ADRUZY + it's hard to wake from a nightmare when the nightmare is real

Son but à lui, c'était d'arriver au plus vite aux cent, après tout, alors ça ne m'étonnait que peu qu'il ne me parle d'une légère augmentation.. sous peine d'aller finir ma nuit dehors. Lui, il avait envie de récupérer son cadavre dans le jardin. « Tu pars à deux et je te ferais peut-être une fleur par la suite. » dis-je alors tout aussi sérieusement. De toute manière, pour l'instant, qu'importe ce que je lui donnais, il était bien loin du compte. « Heureusement que je t'adore, sinon je ne serais jamais venue vivre avec toi. » lançai-je alors, regardant vers lui sans le voir; dans le genre choses frustrantes, se sentit aveugle est bien le pire, surtout comme je suis du genre à regarder les gens dans les yeux pour savoir s'ils me mentent. « Si tu me faisais vraiment de l'effet, je n'arriverais pas à te répondre sans chercher mes mots pendant trois heures. Je suis impressionnable lorsqu'il s'agit de mon type de mec, tu sais? » A continuer ainsi, j'allais finir par le vexer, mais c'était plus fort que moi, je n'arrivais pas à lui répondre sans lui dire gentiment que non, je n'étais pas attirée par lui sexuellement parlant; ou de quelque manière que cela ne se dise. « Et c'est quel genre de proposition cachée, ça? » demandai-je alors en riant légèrement, tandis que je cherchais encore où regarder pour ne pas voir que du noir.

Elle voulait pas me donner plus ? Sérieusement ? Je me relevais, pour me mettre assis dans mon lit et j'essayais de la distinguer, mais il faisait bien trop noir. « 5 points ou je te porte. » rétorquais-je très sérieusement, continuant d'essayer de la trouver. C'était peine perdu, mais tant pis, je la chercherais si jamais elle ne me donnait pas mes points. J'y tenais, j'étais tellement loin du compte, cinq points n'allaient pas changer grand-chose, mais ça restait un bon petit pas de franchis. « Personnellement, je ne sais plus si je t'adore. » disais-je l'air de rien. Comme on était dans le noir, elle ne pouvait pas voir que j'avais un grand sourire idiot sur les lèvres quand je disais ça. Je fronçais les sourcils après ses paroles, elle était sérieuse ? Et c'était quoi son type de mec hein ? « Finalement je sais, je t'adore plus du touuut. » rectifiais-je doucement. Non pas que j'étais vexé, en fait si, un peu. J'avais dû mal quand on me repoussait, alors parfois je m'en foutais, j'le prenais bien, mais d'autres fois, comme maintenant, je le prenais vraiment mal. « Aucune proposition, je rectifiais juste. » rajoutais-je sur un ton neutre. Ni amusé, ni énervé. Juste neutre. J'étais clairement chiant comme mec, légèrement lunatique parfois, qui pouvait passer de la connerie à la méchanceté. Il fallait faire avec, malheureusement.

Je le sentis bouger; sûrement se redresser, j'ai quand même assez de discernement pour m'en rendre compte, et finalement, je m'avouais vaincue. « D'accord d'accord c'est bon, tu les as, tu atteins donc le quart de cent. » dis-je comme s'il venait de gagner une épreuve aux jeux olympiques; enfin, en chuchotant, parce que j'éviterais de parler fort si je tenais à ma crédibilité. « Personne ne peut se passer de moi. » fis-je alors d'un air mesquin, comme si ça me semblait logique. Ce jeu réversible était quand même assez particulier, et je me demandais si l'on était déjà comme ça deux ans en arrière. Oops, je crois que j'ai tapé un peu fort dans l'égo du mather. En fait, je détestais cette part d'Adriel qui passait du tout va bien au va te faire voir; bon pas à ce point là non plus, du moins pas avec moi, du moins je n'ai pas expérimenté jusque là; parce que malheureusement, je n'étais pas tellement le genre à m'excuser pour les conneries que je pouvais dire. Bien entendu que je le trouvais beau, mais il n'avait aucune emprise sur moi par rapport à cela, et pas que je ne sois superficielle, mais on est toutes un peu en extase devant certains garçons et pas devant d'autre, non? Acteurs chanteurs personnes que l'on croise dans la rue, ça revient au même, on a des coups de coeur, des favoris, qu'on placerait bien dans notre lit parfois; mais cette attirance, je n'arrivais pas à l'éprouver pour des hommes dont j'étais proche. Du coup, ne sachant que dire, je restais simplement silencieuse, laissant mon regard se balader dans la pièce bien que je n'y voie rien.

