(MayLowInn) Rassembler son courage.

Mes joues s'enflammèrent alors qu'elle avoua avoir apprécier ce baiser et vint spontanément me le rendre. C'était bien la dernière chose à laquelle je pouvais m'attendre, et les traits de mon visage trahissaient ma surprise. Mais très vite, le contact de ses lèvres me fit oublier tout le reste. Ma main passa dans ses cheveux, naturellement, allant chercher sa nuque pour l'attirer davantage vers moi.

J'ai embrassé un bon paquet de gens, mais je ne pense pas avoir déjà nourri une attirance aussi longtemps pour quelqu'un sans jamais la satisfaire. Ce baiser résonnait telle une véritable délivrance, même si je me doutais qu'il ne serait question que de quelques secondes, minutes tout au plus. J'aurais voulu que le temps s'arrête, que nous ne soyons plus que deux sur Terre. Mais... non. Enfin, peut-être est-ce l'aspect éphémère de cet instant qui lui donne tant de poids.

Presque maladroitement, je retombe allongée avec elle, sans quitter ses lèvres si douces. Le malaise s'est envolé, mais je garde cette impression que le lendemain sera affreusement douloureux. Je me redresse doucement, mes cheveux viennent se mêler aux siens et je plonge mon regard bleu dans ses yeux en amande, un doux sourire aux lèvres. Il ne faut pas que ce soit sérieux, je me doute qu'elle n'ose cette expérience que par curiosité. Et la situation, vraiment, a quelque chose de comique : deux amies s'embrassant entre les cadavres de bières, c'est un superbe tableau. "On doit avoir l'air fines." dis-je en plaisantant pour me retirer une pression énorme des épaules, sans savoir vraiment ni où me mettre ni quoi faire là, tout de suite.

Je sais pas à quoi je joue, mais je sais que le lendemain j'me sentirais gênée rien qu'en repensant à c'qu'on était en train de faire... Je n'avais jamais vu Wiwi de cette façon, je ne croyais pas aux rumeurs sur elle qui disaient qu'elle aimait les femmes et les hommes, et pourtant.. ça ne me dérangeait pas. Alors quand je venais capturer ses lèvres, elle rapprocha doucement mon visage du sien, comme pour ne pas me laisser partir ou la fuir. De toute façon, je n'en avais pas l'intention, ça serait pas classe venant de ma part... Et on se retrouvait sur le canapé, elle sur moi, mon coeur s'affola un peu pendant la chute, mais le canapé m'empêchait de me faire mal, et je pouffais légèrement quand elle me disait qu'on avait l'air fines "C'est vrai, mais... les autres dorment, donc autant... je sais pas, en profiter, peut-être pas pour aller plus loin... mais t'as les lèvres tellement douces." avouais-je, alors que cette fois-ci c'était moi qui rapprochais son visage du mien pour venir l'embrasser timidement.

J'ai du mal à suivre, vraiment. May ne me repousse pas, elle m'invite même à davantage, et je sais que j'aurais un mal fou à refuser... Ne pas aller plus loin ? Ce serait difficile si l'on continuait ainsi, mais j'ai finalement plus envie de douceur de sa part que d'autre chose, pour l'instant du moins.

Elle n'est pas à l'aise, mais je la comprends. Mon premier baiser avec une fille avait été l'un des moments les plus étranges et les plus agréables de ma vie d'adolescente, presque une révélation. Ca bouscule les idées, on se remet en question, on a honte de ses propres sensations, mais au final, on se rend compte que l'on est juste deux êtres humains en parfaite symbiose pour un instant loin de tout.

Ma main se pose sur sa joue, et je l'embrasse doucement, sans la brusquer, glissant mes lèvres contre les siennes en de brèves caresses, la pinçant légèrement par moments dans un jeu presque innocent, comme si finalement je lui réapprenais ce qu'elle ne connaissait qu'avec les hommes. J'étais légèrement sur elle, bien loin de trop empiéter son espace cela dit, mes jambes glissant tendrement contre les siennes, nos pieds se rencontrant à l'autre bout du canapé. On avait tout notre temps, personne pour nous déranger... Cette matinée frôlait la perfection.

