ADRUZY ✘ it's just a good day.

Est-ce qu'elle comptait me faire un cours sur ce que les femmes aimaient ? Parce que je savais très bien ce qu'elles aimaient, heureusement pour moi. Mais il fallait que j'avoue que Suzy me donnait du fil à retordre et que je ne savais pas si j'arriverais à la faire craquer. Pourtant, les filles ne me résistaient pas autant en temps normal. Elle restait donc un mystère de la nature. « Oh, mais tant mieux si tu n'as pas de regrets dans ce domaine ! Cela tombe très bien d'ailleurs, car moi non plus. » disais-je en souriant. En même temps, depuis quand un mec aurait des regrets à jouer à ce petit jeu avec une fille aussi sexy, hein ? Il faudrait être complètement con. Oh, elle était clairement en train de me chercher là ! Elle me connaissait quand même et elle savait très bien qu'il ne fallait pas attaquer mon pouvoir de séduction. Mais ça devait l'amuser, tout simplement. « Je te l'accorde, sur le coup, tu n'as pas tort. » répondais-je en penchant légèrement la tête, ne lâchant pas son regard. Je réfléchissais quelques secondes avant de vite reprendre la parole. « Cela dit, c'est toujours plus compliqué de mettre une fille dans son lit quand celle-ci est un mur qui ne se laisse approcher par personne, sauf quand elle a bu. Mais comme j'suis un mec correct, j'te fais pas boire. » rajoutais-je en haussant les épaules. Pourtant, sachant très bien qu'elle ne tenait absolument pas l'alcool, j'avais eu envie plusieurs fois de la faire boire un peu. Un tout petit peu..

Je connaissais la réputation des cabots qui trainait ça et là, du genre fille facile et tout ce qui se ralliait à ça, mais je crois que si l'on se fiait à cette réputation, alors j'étais bien loin d'être une véritable cabot. Je pense que celui qui me traitera de fille facile n'aura forcément jamais eu vent de la résistance que je fais à mon coloc depuis quelques mois. D'ailleurs, cela ne m'étonnait pas lorsqu'il dit ne pas non plus avoir de regrets, le contraire m'aurait, par contre, surprise. Rares sont ceux qui regrettent leurs efforts pour s'attribuer une nouvelle conquête, je suppose. Lorsqu'il me dit que je n'avais pas tort, j'esquissai un sourire. Effectivement, il fallait le reconnaître, c'était un point pour moi. Je crois que si je tentais de séduire quelqu'un pour le mettre dans mon lit, je n'aurais besoin que d'un ou deux jours si l'on parle de quelqu'un de célibataire du moins; de toute manière, je ne fais pas dans la mesquinerie. Pas que j'ai trop confiance en moi, je savais seulement comment m'y prendre. Pas comme lui, en somme. « Si je me laissais juste faire comme la plupart des pauvres filles d'ici ce ne serait même pas amusant, je voudrais pas non plus que tu me considères comme n'importe qui. » soupirai-je avant de reprendre la parole. « Mais bon c'est quand même remarquable de ta part de ne pas utiliser mes faiblesses pour garder l'avantage. » ris-je légèrement. Et sinon, comment la conversation a-t-elle dérivée sur ma façon d'être réticente à ses avances, déjà?

Déjà que j'avais une réputation de connard, si je faisais boire une fille pour réussir à la mettre dans mon lit, ça n'aiderait absolument pas. Puis bon, je n'étais pas un connard avec tout le monde et je pouvais aussi être le mec le plus adorable de la planète. Ca dépendait des gens, de mon humeur, de moment, en fait, de beaucoup de choses. Je fronçais légèrement les sourcils après ses paroles. Comme n'importe qui ? Je me demandais bien comment je devais prendre cette phrase. Qu'est-ce que ça pouvait lui foutre de paraître comme n'importe qui aux yeux d'un petit con narcissique ? Parce que c'était bien comme cela qu'elle me voyait, sauf erreur de ma part. « Ca te ferait quoi si je te considérais comme n'importe qui ? » demandais-je très sérieusement. Cette phrase et la façon avec laquelle elle l'avait dit me perturber et me laisser perplexe. Sûrement car j'étais trop curieux et que je voulais savoir ce qu'il se cachait d'autres derrière cette phrase. Je souris, évidemment que c'était remarquable. Car si ça avait été n'importe quelles autres filles, je n'aurais pas hésité à la faire boire, sûrement. Mais c'était Suzy. Puis, je vivais avec elle en plus et j'étais obligé de la voir tous les jours, je préférais pas imaginer le genre de relations étranges qu'il y aurait si je faisais ça. « Tu vois, je ne suis pas un si grand connard que ça, au fond. » rajoutais-je en lui souriant.

