ADRUZY + moments of happiness we enjoy take us by surprise

Il y a des choses qui se vivent, et qui sont plus intenses que d'autres. Ou plus terrifiante, moins amusantes, plus impressionnantes ou plus alarmantes, moins agréable ou au contraire, bien plus. Et lui semblait ne pas avoir vécu ces deux dernières années dans une suite de luxe aux Bahamas. « En tout cas, ne compte pas sur moi pour te réhabituer au luxe car non, je ne te servirais pas de cocktail en bikini pour imiter une jolie serveuse dans un splendide bar sur la côte. » dis-je d'un air amusé. Finalement, je ne le forcerais nullement à parler, après tout, c'était son passé, son histoire, s'il le voulait réellement, il suffisait de me le dire, je n'allais pas juste demander "ah oui, ça s'est passé comment?". Je respecte tout de même mes proches plus que ça. « Donne moi directement la plus grande chambre, pourquoi chercher plus loin. » fis-je remarquer en reprenant une gorgée de mon cocktail. Ben oui quoi, je mérite quand même le mieux qui existe sur cette terre. « Je vois, oui. Et je suis totalement d'accord pour la piscine, il n'y a rien de mieux sur terre qu'une piscine. » Car les étés à Cambridge sont chauds, et pour bronzer, le balcon d'un appartement n'était.. clairement pas suffisant. Mais le garçon en face de moi, c'est pas la bronzette qui l'intéresse, et je m'en doute bien. « Tu parles, en été c'est toi qui te pâmeras devant moi, mon grand. » Irrécupérables, nous? Mais voyons, pas du tout.

Je savais que j'allais lui parler de mes deux ans de disparitions. Je savais qu'à un moment ou un autre, je lui dirais pourquoi j'étais parti. Pourquoi j'avais fait croire à tout le monde que j'étais mort. C'était obligatoire, elle voulait sûrement savoir et je lui devais des explications. Mais pas tout de suite. « Oh vraiment ? Tu brises mon petit coeur, je rêvais de ça ! » m'exclamais-je en prenant une petite moue triste avant de rire. En même temps, qui ne rêverait d'avoir cette magnifique blonde en bikini ? Même si elle servait pas de cocktails, aucun soucis. Je souriais, j'étais certain qu'elle me dirait ça. J'étais certain qu'elle voudrait la plus grande chambre. Je ne la connaissais que trop bien sur ça. « C'est moi qui gère la colocation, c'est moi qui aura la plus grande chambre. Mais t'inquiètes pas, tu auras la deuxième, bien évidemment. » rétorquais-je en lui souriant. Je comptais bien me prendre la plus belle des chambres. Égoïste ? Peut-être. Mais j'aurais cherché la maison, les colocs, payé la plus grosse partie sûrement (merci à mes économies pendant ses deux ans) alors j'y avais droit. « On est d'accord, ce serait juste le paradis. » Qui ne rêverait pas d'avoir une piscine ? Tout le monde le voudrait et je comptais bien me payer ce luxe. Après ces deux ans, j'avais quand même bien le droit de me faire plaisir un peu, non ? « Comme si ça allait te déranger de voir mon corps parfaitement bien dessiné ! » rétorquais-je en lui lançant un petit sourire mesquin. Non pas que j'étais arrogant, quoique, mais je faisais des études de sports après tout alors oui, j'étais bien foutu. « D'ailleurs, si tu connais des gens qui cherchent une colocation, n'hésites pas ! » rajoutais-je en lui souriant.

C'était tout de même étonnant, que par un pur hasard, je retombe sur lui, soudainement, ici, dans un bar, dans une avenue de Cambridge. Autant dire que dans la coïncidence, je devenais malheureusement une pro; étrange pour quelqu'un qui aimait tout calculer. Mais là, les circonstances étaient tellement extraordinaire que si je ne le vivais pas, je ne l'aurais jamais cru. « Je sais que je hante tes rêves, mais malheureusement, ils resteront à l'état de rêve. » soupirai-je avec un léger sourire. De toute manière, je ne savais pas faire de cocktails car l'alcool et moi n'allons clairement pas ensemble; ça me monte bien trop vite à la tête. « J'accepte cette proposition, ça me semble équitable. » fis-je alors comme si je venais de conclure le contrat du siècle avec un gros client dans une entreprise infiniment connue; mais bon, techniquement, cela me semble juste. « Oh, mais je n'ai jamais dis le contraire. » répondis-je avec un léger sourire mesquin. Pourquoi mentir? De toute manière, il me connait, et sait comment est ma personnalité, et niveau franchise, je pense pouvoir considérer cela comme une qualité. « Je verrais, oui, si j'entends parler de quelqu'un, je lui donnerai ton numéro.. si tu veux bien me le redonner? » Parce qu'après tout, depuis tout ce temps, sans mentir, il faut dire que je commençais à m'être faite à l'idée de ne finalement plus jamais le revoir.

