ADRUZY + moments of happiness we enjoy take us by surprise

Cela faisait deux semaines depuis les derniers évènements et j'avais finalement reprit des habitudes à peu près normal, au sens où je ressortais de chez moi, vivant désormais dans l'espèce d'appartement d'urgence que j'avais toujours sur Cambridge, et qui me servait plus pour stocker des affaires que pour y vivre. Mais je ne voulais pas retourner vivre à l'université, ça, j'en étais sûre et certaine. Ce jour-là, j'étais donc partie pour faire un peu de shopping, parce que dieu comme ça me manquait, et j'étais donc à arpenter les rues de la ville à la recherche d'une boutique qui me conviendrait. C'était bien une occupation féminine, de passer sa vie à rechercher la boutique qui vendrait ce qui irait parfaitement dans sa garde-robe. Mais comme il était près de seize heures et que la journée s'avançait lentement, j'avais décidé de faire une pause et, posant alors le sac que je portais du bout des doigts, je m'asseyais à la terrasse d'un café. Je n'avais absolument pas vu si quelqu'un que je connaissais s'y trouvait, en réalité, être seule ne m'avait jamais moins dérangée qu'aujourd'hui, aussi étonnant que cela puisse être. J'aimais l'idée de prendre un peu de temps pour moi, avant de, lundi, retourner officiellement en cours, car je ne pouvais pas non plus prendre trop de retard. En tout cas, c'était une journée de repos bien méritée..

Harvard avait été retourné par les derniers événements. J'étais content de ne pas avoir été présent, parce que j'avais déjà vécu la bombe qui avait changé le courant de ma vie, je n'aurais pas eu envie de vivre un nouveau traumatisme dans ce genre. Je marchais dans les rues, tranquillement, seul. J'étais plutôt un mec solitaire, j'aimais bien avoir mes moments seuls et tranquilles. Pourtant, je pouvais pas m'empêcher de parler aux gens, de faire connaissances avec les autres. J'arrivais près d'un café et j'étais rentré pour m'en prendre un. Ca ne pouvait pas me faire de mal après tout. J'attendais patiemment, observant les personnes présentes, cherchant si je reconnaissais quelqu'un. Je savais que je n'avais pas encore revu tout le monde, alors dès que je me trouvais quelque part, je regardais s'il allait encore falloir que je vive cette situation que je déteste tant. Mon regard s'était arrêté sur une blonde à l'extérieur. J'attrapais mon café prêt et je sortais dehors, l'observant. C'était donc elle. Je soupirais, prenant mon courage à deux mains avant de m'approche d'elle. « Suzy ? » demandais-je doucement. Je flippais de sa réaction, tout le monde avait des réactions différentes et je me demandais comment allait être la sienne..

Un monaco devant les yeux, le serveur reparti, je me replongeais dans le calcul de mes dépenses avant de finalement abandonner; tant pis, j'aimais dépenser. Il y avait foule en ville aujourd'hui et par conséquent, il y avait du bruit, mais ce n'était pas tant désagréable; après tout, j'étais presque enfermée chez moi depuis les évènements, alors j'avais l'impression de reprendre ma place dans la société, quoi de plus naturel. Portant mon verre à ma bouche, je regardais un instant mon portable avant d'entendre mon nom. Comme il n'y a personne devant moi, je repose le verre afin de pouvoir pivoter. Cette voix, elle était familière, et pourtant j'avais l'impression que non. Je n'eus pas à chercher bien longtemps, et lorsque mon regard croisa le sien, je restais bloquée un moment, comme si je ne comprenais pas pourquoi cette personne se trouvait là. Bien entendu que je l'avais reconnu, mais comment réagir face à une personne que vous n'avez pas revue puis près de deux ans? « Adriel.. » finis-je par murmurer comme si je voulais m'en assurer. Je ne savais vraiment, vraiment pas quoi dire, parce que je ne savais même pas ce que je pensais de tout ça tant c'était.. soudain. Enfin, si, j'avais des tas de questions à lui poser, mais je n'arrivais à rien dire. « Qu'est ce que tu.. quand? Enfin, comment tu peux.. » Oulah, du calme, je vais pas m'en sortir, sinon.

