MAXWAN ✮ There is no fear now

« J'espère que tu englobes toutes les filles d'Harvard, et pas qu'une comparaison avec les autres Eliots. » La jeune femme continue encore. Elle cherche toujours plus. « Prends le comme tu veux. » Pas de oui, pas de non. Dans tous les cas, ce n'est pas pour une réponse vague qu'elle ne dormira pas ce soir. « Allez tiens, tu mérites. Je sais ce que ça t'as coûté. » Pas un peu de mon ego, beaucoup. Se plier aux désirs d'une autre eliot n'est pas un passe temps agréable. Déjà que j'ai dû plonger dans la mer il y a quelques minutes. Tout ça pour fêter la fin de cette ambiguïté et pour faire plaisir à la brune. J'enfile rapidement mon pantalon ainsi que ma veste. Evidemment le contact avec ma peau humidifie les habits, mais c'est déjà mieux qu'être face au vent sans bouclier. « Bon on rentre. » Ceci est un ordre qu'elle ne pourra pas refuser. Les frissons vont l'en empêcher. Je reprends le chemin vers l’hôtel en compagnie de Maxym. Bâtiment qui se situe non loin de la plage. Les eliots ont droit au plus beau panorama. Evidemment. « La chaleur de l'Amazonie me manque terriblement. » Jersey, c'est bien beau, mais les températures détruisent toute la magie de l'endroit.

« Prends le comme tu veux. » Évidemment. S'attendait-elle vraiment à une raison claire et précise ? Non, c'est bien plus simple de la laisser entre le oui et le non, se faisant sa propre explication. Soit, celle qui la flatte le plus. Maxym n'insista pas, sachant reconnaître une cause perdue. Détournant le regard quand il se rhabille, elle ne le pose à nouveau sur lui qu'une fois l'ordre donné : « Bon on rentre. » Et son sens de la contradiction ne pourra agir ici, elle a tout aussi hâte que lui de retrouver une température correcte. « A tes ordres mister freeze. » Lui redonnant un peu de pouvoir de décision. Leur amitié est un équilibre entre leurs égos, qu'il faut respecter. Aux côtés du garçon, elle prend la direction de l'hotel. « La chaleur de l'Amazonie me manque terriblement. » Hum, c'est vrai, son voyage avec les Lowells. La délicatesse selon Antwan. « Ca doit être un peu.. étouffant non ? » Grimace légèrement, jetant un coup d’œil à son ami. Tellement de violets au mètre carré, ça vous bouffe toute l'oxygène. Sinon, si elle est objective, ce doit être magnifique, et Jersey tellement fade en comparaison. Mais puisqu'elle est remplie de subjectivité, Max reprend avec un : « Enfin je peux comprendre, il faisait tellement plus beau au Brésil. » C'est ce qui s'appelle renvoyer la balle, avancer son pion, commencer à lui dévoiler qu'il n'est pas le seul à être heureux, finalement.

Le souvenir de l'Amazonie me revient petit à petit. J'ai quitté les lieux du campement lowellien depuis deux jours, pourtant j'ai l'impression d'être sorti des tropiques depuis des semaines. Hm. « Ca doit être un peu.. étouffant non ? » J'hausse les épaules. Les premiers jours là bas ont été durs pour le corps qui était habitué aux températures plutôt froides de Boston - surtout à cette période de l'année - puis il si fait. Pas le choix. « J'ai eu le temps de m'y adapter. » C'était de bons moments, hélas déjà fini, mais dont je me souviendrais toujours. « Enfin je peux comprendre, il faisait tellement plus beau au Brésil. » Mes sourcils se froncent doucement. Au Brésil hm. La brune devait être l'invité d'un winthrop. Si mes souvenirs sont bons cette confrérie y est allée quelques jours avant nous. Elle y est peut-être encore en ce moment. « T'es partie avec les winthrops ? » dis-je en continuant de marcher pour rejoindre l’hôtel rapidement. Curiosité oblige. Et puis ça me permet d'être à jour sur les activités de Maxym.

