Lorsqu'il me demandait de lui expliquer de quelle manière je le garderais par ici, je réfléchis alors à n'importe quoi qui puisse me passer la tête. Je n'étais pas tant une tortionnaire en herbe, mais j'avais de l'imagination, c'était déjà un bon point. « Si je décide d'être clémente, tu pourrais juste écoper d'un séjour dans mon dressing, je ne vais pas te révéler toutes mes techniques de torture, ce serait de la triche. » dis-je en riant. De toute manière, il me connaissait bien trop pour que je puisse réaliser quoi que ce soit sans qu'il ne se rende compte de la manigance, je suppose. « Mais bon, il faut relativiser, on a qu'à dire que c'est le coût des études prestigieuses. » soupirai-je. Prix quelque peu fort certes, mais un prix quand même. C'était assez.. perturbant pour la manipulatrice que je suis de se retrouver à la place de ses propres pions, mais il faut croire que le jeu change de tournure parfois. De toute manière, ce n'est pas comme si j'y accordais un semblant d'importance, ces derniers temps. A sa remarque à propos de ma boisson, j'esquissai un sourire avant de répondre. « A titre purement informatif, je suis toujours suédoise, et pour moi, nous sommes actuellement au printemps, donc rien n'empêche un cocktail! » Bon, j'exagère un peu, en plus, j'ai froid, mais bon, c'est mon pêché mignon.
Je riais légèrement en l'entendant. Je connaissais déjà un peu la taille de son dressing, aillant vécu un moment avec elle. Autant dire que je n'avais pas envie de me retrouver enfermé dedans. « Fais gaffe, je pourrais m'amuser à essayer tes vêtements et je finirais peut-être par vouloir me transformer en femme. Ce serait ta faute. » rétorquais-je d'un air très sérieux. Alors que je ne l'étais pas du tout. Je ne deviendrais jamais une femme, j'étais très bien en homme et je ne changerais cela pour rien au monde, vous voyez. Je haussais les épaules à la suite de ses paroles. « Ouais, on va dire ça. » disais-je simplement. Ca valait quand même cher les études. Il y avait eu des morts, des blessés, des traumatisés. Mais bon, on allait dire que c'était la vie et puis, de toute façon, il y avait des drames partout, tout le temps. Notre vite était rythmé comme cela, on ne pouvait rien y faire malheureusement. J’arquais un sourcil après ses paroles. « De toute façon, depuis que j'te connais, j'ai toujours su que les Suédois n'étaient pas normaux.. » rajoutais-je en lui souriant. Il fallait bien que je la fasse chier un peu, je comptais bien reprendre mes habitudes comme avant, on ne pouvait pas dire que j'avais beaucoup changé en deux ans.
Combien ai-je de vêtements? Bonne question, après tout, je dépense sans compter, ou presque. A la remarque d'Adriel, prononcée sur un ton particulièrement sur un ton, je restais un instant sans parler, imaginant la scène, ce qui me valut finalement un fou rire. « Oh mais je ne serais responsable de rien, si ce n'est que je t'inscrirais ensuite à un concours de drag queen.. avec ma garde-robe, aucune chance que tu ne perdes! » répondis-je alors, des scènes encore particulièrement amusantes se jouant encore dans ma tête. Cela dit, je le préférais dans sa version masculine, alors j'espérais quand même qu'il ne tenterait pas de s'enfuir.. parce qu'en arriver à de telles extrémités, ce serait un peu triste, quand même. J'avoue que la comparaison que j'eus fais après n'était pas forcément des meilleures, mais il faut dire que je n'aimais pas parler des deux gros évènements d'Harvard, à savoir la bombe et désormais, la prise d'otage. Pour la seconde, c'était encore bien frais dans ma tête et je donnerai tout pour pouvoir l'effacer et faire comme si rien ne s'était passé, mais cela n'était pas possible. Mais apparemment, les suédois ne sont pas normaux alors peut-être que je peux me découvrir des pouvoirs d'amnésie volontaire? « Dis donc toi, t'auras pas mis longtemps à reprendre tes habitudes. » rajoutai-je avec un regard faussement étonné. « Effectivement, je suis pas normale, puisque je suis la meilleure coloc que l'on puisse avoir avec soi. » continuai-je alors avec un air faussement prétentieux, ne pouvant m'empêcher de laisser échapper un éclat de rire tant je devais paraître ridicule.
