Ça faisais des mois qu'on n'avait pas entendu parler de Cody, et après le départ de ma cousine, j'ai supposé que c'était à cause de ça. Au départ je ne m'en inquiétais pas trop, j'avais mes propres problèmes et moi aussi, je m'étais pas mal isolé... Sauf que là, l'ambiance à Harvard sans lui commençait à se faire un peu pesante. En plus, maintenant que je sais qu'il n'est pas gay avec Leo, je peux enfin lui donner la raclé de sa vie pour m'avoir menti !
J'avais pris contact avec Diamantika, rien que pour lui demander si elle avait idée de où il pourrait être. J'ai eu une réponse plutôt rapide, et clair, puisqu'elle m'avait refilé l'adresse. J'ai conduit jusqu'à la petite maison de sa mère, où j'ai reconnu sa voiture. Il était là. Je me garai près de l'entrée et débarquai de la voiture pour aller toquer à la porte... En me couvrant la poitrine, de peur d'être encore jugée.
Comme à son habitude depuis quelques semaines – ou mois, il faut dire que le Bleeker avait autant la notion du temps qu’un ours narcoleptique en pleine hibernation – Cody se donnait corps et âme à de profondes révisions. Il n’allait plus beaucoup en cours mais s’arrangeait pour être tenu au courant de ce qui se passait, juste assez pour plancher après pendant six bonnes heures quotidiennes sur des thèses qui ne lui serviront certainement plus après le mois de juin. Whatever, ça lui permettait de penser à autre chose. Même si Cody n’avait pas l’air de sombrer dans une profonde déprime, le départ de Diamantika l’avait profondément marqué et il n’avait trouvé d’autres moyens pour penser à autre chose qu’étudier, étudier, étudier, étudier – et s’occuper de sa fille quand il en avait la garde. Aujourd’hui ne faisait pas exception. Après avoir bossé toute la journée, l’ex président Lowell s’était posé dans le canapé familiale avec son jogging propre d’il y a une semaine – pas tout à fait propre, à moins que la senteur chips soit une nouvelle marque de lessive – prêt à passer une folle soirée devant sa télé. Mais soudain, la porte toqua. D’abord, Cody appela sa mère pour lui demander d’ouvrir, se rappelant ensuite qu’elle s’était offerte un weekend thalasso à Miami avec son nouveau Jules. Du coup, Cody opta pour jouer au mort et attendre que la personne s’en aille. Mais quand les coups redoublèrent sur la porte, il décida enfin de se glisser hors du canapé – littéralement glisser puisqu’il se contenta de se laisser tomber sur le sol avant de finalement se redresser et aller en ronchonnant jusqu’à la porte. « Non je n’ai pas commandé de pizza, je n’ai rien commandé d’ailleurs, je n’ai pas d’argent, je n’ai pas la télé, je ne sais pas lire fichez-moi la paaaaiii… » Puis, il se rendit compte que c’était Apple. « Ah c’est toi. Qu’est-ce que tu fous là ? » demanda-t-il en haussant les épaules.
Cody était disparu du feu de circulation, et même si tout le monde s'en fou et n'a rien remarqué (8D), pas moi. Il me méritait pas non-plus d'être effacé, même s'il mentait aux gens sur son orientation. Bon. En réalité, c'est juste parce que je m'étais un peu inquiété pour lui lorsque j'ai appris pour Diamantika, et que j'avais un cœur. J'suis faible.
Je m'étais donc rendu chez sa mère, sachant pertinemment qu'il était là puisque sa voiture y était. Les premiers coups, il ne répondit pas, je ne pouvais même pas entendre la télé ou la radio... C'était mort. Mais... je savais qu'il était là. Alors je cognai une nouvelle fois, et cette fois-ci j’eus au moins une réponse. Non je n’ai pas commandé de pizza, je n’ai rien commandé d’ailleurs, je n’ai pas d’argent, je n’ai pas la télé, je ne sais pas lire fichez-moi la paaaaiii… Il avait ouvert la porte, et j'étais là, à écouter son speech en plissant les yeux. Ah c’est toi. Qu’est-ce que tu fous là ? Vraiment, Cody ? Tu ne sais pas lire ? Je lui souriais légèrement. J'suis venue voir comment t'allais.