Parfois, j'aurais aimé n'avoir eu aucuns amis quand j'étais à Harvard. Parce que les retrouvailles c'est dur. Parce que je détestais devoir expliquer plusieurs fois la même chose. Parce que c'était bien trop dur de faire comprendre aux gens que j'avais fait croire à ma mort pour pouvoir vivre. Mais c'était Suzy, alors j'allais encore faire un effort. C'était ma colocataire avant, je l'aimais beaucoup alors autant renouer des liens. Elle avait l'air sous le choc, ce qui était normal, je m'y attendais. Je riais légèrement en la voyant perdue et je m'asseyais à côté d'elle. « Je m'excuse déjà, pour commencer. Et ça va faire un mois que je suis revenue. Et oui, je suis.. vivant.» répondais-je simplement, buvant une gorgée de mon café. J'étais vraiment nul pour ce genre de trucs, toutes mes retrouvailles étaient ratés. En même temps, ce n'était pas des retrouvailles tout à fait normal, donc on ne pouvait pas m'en vouloir non ? « Si tu veux crier, m'engueuler ou me frapper, fait toi plaisir, j'ai pris l'habitude. » rajoutais-je en lui souriant. Je n'avais jamais reçu autant de gifles que depuis un mois, mais bon, c'était la vie, c'était comme ça.

C'est une sensation très étrange de se retrouver soudainement face à quelqu'un dont vous vous étiez fait à l'idée que vous ne le reverrez jamais. D'un côté, il y avait ce plaisir de retrouver la personne, de l'autre l'inquiétude, et enfin une certaine rancune envers le fait que l'on ait du se faire à une idée qui se trouvait finalement être fausse. « Un mois.. » répétais-je plus bas. Comment cela se faisait-il que je ne l'avais jamais croisé, comment cela se pouvait-il que.. je ne l'ai jamais remarqué nul part? Peut-être parce que je m'étais bien trop faite à cette idée et que j'aurais juste cru être folle. Il s'assied alors à côté de moi, me disant que je pouvais l'engueuler, même le frapper si je le pouvais. En fait, je n'avais pas la moindre idée de ce que je voulais sur le moment, mais mon premier réflexe fut finalement de me rapprocher de lui pour le prendre dans mes bras - comme c'est possible depuis une chaise, je laisse ton imagination marcher -. « Tu vas avoir beaucoup de choses à m'expliquer, mais.. je suis vraiment heureuse que tu sois en vie. » repris-je alors avec plus d'assurance. Finalement, je laissais mes sentiments me guider plus que mon raisonnement, et n'étant pas en capacité de réfléchir, l'issue était vite trouvée.

J'avais toujours peur des réactions. Entre les cris, les pleurs et les gifles, j'en avais eu ma dose. Je détestais le drama, je détestais voir les gens pleuraient par ma faute (sauf quand j'le faisais exprès, bien évidemment) et je détestais m'en prendre plein la gueule. Alors avec Suzy, qui pouvait avoir un sale caractère, je m'attendais clairement à tout. Enfin, à tout, sauf à un câlin. Ce qu'elle venait de faire. C'était bien la première fois que quelqu'un réagissait de la sortes et je devais avouer que ça me faisait quand même plaisir. « Je suis aussi vraiment heureux d'être en vie. » rétorquais-je en riant légèrement. C'était vrai en même temps, j'avais tellement eu peur de vraiment mourir, que de savoir que je pouvais maintenant vivre ma vie comme je le voulais sans avoir peur, ça me rendait quand même heureux. Et je ne comptais pas recommencer ce genre de conneries. « Avant que je t'explique tout ça, dis-moi, tu vas bien toi ? » demandais-je en lui souriant. En même temps, je ne savais pas où elle était pendant les prises d'otages et puis, il avait pu se passer beaucoup de choses dans sa vie en deux ans, alors c'était normal que je demande. Puis, mon côté curieux prenait le dessus, j'devais l'avouer.

Je suis pas un cadeau à vivre au quotidien, je suis aussi chiante que n'importe quelle fille et en plus, j'ai tendance à m'énerver un peu vite, mais là, je ne pouvais que faire abstraction de toute ma personnalité tellement.. je ne savais pas quoi faire. J'avais peut-être réagi d'une façon qui ne me ressemblait pas, mais j'étais vraiment heureuse de savoir qu'il allait bien, qu'il était en vie, même si j'avais du mal à me faire à cette idée suite à ces deux dernières années. « Ne refais plus jamais quelque chose comme ça, par contre. Je ne pense pas être capable de supporter tout ça plusieurs fois. » rétorquais-je de manière légèrement plus stricte; de toute manière, tout allait bien, non, puisqu'il était revenu? « Pour ma part, oui, ça va. C'est tranquille ces derniers temps. » répondis-je en souriant. Pas besoin de préciser ce que l'on ne me demande pas, et il vrai que les deux dernières semaines avaient été calmes puisque.. j'étais restée chez moi. Et puis, je ne savais pas si j'avais vraiment besoin de lui dire que j'avais assisté à la prise d'otage, au final. D'un côté parce que je n'aimais pas spécialement en parler, et puis.. parce que cela ne lui apporterait rien de le savoir..?