Willow était super tendre, et ne semblait pas vouloir me brusquer, j'étais revenue chercher ses lèvres, c'était peut-être l'alcool qui m'y avait aidée, mais je ne regrettais, parce que ses lèvres étaient super douces, bon y'avait cette odeur d'alcool et de fumette, mais ça ne me dérangeait pas plus que ça. Parfois lorsqu'elle me mordait doucement les lèvres je ne pouvais m'empêcher de rigoler, mais ça c'était parce que j'étais trop nerveuse pour être vraiment sérieuse... Mais, je profitais de ce moment de douceur, c'était peut-être trop parfait, quand la porte de la chambre des invités s'ouvrit brusquement alors qu'un de mes amis débarquait dans la cuisine. Je me stoppais net alors que Willow et moi on s'embrassait et posais ma main sur sa bouche pour lui dire ne pas faire de bruits... Mais j'avais envie de rigoler, alors j'essayais de me retenir, pensant qu'on serait mieux au final dans mon lit...

Elle plaque doucement sa main contre ma bouche et je comprends que l'un de ses invités ne passe pas loin. Trop prise dans le feu de l'action, je ne l'avais même pas entendu, et sur le coup j'ai envie de rire, je vois que May aussi et c'est un putain de cercle vicieux. Je viens mordre gentiment le bout de son doigt à défaut de pouvoir rire, sans la quitter des yeux, ce petit air complice au bout des lèvres.

Le type repart, se demandant probablement sur quel mec on devait être en train de ragoter. Je me libère de la main de May d'un geste de la tête, et me redresse un peu plus. "On devrait probablement juste dormir." Mon sourire est toujours amusé, mais je ne fais pas de sous-entendu. Si ça n'est pas pour aller plus loin -et je parle là plus de sentiments et de temps que de sexe-, je préfère autant limiter les dégâts. Enfin, je serais bien incapable de lui résister, mais me disais que tout de même, on arriverait à dormir sagement et cuisiner notre gueule de bois ensemble sans que rien ne se passe.

On a toutes les deux envie de rire, et franchement ce genre de situation est juste comique, elle me mord le doigt et je lui tire la langue. Le mec repart se coucher et là je rigole, mais discrètement histoire de ne pas attirer l'attention. Wiwi semble être plus raisonnable que moi et me sort qu'on devrait aller se coucher "T'as pas tort, mais tu restes avec moi tout à l'heure pour gérer ma gueule de bois et inversement, d'accord ?" que je lui fais en battant des cils rien que pour la taquiner un peu, avant de venir l'embrasser sur la joue cette fois-ci, tentant aussi de me relever alors qu'elle est toujours sur moi. "Heureusement que t'es pas bien lourde, ou bien à ce stade j'aurais plus senti ma poitrine." Je l'embête encore et passe une main dans ses cheveux, un petit geste tendre "T'embrasses bien." Je lui tire encore la langue et finalement j'arrive à me lever, me dirigeant vers ma chambre, mais je l'attends "Tu viens dormir ?"

"Ne t'inquiète pas pour ça, je serai toute aussi insupportable que toi au réveil." lui répondis-je du tac-au-tac alors qu'elle venait m'embrasser sur la joue, mettant probablement un terme à nos baisers comme j'avais eu la folle idée de le suggérer. Je me dis parfois que je devrais être un peu plus égoïste. Mais avec elle, j'ai vraiment du mal.

Son compliment sur ma manière d'embrasser m'arrache un sourire fière mais timide, l'air de lui dire "chut, tu me gênes" mais en silence. "Tu as des progrès à faire." dis-je sur un ton presque hautain en passant devant elle pour rejoindre sa chambre, me retournant sur le pas de sa porte pour lui tirer la langue à mon tour, peut-être pour la pousser à me prouver le contraire, ou juste l'embêter. Je ne sais pas trop.