’Je ne sais pas lire’ était certainement la masterpiece des conneries à dire à une étudiante de Harvard alors que déjà la moitié de l’université prenait Cody pour un autiste (et pas artiste, nooonoooon tout est dans la nuance). Mais soit. Il avait confiance en Apple, elle ne se servirait pas de ses excuses bidons contre lui. S’appuyant l’épaule contre le chambranle de la porte, le Canadien demanda à la brunette ce qu’elle foutait là. Cette dernière en profita pour lui glisser une remarque avec ce sourire mutin propre à la jeune femme. « Bien sûr que si. Et je parie que je lis depuis plus longtemps que toi, jeune fille. » Ben ouais, il avait 26 ans, elle en avait 24, donc à moins d'avoir été une enfant surdouée, hinhinhinhin c’est qui qu’a raisoooon. « ça va bien merci. C’est gentil de t’inquiéter. Maintenant que tu as fini ta mission, tu peux t’en aller. » En soit, il n’avait rien contre Apple et sa présence ne le gênait absolument pas. Seulement, il sentait qu’elle venait le voir que par charité pour sa chère et tendre lâcheuse de cousine. Et la charité, ça, Cody n'en avait guère besoin.
Il s'était servi d'excuses un peu nulle pour ne pas avoir à ouvrir la porte... Mais au final, ça l'avait bien calmé de me voir. Franchement, ça ne me dérangeait pas de passer un peu de temps avec Cody sans avoir à lui parler de Diamantika... J'veux dire, je le connaissais bien avant qu'il n'y ait quoi que ce soit entre eux deux, et je n'ai rien à voir dans leur ex-couple. J'suis une amie, ou du moins je pense que c'est comme ça qu'on peut me qualifier. Bien sûr que si. Et je parie que je lis depuis plus longtemps que toi, jeune fille. J'arquai un sourcil. Qu'est-ce qui t'fais dire ça ? Et de toute façon, comment il connait mon âge ? Ça va bien merci. C’est gentil de t’inquiéter. Maintenant que tu as fini ta mission, tu peux t’en aller. Ma mission ? Quoi, j'suis un ninja maintenant ? Je riais, il l'avait trop facile... Mais s'il croyait que j'allais m'enfuir maintenant que j'ai fait tout ce trajet, il a tort. Tu fais quoi là-dedans ? On te voit plus. Tu sors plus, t'es un ermite ou quoi ? Je lui disais ça comme si ça ne m'était jamais arrivé alors que, c'était exactement moi il y a 2-3 semaines. J'étais moi aussi, toujours enfermé chez moi, à ne faire rien d'autre qu'étudier et m'occuper de ma fille. Mais ce n'était pas parce que j'avais le coeur brisé... C'était plutôt parce que j'avais peur de sortir, qu'on me drogue et qu'on me viole encore une fois. C'est un peu plus trash, hum. Il est où le Cody qui chante HSM devant ma maison ? D'ailleurs, je sais que t'es pas homo. AH ! Tu m'as menti, et tu m'en dois une. Maintenant tu sors avec moi.
