ADRUZY ✘ it's just a good day.

Le retour sur Harvard avait été dur. Après deux semaines de Spring Break aussi magiques, je ne pouvais être que déçu d'être revenu. Mais c'était la vie, puis il fallait bien reprendre les cours, on ne pouvait pas faire la fête tout le temps. Je n'avais pas cours cet après-midi, j'avais donc envoyé un message à Suzy pour qu'elle me retrouve sur la terrasse d'un café. Je ne l'avais pas vu de tout le SB, sûrement car j'avais été très occupé et elle aussi. Mais je devais avouer que ça me manquait quand même un peu de lui parler, de passer du temps avec elle. Surtout qu'il ne fallait pas oublier que j'avais encore en ma possession le défi des 45 points gagnés. Il allait bien falloir que je l'utilise, non ? Je savais déjà ce que je lui demanderais et j'imaginais déjà son regard désespérée. Je commandais un café, attendant patiemment qu'elle arrive. Après quelques minutes d'attente, je voyais enfin sa chevelure blonde s'approchait de moi. Je me levais pour lui faire la bise. « Hey ! J'espère que tu vas bien ? » disais-je en souriant, me rasseyant. Je ne lui avais pas dit que je comptais lui demander de faire mon défi, elle ne serait pas venue sinon.

La fraicheur hivernale ne m'avait franchement pas manquée; quand est-ce qu'on retournait en Nouvelle-Zélande, sérieusement? La seule chose que j'avais gardé de là-bas était ce bronzage que j'adorais tant; en fait j'adorais surtout passer des heures à dorer ma peau sous le soleil. Et là, d'un coup, ressortir ma veste m'avait fait tout drôle. J'avais eu, durant la matinée, une espèce de mini-contrôle d'aptitudes par rapport à mes récents cours de chimie et de ce fait, je n'avais pas cours l'après-midi, et tant mieux, puisque j'avais quelque chose de prévu. C'était un peu étrange de me dire que je n'avais pas vu mon propre colocataire durant deux semaines entières et en même temps c'était reposant - de changer d'air -. J'étais donc en chemin vers le café qu'il m'avait indiqué, marchant à travers les rues de Cambridge.. je me sens dépaysée alors que pourtant ma place est bien plus ici qu'à Wellington, c'est déprimant. Finalement, j'arrivais à peu près à l'heure et cherchait des yeux la table où il se trouvait. « Ca va à peu près toujours aussi bien et toi? » répondis-je en m'asseyant ensuite en face de lui. Bon, je sors d'une espèce d'examen, il ne fallait pas non plus s'attendre à ce que je ne saute de joie; même si je suis de très bonne humeur parce que je pense que je m'en sors plutôt pas mal en cours, mais là n'est pas la question.

Je commençais à boire mon café, observant la rue, me demandant si je garde le défi que j'ai en tête ou si le lieu pourrait m'en inspirer un autre. Même si le premier que j'avais en tête me plaisait quand même assez, je devais l'avouer. Suzy faisait enfin son apparition et je levais les yeux au ciel. « Cache ta joie de retrouver ton colocataire parfait dis-moi ! » disais-je en riant légèrement. Cela dit, il y avait de quoi déprimer. Revenir ici, dans ce froid, après avoir passé deux semaines au bord de l'eau à bronzer, c'était quand même bien déprimant. « Je vais bien aussi. » répondais-je en haussant légèrement les épaules. On ne pouvait pas dire qu'il se passait des trucs exceptionnels maintenant que j'étais ici, j'avais repris le côté routine de ma vie et autant dire que cela ne me plaisait absolument pas. « Alors, comment ça s'est passé ton spring break ? » demandais-je en buvant une gorgée de mon café pour me réchauffer. Ma curiosité prenait le dessus, je ne pouvais pas m'empêcher de demander. Après tout, il s'était peut-être passé quelque chose d'exceptionnel pour elle ! Même si, en y réfléchissant un peu, elle ne me raconterait sûrement pas ce qui lui était arrivé. Du moins, les choses importantes ou qui pourraient vraiment m'intéresser.