Un drag queen ? Oh god. Bien que je n'avais rien contre cela, car les gens faisaient ce qu'ils voulaient pour moi, je ne me voyais pas en devenir un. Jamais de la vie. « Tu voudrais bien me prêter tes fringues ? Je suis choqué et honoré par cette générosité venant de toi Lindström. » rétorquais-je en riant légèrement. Mais de toute façon, la question ne se posait pas, car je ne voudrais pas de ces fringues, je ne voudrais pas devenir une femme, ou me transformer en drag queen. Ce serait carrément étrange pour moi, mais aussi pour les gens qui me connaissent. D'ailleurs, Cora, ma petite soeur, ferait sûrement un arrêt cardiaque. Ou elle partirait en fou rire, allez savoir. « Tu sais bien qu'il ne faut pas perdre les bonnes habitudes voyons ! » répondais-je en riant légèrement. Après tout, j'avais toujours été comme ça et même si j'avais disparu pendant deux ans, je ne voyais pas pourquoi je ne redeviendrais pas le même avec les personnes que j'apprécie. C'était sûrement plus fort que moi. « Ca va, t'as pas la tête qui grossit ? » demandais-je en riant avec elle. Ca ne m'étonnait même pas qu'elle dise cela. Mais du coup, une question me venait en tête, où habitait-elle ? Cela m'étonnerait qu'elle ait gardé notre appartement après mon départ. « Je dois avouer que ça m'a presque manqué de vivre avec toi. Deux ans tout seul, c'était triste ! Mais du coup, tu habites où maintenant ? » rajoutais-je en lui souriant, bien curieux de savoir.
Effectivement, vu le prix des mes fringues, les prêter était venant de moi l'acte qui prouvait sûrement mon amitié plus que tout au monde; oui parce que tout le monde ne peut pas toucher à ce qui appartient à Suzy Lindström, telle est la règle. « Uniquement dans le cadre d'un concours, mais tu peux être honoré. » fis-je en souriant. Bon, si pour un mec - du moins sans penchants particulier -, s'habiller comme une fille, c'était étrange, l'inverse, c'était carrément jouissif. D'ailleurs, j'avais des pulls masculins dans mon dressing, tout simplement parce que l'hiver, il n'y a rien de mieux; et non, je ne les aies pas piqué à des conquêtes, juste à mon porte-monnaie. « Tant mieux, j'aurais été déçue du contraire. » lançai-je d'un ton amusée. Quoi qu'il aurait pu changer, je l'aurais accepté tout de même; enfin, cela dépendait quel chemin il aurait prit, bien entendu, car malheureusement, je ne supporte pas tout le monde, et c'est bien connu. « Oh mais pas du tout, pas du tout! » Tout à fait convaincant, comme argument. En repensant à l'appartement, je tentais de me rappeler ce que j'en avais "fais" après son départ. Au final, j'avais simplement déménagé pour le rendre à son propriétaire originel, bien que ce fût plus compliqué comme la personne avec qui je vivais n'était plus là. « Ca t'as seulement "presque manqué"? En tout cas, j'ai déménagé pour aller m'installer à la Cabot House, mais depuis les récents évènements, je loge dans un petit appartement sur central square, le genre qui ne coûte rien et qui n'a aucun meuble dedans. » soupirai-je. « Et toi, tu vis où, depuis ton retour? » terminais-je alors, intriguée.
