VIKEY | one day, i was happy

Si vous aviez été en soirée, dans un bar, tu lui aurais offert un verre. Ou plus d'un verre. Là, elle avait déjà son café, tu ne pouvais rien lui offrir. À part peut-être un truc sympa à manger. Pourquoi pas une sucette du Starbucks? Ah.. Fantasme qui te passe en tête, soudainement. Toi et tes pensées matinales.. Ton regard se fait brillant. Allez savoir pourquoi. « J’avais.. d’autre engagement. » Étonnement, tu la comprenais. Tu avais tellement d'engagements ici et là, principalement à cause de ton boulot, et puis avec le sport que tu fais quotidiennement pour t'entretenir, les factures à payer, le rangement dans ta vie à faire, les études, les femmes, la vie sociale en général, les bouquins que tu lis pour développer ta culture générale, tout ça. Tu ne peux rien refuser, rien repousser, rien remettre à plus tard. C'est comme ça. Et t'aimerais pouvoir dire, parfois : J'ai d'autres engagements ailleurs. Mais non, ce n'est pas pour tout de suite. « Torrey… et toi? » Une blague débile te passe en tête, ce qui t'arrache un rictus que tu espères être passé outre, qu'elle ne se sente pas vexée. Garderais-tu le mystère sur ton nom? Non.. Elle t'avais mentionné le sien si gentiment, si délicieusement, que tu ne pouvais pas te moquer en lui en donnant un faux ou en lui cachant ton identité. "Viktor. C'pas bien difficile de voir que je suis russe, avec ce nom.", affirmes-tu en lui faisant un clin d'oeil amusé. Tu t'adosses contre le dos de ta chaise, élevant tes bras en l'air pour t'étirer, te dégourdir un peu sur place. Tes yeux se posent sur les livres, délaissés sur le côté de la table. Des bouquins de cours. Ton regard se fait plus sévère, tes sourcils se froncent "Je te dérange, au fait?"

Je lui avouai mon nom sans retenu. Après tout, ce n’est pas comme si je devais en avoir honte. C’était un joli prénom bien que plutôt rare et ce n’est pas comme s’il m’avait demandé mon nom complet pour ensuite aller me retrouver sur les réseaux sociaux ou je-ne-sais-quoi. Oh et de toute manière, il ne semblait pas avoir l’air d’un pervers ou quelque chose comme ça. Il m’avait l’air d’un mec bien. On n’acceptait pas n’importe qui chez les Dunsters, pas vrai? J’attendis donc sagement qu’il me rende la pareille et me dise son nom. "Viktor. C'pas bien difficile de voir que je suis russe, avec ce nom." Je ris doucement. « Franchement, ton accent t’avait démasqué avant que tu ne me donnes ton nom. » Je me mordillai la lèvre inférieure en songeant que cet accent était d’ailleurs vraiment sexy. Bon sang, un peu de tenu Torrey! À croire que tu n’es plus sorti de ta maison depuis des siècles. Levant les bras au-dessus de sa tête et s’étira, révélant une parcelle de peau sur son ventre que je ne manquai pas de remarquer. J’avais les hormones en feu moi aujourd’hui, c’est pas croyable ça! "Je te dérange, au fait?" Mon regard revint rapidement au sien. « Non. Enfin, un peu… Ça peut attendre à plus tard. » dis-je en gesticulant vers la pile de bouquin que j’avais laissé sur la table.

