ADRUZY ✘ it's just a good day.

Il était temps d'arrêter le suspense et de lui dire ce que j'avais derrière la tête. Autant dire que ça arrivait totalement à mon niveau de débilité. Pour le premier du moins, car le deuxième, il était plus.. Spéciale, dirons-nous. « Je sais bien que je ne suis pas très rassurant et c'était le but de la manoeuvre car je voulais juste que tu t'imagines pleins de choses étranges. Alors qu'au fond.. C'est cool. » disais-je en riant légèrement. J'étais un vrai connard quand je m'y mettais, mais bon, ça aurait été moins drôle si je l'avais dit de suite, non ? Pour moi en tout cas. Je soupirais, plongeant mon regard dans le sien. « Le premier, tu vois le lampadaire, au milieu de la place ? Je veux que tu ailles lui faire un câlin et un gros bisous. » disais-je avec le plus grand sourire idiot. Dans le genre truc débile et truc de gamin, je tapais fort. Mais je savais très bien qu'elle ne ferait pas ça, il y avait trop de mondes, ça risquait de remonter jusqu'à Harvard et en plus, ce lampadaire ne devait pas être très propre. « Ou alors, pour le deuxième, tu dois m'embrasser, moi. » annonçais-je en me remettant bien dans ma chaise, ne lâchant pas son regard et en étant le plus sérieux du monde. Est-ce que je profitais de ce défi pour pouvoir embrasser la belle blonde ? Totalement. J'espérais quand même qu'elle préférerait m'embrasser moi, plutôt qu'un lampadaire. Je serais clairement vexé dans le cas contraire.

"C'est cool". Ouais. Parle pour toi, je suis quasiment sûre que personnellement, je ne vais pas forcément apprécier la démarche. Néanmoins, cela semblait déjà plus apaisant que ce que j'avais en tête. A voir ce qu'il en était réellement, maintenant. N'empêche, je détestais cette façon qu'il avait de jouer avec mes nerfs quand il en avait l'occasion. Mais l'annonce du premier défi me tira une sorte de grimace entre l'étonnement et l'incompréhension; finalement suivie d'une légère moue de dégoût. « Un lampadaire.. » répétais-je en me tournant légèrement pour voir ce dont il parlait. J'en étais incapable, bien entendu, je ne pouvais absolument pas faire quoi que ce soit qui mènerait à un jugement général ou qi ferait trop parler de moi. Et il le savait, en plus. Ce qui voulait dire qu'il avait trouvé ce premier défi plutôt dans l'optique où je serais obligée de choisir le deuxième, qui ne tarda à tomber. C'est une blague? Je me mordais la lèvre inférieure, légèrement agacée. C'est qu'il savait très bien jouer, le mather, on aurait du me parler de cette compétence plus tôt. « Tu veux dire.. ici? maintenant? » Ce n'est pas comme si j'avais vraiment le choix du défi, en fait, puisque le premier me semblait juste inconcevable. Au pire, ce n'est qu'un baiser, pas de quoi en crever, mais.. en public, je trouve toujours ça aussi malsain.

Je profitais tellement de ce défi. C'était juste pour me faire un peu plaisir et surtout, pour faire chier la belle blonde. Après tout, je lui en voulais encore pour m'avoir menti pendant tout ce temps, pour avoir joué un rôle avec moi. Alors je prenais un malin plaisir à l'énerver. Car je savais bien que ça ne lui plairait pas de m'embrasser, même si je ne comprenais absolument pas pourquoi. J'étais quand même canon, non ? « Oui, ici, maintenant, devant tout le monde, en public. » rétorquais-je avec un large sourire. Je ne comptais pas lui laisser de troisième choix, j'avais déjà été gentil pour en proposer deux. Bon, d'accord, il était évident qu'elle ferait pas le premier, mais quand même. Je la voyais hésiter, perplexe, sûrement en train de m'insulter de tous les noms dans sa petite tête. Et j'avais vraiment envie de rire, mais je gardais mon air sérieux. « Tu préfères qu'on dise dans Harvard que tu as embrassé un lampadaire ou que tu as embrassé le plus sexy des mathers ? » demandais-je avec un sourire toujours plus grand. Mon narcissisme me perdra un jour, sérieusement. Je patientais, l'observant. De toute façon, je ne quitterais pas cette place tant qu'elle ne m'aura pas embrassé. Puis, elle ne partira pas non plus évident, elle était coincée et ça me plaisait beaucoup d'avoir le contrôle, pour une fois..