« J'ai eu le temps de m'y adapter. » Les lèvres féminines se soulignent d'un fin sourire. Évidemment, on s'habitue à tout. Le corps est fort pour encaisser des choses inimaginables. Et puis, c'était unique de visiter l'Amazonie, peut-être Maxym n'irait-elle jamais. Parfois, elle aimerait que les Eliots oublient leur luxe pour se laisser aller à des destinations plus originales. Ils vivent dans le confort, et il n'y avait rien d'impressionnant à errer à Jersey. M'enfin, cela avait l'avantage de les couper de leur quotidien. Même si.. « T'es partie avec les winthrops ? »  Ca aurait sûrement été plus facile de quitter les Winthrops pour venir ici, même si elle ne regrettait rien. La bleue voulait resserrer ses liens avec les autres de sa couleur, et en sachant qu'Antwan faisait partit du voyage, la motivation n'avait aucun mal à venir. « Nop, Marsh m'avait dit que je pouvais les rejoindre, mais j'ai pas eu le temps. » Son meilleur ami co dirigeait la confrérie des mâles d'Harvard, ce qui lui donnait quelques passe-droits. Laisse quelques secondes de blanc, le temps d'avancer encore un peu vers l'hotel.  De savourer la suite. Son regard se porte sur le garçon, intéressé. « Ricardo m'a invité à passer quelques jours chez lui, c'est tout. » Enfin non, c'est pas tout. Une information après l'autre. Et puis, oui, c'était étrange de parler avec lui de ça.

« Nop, Marsh m'avait dit que je pouvais les rejoindre, mais j'ai pas eu le temps. » Dans ce cas là, je ne vois pas pourquoi Maxym se trouvait sur le continent sud américain. La brune laisse quelques secondes de silence, certainement pour m'intriguer un peu plus, puis elle reprends. « Ricardo m'a invité à passer quelques jours chez lui, c'est tout. » Autant je connais bien Max, autant je ne connais pas toutes ses fréquentations. Ma surprise en est la preuve. « Ricardo ? C'est pas un mather lui ? » Aussi étonnant soit-il, McAllister va chez les verts. Carrément dans leur domicile à des kilomètres de Cambridge. « Je savais pas que t'avais des potes mathers.. » Bien sûr que c'est un reproche, mais bien dissimulé sous les airs étonnés. On arrive devant la porte de l’hôtel que je m'empresse d'ouvrir. La chaleur. Mon dieu que ca fait du bien. Le mieux serait d'être directement sous les couettes de son lit, mais chaque chose en son temps.

« Ricardo ? C'est pas un mather lui ? » Un léger rictus amusé se place sur ses lèvres. Oh oui, un mather. C'est vrai que Maxym essaye de cacher tant qu'elle peut ses relations avec les membres de la confrérie ennemie, mais moins maintenant, puisque la guerre s'est apaisée, et que leurs propres dirigeants ont depuis quelques temps des relations avec les jolies vertes. « Je savais pas que t'avais des potes mathers.. » Antwan a toujours été le plus bleu des deux, le plus sérieux sur les règles, les commandements. Oh, elle sent bien le reproche, à peine camouflé. Est-ce qu'elle le déçoit, un peu ? Peut-être. Heureusement la chaleur de l’hôtel les rends moins à cran, son corps bien que toujours recouvert de tissus mouillés et gelés, commence à retrouver de la vigueur et une couleur plus acceptable. C'est agréable, tellement que la quiétude de l'instant fait passer la confession entre ses lèvres sans qu'elle puisse la retenir : « Je sors avec un mather. » Puisque c'est cette appartenance qui semble déranger, c'est celle-ci qu'elle ressort. Il n'y a plus qu'à faire le lien entre ses phrases. C'est la première fois qu'elle le dit à quelqu'un. Et c'est à Antwan. Au moins, CS n'a pas à le faire. « Hé bah, il fait meilleur ici ! » Lâche-t-elle l'air de rien, se débarrassant d'ailleurs de son gilet qui empêchait ses bras de sécher. Pas douée pour ça, de toute façon.

« Je sors avec un mather. » Oh.. Et ce mather est sans nul doute Ricardo. Je ne l'avais pas vu venir. Vraiment pas. « Eh ben félicitation. » Contrairement à elle, je me cache derrière les mots. C'est toujours mieux de paraître normal quand la nouvelle n'est pas bonne. Ou du moins qu'elle n'est pas à son avantage. J'ai toujours été possessif notamment envers Maxym - on ne demande plus pourquoi - et de ce fait apprendre que la brune sort avec quelqu'un me... dérange ? Je suis comme elle au Canada. Moins expressif car je ne veux pas transformer la complicité retrouvée en malaise. Alors j'accepte le changement de sujet de mon amie d'enfance. Mieux vaut éviter le sujet du mather. « Hé bah, il fait meilleur ici ! » Je souris à la brune cachant mes envies de partir. De me barrer loin de la copine de Ric. « Ouais c'est clair. » Heureusement qu'on a inventé les radiateurs. L'une des meilleures inventions de l'homme. « Toujours partante pour le massage ? » En temps normal elle n'aurait pas eu le choix. Une fois engagé, il n'y a plus moyen de revenir en arrière.  