Ton prénom, tu l'aimais bien, toi aussi. Viktor, ça sonnait viril, ça sonnait russe, ça sonnait comme la personne que tu es. Ton deuxième nom, Sergeï, tu avais toujours, mais toujours détesté. Pourquoi? Allez savoir. Ça sonnait mal, à tes oreilles. Étrangement, ça te dégoûtait. Il n'y avait que ton jumeau, qui puisse t'appeler ainsi. Autrement, depuis tout jeune, tu t'étais trouvé un surnom. Un surnom qui te servait de deuxième prénom, un qui te plaisait bien plus, bien que ridicule, d'un sens. Jaafar. Tiré d'Aladdin, ce méchant que tu avais toujours apprécié, dans les films. Tu aimais bien les vilains, dans les contes. Tu en étais toi-même un. Dans un sens spécifique du terme. « Franchement, ton accent t’avait démasqué avant que tu ne me donnes ton nom. » Ton sourire s'étire en un sourire charmeur. Même très charmeur. "À ce qu'on m'a dit, l'accent plaît à bien des filles. Est-ce vrai?" Ton accent lui plaisait-il? Sûrement. Qui résistait à tes charmes? Si tu avais été une femme, tu aurais aimé résister. « Non. Enfin, un peu… Ça peut attendre à plus tard. » Ton regard se fait persistant, autant sur elle, que sur ses livres. Ça peut attendre à plus tard? D'un côté, ça t'fait plaisir. Car tu pourras rester plus longtemps en compagnie d'cette jolie fille. Mais d'un autre côté, si tu es pour lui empêcher de faire ce qu'elle a à faire, ce n'est pas dans ton intention. "Et tu préfères plutôt passer du temps avec un bel homme? J'me sens flatté.." Tes lèvres se posent sur le rebord de ton cup de café. Et tu l'observes, droit dans les yeux.

"À ce qu'on m'a dit, l'accent plaît à bien des filles. Est-ce vrai?" Je sentis mes yeux devenir rond comme des soucoupes ainsi que mes joues se rougir légèrement. « Ce n’est pas ce que j’ai dis.. » répondis-je simplement plutôt que d’admettre qu’il avait mis le doigt dans le mile. C’était, en effet, très sexy. Voir même sensuelle. Et, bien que je ne compte pas l’admettre, j’aurais aimé l’entendre prononcer mon nom. "Et tu préfères plutôt passer du temps avec un bel homme? J'me sens flatté.." Je secouai légèrement la tête de gauche à droite en jouant distraitement avec mon verre de café pour faire descendre le stress qui m’envahissait. « Ce n’est certainement pas la modestie qui t’étouffe, pas vrai? » je souris à nouveau buvant le reste de mon verre avant de le poser sur la table entre nous deux. Son attitude était pleine d’assurance et, pourtant, ça ne me dérangeait pas vraiment. Il était respectueux et c’était tout ce qui comptait. Respectueux et poli. En plus d’être super sexy. Je n’avais donc aucune raison de me plaindre. « Qu’est-ce qui… » commençais-je, incertaine d’avoir le courage de lui poser la question qui me trottait à la tête depuis tout à l’heure. Oh et puis qu’est-ce que j’ai à perdre? « Qu’est-ce qui t’a poussé à venir me voir..? »

« Ce n’est pas ce que j’ai dis.. » Tu penches la tête sur le côté, amusé par la situation. "Mais c'est bien ce que tu penses", as-tu envie de lui répondre. Mais tu t'abstiens. Enfin, tu t'en fous de le dire ou de le garder pour toi. Mais tu reviendras là-dessus plus tard. Certainement. Ah.. Est-ce une erreur, un mirage, ou bien tu l'as vue rougir? Un rose très léger orne ses joues. Ce détail ne t'échappe jamais. Qu'est-ce que ça ajoute du charme aux femmes, lorsqu'elles rougissent par la faute d'un homme. Puisque c'est de ta faute, pas vrai? « Ce n’est certainement pas la modestie qui t’étouffe, pas vrai? » Pour la première fois, tu éclates de rire. Puis, plus sérieux un peu, tu agites la tête dans tous les sens, comme pour montrer ton incertitude. Ah.. modeste, toi? Jamais tu ne le seras. À quoi cela vaut-il de l'être, sinon que de gruger de l'énergie, et d'être pathétique, par moments? « Qu’est-ce qui… » Stoppant tout mouvement, ton attention toute entière se porte sur elle. Mmh? Qu'est-ce qui quoi? Elle semble intimidée par sa propre question. Mais finalement, la question complète te rassure plus qu'autre chose. « Qu’est-ce qui t’a poussé à venir me voir..? » Tu dévoiles ta dentition parfaitement alignée et blanche, alors que tes avants-bras se posent sur la table, pour être plus près d'elle. "La curiosité.", dis-tu avec la plus exemplaire des simplicités. "Et parce que je suis faible face au charme des jolies femmes. Les brunettes, c'ma faiblesse. Les brunettes studieuses avec un air d'ange comme toi, c'est bien pire. En plus, tu aimes le café.", souffles-tu, en final pour la taquiner un peu. Es-tu crédible? Car tu dis la vérité.