N'importe qui. Pas que je ne souhaitais me mettre au dessus des autres, car je ne suis pas de ces personnes qui pensent avoir un réel avantage naturel sur les autres, comme certains autres héritiers prétentieux qui ne comptent que sur eux-même pour mieux se distinguer des autres. C'est vrai que je n'avais pas vraiment réfléchi avant de lui dire ça aussi spontanément, mais pourtant, je savais à peu près ce que je voulais lui répondre ensuite, bien que je n'arrive pas à trouver exactement la bonne façon de le dire. « J'aimerai pas ça. J'ai pas vraiment envie que mes amis me voit comme un morceau de viande, si tu vois ce que je veux dire. Être la conquête d'un mec que je connais pas, j'en aurais rien à foutre de ce qu'il pense, mais de quelqu'un dont je suis proche c'est assez.. vexant? » S'il y a cependant quelque chose dans quoi je faisais des progrès, c'était ma capacité à être sincère et à attendre de moins en moins d'être jugée par les autres. Enfin du moins jusqu'à un seuil respectable, on ne peut pas non plus se tirer aussi facilement de ce genre de choses. « Si t'étais vraiment le dernier des connards crois-moi que je n'aurais jamais accepté de vivre avec toi, j'ai des limites à mon acceptation des personnes insupportables. » De toute manière, j'avais déjà eu des preuves du fait qu'il était.. totalement double-face dans un sens, puisque à l'écouter parler toute la journée, on se doute peu qu'il puisse avoir un bon fond quand il le faut.

Cette conversation, qui était de base destinée à un simple défi prenait une tournure toute différente, presque étrange. Mais, en y réfléchissant, c'était souvent ça entre nous deux. Nos conversations prenaient toutes un chemin étranges, comme notre jeu dangereux. Ca pourrait faire flipper certaines personnes, mais pas moi. Je fronçais toujours plus les sourcils après ses paroles, c'était.. Bizarre. Je comprenais mais en même temps, je ne comprenais pas. Il fallait faire la part des choses pour moi. Puis bon, fallait dire que je continuais d'être amis avec des gens avec qui j'avais couché, donc je ne faisais plus trop la différence. Sauf si c'était des exs, évidemment. « Je ne vois pas en quoi c'est vexant ! C'est pas comme si tu étais un mauvais coup ou que tu étais moche ou que.. tu couchais avec tous tes potes non plus. » disais-je en haussant les épaules. Heureusement qu'elle ne couchait pas avec tout ces potes d'ailleurs, car je trouverais cela carrément étrange sinon et je ne chercherais même pas à la mettre dans mon lit. Ce qui, finalement, pouvait paraître tout aussi étrange me concernant. Je souriais après ses paroles. Bien, elle ne me prenait donc pas pour le dernier des connards, c'était un bon point. En même temps, elle avait pu me voir gentil et attentionné, ce genre de côté que peu de personnes me connaissant ne voient. « Je suis presque touché, moi qui pensais que mon égo surdimensionné était vraiment insupportable. » rétorquais-je en riant légèrement.

Va vraiment falloir que je songe à prendre des cours pour trouver la bonne façon de m'exprimer parce qu'à sa réponse, j'ai compris que j'avais peut-être été trop peu clair dans mon explication. « C'est pas exactement ce que je voulais dire.. en fait tu vois quand je dis n'importe qui ce serait.. qu'on me mette au même niveau qu'un plan cul tu vois? C'est pas le fait de passer une nuit avec un mec que je connais depuis des années qui me dérangerait, c'est que c'est quand même.. différent d'un plan d'un soir, tu vois? » Cours de psycho-sexo ici, si quelqu'un nous entendait parler je pense qu'ils nous prendrait vraiment pour des personnes étranges avec des conversations étranges. Ce qui est un peu le cas, je dois l'avouer. Lorsqu'il me répondait après que je lui ai dit que je connaissais bien pire en terme de connard; ou plutôt que j'avais connu parce que ça fait quand même longtemps que je ne fréquente plus de personnes aussi dérisoires, je penchais légèrement la tête comme si j'avais mal entendu. « Tu ES insupportable, Adriel. J'ai seulement dit que tu n'étais pas un connard, je n'ai jamais dit que ton narcissisme lui était supportable. » remarquai-je ensuite. Mais en même temps, je pense que je trouverais vraiment ça bizarre s'il changeait de comportement parce que je commençais à m'habituer à ce caractère, aussi chiant que ce puisse-t-être parfois.

Je l'écoutais, je réfléchissais et j'essayais de la comprendre. Oui, pour une fois, je ne cherchais pas à faire le con. Je voulais juste comprendre. Mais c'est alors que je pensais avoir une illumination. Enfin, sûrement pas, car les illuminations venant de moi étaient très rares, voir inexistantes. Mais ceci n'était qu'un détail de toute façon. « J'ai compris ! En gros, la condition pour coucher avec un mec que tu connais depuis des années, si tu veux pas être un plan cul, c'est que tu veux avoir une vraie relation avec lui. » déclarais-je sûr de moi. Je ne voyais pas d'autres solutions, pour moi, c'était ça ou rien. Même si sur le principe, j'étais d'accord avec elle, c'était différent d'un plan cul. C'était toujours plus spécial de coucher avec une personne avec qui on était amis. Mais la conversation prenait une autre tournure, étant donné qu'on parlait maintenant de moi et du fait que.. j'étais insupportable. Pour Suzy en tout cas. Non parce qu'au fond, je l'étais pas tant que ça, non.. ? « Au final, tu vis avec moi, tu passes des après-midi avec moi, tu me parles par sms.. Mon narcissisme et moi on ne doit pas être si insupportable que ça finalement. » rétorquais-je avec un large sourire. Puis franchement, si je n'étais pas comme ça, si je cachais ce côté de ma personnalité, je pourrais devenir carrément chiant comme mec. J'étais parfait comme j'étais.