Et bien c'était gagné. J'avais atteint les 25 points. Bon, j'étais encore loin du compte, mais c'était mieux que rien non ? « Je me sens honoré madame. » rétorquais-je en riant légèrement. Je levais ensuite les yeux au ciel quand elle disait que personne ne pouvait se passer d'elle. « On dirait moi qui parle. » disais-je d'un ton amusé. Malheureusement, mon amusement et ma bonne humeur avait disparu en une fraction de seconde. C'était mal de frapper dans l'égo d'un mather. Car même si je savais que j'étais beau, voir très beau, que les autres essaye de me faire croire le contraire et ne veulent pas voir la vérité en face, ça m'énervait. Encore plus quand on me recalait de la sortes, bien évidemment. Et le silence c'était installé. Tout le monde savait que je détestais vraiment le silence, vraaaiment. Je cherchais quelque chose à dire, même si je n'avais pas vraiment envie de parler pour le coup. Je reposais ma tête contre mon coussin, m'allongeant, fixant le plafond quelques secondes. Puis après des très longues minutes dans le silence, j'avais repris la parole. « Pourquoi tu n'arrives pas à dormir ? » demandais-je simplement, sans trop en dire et en restant sur un ton neutre. Je restais intrigué et je sentais qu'elle me cachait quelque chose. Le curieux que j'étais voulais savoir.

Le quart de cent et encore soixante-quinze points à gagner. Il avait de la marge, mais je ne pus m'empêcher de rire doucement quand il dit être honoré. Ce n'est pas comme s'il m'y avait forcé, n'est-ce-pas? « Tu as une mauvaise influence sur moi. » soupirai-je avant que l'orage ne se déclare. Ou du moins, le grand froid, le grand vide. J'aimerais qu'il ne soit pas si susceptible ou du moins, pas si prétentieux, ça faciliterait bien des choses. Personnellement, qu'on me trouve belle ou repoussante, je n'en avais qu'à faire, et si l'on me recalait quand je tentais de draguer quelqu'un.. et bien j'essayais de faire en sorte de changer rapidement la conversation. Moi, ce que je n'aimais pas, c'est le fait que l'on puisse me détester, c'est pourquoi je haïssais ce genre de long silences. Bon. Cela allait faire dix minutes que je zieutais partout à la recherche d'une source de lumière tel un papillon de nuit sans qu'il n'y ait un bruit, et je me demandais si je ne ferais pas mieux de partir; quand il passe du côté obscur, c'est impossible de parler avec lui, je le sais pour l'avoir expérimenté. Mais alors que j'appuyais mes mains sur le matelas pensant pouvoir fuir simplement, sa voix résonna dans la pièce. « Je fais de l'insomnie, je te l'ai dis. Depuis le jour où il y a eu cette bombe. » mentis-je avant de me mordre la lèvre inférieure. Je n'aimais pas mentir sur ce genre de sujet, mais plutôt crever que de lui dire la vérité.

Comme si je pouvais avoir une mauvaise influence, moi. Bon, peut-être en fait, mais elle était assez grande pour ne pas devenir comme moi. Quoique, une Suzy prétentieuse, ça pourrait être.. Horrible en fait. Juste horrible. Le silence. Sûrement la chose que je détestais le plus, il y avait des silences qui n'étaient pas pesant, mais celui-ci l'était au plus haut point. Je savais que c'était ma faute et je n'étais pas prêt de reparler. Enfin, après, la curiosité m'était revenu et je n'avais pas pu m'empêcher de poser une question. Je continuais de fixer le plafond, écoutant ses paroles. Mmh, ça faisait deux ans pour la bombe. Et même si ça avait était un événement traumatisant, il ne me semblait pas qu'elle avait été blessée. Je me relevais légèrement, cherchant des doigts l'interrupteur et j'allumais la lumière, avant de me tourner vers elle. « La bombe ou les prises d'otages ? » demandais-je alors que je pouvais enfin la voir et planter mon regard dans le sien. J'étais sûrement trop curieux, mais j'avais toujours appris que les gens parlaient plus la nuit. Ils étaient plus enclin à la discussion et vu l'heure, ça me paraissait parfait. « Je suis un connard prétentieux, mais si t'as besoin de parler, je peux arrêter de l'être pendant une heure ou deux. » rajoutais-je en soupirant. Si elle n'arrivait pas à dormir, il fallait qu'elle en parle, sinon, ça continuerait toujours comme cela. Et je voulais pas qu'elle me réveille toutes les nuits, m'voyez ?

Je mentais peu souvent. Ou du moins, je mentais "réellement" peu souvent. Quand il s'agissait d'un moyen détourné pour manipuler, là, j'usais du mensonge à outrance, mais ce n'était qu'une façon de gérer la situation, après tout. Mais là, dire que je faisais de l'insomnie à cause de la bombe.. j'étais quand même plus forte que ça. J'en avais connu, des tragédies, et je m'étais toujours relevée bien que ce fût dur à chaque fois. Je ne cessais de mordiller frénétiquement ma lèvre inférieure; pas par nervosité, mais parce que je savais que j'allais finir par me perdre dans mon histoire, lorsqu'Adriel alluma la lumière. Je plissais les yeux quelques secondes, me faisant mal à cette soudaine luminosité, avant de tourner mon regard vers lui. « La bombe. J'étais pas là aux prises d'otage, je te l'ai déjà dit. » J'étais pas là, l'image de cet homme qui se tire une balle dans la tête qui hante mes cauchemars, c'est tiré d'un film. « Mais c'est pas ça, c'est que.. j'ai rien à dire, pourquoi tu t'obstines à vouloir me faire parler? » demandai-je alors pour dériver un peu le sujet. De toute manière, je ne me réveillais pas toutes les nuits non plus, seulement parfois, trois évènements s'amusaient à se lier en un seul cauchemar histoire de briser tout mes rêves de reprendre une vie normale.