En public.. je n'osais même pas tourner la tête pour voir si je connaissais des gens dans le coin, et dans un sens je crois que je ne préfère même pas le savoir. J'suis complètement coincée. Si ça ne tenait qu'à moi et si nous étions dans n'importe quelle autre situation je l'aurais sèchement envoyé baladé comme à mon habitude, mais qu'est ce que vous voulez faire lorsque vous vous êtes coincé dans votre propre piège? Elle est malsaine, cette relation, mine de rien, et je suis quasiment sure qu'il prend un malin plaisir à me voir hésiter autant. Sa question me tira quand même une levée d'yeux au ciel car bon sang sa prétention était sans limites, elle. Mais c'est vrai qu'à choisir entre lampadaire et humain je crois que ma préférence se tourne quand même vers les humains. Vers les hommes plus particulièrement, mais.. « Très bien, ma romance interdite avec ce beau lampadaire attendra, alors. » fis-je en me levant de ma chaise. Je suis pas une fille chanceuse pour tomber dans de pièges pareilles. « Je te déteste, Adriel. » murmurai-je alors tandis que je me penchais vers lui. Posant ma main droite sur sa joue; oui j'ai besoin d'équilibre et oui j'adore gâcher mes rps en y posant des phrases random pour casser le rythme; j'hésitais encore quelques secondes avant de finir par réellement l'embrasser. Bien entendu, je n'allais pas non plus le laisser en profiter et mit fin au baiser en seulement quelques secondes avant de me redresser. « Satisfait? » demandai-je légèrement sèchement. Non sérieux. C'est vraiment.. étrange, comme délire.

J'avais l'impression que si elle pouvait me tuer, elle le ferait. Pourtant, si elle m'avait donné ce défi, je n'aurais pas hésité une seule seconde. Mais nous étions pas pareils, elle tenait trop à son image et ce n'était pas le genre de filles qui embrassaient n'importe qui. Même si.. Je n'étais pas, n'importe qui. Je laissais échapper un léger rire après ses premières paroles, alors qu'elle se levait. Oh, j'allais enfin avoir droit à ce petit bisous ? Je levais les yeux au ciel alors qu'elle disait me détester. « Je sais Suzy, je sais. » disais-je en riant, encore une fois. Que c'était plaisant de la voir presque perdre ses moyens, vraiment. Elle posait sa main sur ma joue, alors que je ne la quittais pas des yeux. Je pouvais pas nier que ça me faisait quand même plaisir de l'embrasser, elle était canon, hein. Elle posait enfin ses lèvres contre les miennes, mais ce contact fut très rapide. En même temps, je me doutais bien qu'elle n'allait pas me rouler une pelle, hein. « Très satisfait, madame. » répondais-je alors qu'elle était réellement sèche. Je levais les yeux au ciel, alors qu'elle se rasseyait sur sa chaise. « Détend-toi Suzy, c'est qu'un bisou ! T'es encore vivante, je ne suis pas le mec le plus moche de la planète, quoique le plus narcissique et surtout, tu vas pas m'dire que c'était si horrible que ça ? » demandais-je en soupirant.

Trop compliquée? Sûrement. N'importe qui aurait simplement réalisé son foutu défi et aurait continué la conversation, mais je suis vraiment pas quelqu'un qui laisse sa vie à la facilité. Plus c'est compliqué, mieux je m'en sors? Pas vraiment. Pourtant, c'est pas comme si j'étais coincée, les plans d'un soir je connaissais, si on me mettait ne serait-ce qu'un peu d'alcool dans le sang, j'étais pas des plus sages, mais c'est la situation qui me dérangeait. Enfin, il était satisfait, voilà qui était une bonne chose de faite si je puis dire cela ainsi. Une fois assise, je relevais les yeux vers lui, qui reprenait la parole. Allez savoir pourquoi, sa tirade m'écorcha un léger rire, et posant mes coudes sur la table, je posais ensuite ma tête entre mes mains. « Qui te dis que ce n'est pas le fait de n'avoir pu que t'embrasser qui me dérangeait? » demandai-je d'un ton sérieux en arquant légèrement un sourcil. Bien entendu, je n'étais pas sérieuse, mais bien que j'étais du genre à être facilement frustrée, je n'en restais pas moins une remarquable menteuse, ou comédienne, appelez ça comme vous voudrez. Enfin bon, j'espérais qu'il ne me prenne pas trop au sérieux, car faire évoluer son égo déjà surdimensionné n'est vraiment pas mon objectif; je pense que la dose de narcissisme atteint déjà des sommets.

Et bien, qui aurait cru que mes lèvres toucheraient un jour celles de la belle blonde ? Sûrement pas moi. Bon, c'était grâce à ce défi, sinon, ceci ne serait sûrement jamais arrivé hein, il fallait quand même être un minimum. Mais ces paroles me laissent totalement.. perplexe. Quoi ? C'était une invitation direct vers son lit ? Non parce que je ne dirais certainement pas non, et elle le savait. Ou c'était un piège.. En fait, je m'en foutais, je restais juste bloquer sur le fait que c'était clairement une proposition. « Oh, bah tu sais qu'on peut toujours s'arranger. C'est pas comme si on était colocs et que je te faisais du rentre dedans depuis que je suis revenu, hein. » disais-je sur un ton des plus ironiques. Non parce que, j'étais clairement le mec qui faisait le plus de sous-entendus perverses aux filles. Surtout à Suzy car elle était canon et inaccessible, ce qui m'intriguait et qui me poussait encore plus à être un gros lourd. Malheureusement pour elle. « Surtout que, si tu voulais vraiment plus, tu n'aurais pas juste posé tes lèvres contre les miennes quelques secondes avant de te retirer vite, presque avec une pointe de dégoût sur ton visage. » rajoutais-je l'air de rien, plantant mon regard dans le sien. Si elle voulait jouer, on allait jouer, mais je n'étais pas non plus complètement con. Puis, clairement, mes paroles n'étaient seulement présentes que pour la provoquer. Ce petit jeu malsain auquel on jouait devenait de plus en plus dangereux et je me demandais bien où en était les limites.