L'avantage de ce quartier, c'est bien qu'on y a tout à disposition et près de chez soi. Faire des bornes pour boire un café, c'est pas une vie, et pour ça j'étais heureuse d'avoir toujours vécu dans des grandes villes; soit-dit en passant la capitale suédoise. Sa première réplique me tira une expression de désespoir; légèrement exagérée bien entendue. « Tu voudrais que je te sautes dans les bras pour satisfaire ton ego? » demandai-je alors que je m'étais déjà assise, sachant que non je ne me relèverais pas. Pas tout de suite, du moins. Lorsqu'il me demanda comment s'était passé mon spring break, je réfléchis alors à comment s'était-il passé exactement. C'est vrai que je n'ai pas forcément fait attention aux détails à vivre le moment présent. « C'était génial. En fait la partie la plus intéressante était sûrement de rencontrer des nouvelles personnes tout le temps.. et de se faire payer des verres tout les soirs. » ajoutai-je avec un sourire amusé. Quel avantage d'être une femme avec un corps - et béni soit la génétique pour ça - plutôt bien formé lorsqu'on se trouve sur un bar de plage, hein? En même temps, mis à part le fait que certaines personnes sont lourdes au possible, ce n'est pas désagréable de rencontrer du monde qui vient de.. complètement ailleurs, ou quelques harvardiens avec un peu de chance. « Et le tien? » retournai-je alors la question.

Et je commençais directement avec mon superbe égo, après tout, je n'allais pas changer mes habitudes, non ? Je haussais les épaules après ses paroles, faisant mine de réfléchir. « Je t'avoue que ça ne m'aurait pas dérangé, mais bon, la prochaine fois. » répondais-je en souriant. Je pouvais toujours rêver pour qu'elle me saute dans les bras un jour, que ce soit clair. Quoique, l'espoir faisait vivre. Je lui demandais donc des informations sur son SB, car j'étais curieux et qu'après tout, cela faisait deux semaines que je ne l'avais pas vu et il pouvait s'en passer des choses en deux semaines, non ? On savait jamais ! Mais apparemment, il ne s'était rien passé d'intéressant. Elle avait juste rencontré des gens, mais vu comme elle en parlait, elle n'avait sûrement pas encore croisé le chemin de l'amour de sa vie. Je réfléchissais quelques secondes quand elle me retournait la question, me remémorant ce qu'il s'était passé. « On peut dire que ça a été deux semaines très intéressantes et que je me suis amusé. Beaucoup amusé. » répondais-je avec un large sourire sur les lèvres. Je savais d'avance qu'elle allait penser que j'avais couché avec toutes les filles que j'avais croisé, ce qui était totalement faux. Pour une fois, j'avais même été plutôt sage, ce qui était rare venant de moi. Surtout pendant un spring break où c'est le moment où je m'éclate le plus normalement, niveaux filles en tout cas.

Le jour où me vient l'idée de sauter dans les bras d'Adriel, s'il vous plait réveillez-moi parce que je devrais sûrement pas être saine d'esprit à ce moment là. Moi aussi, j'ai ma petite fierté, mine de rien. Aussi, parler du Spring Break ne me rend pas plus saine d'esprit; j'ai juste envie de retourner au soleil et sur la plage et de m'éloigner des cours. Même si on vient seulement de rentrer. J'aime le train de vie qui ne se répète pas, c'est ainsi. Racontant alors mes incroyables péripéties - avec grande ironie bien sur - je lui demandais en retour ce qu'il y avait fait. C'est dingue à quel point il me désespère qu'importe ce qu'il dit, parfois. « Contente de savoir qu'à ton âge tu t'amuses encore en faisant des châteaux de sable. » lançai-je alors en levant les yeux vers lui. En réalité, je n'avais pas tant d'intérêt dans ce qu'avaient pu faire les autres, je demandais surtout par politesse; il faudrait vraiment que je songe à m'intéresser sérieusement aux autres, désormais. Ca ne pourrait pas me faire de mal. « Sinon, qu'est ce que tu as d'intéressant à me raconter? » S'il m'avait demandé de venir ce n'était sûrement pas pour regarder les nuages, non?

Les châteaux de sables. Putain, je redevenais un gamin quand j'étais sur la plage, en fait. Je n'avais fait que ça pendant un moment quand j'étais en cavale, vu que je m'étais retrouvé dans une cabane au bord de la plage. Autant dire que c'était pas le grand luxe, mais j'avais quand même kiffé. Elle me demandait ce que je lui racontais, se demandant sûrement pourquoi je lui avais demandé de venir. « Quoi ? Tu crois que j'ai une idée derrière la tête et que c'est pour ça que j'ai voulu te voir ? » demandais-je d'un air outré, que j'avais très vite arrêté en voyant son regard désespéré. « Bon, peut-être, oui.. » disais-je avec un léger sourire en coin. Comment est-ce que j'allais emmener la chose ? Enfin, j'allais être cash comme toujours. Mais je ne comptais pas lui donner le défi tout de suite. A vrai dire, je réfléchissais encore, je me demandais si c'était vraiment une bonne idée et tout ça. « Est-ce que tu te rappelles du fait que j'avais droit à un défi si je dépassais les 45 points ? » rajoutais-je l'air de rien, buvant mon café avec quand même un large sourire d'idiot accroché aux lèvres. Elle risquait de se dire qu'elle n'aurait jamais dû venir me voir aujourd'hui..

