VIKEY | one day, i was happy

Tu es bien observateur. Ses gestes, ses expressions faciales, ses sourires, tantôt niais, tantôt ravissant, ses répliques qui te plaisent. Ton sourire à toi se fait persistant, parfois ton regard est curieux, intrigué, intéressé. Qu'est-ce qu'une parfaite inconnue peut bien faire à un homme. On dit souvent que les hommes sont ceux qui dupent les femmes, les contrôlent, profitent d'elles. Pourtant, c'est bien le contraire. Les femmes t'ont toujours eu sous leur emprise. Et tu ne peux t'y soumettre, tu ne peux fuir ce danger. Danger agréable. Danger que tu es prêt à courir, surtout avec cette belle demoiselle. God. « Ça aurait été un peu rude de ma part, non? » Tu as à peine entendu ce qu'elle vient de dire, bien trop concentré sur cette langue qui parcourt sa lèvre. Elle te fait te tortiller sur ta chaise, le regard avide, affamé. "Hein, quoi? Tu disais?", dis-tu, en te redressant pour paraître un peu plus sain d'esprit. On aurait pu t'associer à un dérangé et pervers. Tu cherche la poubelle des yeux, qui s'trouve à quelques mètres de votre table. Tu prends ton cup de café vide, visant de façon très sérieuse le trou de la poubelle, puis après une profonde concentration (pas tant, quand même), tu le lances. "Et le buuuut!", dis-tu, tout sourire.

Je remarquai rapidement son expression soudainement attentive et avide. Il me voyait passer la langue sur ma lèvre et je ne manquai pas une miette de sa réaction. Un homme un vrai, hein? "Hein, quoi? Tu disais?" Je secouai la tête, soupirant légèrement en faisant un geste de la main. « Rien d’important. » Il se redressa sur sa chaise et chercha quelque chose des yeux. La poubelle apparemment puisqu’il la visa ensuite pour y jeter son verre de café vide. "Et le buuuut!" Je souris de plus belle. « Au fait, tu fais du sport? » demandais-je, l’imaginant d’ores et déjà en sueur après avoir couru. Seigneur Torrey, reprend toi un peu. Je me mordillai la lèvre, tentant de réfréner mes pensées perverses. Si ça continuait comme ça, j’allais devoir l’attirer dans les toilettes avant d’aller étudier tranquillement à la maison. Mais qu’est-ce que j’dis là moi!?

« Rien d’important. » Ton regard s'assombrit dans l'instant suivant. Tu détestes ne pas porter entière attention aux femmes. Enfin, tu veux dire par là que certains hommes se fichent éperdument de ce que disent les femmes, de ce qu'elles font, de ce qui les intéressent. Que ce soit une parfaite inconnue, ou bien la femme de leur vie, ils n'en ont rien à foutre. Des machos. Des hommes qui se croient être des vrais et qui ne valent absolument rien. Au moins, tu as des manières. "Tu en es sûre?", demandes-tu, te sentant tout à coup ridicule et impoli. Tu la surveilles du coin de l'oeil, comme tu lances ton café vide dans la poubelle. En plein dans le mile. Tu es tout fier, comme un gosse qui réussi son premier panier devant la jolie fille de son école. « Au fait, tu fais du sport? » Le regard brillant, toujours fier, un sourire amusé accroché au coin des lèvres, tu te penches de nouveau vers la demoiselle, pour plonger tes yeux dans les siens. "Torrey.. Tu crois que j'suis du genre à rester assis sur un sofa à rien foutre? Bien sûr que j'fais du sport.. Boxe, hockey sur glace, course, gym, foot.. je touche un peu à tout, sans m'arrêter sur un truc spécifique, disons. Et toi?" Tu l'observes se mordiller la lèvre - encore une fois. Faut qu'elle arrête ce supplice, hein. Horrible torture. "Ne serais-tu pas plus du genre bouquins, bibliothèque et solitude? Ou tu vas me dire que je me trompe complètement? Quoique.." Ça n'te déplaît pas du tout, une fille qui est à son affaire, studieuse et belle comme un coeur, les cheveux remontés en tas sur la tête, le nez plongé dans un livre, l'air sérieux.. Encore un fantasme d'homme pas normal, quoi.