« Eh ben félicitation. » Et ça la fait sourire. Un sourire que Maxym elle-même n'arrive pas à déchiffrer. Un peu acide, je crois. Elle souffle un espèce de « merci », tout en posant ses billes sur lui. J'te crois pas, veut dire son regard. Peut-être qu'ils se comprennent encore au point où il peut la lire. J'te crois pas, mais on va faire comme si. De toute façon, elle s'attendait à quoi ? Antwan et son espèce de politesse froide. C'est pas elle, qui s'était effondrée misérablement. Ou peut-être qu'elle se fait des idées, et qu'il en a rien à foutre. Mais vraiment rien. Que ça l'arrange. Le boulet est refourgué à un autre, un mather en plus. Peu importe. Évidemment, ils changent de sujet. Plutôt, elle propose et il accepte. Parce que c'est plus simple pour eux.  « Ouais c'est clair. Toujours partante pour le massage ? » Maxym relève la tête, comme surprise que le sujet revienne sur le tapis. C'est qu'elle l'avait presque oublié, c't'histoire de massage. Et vu qu'elle s'était engagée, liée par le pacte des promesses entre amis. « Tu veux pas qu'on se change d'abord ? » Parce que bon, son maillot de bain lui, est toujours gelé, ainsi que ses vêtements imbibés. « En plus, t'es au courant que la seule chose que je sais masser, c'est les mollets ? » S'amuse-t-elle dans un sourire aux commissures, même pas loin de la vérité. Disons juste que c'est la faute au basket.

« merci » souffle t-elle avec un regard qui en dit loin sur ce qu'elle pense. La brune devait s'attendre à ce type de réaction. Je ne vais pas sauter au plafond, non, qu'elle n'y songe même pas. Maxym le sait, c'est pourquoi elle lance un autre sujet que je m'empresse d'utiliser pour oublier Ricardo. « Tu veux pas qu'on se change d'abord ? » Effectivement on devrait. Nos habits respectifs sont totalement imbibés d'eau salé. Je souris en regardant ceux de Max. Tout aussi mouillé que les miens, voir plus. Il faut dire que mon corps a eu le temps de sécher avec le vent lorsque la demoiselle prenait en otage mes vêtements. « Si on devrait. » lui répondis-je avec un fin sourire amusé sur les lèvres. « En plus, t'es au courant que la seule chose que je sais masser, c'est les mollets ? » C'est moi ou l'étudiante essaye de se défiler ? Je l'aurais mon massage aujourd'hui ou un autre jour. Mais je l'aurais. « Ca doit pas être si compliqué de passer du mollet au dos. » J'hausse les épaules avant de capturer la poignée de porte qui offre sur la cage d'escalier. Je peux pas aller dans les ascenseurs, vraiment. Pas étonnant pour un claustro. « Je passe par là. Tu veux qu'on se rejoigne où ? »

« Si on devrait. » C'est dingue, tout ce qu'ils devraient faire et qu'ils ont jamais fait. Cette pensée lui soutire un sourire, et Maxym se contente d’acquiescer. La fraîcheur des vêtements sur sa peau les rends inconfortables, presque douloureux. Puis elle aimerait bien attacher ses cheveux aussi, ces cheveux qu'il trouvait très drôle de voir trempés dégoulinent encore dans son dos. Bref, il faut aller se changer. « Ca doit pas être si compliqué de passer du mollet au dos. » Ses billes se dirigent sur le garçon, avec un espèce de regard réprobateur. « T'y tiens vraiment hein ! » Juste pour qu'il fasse celui qui a gagné. Comme si leur relation n'était qu'une lutte perpétuelle. Pas faux. Ses yeux qui glissent sur son bras, jusqu'à sa main sur la poignée de la porte. Remontent jusqu'aux siens. « T'y arrives toujours pas ? » Un jour, elle le traînera dans un ascenseur. Un jour ils lutteront contre ça. Ensemble, comme ils le font souvent. « Je passe par là. Tu veux qu'on se rejoigne où ? »  Hausse les épaules, légèrement. Tout en appuyant pour appeler l’ascenseur, elle réfléchit une demie-seconde. « Tu sais quoi ? En fait laisse tomber le massage pour aujourd'hui, t'as pas été assez sage. » Plus tard, peut-être. « Et surtout, j'ai envie de prendre une douche bouillante, là tout de suite. » Qu'elle confesse avec un petit sourire coupable. « Mais on se voit sûrement ce soir de toute façon ! » Ils n'ont pas finit de se croiser, habitant dans le même hôtel.