(fb) x WYATT ─ la psychologie des poissons

« C’est-à-dire ? Quel genre de pression ? » Ce n'était pas mon genre de parler de moi, et encore moins de mes problèmes, de ce qui les causait, et de ce qu'il en résultait. Pourtant, c'était bien ce que j'étais en train de faire en ce moment, et cela sans transformer mes phrases. Etonnement. « Quand on m'ordonne quelque chose, ou que quelque chose m'agace, ce genre de petites choses, qu'habituellement on prend sur soi.. et bien, je le fais, sauf que je tiens très peu l'accumulation de tant de choses négatives et.. boum. Comme une bombe à retardement. » Je n'avais pas toujours été ainsi, c'était un trait de caractère que j'avais développé au lycée seulement, lorsque j'avais constamment peur de connaître l'avis de mes parents sur mon choix de destinée alors que je savais ce que je voulais; ne pas faire comme eux. Je me demandais pourquoi est-ce que je lui racontais tout cela, à lui, que je ne connaissais pourtant encore que très peu. Certaines personnes savent exactement quoi dire aux autres; peut-être était-il de ceux-là. Mais une chose était sûre, c'est que je ne me sentais pas en danger en sa présence. Et même si à la fin de cette conversation j'avais presque l'impression qu'il connaitrait plus sur ma personne que moi-même, j'avais aussi besoin de parler, bien que certaines choses me soient encore difficiles à reconnaître. « Tu peux être sûr que je ne dirais rien. » Je ne m'en inquiétais pas, il ne semblait pas le genre à colporter ragot sur ragot par delà le campus. « Tu es une vraie énigme » La réplique me fît poser les yeux sur lui. « Tu n’es pas comme les autres filles et je dois reconnaitre que même si je trouve ta discrétion admirable, cela a un côté triste. » Différente, hein? Moi qui avait essayé de me fondre dans la masse, voilà un premier échec. « C'est étrange, d'entendre le mot triste caractérisant une facette de ma personnalité, en sachant que bien des gens ne me croient que souriante et pleine de joie. » Détachant mon regard de lui, je reposais celui-ci sur mes mains. « Cela dit, je ne déteste pas être ainsi. Autant dire que je m'y suis faite, et que je ne me vois pas changer du jour au lendemain. A moins d'avoir un élément déclencheur, mais là encore.. » A vivre dans l'ombre on ne rencontre pas de lumière, c'est une imparable logique. « En tout cas.. merci de m'avoir écoutée te conter ma vie et toutes ses petites facettes. Tu sais, tu as vraiment l'air d'être une bonne personne. » Non pas que je ne veuille dire le contraire ou quoi que ce soit, mais de mon côté, je n'en savais pas énormément sur lui, rappelons-le. Ce n'est que la deuxième fois que nous parlons - vraiment - ensemble.

Dans mes mots, n’y voyez aucun reproche. Ouvertement, je laissais filer ma pensée sans mesurer l’effet que cela pourrait avoir sur elle. Il y avait des choses que l’on n’était pas censé dire à haute voix. Tout simplement, car les personnes n’étaient pas prêtes à les entendre ou alors, elles verraient cela comme un manque de respect. Ses yeux se posaient sur moi avec légèreté. « C'est étrange, d'entendre le mot triste caractérisant une facette de ma personnalité, en sachant que bien des gens ne me croient que souriante et pleine de joie. » Peut-être était-ce qu’ils voyaient, mais je n’étais pas dupe. Si au départ j’y avais crus, ce n’était plus le cas à présent. Ce n’était qu’une simple sortie en mer. Pourtant, j’avais la sensation d’en avoir appris plus sur sa personne et étrangement, je ne ressentais aucune gêne. Au contraire. L’idée était plutôt agréable. Quittant mon regard, elle se refermait sur elle-même, me préférant la vision rassurante de ses mains. « Cela dit, je ne déteste pas être ainsi. Autant dire que je m'y suis faite, et que je ne me vois pas changer du jour au lendemain. A moins d'avoir un élément déclencheur, mais là encore.. » De plus en plus surpris par ses confidences, je me demandais ce qu’il avait réellement pu se passer pour qu’elle soit ainsi. Certes, son enfance n’avait pas l’air d’être douce et agréable. Néanmoins, cela avait-il suffit à la rendre ainsi ? « En tout cas.. merci de m'avoir écoutée te conter ma vie et toutes ses petites facettes. Tu sais, tu as vraiment l'air d'être une bonne personne. » C’est ce qu’elle pensait vraiment ? Si c’était vrai, pourquoi est-ce que j’étais persuadé du contraire ? Un faible sourire venait se nicher sur mes lèvres, alors que je reportais mon regard sur le plafond de la cabine. « Ne me remercie pas pour ça. Je crois que c’est la seule chose de bien que j’ai réussissais à faire et c’est grâce à toi » Confidence dans un ce cocon matérialiste. Nous étions comme transporté dans un autre univers, loin de cette réalité brutale.