ADRUZY + it's hard to wake from a nightmare when the nightmare is real

Les ombres qui se mêlaient aux lumières, finissaient par créer quelques personnages fabuleux qui finirent par prendre forme dans ma tête. C'était une scène que je connaissais, mêlée à d'autres, comme une espèce de grand mix de milliers de souvenirs. Mais au fur et à mesure que cela avançait, les scènes se voulaient moins tendres, plus dures, contradictoires, jusqu'à en devenir insupportables. Et ce, jusqu'à me réveiller. Les images que j'avais en tête me donnaient juste envie de me terrer sous la couette, les yeux grands ouverts pour bien me rappeler que j'étais dans la réalité, mais que tout ça avait bien été réel. Il y avait bien trop de mauvais souvenirs dans ma tête pour que je ne puisse un jour me débarrasser de tous, c'était bien là le problème. Enfouissant mes mains dans les manches de mon pull, je restais un moment à observer le plafond avant de me redresser. Trois heures du matin, la nuit était encore loin de se terminer. Mais je n'avais plus envie de fermer les yeux. Alors je retirais la couette, l'air rafraichissant mes jambes seulement vêtues d'un short qui se cachait presque sous mon pull, avant d'appuyer à tâtons jusqu'à trouver l'interrupteur. Je n'avais plus envie de dormir mais pas non plus envie de rester debout seule comme une imbécile. Alors doucement, je sortais de la chambre avant d'avancer dans le couloir avant d'ouvrir la porte à droite de la mienne tout en m'adossant à l'encadrement. « Heeeey, wake up. » dis-je d'une voix intelligible mais pas trop forte non plus; je ne comptais pas réveiller toute la maisonnée.

Je dormais tellement mieux dans ma maison que chez les mathers. Même si c'était cool d'être entouré de mathers, de gens comme moi, je restais heureux d'être avec mes magnifiques colocataires. J'étais crevée alors je ne m'étais pas couché trop tard aujourd'hui, j'avais des heures de sommeil à rattraper. J'étais en pleins dans de magnifiques rêves, entourés de jolies filles m'voyez. Mais une voix était apparu, une voix qui ne faisait absolument pas partis de mes rêves. « Mmh..» râlais-je en tournant dans ma couette, ouvrant un oeil pour regarder mon réveil. 3h du matin ? Il était bien trop tôt pour se réveiller putain, c'était la nuit ! Je relevais la tête, voyant une belle blonde à l'encadrement de la porte. « Suzy ? » demandais-je surpris. Pourtant, je n'avais pas encore atteint les cent points, loin de là, donc il n'y avait aucune raison valable pour qu'elle se retrouve dans ma chambre en pleine nuit, non ? « J'espère que tu as une bonne raison pour me réveiller en pleine nuit. » disais-je en m'asseyant sur mon lit, suivit d'un énorme bâillement. Je l'observais ensuite, attendant une réponse.

Y'a vraiment des fois où je fais les choses sur de totales impulsions, sans forcément réfléchir, et ça m'arrive souvent quand je suis fatiguée, ou saoule. Dans le cas présent, je ne rentrais pas de soirée, mais j'étais juste à peine réveillée. J'avais pas envie de passer le reste de la nuit seule, certes, mais j'aurais pu aller réveiller n'importe qui d'autre.. quoi que je ne connaisse vraiment que Maxine, ici. Alors que j'étais adossée à l'encadrement parce que c'était plus pratique que de se tenir debout soit même, j'attendais qu'il ne daigne se réveiller. J'espérais juste qu'il ne s'attendait pas à ce que je vienne le rejoindre dans son lit parce que ça, c'était peine perdue. « Pourquoi, qu'est ce que tu feras si je suis là sans raison particulière? » demandai-je alors, intriguée. Ouais c'est mon truc ça, dialoguer avec des personnes que je réveille, j'adore ça, je devrais même aller chercher des biscuits histoire que ce soit plus divertissant. En réalité, je n'avais pas de raison valable à donner, je ne comptais pas faire la gamine et dire que je ne voulais plus dormir juste parce que de méchants monstres résidaient dans ma tête; là, ce n'était même plus une question de fierté, c'était toute ma personne qui était remise en question, si je m'amusais à sortir la vérité.

Putain, il y avait 5 colocataires et celui qu'elle vient réveiller en pleine nuit, c'est moi. Je savais bien que j'étais le meilleur et celui qu'elle aimait le plus, mais ce n'était pas une raison. Je fronçais les sourcils, elle se foutait de moi ? Est-ce que ça voulait dire qu'elle était venue pour rien ? J'allais la tuer. « Ce que je ferais ? Je me recoucherais. » disais-je avant de planter mon regard dans le sien. « Ceci dit, il y a de la place pour deux personnes. » rajoutais-je avec un sourire amusé sur les lèvres. Je venais de me réveiller et je commençais déjà mes allusions et mes remarques. Décidément, rien ne pourrait me faire changer, c'était définitif. Enfin, dans tout ça, j'étais vraiment intrigué. Elle n'était pas venue pour rien, j'en étais sûr et je comptais bien savoir pourquoi elle était ici. « Sérieusement, dis-moi pourquoi tu es ici ? » demandais-je avant de m'étirer, baillant de nouveau. J'étais fatigué, je n'avais clairement pas assez dormis, mais maintenant qu'elle était ici, je ne comptais pas dormir sans savoir. Après tout, il fallait qu'elle assume maintenant.