Qu’est-ce qui lui fait dire ça ? Bon allez, next question. Cody n’était pas d’humeur à dévoiler une de ses théories fumeuses à Apple et ça, c’était plutôt inquiétant. Ouais, Cody, trop fatigué pour raconter des conneries ? Mon dieu mon dieu mon dieuuu, le ciel allait nous tomber sur la tête et faire de nous un peuple de pancakes. Alors, elle demanda ce qu’il foutait là-dedans. Par réflexe, il pencha la tête en arrière pour observer pendant trois microsecondes son intérieur avant de trancher d’un vif haussement d’épaule ; « J’étudie. » Et bim, prends-toi ça dans les dents. C’est bon quoi, il ne faisait rien de mal. Peut-être même que pour la première fois depuis qu’il s’est inscrit à Harvard, il faisait enfin un truc sérieux quoi. On le sort le champagne, oui ou non ? La remarque suivante d’Apple le fit bien rire, si bien qu’un éclat s’échappa du fin fond de sa gorge avant de dessiner sur son visage un sourire narquois. « En même temps, si j’étais gay, je serais pas sortie avec ta cousine. Après vérification – et crois-moi j’ai souvent vérifié – c’est bien une femme. » On aurait pu en douter à la vue de son absence de seins mais soooooooit. Puis après, il réalisa ce qu’elle venait de dire. « Je sors avec toi … Euh quoi ? Quand-où-quoi-pardon-ouais-quoi-comment ? J'suis pas prêt putain. » Ses neurones étaient en grève syndicale donc pour lui, son ’tu sors avec moi’, il l’interprétait comme un ’viens gros on se met en couple’. Et c’était weird. L’air benêt, il se gratta l’arrière de la tête à la recherche d'une colonie de puces invisibles.
J’étudie. C'était ça, sa réponse ? Il étudiait. Excusez moi hein... mais de ce que je connaissais de lui, il n'était pas trop le type qui passait le temps à étudier. Mais vu les conditions, je pouvais bien croire qu'il remplissait les trous dans son horaire de cette façon. J'hochai la tête en me retenant de rire. En même temps, si j’étais gay, je serais pas sortie avec ta cousine. Après vérification – et crois-moi j’ai souvent vérifié – c’est bien une femme. J'arquai un sourcil en riant. Si t'es aussi doué pour déterminer la grosseur des seins que les sexes, tu aurais remarqué que ma cousine a la même taille de soutiens-gorge que moi. et pourtant, il a insulté ma poitrine. Maintenant que je sais qu'il les aime même "petit", il ne tiens absolument plus rien contre moi !Je sors avec toi … Euh quoi ? Quand-où-quoi-pardon-ouais-quoi-comment ? J'suis pas prêt putain. Pourquoi était-il nerveux ? On parle bien de sortir ensemble au bar, n'est ce pas...? Sinon, pourquoi me dire "ouais" et "j'suis pas prêt" ? J'hochai la tête. Bien sur que t'es prêt. Si moi j'le suis, toi aussi.
Ooooohhh nooooon, ils allaient vraiment parler de grosseur de seins, là, tout de suite ? Le souvenir de Diamantika était encore frais dans le cerveau de Cody Bleeker. Si frais qu'il en était palpable, qu'il pouvait discerner son visage dans un écran de fumée, qu'il percevait ses grands yeux vairons le fixer et communiquer avec lui d'un battement de cils. Par contre, dans cet écran de fumée, il ne distinguait zéro seins, pas un téton à l'horizooon, oh nooooon. Vous comprenez, ils étaient tellement minuscules ceux de Diamantika, impossible de les voir :sifle: Ouaaaaiiis je la taille même si elle n’est plus làààà. Bref, tout ça pour dire que Cody grimaça. Il ne voulait pas penser à Dia. Elle lui manquait tellement. Même son bonnet A lui manquait. Atrocement. Il n'aurait jamais cru penser ça un jour. « Ecoute, c'est pas que parler soutien-gorge et mamelons avec toi me déplait, mais on va s'en tenir à ça, veux-tu ? » Parce qu'il la connaissait Apple, elle allait lui proposer de nouveau de lui tripoter les boobs, là, sur le seuil de la porte ! En plus, elle lui proposait clairement de se mettre en couple avec elle, genre là tout de suite, même pas elle ne lui laissait le choix de discuter quoi. « Ecoute, Apple ... Entre, OK ? » Il se dégagea de l'entrée pour la laisser passer et ferma après eux ; « Je suis pas un homme pour toi. Je ne suis même pas un homme. Enfin si. Physiquement j'ai touuuut l'équipement d'homo sapiens sapiens masculinss canadienss. Mais non. Je ne suis que la moitié de moi ces dernières semaines et crois-moi, tu peux trouver bien mieux que ça, bien mieux que moi. » Il posa sa main sur son épaule, l'air compatissant. Il ne voulait pas briser à nouveau le coeur d'une Kova. Mais pour le moment, il passait surtout pour un con.
