie de se faire tripoter le bidon par son ex copain.  

« Y'a des cinglés sur cette planète ! Mais je n'en fais heureusement pas parti de ce point de vue là ! » J'étais cinglée de l'avoir trompée oui donc je faisais partie des cinglées mais je n'étais pas de celles qui sentent le moindre mouvement dans leur ventre, la preuve j'étais bien loin de m'imaginer que j'étais enceinte avant que Sienna ne me traine de force à l'hôpital et pourtant j'en avais tous les symptômes. Ce n'est pas comme si ma dernière grossesse remontait d'il y a longtemps en plus. « Je ne savais pas que ça existait. Tu penses vraiment avoir du mal à communiquer avec ton futur fils ou ta future fille alors qu'il n'y aura que quelques centimètres entre toi et lui ? » Je souris, je le taquinais. Allait il avoir du mal à s'approcher de moi, à communiquer avec son enfant ? J'étais peut être pudique dans mon genre mais pas au point de l'être avec Priape et encore moins avec le père de mon bébé. C'était peut être mon ventre mais c'était aussi son bébé que j'avais là et je ne voulais pas le priver de cela, surtout que c'était quand même l'homme que j'aimais et le seul qui pourrait surement me toucher pendant encore un moment, je n'étais pas le genre à passer à autre chose très rapidement. D'ailleurs c'était difficile de passer à autre chose après le baiser qu'on avait échangé à l'hôpital qui montrait bien qu'il avait toujours des sentiments pour moi. Alors quoi ? Il pouvait prendre mes lèvres mais pas poser sa main ou son oreille sur mon ventre ? « Tu verras bien le moment venu, mais si tu veux qu'on aille à ce genre de cours on ira. » Je terminais ma pizza, et oui je l'avais prévenu que j'avais faim. Je léchais mes doigts avant de me lever pour aller me laver les mains faisant comme chez moi, parce que pendant un petit moment ça avait été un peu comme chez moi. Je pris ensuite les cartons et les mis par terre dans un coin pour les mettre à la poubelle en partant. « On aurait dû prendre un dessert avec ! » Talya en mode gloutonne on !

Talya semblait étonnée que j’évoque les cours d’hapto, que j’ajoute que ça serait surement bizarre… J'essayais de clarifier le fond de ma pensée : « Je pense pas avoir du mal à communiquer mais… enfin si on était encore en couple ça serait différent… C’est juste que là, on sera moins souvent ensemble toi et moi. Je risque de pas être là le jour du premier coup de pied que tu vas percevoir, ou encore la première fois qu’il aura le hoquet dans ton ventre… » Des petits moments tout bêtes, mais magiques quand on les partageait à deux, et moi j’avais de forte chance de les manquer vu que nous allions continuer nos vies chacun de notre côté. Alors oui, j’étais plutôt pour ce genre de petite séance de communication avec mon fils ou ma fille si ça me permettait de tisser des liens avant même sa naissance. Enfin, on avait le temps d’y penser. On avait terminé les pizzas et la jeune femme souligna qu’on aurait du commander un dessert en plus. Je me levai du lit pour aller fouiller dans l’un des placards de la chambre. « Je dois avoir un paquet de cookies quelque part par là. » Je l’attrapai et le lançai à la jeune femme avant de retourner m’installer à côté d’elle. « Ca risque pas de te filer la nausées ça, ça va ? »

« Ecoute bien ce que je vais dire qu'il n'y ait pas de truc un peu ambigu ou qui soit mal interprété. » Je pris une grande inspiration, plantais mon regard dans le sien et lui dis : « Tu sais on est des adultes, et plutôt sur la bonne voie pour s'entendre... J'avais vraiment pas envie que tu loupes ces moments parce que tous les cours du monde ne les remplaceront pas... Je vais dire un truc bête mais si tu veux venir t'installer à l'appartement le temps de la grossesse tu peux... Enfin je t'invite pas dans mon lit, juste dans le lit d'amis... Si on arrive à dormir dans la même pièce ce soir je crois qu'on peut dormir dans le même appartement. » Après sans se sauter dessus, sans faire des choses je ne savais pas si c'était possible mais bon il était plutôt remonté contre moi après ma tromperie alors pourquoi aurait il envie de moi après tout ? Cette solution n'était donc pas tentation. Je lui dis ensuite que j'aurais bien pris un dessert et il me sortit un paquet de cookie, mon pécher mignon, après n'allaient ils pas m’écœurer, je n'en savais rien... J'en pris rapidement un et l'engloutis comme si je n'avais rien manger depuis trois jours. « J'adore ça ! Mais oui je vais y aller doucement ! Tu comptais réviser ce soir ? Tu comptais faire quoi avant que je ne m'incruste dans ta soirée ? » Je tournais la tête vers lui pour planter mon regard dans le sien mais le détournais bien vite, il était trop proche de moi et tous les deux dans cette chambre, sur un lit, les cartons de pizza plus entre nous, non il fallait que moi je tourne les yeux avant d'avoir envie de l'embrasser comme on avait fait dans la remise...et autant dire que je n'avais pas envie que de l'embrasser, mais là je n'avais plus l'excuse des calmants pour justifier l'intrusion de ma langue dans sa bouche et de mes mains sur son corps.