"La curiosité." J’avoue que celle-là, je ne l’ai pas vu venir. J’hausse les sourcils et me mordille à nouveau la lèvre. Geste de nervosité mêlé de désir j’en ai bien peur. Ne devrais-je pas penser à Wyatt? À toutes ces fois où nous nous voyions et où il semble lentement retrouver son chemin vers moi? Mais qui suis-je pour croire qu’il me reviendra? Et quelle femme stupide je fais à l’attendre éternellement. Rien ne m’empêcher de profiter du temps passé avec d’autre homme, pas vrai? Et puis, Viktor est charmant et semble m’apprécier alors… "Et parce que je suis faible face au charme des jolies femmes. Les brunettes, c'ma faiblesse. Les brunettes studieuses avec un air d'ange comme toi, c'est bien pire. En plus, tu aimes le café." Je souris franchement, me sentant rougir à nouveau. Il y avait bien longtemps qu’on ne m’avait pas complimenté ainsi. « Eh bien… merci. » dis-je finalement, embarrassé, mais contente. Il s’était approché de moi en posant les bras sur la table et je n’avais qu’une envie, réduire d’avantage la distance nous séparant. Stupide? Trop rapide? Allez savoir. Mais j’en avais envie. « Par contre, ne te méprend pas, je n’ai rien d’un ange. » Et c’était d’autant plus vrai qu’il ne pouvait l’imaginer. Mais pour ça, il fallait encore qu’il découvre cette partie de moi. Chose un peu moins facile pour l’heure.

« Eh bien… merci. » Ah.. Comment ne pas l'observer? L'admirer rougir. Devenir fou en la voyant se mordre la lèvre inférieure. Apprécier chaque parcelle de son visage dont les traits te semblent parfaits. C'est ça, l'attirance. Il en faut peu aux femmes pour t'avoir dans leur lit. Mais il leur faut presque l'impossible, l'inimaginable pour obtenir ton attention. L'attention de Viktor est difficile à atteindre, c'est vrai. C'est que tu ne t'ouvres pas beaucoup. C'est que tu es compliqué à suivre. Tu le seras toujours ; tu l'as toujours été. Depuis l'instant où tu es né, tu étais le plus compliqué des Markov, des deux jumeaux. Calvin, c'était l'ange, le gamin adorable, le prince. Toi, tu étais le vilain, le déchaîné, mais celui qui avait le plus de manières. Des manières dignes d'un roi. Un vrai. "Quand c'est la vérité, c'est un plaisir.", finis-tu par dire, un sourire d'ange scotché au visage. Tu retrousses le nez, content d'avoir trouvé si agréable compagnie ce matin. « Par contre, ne te méprend pas, je n’ai rien d’un ange. » Curieux, tu te redresses sur ta chaise, un rictus au bord des lèvres. Really? Elle t'semblait en être un, pourtant. "Ah? Parce que tu es plutôt une démone sexy? Tu veux bien m'éclairer là-dessus?" Toi non plus, tu n'as rien d'un ange. Quelle coïncidence.

"Quand c'est la vérité, c'est un plaisir." Franchement, je commence à croire qu’il vient d’une famille bien placée celui-là. J’veux dire, qui parle comme ça de nos jours? Non pas que ça me déplaise, bien au contraire. C’est disons plutôt rare, voilà tout. "Ah? Parce que tu es plutôt une démone sexy? Tu veux bien m'éclairer là-dessus?" Je ris à sa question, je ne pouvais certainement pas me qualifier de démone sexy. Ni rien qui impliquait le mot sexy d’ailleurs. Mais s’il voulait vraiment savoir, il allait devoir être patient et le découvrir. « Non, pas exactement. Mais soit patient et tu verras bien.» Lui dis-je, me voulant mystérieuse. N’ai-je pas entendu quelque part un jour qu’il fallait se faire désirer par les hommes? C’était le genre de chose auquel je ne portais aucune importance auparavant. Mais, depuis, les choses ont changés. Je suis une femme maintenant, avec des besoins, comme tout le monde. Et même si j’avais voulu le nier, je savais que j’avais besoin de l’attention des hommes, quelques compliments ici et là et une bonne baise de temps à autre. Dieu m’en garde, était-ce un péché? Si oui je devrais penser à aller me confesser prochainement. « Si bien entendu tu comptes revenir me voir un autre jour..? »