J'étais bien content de sa réaction. Surpris, mais content. Bon, je me doutais qu'elle allait être comme les autres et qu'elle allait m'en vouloir pendant un moment, mais ça, c'était normal. Le principal, c'était qu'elle me pardonne. Que tout le monde me pardonne et comprenne que j'ai fait ça pour de bonnes raisons. Je souriais en écoutant ses paroles. « T'inquiètes, c'était la seule fois. Je le supporterais pas une deuxième fois non plus. » répondais-je en lui souriant, sincère. Tout le monde me reprochait d'être parti car ça avait été dur pour eux, mais personne ne s'était demandé comment j'avais vécu ça ? J'étais passé de ma petite vie toute tracée à une vie minable, à passer de villes en villes et de boulots en boulots. Ces deux ans n'avaient pas été un cadeau ni une partie de plaisir. Vraiment pas. Je la regardais, l'écoutant parler. « J'imagine. Puis, tout le monde ce remet des prises d'otages et tout ça.. On a réellement pas de chances à Harvard quand même. » m'exclamais-je en soupirant. Sérieusement, c'était l'une des meilleurs universitées du monde, l'une des plus connus et il y avait tellement de merde qui se passait. Cela pouvait donner envie aux étudiants de changer d'université quand on y pensait. Pourtant on restait, toujours. Ou alors on revenait, comme pour moi..

J'étais curieuse de savoir pourquoi il avait disparu, qu'est ce qu'il avait fait, comment il était revenu, mais je suppose que je garderais ces questions encore un peu, jusqu'à ce que ne s'amène le sujet, du moins s'il veut bien m'en parler. « De toute manière, si tu tentes de disparaître une seconde fois, tu n'imagines même pas de quelle manière je te retiendrais. » dis-je d'un ton amusé, le sourire aux lèvres. Je pouvais être imaginative, s'il le fallait, bien que je préférais ne pas avoir à l'être, bien entendu. « Cette université a beau être la meilleure en terme de cours, il m'arrive de regretter de ne pas avoir été dans une petite université qui n'est pas la cible de tout les fous qui courent les rues. » C'est dire combien de tragédies avait connue cette université depuis que j'y étais entrée. Plus le temps passait, plus ça empirait, et ce n'est pas un cadeau, en ce moment. Néanmoins, même s'il m'arrivait de regretter, je voulais étudier ici, car j'avais envie de recevoir des cours de qualité, et aussi parce que je me verrais mal retourner chez mes parents après les supplications auxquelles ils ont eu droit pour que j'ai l'autorisation de venir enfin ici. Regardant un instant mon verre que j'avais laissé sur la table, je finis par le prendre pour en boire une gorgée. On avait beau être en hiver, j'avais un véritable problème avec ce cocktail, qui me donnait froid à chaque gorgée.

Il allait bien falloir que je lui parle. Je le savais, mais j'attendais encore un peu pour tout lui expliquer. On était pas pressé, si ? En fait, peut-être. Mais pour une fois que l'on me demandait pas directement d'expliquer, je devais avouer que j'en profitais un peu. J'arquais un sourcil après ses paroles. « Oh vraiment ? Et je pourrais avoir une petite idée de ce que tu ferais au cas où l'idée me traverserait l'esprit ? » demandais-je en affichant un petit sourire mesquin sur les lèvres. Notre discussion dérivait ensuite vers les prises d'otages. Ainsi que les événements qui rythmaient la vie des étudiants d'Harvard. Au moins, on pouvait dire qu'on ne s'ennuyait pas, même si on se passerait quand même bien de tout ça. « Je suis d'accord, on aurait peut-être moins de problèmes.. » rétorquais-je en soupirant légèrement. Mais bon, on devait quand même se sentir heureux d'être ici, de faire partie de cette université car de nombreuses personnes aimeraient être à notre place. Je finissais mon café, posant mon gobelet sur la table alors qu'elle buvait un.. cocktail ? Sérieusement ? « A titre purement informatif, t'es au courant qu'on est en hiver ? » demandais-je en riant légèrement. Jamais je ne pourrais boire ça, maintenant. Pourtant, je disais rarement non pour ce genre de boissons.