Talya reprit la parole réclamant toute mon attention. Son regard vint de planter dans le mien, et je l’écoutais alors me proposer d’emménager chez elle le temps de la grossesse, pour ne rater aucun de ces moments. Je secouais la tête pour refuser : « Talya je peux pas… » Talya, son coloc mister perfect et moi sous le même toit… Non merci, j’étais bien septique, mais l’idée de la jeune femme en avait fait surgir une autre dans mon esprit : « Mais tu sais je t’ai parlé que je pensais me prendre un appart, ne plus vivre ici… » fis-je en désignant la chambre dans laquelle nous nous trouvions et qui, bien que confortable, serait surement trop étroite pour y caser un berceau, une table à langer et un transat de bébé. « Du coup, peut être que quand j’aurais trouvé mon chez-moi, on pourrait plutôt faire l’inverse : toi, tu viendrais t’installer dans mon appart le temps de la grossesse. » Puis soudain ça me parut d’une logique implacable, il fallait qu’elle accepte : « Tu pourras te reposer plus facilement, je pourrais t’aider pour tes cours histoire que tu ne sois pas trop en retard. Et puis si Charlie est très demandeuse avec toi, qu’elle pleure la nuit, ça me fera un entrainement… » Et puis pas de monsieur parfait pour tenir la chandelle quoi. «T’en dis quoi ? » Les cookies semblèrent convenir à la demoiselle et je l’observais se régaler en souriant. Elle me demanda ce que j’avais de prévu normalement ce soir… Déprimer et boire en pensant à toi. Mauvaise réponse surement. « Oui réviser… Enfin maintenant que t’es là, ce n’est plus dans mes projets… » Ou alors révisions de l’anatomie de la femme enceinte… Non, il ne fallait pas que je laisse mes pensées s’égarer, même si son regard dans le mien avait le don de me troubler… Mais la jeune femme le détourna finalement, ce qui me permit de me reprendre, marquant un imperceptible recul, m’éloignant de quelques ridicules centimètres comme si cela allait m’aider à résister à l’attraction qu’elle effectuait sur moi : « Tu veux qu’on regarde un film ? »  

Mon idée en avait fait germer une autre dans sa tête. Il voulait qu'on fasse l'inverse et je me doutais bien de la raison du pourquoi il me proposait cela. J'avais dépeint mon colocataire comme l'homme parfait alors qu'il ne l'était pas, enfin il n'était pas l'homme que j'aimais, et cela ne plaisait guère au jeun dunster, du coup il préférait ne pas le côtoyer et que je vienne vivre chez lui. « Je ne veux pas m'imposer chez toi Priape... Et puis la colocation aurait peut être permis que tu te sentes moins cloitré qu'avec moi... Enfin je sais pas, je ne veux juste pas que tu te sentes obligé, je te proposais ça simplement pour que tu ne loupes pas tous ces moments qui seront aussi importants pour toi que pour moi. » Et puis il y avait aussi Charlie, enfin je ne sais pas. Je savais que Priape ne roulait pas sur l'or, je ne voulais pas l'obliger à prendre un appartement grand pour m'accueillir et accueillir Charlie, je ne voulais pas qu'il se retrouve coincé à cause de nous. « Tu sais que tu n'es pas obligé de faire tout ça pour moi et pour Charlie... Et puis il faudrait un grand appartement avec plusieurs chambres alors que tu n'avais surement prévu qu'en avoir une ou deux... Je ne veux pas que tu te retrouves à payer un grand appartement à cause de ma fille et moi... » Charlie avait accroché avec Priape, le courant était passé de suite entre eux mais elle n'était quand même pas sa fille de sang, malgré notre histoire alors je ne voulais pas qu'il se sente obligé... Le sujet était sérieux et il faudrait surement en reparler car vivre ensemble n'était quand même pas une mauvaise idée pour de nombreux points. « Allons y pour le film ! Mais tu choisis, je ne sais jamais quoi mettre moi ! » Je l'encourage à se lever du lit et m'étale de ton mon long pour m'étirer puis je me rassois et regarde un peu comment m'installer pendant que Priape choisit.

J’avais refusé l’offre de Talya qui se proposait de m’héberger pour les mois à venir histoire de ne rien manquer des petits moments magiques de sa grossesse puis ce fut elle qui refusa à son tour la proposition inverse. C’était vrai que l’on n’avait pas envisagé de vivre ensemble lorsqu’on était en couple, alors le faire alors qu’on était désormais séparés n’était peut être pas une bonne idée, même si immanquablement j’allais rater des choses… « On a encore le temps d’y penser de toute façon… » On en reparlerait plus tard. Peut être que suivant comment la grossesse allait se passer, selon son état de fatigue, elle reconsidérerait mon offre. En tout cas, j’avais de toute façon l’intention de louer un appartement pour moi, ne serait-ce que pour les fois où mon ex souhaiterait me laisser le bébé pour la nuit. Et puis aussi parce qu’arrivé à 24 ans il était grand temps pour moi d’avoir mon chez moi. Talya me laissa ensuite libre choix concernant le film. Je me levai pour aller fouiller parmi les DVD posés sur l’étagère. « Plutôt film d’horreur, film d’action ou film de guerre ? » proposai-je en fonction de ce que je trouvais. On était bien dans une chambre de mecs. Je tournais la tête vers elle pour écouter sa réponse puis voyant qu’elle gigotait sur le lit, je lui demandai : « Ca va pas ? T’es mal installée ? »