ADRUZY + it's hard to wake from a nightmare when the nightmare is real

Le problème, c'est que j'avais toujours les nerfs à vif. J'étais fatiguée, donc j'avais un peu la flemme de m'énerver, mais s'il insistait, malheureusement, je risquais d'être aussi froide que lui tout à l'heure. C'était le genre de points communs que nous avions, qui n'étaient pas particulièrement glorieux d'ailleurs. « Effectivement, tu peux pas savoir. » Et pourtant, je te mens, Adriel. Si aisément que tu ne t'en rends pas compte, tellement facilement que parfois je me dis que je pourrais vivre ma vie en mentant, mais je suis tout de même trop droite pour imaginer être de ce bord là un jour. « Seul le temps nous le dira. » dis-je alors en regardant ailleurs. D'ailleurs, comme il y avait de la lumière, j'en profitais pour balader mon regard dans la pièce avant qu'il ne reprenne la parole, capturant mon regard tandis que je restais un instant à me demander ce que je pouvais répondre à ça. « C'est pas une question de m'ouvrir aux autres ou non, il y a des choses qui ne se racontent pas, c'est tout. » fis-je d'un ton légèrement détaché. Comment voulez-vous dire à quelqu'un que vous avez vu votre soeur se faire tuer sous vos yeux, que vous avez été traquée à l'âge de seize ans, et que lorsqu'enfin tout semblait aller mieux une bombe explosait à l'université où vous vous trouvez? J'ai tenu bon grâce à énormément de soutien psychologique plus jeune, mais aujourd'hui, je ne rouvrirais pas ces vieilles blessures, pour qui que ce soit. Ah comme je détestais parler de moi.

Si ça se trouvait, elle me mentait. Elle me mentait peut-être tout l'temps, sur tout. S'il y avait bien quelque chose qui m'énervait, c'est quand je n'arrivais pas à cerner les gens, à les comprendre. D'habitude, j'y arrivais mais elle.. Elle restait un mystère, vraiment. Ce qui me rendait dingue. « Admettons que tu sois une menteuse professionnelle, est-ce que tu mens sur tout ou juste sur ce qui te concerne ? » demandais-je l'air de rien. Ce n'était pas une question grave, je ne lui demandais rien de personnel, juste un peu de vérité. Même si après réflexion, elle pouvait très bien me mentir, donc ma question ne servait à rien. Des choses qui ne se racontent pas ? Putain, mais qu'est-ce qu'elle avait vécu ? Ca m'intriguait, j'étais beaucoup trop curieux. Mais je ne dépasserais pas les limites cette fois, je ne lui demanderais pas car ça ne me regardait pas et si elle ne voulait pas m'en parler, je ne pouvais malheureusement pas la forcer. « D'accord, j'arrête de te saouler avec ça dans ce cas. » répondais-je en soupirant légèrement. J'étais déçu, car je n'avais strictement rien appris. Mais peut-être qu'avec le temps, elle se décidera ? Peut-être qu'un jour, elle me parlera. Je n'en savais rien. Mais ce que je savais, c'est que je devais changer de sujet de conversation, car elle ne voulait pas en parler. Je l'observais alors de haut en bas, maintenant que la lumière était allumée. « T'es sexy en pyjama. Ou c'est ton pyjama qui te rend sexy, je ne sais pas. » rajoutais-je avec un sourire mesquin sur les lèvres. Ouais, l'Adriel coquin n'était pas parti bien longtemps.