M'auras-tu, m'auras-pas. En fait, c'est vraiment devenu une espèce de jeu. D'engrenage. Et plus ça allait, plus on s'enfonçait dans cet engrenage. Apparemment, ma petite réplique placée pile au bon moment l'avait étonné. Enfin, je suppose que c'est mieux que ça l'étonne plutôt qu'il ne trouve ça normal, j'en serais peut-être légèrement vexée. « Depuis que t'es revenu, ah bon? J'aurais pas remarqué, tiens. » répondis-je en levant les yeux au ciel. Il y a des fois où c'était agaçant, d'autres où je rentrais dans le jeu, mais jamais je ne l'avais pris au sérieux par rapport à ça. Personnellement, je tenais à mon contrat des cent points qui m'esquivait toute responsabilité pour le moment. « C'est à dire que t'as pas exactement le goût auquel je m'attendais, j'suis vraiment déçue. » Jouer, jouer toujours plus loin. Mon avantage à moi était de pouvoir le toucher sur tout ce qui était lié à sa surestime de lui-même, c'est à dire.. qu'il suffisait d'énoncer son moindre petit défaut. Ca ne marche pas à chaque fois, mais presque. C'est déjà pas mal. « Et puis moins je t'en donne plus tu me désires, n'est ce pas? » Je me redressai dans ma chaise, l'air légèrement mesquine, un demi-sourire collé au visage. A trop me prendre au jeu je vais vraiment finir par tomber dans les rouages.

Je riais légèrement après ses paroles. Bien sûr qu'elle avait remarqué. Un gosse de 4 ans pourrait remarquer comme j'essaye de la mettre dans mon lit. J'avais quand même réalisé pleins de défis plus débiles les uns que les autres pour gagner des points. Ca montrait bien ma détermination, non ? Je la regardais plus que surpris après ses paroles. Pas le goût qu'elle attendait ? Sérieusement ? « Il faut croire que tu n'as pas assez goûté, sinon tu ne dirais pas ça et tu serais déjà accro à ce petit bijou que sont mes lèvres. » rétorquais-je en haussant les épaules. Le taux de confiance que j'avais en moi était clairement affolant. Je ne comprenais pas comment mes exs avaient faits pour rester avec moi parfois. Elles avaient bien du courage. Il fallait dire qu'elles avaient toutes du caractère, c'est pour cela que ça avait dû bien marcher. Je souriais comme un idiot, la regardant. « T'as tout compris. » répondais-je en me penchant vers elle, pour me mettre assez proche de son visage tout en gardant quand même une certaine distance raisonnable. Je voulais pas qu'elle croit non plus que j'allais l'embrasser, m'voyez. « Le truc, c'est que ça a l'air de t'amuser de te faire désirer. Mais fait attention, parce qu'un jour, tu pourras plus retourner en arrière. » rajoutais-je en lui souriant, me mordant légèrement la lèvre inférieure avant de rire et de me remettre bien sur ma chaise, ne lâchant tout de même pas son regard.

J'étais quand même passée de la fille qui était plutôt agacée de réaliser ce défi à celle qui le provoquait directement en public. Je sais pas si je suis indécise ou si c'est juste que j'adore jouer et rentrer dans son jeu sans pour autant réellement y prendre part, mais en tout cas on ne pourra pas m'enlever cette qualité d'être aussi spontanée. De toute manière tout n'est que provocation, il s'approche juste de moi il va comprendre pourquoi les filles aiment avoir les ongles longs. « Ben voyons. » répondis-je en soupirant tandis qu'encore une fois il se mettait à son avantage. Ceci par contre, n'a jamais de fin. Alors comme ça, j'avais tout compris? Quoi que ça ne m'étonnait pas. J'avais eu cette passion pour l'inaccessible aussi, fût un temps. Lorsqu'il se rapprocha de moi, je croisais son regard tout en l'écoutant parler. Il n'avait pas totalement tort; du moins, pas sur toute la ligne. « Se sentir désirée est l'une des choses qui plait le plus aux femmes, et c'est vrai que j'adore jouer au jeu de la tentation. » commençai-je, m'arrêtant un instant pour esquisser un sourire plutôt mesquin avant de reprendre. « Cela dit, je ne fais pas dans les regrets. Pas dans ce domaine là du moins, alors je ne vois pas pourquoi un jour, je voudrais vouloir retourner en arrière. » S'il y a quelque chose que je lui accorde c'est que je suis sensible aux mordillages de lèvre et que ce genre de mimiques sexy que je fais moi même par pure inadvertance ne m'échappe jamais. « Ce qui m'amuse encore plus en revanche c'est de savoir que l'on vit ensemble et donc que tu me vois tout les jours mais que tu n'as jamais réussi à me faire craquer. » remarquai-je alors sans le lâcher des yeux.