Je riais légèrement, ça ne m'étonnait pas. Elle ne prêtait pas ses fringues, c'était comme ça. C'était une fille, tout simplement. Et une cabot, en plus. « Je suis très honoré madame, vraiment. » disais-je en lui souriant. Mais bon, je préférais garder mes fringues. J'aimais mes fringues et je me moquais de son dressing, pourtant, le mien était aussi énorme. J'aimais prendre soin de moi, j'aimais les belles choses et je pouvais dépenser beaucoup d'argent dans les fringues. Je souriais après ses paroles, bien évidemment qu'elle aurait été déçue, j'étais tellement parfait, heureusement que je n'avais pas changé. Comme ça, je restais toujours le mec parfait qu'elle avait connue et c'était bien mieux comme ça. Puis, on parlait ensuite d'appartement. Parce qu'on été colocs avant et j'étais parti d'un coup, sans la prévenir, ce qui n'avait pas dû être simple pour l'appartement que nous partagions. « Mais non. Ca m'a beaucoup manqué voyons. » disais-je en riant légèrement. Non mais c'était pas totalement faux, ça m'avait manqué quand même et je m'étais rendu compte que je ne pouvais pas vivre seul. Je n'étais pas fait pour ça. « Oh oui effectivement, je comprends bien.. Et tu comptes le meubler un jour ? » demandais-je en riant légèrement. Même s'il devait être principalement remplis de ses fringues, ça ne m'étonnerait même pas. « Moi je vis chez les mathers pour l'instant, mais je me cherche un endroit où vivre. » disais-je simplement, haussant les épaules. Puis, j'avais très vite repris la parole. « Viens, on se remet en colocations comme avant ! » rajoutais-je en riant légèrement. En fait, je riais, mais j'étais quand même sérieux dans mes propos.
Cette conversation, c'était un peu comme si rien n'avait changé, que nous étions simplement dans le salon à discuter de sujets du style et qu'une idée de torture aussi étrange vienne soudainement meubler la conversation. Au final, c'était tellement mieux comme ça, je n'aurais pas aimé que tout devienne compliqué, que rien ne soit plus comme avant. Il faut croire que j'aime la routine, en quelque sortes. Quoi que routine, avec un mec pareil.. c'est la routine du désespoir, parfois. « Contente de l'entendre! » dis-je en souriant. « Mais tu m'as manqué aussi, tu sais. » fis-je plus sérieusement. Car c'était bizarre, du jour au lendemain, de se retrouver à vivre seule; bon, heureusement, la cabot était pleine de filles géniales et je n'y étais pas seule, mais c'était étrange quand même. J'avais mes habitudes, il y avait cette ambiance qui ne se retrouvait pas à la sororité. « Je pense pas, j'ai vraiment cet appartement en cas d'urgence, je déteste les endroits aussi étroits, j'ai besoin d'espace. » soupirai-je. Être confiné, ce n'était pas pour moi, pas du tout, même. « Ne me fait pas ce genre de proposition, je sauterais sur l'occasion. » dis-je avec un sourire mesquin, sachant pertinemment qu'effectivement, si c'était le cas, je sauterais bien sur l'occasion. Déjà pour quitter cet appart miteux dans lequel j'étais actuellement mais aussi parce que je pourrais retrouver la vie qui me plaisait, celle à laquelle j'étais habituée, mais aussi parce que je me sentirais sûrement plus en sécurité que seule, ou sur le campus.
C'était la première fois depuis mon retour que ça redevenait rapidement comme c'était avant. Si, ça avait été la même chose avec Skyler aussi, mais c'était les deux seules. Et ça me faisait plaisir de voir que tout le monde ne réagissait pas de la même façon à mon retour. Je souriais comme un idiot quand elle avait dit que je lui avais aussi manqué. Ca faisait toujours plaisir, bien évidemment. Surtout quand ça venait d'une aussi jolie fille, bien évidemment. « Heureusement que je t'ai manqué. » m'exclamais-je en lui souriant. J'aurais été déçu si elle s'en était foutue, si elle m'avait totalement oubliée et qu'elle ne m'aurait limite pas reconnue quand j'étais venue la voir tout à l'heure. Mais ce n'était pas le cas, donc tout allait bien. « Ah ça je sais, madame a des goûts de luxe. » rétorquais-je en riant légèrement. En fait, je n'avais rien à dire car j'étais exactement pareil. C'était d'ailleurs sûrement pour ça qu'on s'entendait si bien et qu'on avait bien réussi à vivre ensemble, car au fond, on se ressemblait pas mal sur plusieurs points. « Ah oui ? Bah, fais tes valises alors. » répondais-je en riant légèrement. Rien ne pouvait me rendre plus heureux que de reprendre une partie de ma vie d'avant, donc, vivre avec elle. « Tu sais, j'avais prévu de prendre une grande maison avec au minimum 4 ou 5 colocs. » rajoutais-je en haussant les épaules, l'air de rien.