Jolie jeune fille, qui es-tu réellement? Une enfant sage qui a grandit avec sa conduite bourgeoise ou une plus libérée qui connaît la déchéance et les regrets? J'avais l'impression que l'on voulait me faire douter de moi même, parfois. Et à sa question, je baissais les yeux; c'était désagréable à entendre, réellement.« Je mens quand j'en ai besoin, comme n'importe qui. J'ai vraiment l'impression que tu n'as aucune confiance en ce que je dis, quand t'en viens à me demander ça. » répondis-je plus bas, agacée. J'essayais pas de cultiver le mystère ou de créer un mythe autour de moi, loin de là. Tout ce que je voulais, c'était qu'on laisse mon passé en paix, et qu'on me laisse, justement, faire la paix avec. Lorsqu'il annonça qu'il arrêtait avec ça, j'esquissai un sourire; il faisait bien, car je pense que je n'aurais pas répondu dans le cas contraire. Si je devais commencer à avouer quelque chose à quelqu'un, je ne sais même pas à qui je parlerais. Car m'étais-je déjà vraiment penchée sur l'histoire de quelqu'un d'autre? Bien sur que non, je me contentais de la personne et de notre relation sans chercher à en savoir plus. Finalement, je n'étais pas si entourée que ça, plutôt seule, même. « C'est mes jambes que tu trouves sexy? » soupirai-je avant de rire doucement. Après tout, je portais quand même un pull et un short, c'est à dire que niveau sexappeal on fait mieux. On peut faire pire, bien entendu, mais on fait mieux. Particulièrement en été.

Aie. Tout à l'heure, c'était elle qui m'avait énervé et vexé, cette fois, c'était le contraire. On avait vraiment un caractère de merde, l'un comme l'autre. Je me demandais comment on faisait pour arriver à se supporter du coup, mais aussi comment les autres faisaient. L'habitude, sûrement. « Je demande, je suis curieux, j'me pose sans cesse des questions, c'est tout. » disais-je simplement. J'avais quand même une certaine confiance en elle, mais je savais que sur certaines choses, je devrais peut-être faire attention car elle ne dirait pas la vérité. En fait, dès que ça la concernerait un peu trop personnellement. Elle était impossible à décrypter et même si je voulais essayer, je pensais que je n'y arriverais certainement jamais. Je riais doucement après ses paroles. « J'ai toujours trouvé ça sexy les filles avec un pull, j'y peux rien. » avouais-je en haussant les épaules. J'adorais quand mes exs portaient des pulls à moi, ça ne me dérangeait absolument pas. J'étais peut-être pas tout à fait normal comme mecs, m'enfin. « Après, sachant que tu as les proportions d'un mannequin, ouais, t'es sexy. » rajoutais-je sur un ton amusé. J'aurais sûrement pu le dire avec plus de classe en temps normal, mais il était tard et j'avais été réveillé en pleine nuit par blondie, alors il fallait être exigeant avec ma façon de parler et de tourner les phrases ce soir.

Décidément, je me demande ce que ça serait si l'on venait à vraiment s'engueuler un jour. .. Quoi que je préférais ne pas y penser parce qu'avec nos caractères respectifs, qu'il n'y ait pas de meurtre serait presque surprenant. « T'as pas besoin de t'en poser autant, je passe pas ma vie à mentir aux autres, je suis comme n'importe quelle personne qui mentirait pour se protéger, ou pour quelque chose d'important. Tu le fais aussi, j'en suis sûre. » répondis-je alors. De toute manière, pourquoi lui en demander trop alors que l'on venait à peine de se revoir? Mais si l'on commençait à douter de tout et n'importe quoi, on entrait dans une spirale vicieuse et on finirait par ne vraiment plus rien croire, n'est-ce-pas? « Drôle de fétichisme. » remarquais-je alors en souriant. C'était particulier, de préférer les femmes habillées plutôt que plus déshabillées, mais je supposais que les deux lui convenait largement, de toute manière. Je n'avais jamais vu aucune de ses conquêtes mais je les vois mal arriver en combinaison de ski. Ca doit être tellement chiant à retirer, cela dit. « Les proportions d'un mannequin, carrément? T'es en forme ce.. soir? matin? » Je n'avais pas la moindre idée de comment on s'adressait aux gens en pleine nuit, après tout. Bon, par contre moi du coup, j'avais de l'énergie à revendre, même si je sentais que la journée qui suivrait risquait d'être particulièrement longue et compliquée pour y survivre. « Mais au fait, précisément, c'est quoi ton style de fille? J'ai jamais vu tes exs alors permet moi d'être curieuse. » demandai-je franchement. Dans le genre questions qui sortent de nul part, celle-ci était une illumination dans ma tête alors que mes pensées étaient complètement floues à cause de l'heure tardive.