"Tu en es sûre?" J’hoche la tête avec un sourire, franchement, ce n’est rien. Il fait son panier et je ne peux m’empêcher de l’imaginer sur un terrain. Basket, foot, peu importe du moment que j’ai la chance de voir ses mollets se tendre et la sueur lui coller au cou. Enfermez moi tout d’suite, j’vous en supplie. "Torrey.. Tu crois que j'suis du genre à rester assis sur un sofa à rien foutre? Bien sûr que j'fais du sport.. Boxe, hockey sur glace, course, gym, foot.. je touche un peu à tout, sans m'arrêter sur un truc spécifique, disons. Et toi?" Un touche à tout alors… je me demande s’il touche à tout au lit aussi. J’aurais envie de me frapper la tête contre un mur. Je suis si en manque que ça? Un peu de concentration Torrey seigneur! Je rigole doucement et m’apprête à lui répondre avant qu’il n’enchaine : "Ne serais-tu pas plus du genre bouquins, bibliothèque et solitude? Ou tu vas me dire que je me trompe complètement? Quoi que.." Quoi que? « J’ai été cheerleaders durant mes trois premières années à Harvard si tu veux tout savoir. Mais j’ai arrêté quand je suis tombé enceinte de Cad… » Je m’arrête en plein milieu de ma phrase, réalisant seulement que je viens de lui avouer que je suis maman. Oh God. C’est à ce moment qu’il part en courant, qu’il prend ses jambes à son cou en trouvant une excuse bidons? Je porte la main à ma bouche comme pour empêcher les mots d’en sortir. Quelle tache je fais!

Bien que tu aies quelques idées perverses derrière la tête, quelques fantasmes d'hommes, mais tu n'avais aucune idée de ce qui se passait dans la tête de la jeune femme. Oh, si tu avais pu.. Tu te serais certainement délecté de son imagination plutôt développée en ce sens.. Tu l'observes, non sans te délecter de la beauté que tu as sous les yeux. Ce serait fou et ridicule de ne pas s'en rendre compte, du charme qu'elle a. « J’ai été cheerleaders durant mes trois premières années à Harvard si tu veux tout savoir. Mais j’ai arrêté quand je suis tombé enceinte de Cad… » Cheerleader? Donc c'était l'une de ces filles qui font des pirouettes et des sauts en tous genres dans les airs, en mini-jupe, c'est ça? Uhm.. Tu as le sourire aux lèvres, jusqu'à ce que ton cerveau se décide à analyser le reste de la phrase. "J'ai arrêté quand je suis tombé enceinte de Cad..." Cad? Enceinte? "Q-quoi?" Tu fronces les sourcils, penchant la tête de côté pour la regarder, t'assurant qu'elle est sérieuse. À voir son expression, elle l'est. Plus que sérieuse, même. "Tu as un enfant?" Oh.. Ça veut dire.. Qu'il y a un père. Que tu ne devrais peut-être pas la draguer comme tu le fais ou comme tu comptais le faire. Qu'elle risque de te revirer de bord si tu avais tenté d'aller trop loin. En plus, un enfant.. Wah. Tu t'étonnes de ce que tu dis : "Il a quel âge?" Aucune idée de si c'est une fille ou un garçon, hein.