Cela dit, bien que l'ambiance présente me plaise, j'étais encore intriguée par ces deux années de vide. Mais comme je suis quelqu'un de plutôt réfléchi; oui ça m'arrive, je ne pouvais pas manquer de tact aussi directement. Enfin bon, je devrais me contenter du moment présent plutot que de toujours chercher plus loin; quel genre de personne étais-je, pour être aussi indécise sur ce qu'elle souhaite dès lors que ça dépasse ses calculs? En tout cas, ce qui n'avait aucune limite en terme de calcul, c'était les mètres carrés d'un appartement que je considérais comme au moins possible à loger. Et en aucun cas celui que j'occupais actuellement ne remplissait mes critères minimums, comme quoi, c'était vraiment problématique. « Dit-il alors qu'il est surement bien pire que moi. » répondis-je alors en levant les yeux au ciel. Ah ça, vous ne pourrez nous retirer cet esprit du luxe et du grandiose, c'est bien quelque chose que nous avions de commun. « Prépare le camion de déménagement, oui, j'ai pas assez de valises pour toutes mes affaires. » dis-je en riant. Non, réellement, j'avais assez de valises. Parce que j'en possédais beaucoup. Mais c'est une autre histoire. « J'aime beaucoup l'idée, et puis, une maison.. ça fait bien longtemps que je n'ai pas mit les pieds dans une maison. » Mademoiselle s'habituait aux appartements depuis qu'elle avait quitté son manoir, n'est-ce-pas? Quoi que les appartements, il y en a de bien grands, mais une chambre à la cabot house, en revanche, c'était petit. « Si je devais être vraiment sincère, je dirais que tu viens d'illuminer ma journée. » remarquais-je en lui souriant. Finalement, tout les jours d'hiver ne sont pas si gris que ça.
Je ne savais pas si elle avait raison. Je ne savais pas si j'étais pire qu'elle. Je n'étais quand même pas pire qu'une fille sur ça quand même, non ? L'horreur. « Tu sais, pendant mes deux ans de disparitions, j'ai dû faire une très grosse croix sur le luxe malheureusement. » disais-je en souriant. Oh ça, je vivais dans des hôtels miteux, des studios minuscules où j'avais seulement la place pour mettre un lit. Non, vraiment, ses deux ans n'avaient pas été génial. Mais bon, j'en étais ressortie en vie, c'était la seule chose que je retenais. « Putain.. Donc le premier critère pour la maison, c'est qu'il faut au moins une chambre avec un énoooorme dressing. » rétorquais-je en riant. C'était bien une fille, avec pleins de valises dont la moitié des choses à l'intérieur ne servaient à rien ou n'étaient que très peu utilisés. J'avais toujours remarqué ça chez les filles, c'était comme ça, elles ne pouvaient pas le nier. « Moi aussi. Mais je veux un grand truc, où on pourrait tous vivre ensemble et pouvoir avoir quand même de l'intimité tu vois ? Et une piscine. Obligatoirement. » rajoutais-je très sérieux. Je voulais absolument une piscine, même si clairement en ce moment avec le temps qu'on avait, ça n'allait pas être utile. Mais je savais qu'en été.. Je serais heureux. Très heureux. « De toute façon, ma beauté avait déjà embelli ta journée. » répondais-je en riant. J'étais quand même bien heureux si elle était contente de ça. C'était le principal.