Je devrais ouvrir un guide pour comment se faire détester par son colocataire en moins de dix minutes chrono. « A partir du moment où je suis là, tu risquerais pas de réussir à dormir. » soupirai-je. Quel intérêt de réveiller les gens si c'est pour les laisser se rendormir? « Si c'était pour dormir avec toi ne t'inquiètes pas que je sais que rien qu'en claquant des doigts tu accourrais à la porte de ma chambre. » dis-je en levant les yeux au ciel. Décidément, qu'importe la situation, il était vraiment toujours égal à lui même. Cela dit, il restait toujours le problème de l'excuse que j'étais sensée lui donner quant à ma présence ici, et je n'étais pas très imaginative, sur le coup. « Je t'ai entendu m'appeler dans tes rêves et ça m'a réveillée. » soupirai-je avant de passer une main dans mes cheveux. Non franchement, je dis quoi? « Je fais de l'insomnie et je cherchais un moyen de passer le temps. » dis-je plus sérieusement bien que ce soit particulièrement étrange comme tournure de phrase. Bien que même avec la véritable version, on en revenait à ça; je cherchais surtout un moyen de survivre jusqu'à l'aube.

Je poussais un espèce de léger cri de désespoir après ses paroles. Elle ne voulait donc vraiment pas me laisser me rendormir, c'était décidé. « Je dois le prendre dans quel sens cette phrase ? » demandais-je très sérieusement. Quoi ? Je venais de me réveiller, certes, mais ça avait clairement une consonance à tendance sexuel, non ? Ou alors mon cerveau n'était pas encore réveillé. « Il faut pas que tu abuses comme ça. Le jour où tu seras décidé pour vivre la meilleure soirée de ta vie, il faudra que tu l'dises clairement et pas avec un claquement de doigts. » m'exclamais-je sur un ton faussement outré qu'elle puisse croire que je courais vers sa chambre si c'était le cas. En fait, c'était possible, mais il fallait pas le dire, bien évidemment. J’arquais un sourcil, je parlais la nuit ? Non, mes exs me l'auraient dit si c'était le cas. Et cela craindrait en plus, je pourrais raconter que de la merde et je m'en voudrais qu'on puisse découvrir des secrets sur moi comme ça, sérieusement. « Donc, comme tu es insomniaque, c'moi que tu viens faire chier ? Logique. » rétorquais-je en levant les yeux au ciel, me laissant tomber dans mon lit. Il allait falloir que j'me lève ? Or de questions, j'étais trop bien dans ma couette. « Ferme la porte et viens t'asseoir sur mon lit dans ce cas. Promis, j'te ferais rien hein. » disais-je en baillant une nouvelle fois. Il fallait que j'garde les yeux ouverts, sinon, j'allais me rendormir directe. Je n'allais pas laisser blondie seule quand même.

Quand il me demanda dans quel sens il était censé comprendre ma phrase, je mis un moment avant de me rappeler que son esprit était toujours plutôt mal tourné. « Dans le sens où si je veux que tu restes éveillé et que tu te rendors, j'ai l'interrupteur à ma portée pour te tenir éveillé. » Non mais comme si j'allais le suivre dans ses délires, tiens. « C'est pas comme ça que tu vas réussir à l'atteindre, cette soirée. » remarquais-je alors en faisant allusion à notre petit jeu. Après tout, c'était son idée, cette soirée, moi, je ne faisais qu'y poser des conditions, ce n'est pas moi qui allait venir la réclamer. C'est drôle parce que comme il fait sombre, j'ai juste l'impression de parler à une ombre parmi les ombres. Etrange, comme sensation. « Qui d'autre veux-tu que j'aille emmerder? Je ne vais pas aller déranger Maxine, après tout. » Quant aux autres, pour ce que je les connaissais, c'était clairement hors de question. Et puis, j'aimais bien l'idée de l'emmerder un peu, car cela faisait tout de même deux ans que je n'en avais pas eu l'occasion. « Je ne te laisserais même pas essayer, de toute manière. » dis-je en m'exécutant. Très sérieusement, j'espérais que personne ne m'aurait vue, car ça paraîtrait VRAIMENT bizarre aux yeux des autres et les quiproquo, je détestais ça. Avançant dans le noir, je tentais de trouver où est-ce que je marchais avant de repérer ce que je cherchais; son lit, donc; avant de m'asseoir là où, logiquement, il ne se trouvait pas. Enfin c'était bien beau tout ça, mais je savais même plus quoi faire après, moi.