Son air étonné lorsque je lui demandais pour quelle raison il m'avait appelée ici ne me tira qu'un vague regard d'incompréhension. Comme si ça semblait plausible de faire comme si de rien était, s'il voulait juste me parler il n'avait qu'à attendre que je rentre ce soir, après tout. Cela dit, lorsqu'il avouait avoir effectivement une idée derrière la tête, je m'inquiétais légèrement plus. J'espère que je ne vais pas regretter d'être venue, parce que je crois que partir risque compliqué désormais; sauf en se glissant sous les tables mais bonjour la discrétion. Il réfléchit un instant tandis que je tentais de lire dans son regard un quelconque indice, avant qu'il ne finisse par révéler ce qui l'intéressait. Merde, c'est vrai, j'avais totalement oublié ça.. « M'en rappeler c'est un grand mot, j'ai un vague souvenir de t'avoir accordé quelque chose du genre, du moins.. » réfléchissais-je intérieurement en regard alentours avant de reporter mon regard sur lui. « Et donc? » continuai-je alors d'un ton toujours aussi posé en penchant légèrement la tête. Avec tout ce qu'il avait subi la dernière fois, je sentais le plan foireux arriver, mais.. bon, pas tant pis, mais c'est pas comme si je pouvais y faire grand chose, finalement.

Ce que j'aimais dans cette journée, c'était que cette fois, c'était moi qui avait le pouvoir. Ce n'était pas elle qui me donnerait des défis toute la journée pour bien se foutre de moi, non. Cette fois, j'avais les cartes en jeu. Je pouvais lui faire faire ce que je voulais. Et quand j'y réfléchissais, j'me demandais si mon défi n'était pas trop simple, car je pourrais bien plus en profiter.. « Et donc, j'ai décidé qu'aujourd'hui, tu allais réaliser ce défi. Comme tu peux l'voir, je t'ai fait venir dans un lieu public.. » répondais-je en laissant du suspense. Est-ce que j'essayais de lui donner des indices ? Peut-être. Même si au fond, le lieu public n'avait pas réellement grand impact sur le défi. Quoique.. « Alors, tu vois, je vais te laisser deux choix pour ce défi, parce que je suis quand même gentil. » disais-je en souriant, avant de vite reprendre. « Tu auras le choix entre un défi qui te fera perdre toute crédibilité auprès des gens présents ici, en espérant qu'il y ait des gens d'Harvard et un second.. Que tu pourrais presque apprécier. » rajoutais-je en haussant les épaules, attrapant mon café pour le finir d'une gorgée. Je voyais bien qu'elle me fixait, attendant sûrement la suite, attendant sûrement que je lui dévoile les défis mais.. Non. Je voulais qu'elle s'imagine pleins de trucs, qu'elle stresse car la voir perdre ses moyens étaient totalement plaisants. Surtout que je savais déjà le regard désespéré qu'elle me ferait après, pour changer.

Et puis tant qu'on y est rappelez-moi d'arrêter de faire des promesses étranges aux gens, parce que les situations qui se retournent contre moi.. très peu pour moi. Sauf que le fait était que, j'étais coincée dans ce type de situation. Et même si j'étais confiante dans le sens où je pensais qu'il serait incapable de me faire subir aussi ridicule que ce que je lui avais donné, j'étais légèrement nerveuse. « Effectivement, on fait difficilement plus public qu'un café.. » remarquai-je. J'avais vraiment besoin de garder un minimum de confiance en moi vu comme je n'avais pas confiance en sa façon d'introduire les choses. Un choix? Sérieusement, il trafique quoi là? Je sais pas vraiment si je suis prête à subir une humiliation publique - même si j'exagère un peu dans les mots, mais en même temps, j'ai légèrement peur du second choix.. Putain. Ce. Mec. Je. Le. Tuerais. Un. Jour. « T'es au courant que t'es carrément pas rassurant, vu comme ça? » dis-je alors en me redressant avant de plonger mon regard dans le sien. « Avec ce que j'ai en tête je pense presque que ce que tu as dans la tienne est plus soft. » soupirai-je avant de reprendre. « Je t'écoute? » Please, please, faites que ça soit moins étrange que ce que ma tête veut me faire croire.