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Rien que d’imaginer le nombre de bouches que Diamantika embrasserait si elle venait à égaler la carrière d’Angelina Jolie – ou de Betty Boobs, star de films pour adultes – Cody déglutit. Il savait que dès lors qu’on entrait dans la business machine, on s’enfermait dans une bulle, bulle dans laquelle Cody Bleeker n’aurait jamais sa place. Il aurait beau taper à la porte de Hollywood, on ne lui offrirait jamais le ticket d’or pour y pénétrer, ne serait-ce que pour laisser un bouquet de fleurs dans la loge de sa petite amie, ou bien lui donner un orgasme au passage. Toute relation avait une date de péremption (et d’après Chérine, Codynosaure aussi peut se périmer mais j’suis pas sûre là franchement euuuuh) et sur l’emballage de Coka, il y avait écrit ’à consommer avant que Diamantika devienne une actrice célèbre et qu'elle embrasse DiCaprio dans Gatsby le magnifique 2’. Pessimiste, néanmoins réaliste, il réagit avec enclin et fermeté ; « Si tu viens à devenir une grande actrice de comédie romantique, genre la nouvelle Meg Ryan, j’crois que j’en casserais des dentiers, des jambes, des pieds, des coucougnettes. Mais au bout d’un moment, j’serai juste lassé et tous ces os brisés sonneront la fin de notre histoire. C’est pas pour rien que les acteurs sortent souvent avec des actrices. Y a qu’eux qui peuvent comprendre qu’on peut tromper face caméra son conjoint sous prétexte qu’on tourne un film. » Et pourtant, comme chanterait Paramore ’for a pessimist, I’m a pretty optimistic’. Toutes ces jolies paroles pour en arriver à parler de vagin pas assez profond et d’examen mammaire. Coka dans toute sa classe. Non mais ce qui était bien avec Diamantika et Cody, c’est qu’ils n’avaient pas de filtre. Ils étaient spontanés. Ils sortaient juste TOUT ce qui leur passait par la tête, tant pis si c’était cochon voire carrément dégueulasse, drôle voire triste à pleurer. Alors qu’il s’allongea à plat ventre entre ses jambes, son petit ventre en guise d’oreiller, Cody glissa ses deux mains sur ses fines hanches, sous son top. Du bout des doigts, il dessina des rainures au rythme de son cœur qui battait. Lui, frissonna à s’en déchirer l’échine dès que Diamantika caressa ses cheveux. « J’vais pas te larguer pour tes seins. J’vais m’évertuer à construire une pompe pour faire grossir les seins. A mon avis, il y a une ouverture par les tétons. On peut bien sortir du lait par-là, donc ça doit mener à une poche dans laquelle on peut souffler pour gonfler tout le schmilblick. J’vais étudier ça, t’inquiète pas. » Le mec des aspirateurs Dyson, il avait passé sa VIE à construire le fameux aspirateur sans sac, super silencieux et tout le tralalalala. Cody, lui, inventerait la pompe à boobs. Il l’appellerait … *roulement de tambour* la Codyboobs. Il avait hâte, mais hââââââââte de déposer le brevet ! Il étouffa un petit rire, toujours en fixant l’écran de télévision, à côté des flammes du feu qui dansaient et réchauffaient l’atmosphère. Il joua avec le tissu du haut de pyjama de Diamantika entre ses doigts, en ravalant sa salive. Il avait une boule au fond de l’estomac, il fallait qu’il l’évacue. Style Gus le chat et ses boules de poils. « Je sais … » soupira-t-il. Puis, silence. Il avala de nouveau sa salive, sans décrocher de l’épisode de New Girl. Puis, une fois que le courage lui vint telle une illumination divine, il parla ; « J’aime pas ce canapé. » Ouais, tout ça pour ça. « Il est mou, il pue, il a la couleur de Kiki. Sans vouloir t’offenser mon vieux, mais le marron caca c’est dépassé, tu sais ? » Et pourtant, Cody n’était pas là pour discuter meuble avec Dia. Il racla le fond de sa gorge, à la recherche des quelques mots supplémentaires qu’il voulait réellement transmettre à Kovache. « Je crois que je ne l’ai pas quitté pendant quatre mois, à part pour certains besoins que je ne citerais pas. Pendant quatre mois. Deux semaines. Trois jours. Dix heures. J’étais assis juste là. T’as l’empreinte de mes fesses sous ton dos. » À tâtons, il chercha le coussin du bout et le tapota avec sa main à plat, sans bouger la tête, toujours immobile sur son ventre. « Merde pas avec mon cœur, OK ? Je sais pas comment j’ai sorti la tête de l’eau après Joan, mais ça a été dur, j’ai vécu les douze travaux d’Hercule pour remonter à la surface et j’en ai bavé. Et c’est pas parce que j’ai pu le faire une fois que je saurais le faire une seconde fois. Merde pas. Ma carapace est bien moins solide qu’elle n’y paraît. » Mais elle s’en doutait vu son déficit de confiance en lui, vue sa jalousie maladie, vue sa manière de s’emporter plus vite qu’un ouragan. Il demeura immobile, impassible. Toutefois, ses mains se resserraient sur ses hanches, cherchant une prise, une poignée à laquelle s’agripper pour ne pas tomber. Pour ne jamais tomber.
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