"Q-quoi?" Eh voilà, l’information venait tout juste d’atteindre son cerveau. J’étais stupide. À la fois d’avoir cru que je pourrais lui cacher un détail aussi important, mais aussi –et surtout- de vouloir le lui cacher tout simplement. Je n’avais aucune raison d’avoir honte de mes enfants, aucune. Alors pourquoi commencer aujourd’hui? "Tu as un enfant?" J’hochai lentement la tête, ne trouvant toujours pas la salive nécessaire à humidifier ma bouche soudainement sèche qui m’empêchait visiblement de parler. "Il a quel âge?" Allez Torrey, tu peux le faire. Autant le lui dire maintenant. Le pire n’est même pas le fait d’être mère, mais plutôt d’être mère célibataire de deux charmants enfants qui viennent de deux pères différents. Cette simple idée me donne la nausée. Pourquoi est-ce si compliqué? À tout coup il risque de me juger, de se foutre de ma gueule et de s’enfuir. Au moins s’il avait fui au lieu de poser des questions, j’aurais évité l’humiliation. « À vrai dire, j’en ai deux. Cadence aura bientôt 2 ans et Devyn est né en octobre… » Voilà, la bombe était lâché. Maintenant, je n’avais rien de mieux à faire que d’attendre sa réaction. Même si j’avais une envie folle de simplement ramasser mes affaires et de foutre le camp, je n’en fis rien. Je restai là, me redressant un peu sur ma chaise. Allez ma grande, assume maintenant.

Si tu ne t'étais pas attendu à ce qu'elle soit mère d'un enfant, tu te serais encore moins attendu qu'elle en ait deux. P'tain.. Tes yeux s'agrandissent et forment de vraies billes noires, bien malgré tout. Tu as honte de ta réaction étonnée, choquée. Ça doit être insultant, pour elle. Surtout qu'être parent, ça ne doit tellement pas être facile.. Tu avales difficilement ta salive lorsqu'elle t'avoue la vérité. Si tu avais encore eu un café, tu te serais étouffé avec. « À vrai dire, j’en ai deux. Cadence aura bientôt 2 ans et Devyn est né en octobre… » Une petite fille de deux ans, et un gamin de même pas un an? Wah.. Ça t'faisait peur, les enfants. Enfin, non. C'est faux. Ça t'intimidait, plutôt. Tu étais de forte carrure, tu avais toujours peur d'en briser un en le prenant dans tes bras. Comme si c'était un morceau de verre qui peut éclater en mille morceaux devant une trop forte pression.. Tu sors alors de ta léthargie. Oh gad. C'est de l'aveu, ça. Tout un aveu, même.. Les coudes sur la table, tu passes tes mains dans ton visage, devenu tout rouge - pas de gêne. Tu restes silencieux un instant, avant de regarder la brunette dans les yeux de nouveaux. "Ils doivent être adorables.", finis-tu par dire, tout simplement, presque dans un murmure, un chuchotement qu'elle pourra tout de même entendre. Adorables? Vraiment, Viktor? Dans quoi tu t'embarquais? Tu lui souris, retrouvant un silence compliqué et mystérieux.

Il prit un moment pour avaler l’information, pour la laisser progresser jusqu’à son cerveau. C’était évident qu’il n’était pas à l’aise avec tout ça et pourtant…. J’avais l’impression qu’il se livrait une bataille à lui-même. C’était quoi ça? Pourquoi est-ce qu’il ne foutait pas tout simplement le camp maintenant pendant qu’il était encore temps? Je ne savais pas comment réagir alors je pris mon verre et jouais avec, faisant tourner le liquide qui se trouvait au fond dans des mouvements circulaires. Il posa finalement ses coudes sur la table et passa les mains sur son visage. Il s’apprêtait à parler, à s’excuser pour partir sûrement? "Ils doivent être adorables." Alors là, si je m’attendais à une réponse de sa part, je m’attendais à tout sauf ça. Ils doivent être adorables, vraiment? Le pensait-il seulement un peu? « C’est pas la peine de faire genre…» dis-je sur un ton un peu plus brusque que ce que je n’aurais voulu. Allez savoir pourquoi, j’étais soudainement sur la défensive. Après tout, mes enfants sont toute ma vie maintenant. Ils sont mes trésors, ma raison d’être. Alors ouais, ils sont adorables. Mais personne n’a le droit de s’en moquer. « Je sais déjà c’que tu dois penser, c’est bon t’en fais pas, t’es pas le premier…. » Je soupirai en prenant la dernière gorgée de mon verre, grimaçant au contact du liquide tiède dans ma bouche.