Je ne sais même pas pourquoi on parle de quelque chose que.. je ne fais pas, en fait. Puisque je ne suis pas habituée à sauter sur les hommes qui font parti de mon entourage, c'est vrai que ça paraissait étrange qu'importe la façon dont on regardait ça. « Je dirais.. pas forcément une relation, c'est surtout de pas vouloir être traitée comme un plan cul et de se dire que le pote en question aura entretenu une amitié juste pour mon corps. Enfin une relation c'est aussi mieux que rien, même si dans mon cas qu'importe la façon de le voir j'suis impossible à caser, donc au final.. » Je soupirai. En fait mon raisonnement était un peu bancal, puisque je ne pouvais pas me voir en couple. Avec qui que ce soit. C'était peut-être triste de le voir ainsi mais je ne savais comment l'exprimer autrement. Sur le cas Adriel, je devais reconnaître qu'il n'avait pas tort sur le fait que je continuais néanmoins de le supporter depuis tout ce temps. « Au fond de moi, je dois sûrement être masochiste, ça expliquerait tout. » répondis-je en riant légèrement. « C'est vrai que tu n'as pas tort, mais en fait je pense que c'est parce que j'ai assez de caractère pour t'envoyer balader quand tu pars trop loin. Du coup, il y a une certaine stabilité et ça reste vivable. » Une fille docile ne s'en sortirait clairement pas, c'est sûr que la pauvre aurait envie de s'enfuir au bout de deux heures.

Je n'essayais même plus de comprendre comment on en était arrivé là, je savais juste que cette conversation me plaisait plutôt pas mal pour l'instant. C'était intéressant, car j'en apprenais un peu plus sur Suzy. Et surtout, car je n'avais pas l'impression qu'elle me mentait. Elle avait l'air réellement sincère et ça me faisait plaisir, peu importait le sujet de conversation. « Que ce soit clair, je ne suis pas amie avec toi que pour ton corps, hein. C'est juste un jeu qui s'est installé entre nous tout ça. » disais-je en plantant mon regard dans le sien. Je ne voulais pas qu'elle croit cela, car c'était faux. Si je ne couchais jamais avec elle, je m'en fichais, ça resterait une amie. J'étais juste un dragueur dans l'âme, tout simplement. « Tu m'avais déjà dit que tu ne pouvais pas être casé, mais je t'avoue que je ne comprends toujours pas pourquoi.. » avouais-je en soupirant légèrement. Après tout, c'était pas la pire fille de la planète même si elle avait un caractère de merde. Tout le monde pouvait être casé avec quelqu'un, même elle. Je riais après ses paroles. Vivable, je trouvais le mot un peu fort. Enfin, je pouvais le comprendre au fond car je savais bien que je n'étais pas le mec le plus simple au monde et je me doutais que ça ne devait pas toujours être simple avec moi. « J'ai choisi des exs avec un fort caractère pour qu'elles puissent me supporter, tu vois. » répondais-je en haussant les épaules, avant de reprendre. « Tu pourrais être parfaite dans le rôle de la petite amie, tiens. » rajoutais-je d'un air très sérieux, avant d'exploser de rire.

La sincérité dans la réponse d'Adriel à mon explication me tira un sourire. Je le savais sans qu'il n'ait à le préciser, mais l'entendre de lui était tout aussi agréable. « Je le sais, t'inquiètes pas. Je remarque vite ce genre de comportement. J'ai conscience du jeu auquel on joue, tu sais. » lui répondis-je ensuite. J'ai conscience de ce jeu. Est-ce que ça veut dire que j'en approuve toutes les règles? Je ne sais pas. Mais comme je suis celle qui a vraiment lancé tout le système, je ne suis pas en mesure de me plaindre. « Je dis ça.. aussi par habitude, désormais. Je sais pas comment je pourrais être, en couple, maintenant que.. j'arrive à.. faire confiance aux autres? » tentai-je de répondre en réfléchissant. C'est vrai que je me basais toujours sur.. la personnalité qui me rendait juste invivable par le fait où je ne voulais pas m'attacher aux autres pour bien des raisons. Et maintenant? Qu'est ce que je savais de ce qui pouvait advenir maintenant, en fait? Lorsqu'il reprit la parole, ou plutôt qu'il termina de parler, j'avais sûrement cet espèce d'air d'incompréhension collé au visage, avant de prendre la parole. « Tu sais que c'est très, très étrange d'entendre ce genre de choses venant de toi? » fis-je remarquer avant de reprendre. « C'est typiquement le genre de choses que je préfère ne jamais m'imaginer. » soupirai-je ensuite.