- Écoute, c'est pas que parler soutien-gorge et mamelons avec toi me déplait, mais on va s'en tenir à ça, veux-tu ? J'arquai un sourcil, puis me suis mise à rire. Non, cette fois, je ne lui demanderais pas de me toucher les seins. Parce que je sais qu'il n'est pas gay, et je sais que les petits seins, malgré lui, lui plait. Ouais, ma logique est à chier mais c'est mon cerveau qu'est bizarre. Écoute, Apple ... Entre, OK ? Wow, Cody Bleeker qui m'invite chez sa mère, quelle honneur ! J'entrai derrière lui, et il ferma la porte derrière nous. Je ne me sentais pas trop à l'aise, probablement dû au fait qu'il portait des caleçons pleine de crotte de fromage. Il avait bouffé des cheetos ? Erk. Je tentais d'y faire abstraction, même si c'était vraiment tentant d'y jeter un œil. Mais regarder ses caleçons répugnante, ne faisait que m'faire du mal. Je suis pas un homme pour toi. Je ne suis même pas un homme. Enfin si. Physiquement j'ai touuuut l'équipement d'homo sapiens sapiens masculinss canadienss. Mais non. Je ne suis que la moitié de moi ces dernières semaines et crois-moi, tu peux trouver bien mieux que ça, bien mieux que moi. Pardon ? Je fis de gros yeux, puis me suis mise à rire. Quoi ? Non... Je riais nerveusement encore. Non non non non, non, non, non... Non ! Non. Non. Noooooonnn, non, non... J'veux pas sortir avec toi dans ce sens-là, non. Lui dis-je en regardant de nouveau son caleçon. T'es un homo sapiens sapiens qui a des caleçons sales sales... J'peux faire mieux, en effet.
Et vouuuualàààà. Une fois de plus, Cody réalisa l’exploit de passer pour un con auprès d’Apple qui bouscula le silence de sa logorrhée à base de ’non non non nooon’. S’il y en avait eu que trois, ça aurait ressemblé à une chanson de Camélia Jordana. Ben ouiii, celle qui chante ’non non nooon je n’veux pas prendre l’air non non non je n’veux pas boire un verreeee’. D’ailleurs, ça correspondait pas mal à l’état d’esprit de Cody Bleeker qui ne se sentait pas de tailler à affronter le monde extérieur. C’est qu’il ne sortait de chez lui qu’en cas de force majeure ces derniers temps, à savoir pour amener sa fille à l’école et … Pour aller la chercher. Vie passionnante, I know. « C’est bon, dis-le si je te dégoûte. » lâcha-t-il en levant les yeux juste après qu’elle ait dit qu’elle ne voulait pas sortir avec lui dans ce sens-là. Et en effet, il la dégoûtait. Mais pas pour cette raison-là. Il baissa les yeux sur son magnifique caleçon légèrement tâché et grimaça. « Ouais, j’pense qu’il est temps que je le retourne celui-là. » Il marqua un petit silence. « Oh je t’en prie, tous les mecs font ça. C’est une technique pour aller deux fois moins souvent à la laverie. » Nouveau silence. « De toute façon, je peux pas sortir. J’ai besoin de prendre une douche et je mettrais trop de temps à la prendre et tu vas finir par t’ennuyer et tu partiras avant même que j’ai fini. Non, économise ton temps et trouve quelqu’un d’autres pour sortir. La voilà la solution. » Comment ça, il se défile ?