En ce moment même, j'avais clairement l'impression de reprendre ma vie en main. Du moins, j'avais l'impression que ça redevenait comme avant et ça me faisait plaisir, vraiment. « T'es pas gentille, tu pourrais faire un effort pour mon retour. » disais-je avec une petite moue boudeuse. Je savais bien que je pouvais toujours rêver, elle ne le ferait pas. Quoique, seul l'avenir pouvait nous le dire non ? J'y arriverais, oui, il le fallait. Je souriais, je savais bien qu'elle accepterait. En même temps, je lui promettais la meilleure deuxième chambre, elle allait pas refuser. Mais bon, j'allais chercher une maison où toutes les chambres seraient quand même un minimum belles et grandes. « En même temps, tu ne peux pas. On sait tous les deux que je suis parfait. Et tu l'es presque, toi aussi. » rétorquais-je accompagné d'un sourire mesquin. En fait, elle était parfaite, mais je n'allais pas lui dire. Fallait pas abuser non plus, voyons, elle allait plus se sentir après. Je sortais directement mon téléphone après ses paroles. « Bien sûr ! Il va bien falloir qu'on se recontacte de toute façon pour que je te donne l'adresse de ton nouveau chez toi. » répondais-je en lui souriant. Je lui donnais donc mon nouveau numéro, ce qui me faisait penser que j'avais changé tellement de fois en deux ans. Cela faisait du bien de savoir que cette fois, je ne changerais plus. Tout ça était fini.

J'avais une imagination à toute épreuve, mais parfois, je devrais me taire plutôt que d'éveiller celle des autres. « Non mais on aura tout vu. » soupirai-je alors. Bon, dire que j'aimais que les autres soient à mon service était à la fois vrai et faux; j'aimais qu'on m'obéisse et dans l'ensemble, j'obtenais toujours ce que je voulais. Cela dit, c'était rare que je n'inverse les rôles sans une bonne raison, et il était hors de question que je ne m'abaisse non plus au niveau d'une domestique; si je n'étais pas prétentieuse, j'avais tout de même les valeurs des Lindström sur les bras. « Redescend d'un étage, quand même, t'es pas non plus au niveau d'un mannequin d'Abercrombie, mon chou. » répondis-je avec un sourire amusé. Sûrement l'était-il, en réalité, sauf que contrairement à lui, ma prétention ne s'étalait que sur un domaine purement dérisoire, je savais ne pas être la perfection incarnée, mais.. quand je vous dis que la routine est désespérante, comprenez-moi, soutenez-moi, s'il vous plait faites quelque chose, sauvez-moi de ce jeune homme avant qu'il ne soit trop tard et que je ne devienne comme lui à force de le fréquenter.... « J'ai bien hâte de voir ce que tu vas trouver. » fis-je alors en enregistrant son numéro après avoir récupéré mon portable sur le bord de la table. C'était bizarre, de remettre son numéro dans mes contacts. Bizarre, mais pas désagréable; c'était un pas à la fois dans le passé et en même temps, dans le futur.

Je riais après ses paroles. Effectivement, on aurait tout vu. Mon dieu, ce que ça me faisait bizarre d'être ici, à parler avec Suzy comme avant, à faire des plans pour que l'on vive ensemble de nouveau. Non mais sérieusement, je ne pensais pas que ma journée se passerait comme cela. Même si bien évidemment, cela ne me dérangeait absolument pas. « Oh tu crois ça ? Je suis sûr que si je postule pour l'être, ils m'acceptent directe ! » rétorquais-je d'un ton très sérieux. Mais je ne le ferais pas, car la carrière de mannequin ne m'avait jamais intéressé. Pourtant, certains disaient que je pourrais. Mais fallait dire que pendant deux ans, il valait mieux pas que ma tête apparaisse un peu partout, m'voyez ? Puis, j'aimais ma vie comme elle était, je ne comptais pas changer. « J'ai déjà visité plusieurs appartements, mais je trouvais que c'était trop petit et comme je veux une piscine, j'ai plusieurs rendez-vous prévus cette semaine pour des maisons. Je t'enverrais des photos si tu veux, tu me donneras ton avis comme ça. » répondais-je en lui souriant. Après tout, elle allait y vivre aussi, alors il fallait que ça lui plaise. Les autres devront juste s'adapter, mais elle, elle peut choisir. Autant dire qu'elle a quand même de la chance.