Si tu restais là, c'est peut-être parce que tu étais intrigué, et que ton intérêt ne se dissipait pas au fil des minutes, ce qui aurait très bien pu arriver. Comme j'ai dit, tu es plutôt du genre compliqué, ce qui n'arrange pas les choses - ça les complique, disons le franchement, dans tes relations interpersonnelles. Quel genre d'homme es-tu? Un spécimen rare? Dans le bon sens ou le mauvais sens du terme? Bref, si tu étais toujours assis sur cette chaise, c'est bien parce qu'elle dégageait un truc intéressant qui t'incitait à rester. La découvrir? C'était une option qui te paraissait plutôt.. envisageable. Comment le dire autrement? Là aussi, tu étais complexe. « Non, pas exactement. Mais soit patient et tu verras bien.» Sois patient? Toi, patient? Toi qui avais l'habitude d'avoir ce que tu voulais dans l'instant où tu le demandais. Non pas que tu sois un petit prince né avec l'argent dans la bouche : tu travaillais pour obtenir ton dû. Tu avais toujours mérité ce qui te revenais. Jamais tu n'aurais accepté un présent, une récompense, ou quel que soit le truc, sans que tu ne la mérites vraiment. Tu ne te vantais pas, à proprement parler. Enfin.. Pas lorsqu'il n'y avait pas de raison d'être vaniteux. Et la demoiselle, elle enchaîne. « Si bien entendu tu comptes revenir me voir un autre jour..? » Oh, c'est une invitation? Tu penches la tête, terminant ton café, puisque tu le bois assez rapidement, dès que tu en as un entre les mains. "J'ai pas dit au début que j'devrais revenir ici tous les jours? S'il le faut, j'resterai une journée entière, pour te revoir. Ah, mais découvrir tes mystères, tes secrets les plus sages comme les plus sombres seraient bien un divertissement, une quête qui me tente..", dis-tu le plus simplement du monde, presque en chuchotant, presque un soupir. "Et toi? Par curiosité.. J'peux savoir pourquoi tu ne m'as pas empêché de m'asseoir devant toi? Tu aurais pu m'envoyer balader, non?" Quel vilain tour tu lui faisais, à la pauvre demoiselle rougissante jusqu'aux oreilles..

Allez savoir pourquoi je demandais autant à en savoir plus. Pourquoi j’avais besoin de cette confirmation qu’il me trouvait réellement intéressante et non pas qu’il était venu me voir juste parce qu’il avait trouvé que j’avais un derrière intéressant en passant ma commande. Peut-être parce qu’il avait l’air du genre de gars qui obtient tout ce qu’il veut quand il le veut et que je n’avais pas envie d’être une parmi tant d’autre… allez savoir. "J'ai pas dit au début que j'devrais revenir ici tous les jours? S'il le faut, j'resterai une journée entière, pour te revoir. Ah, mais découvrir tes mystères, tes secrets les plus sages comme les plus sombres seraient bien un divertissement, une quête qui me tente.." Je souris, contente de sa réponse. J’espérais seulement qu’il comprenait bien. Je ne lui demandais pas d’être patient juste pour le plaisir d’être mystérieuse. J’étais sérieuse. Je n’avais rien d’une fille facile et s’il comptait avoir plus de moi, il devrait faire ses preuves. J’avais été bien trop blessé dans le passé pour me laisser avoir aussi naïvement. "Et toi? Par curiosité.. J'peux savoir pourquoi tu ne m'as pas empêché de m'asseoir devant toi? Tu aurais pu m'envoyer balader, non?" Je pris un air penseur, me léchant lentement la lèvre inférieure avant de le regarder de nouveau. « Ça aurait été un peu rude de ma part, non? » dis-je avec un sourire en coin, joueuse. À vrai dire, j’avais accepté parce qu’il m’avait prise au dépourvu et qu’il était franchement canon. Mais s’il m’avait abordé au comptoir, je ne sais pas si je l’aurais invité à s’assoir ou si j’aurais plutôt déguerpis vers la bibliothèque plutôt que de rester ici.