Elle avait raison. Je l'avais fait. Il y a deux ans, quand j'étais parti, car je n'avais raconté à personne mes problèmes car je pensais pouvoir m'en sortir seul. Au final, j'avais juste fait souffrir tout le monde. Le mensonge, moins il est gros, moins vous risquez d'en souffrir ou de faire souffrir vos proches, tout simplement. « Ouais, on le fait tous. C'est sûrement l'un des plus gros défauts de l'être humain d'ailleurs. » disais-je en soupirant légèrement. De toute façon, la vie était faite d'emmerdes, de problèmes, de mensonges. Mais bon, tant que l'on été en vie, on allait pas se plaindre hein ? Je riais légèrement. « Ca va, ce n'est pas un truc qui fait flipper, heureusement. » disais-je en lui souriant. S'il y a un truc que je trouve étrange, c'est les fétichistes des pieds. Sérieusement, les pieds, c'est le truc le plus moche sur le corps humain non ? Je tournais la tête vers le réveil, on se rapprochait des 4h du matin maintenant. « Je dirais matin et oui, il faut croire que j'suis en forme quand on me réveille en pleine nuit. » disais-je en me passant la main dans les cheveux. Pourquoi est-ce qu'elle me posait cette question ? Pourquoi est-ce qu'elle pensait d'un coup à mes exs ? Elle voulait peut-être voir si elle collait. « Physiquement, quand tu regardes mes exs, il doit y avoir qu'une brune au milieu. J'ai toujours eu une préférence pour les blondes. Il faut qu'elle s'habille bien et le reste, je m'en tape. » disais-je en haussant les épaules avant de reprendre la parole. « Mentalement, j'aime quand elles ont une grande gueule et de l'humour. Qu'elles soient un minimun intelligente et pas totalement immature. » De parler de mes exs, je pensais de suite à Leevy et Shae, qui ressemblaient parfaitement à cette description.

Trouvez moi une seule personne qui n'a jamais menti et je vous jure que je le suivrais, traquerais, jusqu'à trouver ses moindres secrets pour vous prouvez que personne, mais alors personne, n'a un esprit clair pur et sain sans rien à se reprocher. Dériver du mensonge au fétichisme, c'est possible ça? « T'as déjà bien assez de facettes qui font peur pour te rajouter un fétichisme flippant par dessus. » dis-je sur un ton amusé afin de préciser que je rigolais. Non mais tout ce qu'était fétichisme, moi.. je veux dire on a tous des fantasmes mais les personnes qui tiennent des blogs sur des trucs hyper tordus, moi, j'en avais peur. « Tu m'en voudras pas hein? » répondis-je alors en penchant la tête pour faire des yeux de chien battu. Quatre heures du matin déjà. Il n'empêche que le temps passe vite, quand on parle. Si j'étais curieuse, ce n'était pas pour une raison particulière; je souhaitais juste en savoir un peu plus sur lui dans ce qui concernait les trucs les plus banals; et comme je ne l'avais jamais vu au bras d'une fille; on se demande comment je me suis débrouillée d'ailleurs: c'était le genre de choses qui m'intriguait. « J'aurais plutôt pensé que tu préférais les filles plus dociles, ça m'étonne. » Enfin, ça m'étonne. Je plaindrais une fille qui ne lui tiendrait jamais tête ou passerait sa vie à lui faire des compliments, parce qu'elle serait pas sortie de l'auberge, la pauvre.