Elle avait deux enfants dans sa vie. Deux gosses qui étaient les siens. Toi, tu ne connaissais pas ça, la paternité. Et ce n'était pas dans tes plans de connaître ça de si tôt, vous savez. Enfin, tu n'as jamais été en couple. Jamais. Même pas une petite amourette, hein. Alors être père, c'tait même pas envisageable, si on suit la logique des choses. « C’est pas la peine de faire genre…» Son ton de voix t'étonne. Elle est sur la défensive, tu le sens. Pourquoi? Tantôt si douce, elle te semblait d'un coup différente. Tu fronces les sourcils, t'apprêtant à répondre un truc, l'observant jouer nerveusement avec son verre de café, mais elle enchaîne. « Je sais déjà c’que tu dois penser, c’est bon t’en fais pas, t’es pas le premier…. » Ok, vraiment? Tu n'avais rien dit d'autres que le fait qu'ils devaient être adorables. Ça aurait dû la flatter, non? En temps normal, tu te serais levé, tu te serais pas fait chier longtemps, et tu serais parti. Mais là, allez savoir pourquoi, tu restais là, frustré que cette quasi inconnue ne s'imagine que des mauvaises intentions de ta part. Que des mauvaises pensées vis-à-vis de cet aveu. "Euh.. j'ai rien dit." Tes coudes se déplient de sorte à ce que tes avants-bras puis tes mains se posent sur la table. Tu déplies les doigts, pour te laisser respirer un moment. "Et tu sais pas c'que j'pense." Vrai : elle n'était pas dans ta tête. "J'faisais pas genre, j'le pensais. Ils doivent être adorable. T'as vu comment tu l'es? Comment t'es jolie? J'suis certain qu'ils détiennent de leur mère. C'est tout c'que j'voulais insinuer, Torrey.", souffles-tu en roulant les "r" de son prénom. "T'es pas le premier.", qu'elle avait dit. S'était-elle souvent fait recalée par des hommes parce qu'elle était mère de deux enfants? Quoi? Elle était célibataire? Ça s'mélangeait dans ta tête, trop d'informations compliquées en même temps. C'tait pas dans ton domaine d'aisance, faut le dire. Enfin, si c'était le cas, ces hommes étaient stupides. Vraiment stupides.

"Euh.. j'ai rien dit." Certes, et je savais que j’étais rude avec lui. Mais c’était plus fort que moi pour le coup. J’étais sur la défensive et je préférais présumer savoir ce qu’il pensait –comme tous les autres- plutôt que de me faire du mal en croyant qu’il pouvait être différent et finalement être déçu. Au moins là, je ne pouvais qu’être agréablement surprise. Il déplia les coudes, allongeant les bras et dépliants les doigts, je voyais qu’il tentait de garder son calme. Pourquoi ce revirement de situation? "Et tu sais pas c'que j'pense." Vrai aussi, mais je ne demandais pas mieux que de savoir en fait… Je serai donc la mâchoire, prenant sur moi et le laissai continuer. "J'faisais pas genre, j'le pensais. Ils doivent être adorable. T'as vu comment tu l'es? Comment t'es jolie? J'suis certain qu'ils détiennent de leur mère. C'est tout c'que j'voulais insinuer, Torrey." Un frisson me parcouru l’échine lorsqu’il prononça mon nom. Exactement comme je l’avais soupçonné…. C’était si sexy, si sensuel. Mh hm. Là n’est pas la question. Je récapitulai ses paroles, réalisant qu’il venait, une fois de plus, de me complimenter. En plus, il semblait bien prendre le fait que j’ai des enfants. C’était une bonne chose… non? Je me radoucit, relâchant mes épaules qui était tendues et laissant aussi échapper un souffle que je n’avais même pas réalisé que je retenais. « Désolé… disons simplement que j’ai pris l’habitude de voir les hommes prendre leurs jambes à leur cou quand j’avoue avoir un enfant. Alors deux? Bref… » je soupirai à nouveau, relevant enfin le regard vers lui, me sentant rougir inutilement. « M’enfin… Je comprendrai si tu ne veux plus me revoir après aujourd’hui. Qui veut d’une mère célibataire aussi jolie soit-elle? » Je ris doucement, un rire las, sans entrain. C’était pour me donner de la contenance plus qu’autre chose.