Il fallait que je sache. Même si ça ne me regardait, même si elle avait le droit de ne pas vouloir me parler, je voulais savoir. Sûrement parce que j'étais trop curieux mais aussi parce que j'aimais bien cette fille et si elle avait un soucis, un problème, un truc qui la tourmentait, alors je voulais être au courant pour l'aider. J'étais toujours présent pour mes amis, parfois trop, mais il fallait faire avec. J'allumais la lumière, regrettant les premières secondes vu que ça me faisait mal aux yeux, puis je m'étais tourné vers elle. « Je sais que tu me l'as déjà dit, mais je me demande juste si tu me mens pas. Tu mens bien, donc c'est dur de savoir tu vois. » rétorquais-je en soupirant légèrement. Je savais mentir aussi, seulement sur des petits trucs, ou alors quand je devais vraiment mentir car c'était important. Sinon, on captait directement que je mentais. Je ne savais pas ce qui me trahissait malheureusement. Je baissais les yeux après sa question, réfléchissant quelques secondes pour savoir exactement moi-même pourquoi je voulais la faire parler. « C'est juste que tu ne parles jamais, alors qu'on a tous besoin de parler. On a tous des problèmes. Alors je te dis juste que tu peux m'parler, même si j'imagine que tu ne penses pas que je sois la meilleure personne pour ça. » disais-je en laissant échapper un léger rire. Mes deux meilleures amies, ma soeur, eux savaient comment j'étais. Les autres malheureusement, ne se doutait pas que je pouvais être une bonne personne pour les écouter. Faut dire que j'faisais pas d'efforts pour le montrer non plus.

Je détestais que l'on me force à parler car j'étais habituée à tout garder pour moi. Prendre sur moi, c'était quelque chose que je développais au fur et à mesure que je grandissais; mes problèmes ne concernent que moi et personne d'autre. Même les personnes proches de moi, que ce soit Anastasiya, Teddy, Maxine.. toutes ces personnes ne connaissaient finalement rien de moi. Une partie était toujours cachée au fond de mon coeur et ne serait jamais révélée à quiconque. « Pourquoi est-ce que je mentirais? » demandai-je alors comme si ça semblait étrange de le faire. J'avais vraiment l'impression d'être hypocrite, pour le coup, alors que je ne faisais rien de plus que de me protéger. Apparemment, Adriel avait remarqué que je ne parlais jamais de moi, du moins pas de ce qui se présume important. « C'est pas que je pense que tu sois pas une bonne personne pour m'écouter, bien que j'en doute un peu quand même parce que t'es pas particulièrement attentionné, » soupirai-je avant de reprendre. « c'est que j'ai rien à dire, vraiment. Tout ce qu'est vraiment important, ça me regarde moi et uniquement moi, et je ne compte pas mettre quelqu'un au courant de mes secrets, c'est tout. » Bon, c'était un peu comme avouer qu'effectivement, j'avais des choses à cacher, vu comme ça. « L'insomnie, c'est pas ma faute. Mais je prendrais jamais de somnifères parce que j'ai pas confiance en ce genre de médoc, alors je vis juste avec. » finis-je alors sur un beau mensonge. Décidément, je les accumulais, ce soir.

J'étais chiant. J'étais têtu. Je ne voulais pas lâcher l'affaire alors que je voyais bien qu'elle avait pas l'air d'avoir envie de parler. Mais pour l'instant, je continuais, car je me disais qu'elle craquerait peut-être. On savait jamais après tout, non ? A sa question, je ne savais absolument pas quoi répondre pour le coup. « Pourquoi est-ce que tu me dirais la vérité ? Je peux pas savoir. » répondais-je en haussant légèrement les épaules. Je commençais à avoir froid, je remontais ma couette pour cacher mon torse, histoire de me réchauffer, alors qu'elle commençait un monologue. Je l'écoutais attentivement, sans rien dire pour la laisser finir. D'accord, donc clairement, elle avait des secrets, mais elle préférait tout garder pour elle et ne rien dire à personne. Je la comprenais, car j'étais comme ça avant. Avant de disparaître car je ne voulais rien dire et j'avais finalement compris qu'il fallait parler avec les autres. « Un jour, peut-être que tu me connaîtras vraiment. Je veux dire tous les côtés que j'ai et tu changeras radicalement d'avis. » avouais-je simplement. Mais je n'étais pas décidé pour l'instant, même si pour l'instant, j'lui montrais mon côté où je m'intéressais à la vie des autres et à ce qu'ils me racontaient. « Donc tu préfères continuer de te ronger toute seule par tes secrets plutôt que de t'ouvrir aux autres ? » demandais-je en plantant mon regard dans le sien, avant de reprendre la parole. « C'est pas un reproche hein, j'essaye de comprendre. » rajoutais-je simplement. Je ne rebondissais pas sur les insomnies et ses histoires de médicaments, je voulais pas créer un débat sur ça.