Comment ça j'avais des facettes qui faisaient peur ? J'étais un mec totalement normal ! Si on oubliait que j'avais une beauté supérieure à celle des autres, bien évidemment. Mais mentalement, j'étais tout ce qu'il y avait de plus commun. Ou presque. « Mes facettes sont magnifiques, comme moi. » répondais-je sur un ton amusé. Je me demandais parfois comment j'avais fait pour devenir aussi prétentieux, arrogant. Sûrement parce que j'avais eu la chance d'avoir un physique de rêve et à force de voir que je plaisais, c'était resté. Mmh, sûrement. Elle essayait de faire la fille adorable en me faisant cette tête de chien battu ? Non parce que même si elle était adorable, ça ne marchait pas avec moi. « Je te pardonne si tu m'apportes le petit-déjeuner au lit tout à l'heure. » répondais-je sur un ton des plus sérieux. Je pense que je pouvais toujours rêver, mais au moins, j'avais essayé. Non mais en même temps, elle m'avait réveillée en pleine nuit alors lui demander de me préparer le petit déjeuner, ce n'était pas énorme non plus. Ca allait pour moi. Mais sûrement pas pour elle. On parlait ensuite de mes exs, ce qui était un sujet douloureux pour moi, même si je ne laissais rien paraître. Mais les deux grands amours de ma vie avait été les relations qui m'avaient le plus détruits. « Plus docile ? » m'exclamais-je choquée. Jamais de la vie. Je ne pourrais pas supporter cela. « Tu crois sérieusement qu'une fille docile pourrait me supporter ? Puis moi, ça m'énerverait, j'ai besoin que ça bouge. » rajoutais-je en souriant. La routine, ce n'était pas pour moi.

Le jour où il sort une phrase avec un adjectif qualificatif positif du style beau, magnifique ou parfait sans rajouter "comme moi" derrière, je vous jure que j'ouvre une bouteille de champagne à son honneur. « Ta modestie est merveilleuse est observer. » ris-je alors en levant les yeux au ciel. Si j'avais eu l'audace d'être aussi prétentieuse, devant mes parents, je sens que j'aurais été vite renvoyée du manoir familial, j'en étais sûre. « Je me demande déjà comment je vais faire pour sortir d'ici discrètement alors ne me demande pas en plus de descendre et de remonter. » soupirais-je avant de reprendre. « Et puis j'ai pas spécialement envie que les autres commencent à croire tout et n'importe quoi. Et avant que tu te fasses de faux espoirs, non, dans tout les cas, je ne l'aurais pas fait. » fis-je remarquer. Effectivement, c'était clairement impossible et de plus, je n'en avais pas envie, je n'étais pas du genre à servir les autres. « Non, justement. » ris-je alors doucement. « Mais ça m'étonne un peu, disons. Quoi qu'à y réfléchir désormais, ton type colle avec ta personnalité. » Et ben, elle devait avoir bonne mine, sa routine. Personnellement, je n'avais jamais eu de relation plus longues que quatre mois, alors j'étais pas très calée type/couple/rupture en général; moi mon truc, c'est plus les mathématiques que les équations amoureuses.

Je souriais, amusé par sa réponse. Autant dire que la modestie ne faisait pas partie de mon vocabulaire et ni de mes qualités. Comme tout le monde s'en doute de toute façon. « Tu adores m'observer tout court, avoue-le. » rétorquais-je avec mon petit sourire en coin habituel. Je préférais cette ambiance plutôt que celle de tout à l'heure, où j'ai cru que la conversation s'arrêterait et qu'elle retournerait dans sa chambre. Mais non, elle était toujours ici et pas prête de bouger pour l'instant. « T'es au courant que je me fous totalement du regard des autres et de ce qu'ils peuvent penser ? Je me demande qui est le plus superficiels de nous deux pour le coup. » répliquais-je en grimaçant légèrement. Sérieusement, les colocs pouvaient penser ce qu'ils voulaient, je m'en moquais. « En temps normal, j'aurais râlé et je t'aurais dit que tu n'es pas gentille. Mais je veux pas perdre les 5 points durement gagné cette nuit. » disais-je sur un ton amusé. Je l'avais quand même dit, mais tout en subtilité pour que ça passe discrètement et que ça ne me retombe pas dessus. Elle avait l'air étonné que j'aime les filles avec une grande gueule. Mais avec une fille qui te dit oui à tout, tu dois clairement t'ennuyer. « Tu vois, j'arriverais toujours à te surprendre. » disais-je en riant légèrement, avant de reprendre. « Et toi du coup, c'est quoi ton style ? » demandais-je bien curieux de savoir ce qu'aimait l'exigeante Suzy.