Ah, donc il n'y avait rien de mal tourner dans sa phrase. J'avais clairement l'esprit dérangé finalement, ça devenait clair maintenant. Mais bon, ce n'était pas cette superbe découverte qui allait me faire changer de toute façon. « Tu n'es clairement pas drôle. » fis-je remarquer, riant légèrement. En même temps, venant d'elle, j'aurais dû m'en douter. Mais bon, j'avais bien le droit de tenter quand même ? Elle faisait ensuite allusion à notre jeu. Merde, je risquais pas de gagner de points comme ça moi. Mais en même temps, elle venait me réveiller en pleine nuit hein. « Tu sais, je devrais gagner des points juste pour le fait de pas t'avoir envoyé chier quand tu m'as réveillé. » disais-je très sérieusement. Je détestais qu'on me réveille, pourtant, je l'avais pas fait partir. Alors oui, je méritais des points. Au moins que ça arrive jusqu'à cinquante, histoire que j'sois déjà à la moitié, m'voyez. Elle ne me voyait pas, mais j'affichais clairement une tête choquée. Alors Maxine peut dormir, mais moi, non. « Avoue juste que tu me préfères moi, car je suis bien plus drôle que Maxine. » J'aimais l'autre blondie de la maison, mais fallait bien que je me défende quand même ! Elle venait clairement de m'attaquer, hein. Je riais après ses paroles, alors que je l'entendais fermer la porte et venir jusqu'à mon lit. « De toute façon, je n'ai jamais eu à forcer les filles, suffit qu'elles me voient pour craquer. » disais-je alors que je sentais qu'elle s'était assise sur mon lit. La situation était clairement étrange, on était dans le noir, dans ma chambre et elle était sur mon lit. Une situation dont beaucoup de mecs rêveraient, surtout avec elle, sauf que je savais qui ne se passerait rien. « D'ailleurs si tu allumes la lumière, tu verras mon torse et crois-moi, tu en resterais bouche bée. » rajoutais-je en riant légèrement. Je ne pouvais pas m'en empêcher, oui.

Oh mais j'avais énormément d'humour, voyons. Seulement, je n'allais pas lui donner de faux espoirs pour rien, après tout, il n'obtiendrait jamais rien de moi. « C'est toi qui est trop pervers. » soupirai-je. Revenant à l'affaire du jeu et des points, j'avouais qu'il n'avait pas vraiment tort dans un sens; je le soumettais un peu à ma volonté là, quoi que ça ne me déplaise pas de savoir qu'il ne me renvoyait pas; digne d'une fille qui adore tout contrôler. « Je t'en donne deux, heureux? » J'avais vraiment l'impression de donner des bons points à un gosse en primaire, là. Mais non, nous avons tout deux notre majorité internationale et c'est un jeu à la récompense plutôt étrange. « Ne te compares pas à elle, mather pervers. » fis-je alors d'un ton amusé. Maxine, je l'adorais, vraiment, et je n'irais jamais la réveiller en pleine nuit, surtout en ce moment, alors qu'elle n'était pas dans sa meilleure période. « Et tu le vis bien de savoir que ton fameux charme n'ait pas d'effet sur moi? » demandai-je tandis que je tentais de me mettre en tailleur sans me cogner quelque part. Mes yeux s'accommodaient à peine à la pénombre, mais je pouvais distinguer quelques meubles ça et là grâce aux loupiotes lumineuses de certains objets. « Je t'ai déjà vu torse-nu tu sais, il semblerait que ça ne m'ait pas marquée plus que ça. » dis-je alors pour le taquiner, sachant qu'il appréciait tout de même ce que le sport avait donné comme résultats sur lui.

Je riais en attendant le mot "pervers". On pouvait croire que je l'étais, clairement. Mais pas vraiment, j'avais juste un humour à moi. Puis vouloir coucher avec une fille ne voulait pas dire que l'on était pervers, voyons. Je ne répondais rien, attendant ensuite de voir si j'allais gagner des points grâce à ma bonne action de ce soir. « Deux ? C'est une blague ? Cinq, sinon j'te porte jusque dehors et je t'enferme dans le froid toute la nuit. » rétorquais-je sur un ton des plus sérieux. Je ne le ferais pas, bien évidemment, il faisait froid, mais le principal c'était qu'elle le croit. Je savais très bien mentir quand je le voulais. Non puis deux points.. Alors que je manquais plusieurs heures de sommeil vital pour elle ! C'était bien trop peu. « Mather pervers que tu adores. » rectifiais-je l'air de rien, alors que je souriais comme un idiot. Heureusement, elle ne pouvait pas le voir. Mais tout cela m'amusait beaucoup. Et je me disais que si l'un des colocs savaient qu'on avait passé une partie de la nuit dans la même chambre.. Ce serait la merde. Enfin, surtout pour Suzy, parce que je me foutais de ce que les gens pouvaient penser. Je savais la vérité et c'était le plus important. « Alors blondie, tu vas te calmer. Je sais bien que j'te fais de l'effet, disons juste que tu sais mieux le cacher que les autres. » répondais-je amusé. En fait, j'en savais rien et ça m'intriguait. Ce n'était pas normal. En fait, elle voulait sûrement juste me faire chier, mais je devais quand même lui faire un petit effet. Non ? « Ca fait deux ans, il est devenu encore plus parfait. » rajoutais-je du tac au tac. Fallait bien que je me défende hein.