Je me laisse tomber sur son lit, sans même prendre la peine de retirer ma robe, et déjà, j'ai la sensation de me faire aspirer par son matelas bieeeen plus confortable que le mien. On n'était clairement pas du même milieu social, c'était parfois intimidant, mais ce genre de moments constituait un avantage indéniable.

"Mais c'est qu'elle me provoque la ptite !" fis-je faussement outrée avant de venir la rejoindre dans la chambre, alors qu'elle se cale déjà dans mon lit sans même retirer ses vêtements... Avec ce qu'il s'est passé, moi j'hésite, mais finalement je fais comme elle, j'ai trop la flemme de toute façon. Je la rejoins alors qu'elle semble apprécier le confort de mon lit, je suis encore troublée par nos baisers et j'hésite à venir en redemander plus... On est crevées toutes les deux, complètement raides et euphoriques à la fois, le réveil va être dur... mon dieu. Je me met sur le côté, tournée vers Wiwi et puis j'ose en redemander plus "J'peux t'embrasser avant de rejoindre Morphée ou bien ce sera trop dur après pour ne pas me sauter dessus ? "

"Je vais tâcher de me tenir." lui fais-je, amusée et flattée de sa demande. Je me rapproche, allongée face à elle sur le flanc, distinguant à peine le contour de sa silhouette dans l'obscurité, et prends le temps de passer une mèche rebelle de ses cheveux derrière son oreille. Aussi pour mieux me repérer, avant de poser tout doucement mes lèvres sur les siennes. Mais ma main dégringole sur sa nuque, son épaule, pour tomber dans le creux de sa taille.

Je me demande ce qu'elle a en tête... Un simple plaisir sans pensées autres ? Une vraie attirance ? Une bizarrerie d'un soir ? C'est assez insupportable de ne pas comprendre, et cela me fait d'autant plus craindre le lendemain, pour lequel j'imagine déjà une dizaine de façon qu'elle aurait de me jeter de sa vie.

Mon baiser se fait un peu plus assumé à mesure que les secondes passent ; j'ose même glisser ma langue entre ses lèvres pour chercher la sienne, du moins si elle m'y autorise. J'angoisse un peu à l'idée de la brusquer et lui faire peur, mais je veux absolument qu'elle garde un bon souvenir de ce moment et qu'elle ne le regrette pas assez pour qu'un malaise s'installe pour le restant de nos jours.

Avec Willow c'était différent qu'avec les hommes en général, je ne dis pas que j'avais connu beaucoup de garçons, quoi que... si en fait, mais là il n'était pas question de ça, là... je me sentais attendrie lorsqu'elle vint m'embrasser encore, même dans l'obscurité ça avait un côté presque excitant et... Je ne m'attendais pas à ce que ça me plaise, peut-être parce qu'il s'agissait de Willow, je pense que si ça avait été une autre fille, je l'aurais rembarrée direct. Quand sa langue vint chercher la mienne, mon coeur rata un battement, c'était doux, moins "brusque" que quand c'était un homme qui m'embrassait. Je lui rendais son baiser, frissonnant au contact de sa main dans le creux de mes reins et heureusement qu'il faisait noir parce que sinon elle me verrait rougir.

Je ne sais pas si je suis attirée par elle ou quoi, mais on a toujours été proches et complices elle et moi, que parfois je me demandais si ça ne serait pas plus simple finalement d'être en couple avec elle, plutôt que de me torturer les méninges avec les mecs... puis on se connaissait par coeur, elle était vraiment la seule fille qui me connaissait autant, et je me souviendrais toujours de notre première rencontre dans cet hôpital. Depuis, on s'était plus jamais lâchées, sauf pendant les examens et tout le reste, donc être avec là ici ce soir à partager un moment d'intimité... ça me chamboulait. Totalement.