Cette conversation a dérivé sur de nombreux sujets, mine de rien. Jusqu'à en arriver à une potentielle candidature à Abercrombie - boutique que je ne visitais que pour les mannequins généralement -, on avait quand même fait un bout de chemin, en pas si longtemps. « Non mais je veux pas que tu deviennes célèbre moi, après on devra grillager la maison à cause de tes groupies, imagine l'horreur. » Vivre avec une star. On pourrait monter notre propre télé-réalité, avec un tel concept. Mais c'était déplaisant, surtout que j'avais une mauvaise expérience des stalkers et que je préférais donc me savoir dans un endroit.. calme. « Je te donnerai mon avis avec plaisir. » répondis-je avant d'attraper mon verre pour le terminer. J'avais hâte que cela prenne forme, cela dit, parce que vivre dans une grande maison, avec plein de personnes, c'était une ouverture à la fois à sûrement de nombreuses situations extraordinaires, mais surtout à l'ennui inexistant. « Tu vas dire que je parle comme une vieille, mais ça me rappelle le bon vieux temps. » L'époque de notre colocation, deux ans auparavant. C'est long, deux ans, finalement. Et en même temps, j'ai l'impression que tout ça n'a jamais existé. Le temps est vraiment vicieux, il sait plutôt bien manipuler les gens.

Je n'aimerais pas la vie de célébrité. Enfin, j'adorerais avoir des fans, ça, c'était certain. Mais j'ai quand même besoin d'une certaine intimité et liberté que je n'aurais pas si je l'étais et je savais d'avance que je n'aimerais pas ça car cela me manquerait bien trop. « Effectivement, ce serait l'horreur ! Puis en plus, tu me taperais des crises de jalousie dès qu'une fille m'approcherait, non merci. » répondais-je l'air de rien, avant de rire. Il fallait bien que je la taquine, j'avais toujours fait comme cela. Et vu que c'était l'une des rares personnes qui m'acceptaient normalement dès le début on va dire, je ne perdais pas de temps bien évidemment. Je souriais, ça ne m'étonnait pas qu'elle veuille bien me donner son avis. Je la regardais et je me retenais de rire après ses paroles. Effectivement, elle parlait comme une vieille. Mais en même temps, j'étais content qu'elle dise ça et je pensais exactement la même chose. « Moi aussi et ça me fait du bien. Je crois que j'avais vraiment besoin de retrouver ça, de retrouver une partie de ma vie d'avant. » ajoutais-je simplement, jouant avec mon gobelet de café.

En fait, quoi qu'il se passe, ne donnez jamais la célébrité à Adriel, j'aurais vraiment trop peur qu'on le perde dans des délires de domination du monde à la hauteur de sa beauté, après. Enfin, étant en possession de ce don pour briser ses rêves, je suppose que je n'aurais qu'à continuer sur cette voie. « Tu n'oses même pas imaginer ce que je leur ferais. » répondis-je sur le même ton. Personnellement, tant qu'on ne me remplaçait pas, je me fichais des fréquentations des gens, je suppose. Bon, c'est certes chiant quand quelqu'un à qui vous avez l'habitude de parler tout les jours se retrouve envahit de personnes à qui faire la conversation, mais ça passe. Mais quelqu'un qui vous remplace, ça l'est beaucoup moins. « Il n'y a pas tant de choses qui ont changées en deux ans, à Cambridge, cela dit. » Et c'était vrai, car jusqu'à cette année, il ne s'était rien passé de particulier. Enfin, de mon côté, je n'avais rien vu de grandiose se produire alors que j'étais là; les histoires de viol et de prises d'otage, ça datait d'assez récemment pour qu'il soit au courant. Et pour le reste, entre mes voyages en Suède et ici, je suppose que je n'avais finalement même pas vu le temps passer.

En fait, je ne savais pas ce que ça donnerait si j'étais célèbre. Parce que même si j'suis pas le genre de mecs qui se prend la tête normalement, j'aurais trop peur de prendre la grosse tête et de devenir un connard. Enfin, je l'étais déjà avec certaines personnes, voir beaucoup de personnes, mais je n'aimerais pas oublier qui je suis réellement. « J'en doute pas, j'aurais trop peur que tu pètes un câble tu vois. » rétorquais-je en souriant comme un idiot. Ca n'arriverait pas, elle n'aurait aucune raison de péter un câble. Enfin si, elle en aurait une, c'est que je pourrais devenir encore plus arrogant que je ne le suis déjà. Même si je ne savais pas si cela était possible. Effectivement, elle avait raison, il n'y avait pas grand-chose qui avait l'air d'avoir changé. Si on oublie les personnes. Ma soeur avait changé. Skyler aussi. Ainsi que pleins d'autres. Alors qu'elle, elle était restée la même. Je me sentais pas mal avec elle du coup, car j'avais l'impression de ne pas être partie. « Tu sais.. Quand je suis parti, je m'étais dit que je ne reviendrais jamais. J'avais trop peur de la réaction que les gens auraient si je revenais et je n'aurais pas supporté le rejet.. » disais-je simplement. Je ne savais pas pourquoi je disais ça, c'était bien la seule à qui je l'avais dit d'ailleurs. Je relevais les yeux vers elle, fronçant légèrement les sourcils. « Tu dois te douter de la raison pour laquelle je me suis fait passer pour mort, non ? Ou alors tu n'en as aucune idée ? » demandais-je intrigué.